Les frontières de la contamination
Appel à communications
5es Journées du réseau SHS Pesticides, Montpellier, mars 2026
Date limite pour l’envoi des propositions : 10 octobre 2025
Le réseau SHS-Pesticides a été créé en février 2020 pour mieux connaître et faire connaître la recherche en sciences humaines et sociales sur les pesticides. Ces journées organisées par le réseau visent à favoriser l’interconnaissance, à mieux connaître la communauté de recherche impliquée sur le sujet, à identifier et approfondir les angles d’analyse, à confronter les regards disciplinaires et renforcer l’articulation sciences/sociétés.
Comité d’organisation :
Carole Barthélémy, Sylvain Bertschy, Eve Bureau-Point, Nadège Degbelo, Fabienne Goutille, Nathalie Jas, Giovanni Prete, Bastien Soutjis et Jean Philippe Venot.
Structures de recherche impliquées :
Centre Norbert Elias, LEPD, IRIS, ACTé, MOIRA, UMR Innovation
CNRS, Avignon Université, Aix-Marseille Université, Université Clermont Auvergne, IRD, INRAE, CIRAD.
Depuis le tournant des années 1970, des travaux scientifiques comme des mobilisations opérant à différentes échelles témoignent de la contamination généralisée des milieux et des organismes aux pesticides. Ces derniers, ainsi que leurs métabolites, se retrouvent dans les sols, l’eau, l’air, la faune, la flore, les corps humains et animaux (INSERM, 2021 ; Leenhardt et al., 2022). À l’échelle de la planète, il n’existe plus aucune matrice, même celles les plus éloignées des lieux de production, d’utilisation et de dépôt ou de gestion des déchets, qui n’échappe aujourd’hui à des contaminations par des pesticides (Lopez-Espinosa et al., 2007 ; Maggi et al., 2023 ; Brühl et al., 2024). Ces dernières résultent des propriétés biologiques, chimiques et physiques des pesticides qui leur permettent de s’accumuler dans certains territoires mais aussi de circuler parfois sur de très grandes distances. Elles résultent également des géographies de production et d’utilisation de ces produits. Les contaminations restent très inégalement réparties : des territoires et des populations sont beaucoup plus affectés que d’autres, impliquant des injustices sociales et environnementales souvent construites dans le long terme (Williams, 2018 ; Ferdinand et Jas, 2022). Caractérisés par leur “unruliness” (Roberts, 2014), les pesticides et leurs circulations peu contrôlables remettent régulièrement en question les cadres des dispositifs normatifs publics et privés, même les plus exigeants, visant à prévenir ou limiter les contaminations. L’ampleur et la variété de ces dernières montrent également les limites des politiques publiques de protection de la santé humaine et de l’environnement. Elles questionnent enfin les frontières entre différentes disciplines scientifiques qui ne peuvent prétendre, seules, à leur mise à jour et leur étude. La caractérisation des contaminations et leur remédiation nécessitent ainsi la mise en dialogue des sciences entre elles mais aussi la prise en compte des connaissances produites dans les espaces réglementaires, citoyens et professionnels. Face à ces enjeux sociaux, sanitaires et environnementaux, de multiples d’acteur.trice.s (politiques, scientifiques, économiques, citoyen.ne.s et professionnel.le.s) sont confrontés à des défis majeurs pour comprendre, prévenir et limiter les contaminations actuelles, celles à venir et, par-là, contribuer à construire des mondes durables.
C’est autour de cette thématique générale des contaminations et des frontières que nous souhaitons engager la discussion lors des 5es Journées d’études du Réseau SHS Pesticides en mars 2026. La contamination, du latin contaminare qui signifie souillure/pollution, renvoie ici à la contamination par des composés organiques et inorganiques fabriqués industriellement et utilisés dans des produits commerciaux vendus, à un titre ou un autre, comme pesticides. Cette notion est largement utilisée en toxicologie et écotoxicologie. Elle est polysémique : son sens varie selon les champs professionnels et disciplinaires. Elle est mobilisée dans le cadre de cet appel afin d’explorer les contributions des sciences humaines et sociales à la définition et la compréhension de ce phénomène. La notion de frontière est, elle aussi, appropriée de différentes manières par les sciences humaines et sociales (Bowker et Star, 2023 ; Lamont et Molnar 2002). Elle désigne des espaces qui tout autant séparent (à commencer par les frontières territoriales) qu’ils permettent d’organiser des circulations et d’établir des liens et des connexions. Les frontières ont des dimensions matérielles, politiques, administratives, sociales, économiques et culturelles. Cette notion permet ainsi d’interroger et d’analyser les catégories, les classements et certaines formes d’organisation et de rapports au monde ayant, ou non, des dimensions spatiales. Elle invite à penser comment sont établis, entretenus, contestés, transgressés et redéfinis les dispositifs imaginés pour délimiter, spécifier, éviter, mais aussi relier, hybrider et faire circuler. Interroger les contaminations par les pesticides via la notion de frontière est ainsi une manière heuristique pour les sciences humaines et sociales d’explorer les inter-relations, les enjeux et les rapports de pouvoir et de savoir à l’origine des contaminations. Elle permet d’interroger leurs inscriptions dans les sociétés qui les produisent, et/ou dans celles qu’elles affectent, les différents mondes sociaux dans lesquels elles se déploient, ainsi que les différentes échelles spatiales et symboliques qu’elles recouvrent.
