mercredi 19 avril 2023

Manger à la cantine

Manger à la cantine de la fin du XVIIIe au début du XXIe siècle – De l’école à l’université – France et pays francophones



Appel à communications 



Colloque international à l’Abbaye-école de Sorèze (Tarn)

24 - 26 octobre 2024


« Je préfère manger à la cantine, avec les copains et les copines… », ainsi dans les années 1970, la chanson de Carlos tâchait joyeusement de contrebalancer une idée répandue depuis que la restauration scolaire existe : à la cantine, on mange mal. Les saveurs des plats détestés sont restées en bouche, la discipline stricte en mémoire ou le bruit épouvantable dans les oreilles, bref… de la maternelle à l’université, la restauration est un lieu collectif dont chacun a gardé le souvenir.

Depuis la première cantine scolaire maternelle dite « salle d’asile et d’hospitalité » ouverte par la mairie de Lannion (Côtes-du-Nord) en 1844, ces lieux de restauration collective n’ont cessé de se multiplier suivant un rythme assez lent. Près de vingt années plus tard, en 1863, seules 14% (464) des maternelles distribuent des aliments chauds aux enfants. Les initiatives locales finissent par intéresser Victor Duruy, ministre de l’Instruction publique qui, en 1869, envoie une circulaire aux préfets afin de les encourager à agir. Toutefois, l’État reste à l’écart jusqu’en 1975 où une circulaire crée des commissions départementales. En effet, les cantines sont d’abord des institutions municipales, fruit d’initiatives privées et bien souvent bénévoles. La situation est toute différente dans les lycées et collèges où les internats sont omniprésents, les élèves étant logés et nourris et ce, depuis la création de ces institutions. Quant aux étudiants, le garni offre le logement et bien souvent la nourriture jusqu’au début du XXesiècle où les possibilités de restauration apparaissent sous la pression des organisations étudiantes. Cantine, self, restaurant universitaire : autant de mots qui se rattachent à l’alimentation.

Cela dit, malgré des recherches stimulantes sur la scolarité, force est de constater que les cantines sont laissées de côté, semblant relever de champs différents. Or, « l’alimentation émarge aussi à l’histoire de l’école » rappelle Didier Nourrisson[1]. Paradoxalement, ce ne sont pas les archives qui manquent ! Les dépôts d’archives, qu’ils soient départementaux, municipaux ou universitaires offrent de très belles sources pour suivre les assiettes des enfants et des jeunes scolarisés sur le temps long. Ce colloque couvrant la période du XVIIIe siècle à nos jours se propose de placer la cantine, le self, le restaurant universitaire au centre des recherches et s’intéresse aux pays francophones.



Plusieurs thématiques se dégagent :



· La restauration scolaire et l’environnement politique, économique, social et administratif

Les enquêtes : de la première enquête française initiée par la secrétaire d’État à l’instruction publique en 1936 sur les cantines aux inspections actuelles.

Municipalités, départements, régions, État.

La législation et les normes

Le coût, comptabilité et approvisionnement

Guerre et alimentation des enfants et des jeunes



· Le contenu de l’assiette

La nutrition : ouvrages, recettes, menus

Alimentation interdite/conseillée

La santé dans l’assiette ?

Manger froid/manger chaud

Rôle des médecins hygiénistes, la construction de la notion de « ration alimentaire » en fonction des âges.

La gestion des déchets



· Les lieux de restauration et leur environnement

Temps scolaire et temps de l’alimentation

Les outils de la cantine : verres, bols, assiettes et couverts mais aussi matériel de service.

L’architecture : cantines, selfs : histoire de l’architecture, la place du réfectoire dans les locaux – de l’école à l’université

Vie en internat et alimentation

Les jardins des écoles

Fêtes religieuses, laïques



· Entreprises et métiers

Les entreprises agroalimentaires, histoire industrielle de la restauration,

La formation aux métiers des cantines scolaires : cantinières et cuisiniers, personnel.

Fournisseurs et fabricants

Dans la cuisine : plats cuisinés, plats réchauffés

La surveillance des repas



· Enfants, adolescents et jeunes

Demi-pensionnaires et pensionnaires

Aimer ou détester la cantine

Le vocabulaire spécifique

Le genre : filles et garçons, jeunes gens et jeunes filles

Témoignages littéraires, cinématographiques, photographiques et musicaux

Témoignages épistolaires, récits et souvenirs



· Les apprentissages `

Sociabilités et mœurs scolaires ou estudiantines

Usages et privilèges

Discipline, violence, corrections et châtiments

Bruits, chahuts et batailles

Découvertes, acculturation alimentaire, goût et dégoût

Manières de table, propreté



· Acteurs et débats

Biographies de personnages s’étant investies dans l’alimentation des élèves et des jeunes : ministres, instituteurs, principaux de collèges, parents, maires, cuisiniers…

Les animateurs des débats : médecins, hygiénistes, partisans de la laïcité, économistes, politiques.

Objectifs de la restauration

Les parents et la cantine

Politiques de la restauration, de l’école à l’université : le prix des repas



· Inégalités 

Cantine des champs/cantines des villes

Étudiants et étudiantes

Inégalités sociales 

Parents au travail, enfants à la cantine



· La laïcité et ses applications à la cantine

Manger ensemble : la laïcité à table

Établissement privés/établissement laïcs



Comité Scientifique


Martin Bruegel, INRAE, Paris

Caroline Barrera INU Champollion Albi

Didier Nourrisson, Université de Lyon 2

Christine Tichit, INRAE, Paris

Marie-Pierre Rey, Sorbonne Université

Peter Scholliers, Université Libre de Bruxelles

Sylvie Vabre, Université Toulouse - Jean Jaurès

Jean-Pierre Williot, Sorbonne Université




Conditions matérielles

Le colloque est organisé par le laboratoire FRAMESPA/UMR5136, l’Abbaye-école de Sorèze et le département du Tarn. Il s’adresse à l’ensemble des pays francophones et aux collègues travaillant sur ces aires, quelles que soient leur nationalité. Cette manifestation scientifique proposera donc des communications en français et sera suivie d’une publication également en langue française.

L’Abbaye-école de Sorèze (Tarn) accueillera nos travaux du jeudi 24 octobre 15h au samedi 26 octobre 2024 (18h). L’hébergement ainsi que les repas seront offerts. Les déplacements depuis Toulouse seront organisés par le syndicat mixte de l’Abbaye -école. Les déplacements jusqu’à Toulouse ne sont pas pris en charge.



Calendrier

Date limite d’envoi des propositions : 15 décembre 2023

Retour acceptation : 16 février 2024


Envoyer les propositions à Sylvie Vabre : sylvie.vabre@univ-tlse2.fr

Pour toute question : sylvie.vabre@univ-tlse2.fr

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