Les contributeur·ices sont invité·es à présenter des travaux qui problématisent les articulations entre contaminations et frontières, en précisant les définitions retenues pour ces notions. Les communications peuvent s’inscrire dans les cinq axes proposés ci-dessous. Ces axes sont non exclusifs et le comité d’organisation est ouvert à d’autres propositions. Différentes frontières et/ou contaminations peuvent être abordées de manière transversale.
(RE-)PENSER LES FRONTIÈRES DE LA CONTAMINATION
Les chercheurs et chercheuses en sciences humaines et sociales ont depuis longtemps été confronté.es à la question des rapports entre frontières et contaminations aux produits chimiques toxiques, dont les pesticides, par exemple en étudiant les modalités de circulation transnationale de ces produits (Pallemaerts, 2003 ; Clapp, 2010 ; Rankin Bohme, 2015). Ces confrontations n’ont pas nécessairement donné lieu à des développements conceptuels spécifiques. La notion de “frontières” apparaît cependant à partir des années 1980 dans différents travaux, sous la forme de “boundaries” (épistémiques, objet) interrogeant notamment l’expertise scientifique réglementaire et la mobilisation de savoirs réglementaires dans la production et la mise en œuvre de dispositifs de gestion des pesticides (Jasanoff, 1987) ou la circulation de certains types de produits d’un univers professionnel à un autre (Blanchard, 2016). Les transformations du vivant à différentes échelles par des produits chimiques conduisent, en particulier dans des travaux ayant des visées critiques, à la proposition de différentes notions pour décrire et analyser ces nouvelles formes d’environnement, d’organismes et de vie altérés. Parmi ces propositions, se trouvent notamment celles de “technologically polluted bodies” (Julie Sze, 2006), d’“extreme environment” (Saxton, 2014), de “residual materialism” (Boudia et al.,2021), et d’“alterlife” (Murphy, 2017). D’autres notions ont pu être construites ou appropriées pour rendre compte de processus qui sous-tendent des contaminations importantes, non maîtrisables, plus ou moins (im-)perceptibles, comme, par exemple, celles d’“art of unnoticing” (Lou, 2022), de “routine exposure” (Balayannis, 2019), de “slow observation” (Davies, 2018), de “slow violence” (Nixon, 2013), de “structural violence” (Amarasiri da Silva et Albert, 2017). Qu’apportent ces notions à la compréhension et l’analyse des frontières de la contamination ? Quel travail notionnel reste-t-il à accomplir pour rendre compte et mieux saisir les multiples dimensions des frontières de la contamination par les pesticides ?
FRONTIÈRES SPATIALES DE LA CONTAMINATION
Qu’il s’agisse de riverains en conflit au sujet de l’épandage de pesticides, de réglementations différenciées entre Etats, ou encore de territoires plus ou moins marqués par les contaminations, de nombreux exemples ont montré par le passé, et montrent aujourd’hui que les pesticides outrepassent largement les frontières spatiales établies. Ce deuxième axe invite ainsi les contributeurs.ice.s à proposer des communications analysant les délimitations géographiques et géopolitiques qui sont bouleversées par les pesticides, de l’échelle parcellaire à l’échelle globale, en passant par des échelles plus méso. Alors que le « Global Pesticide Complex » s’est largement transformé depuis le tournant des années 2000 sous l’effet du développement des pesticides génériques et des capacités de production chinoises et, dans une moindre mesure indiennes (Galt 2008 ; Shattuck, 2021), quelles sont les nouvelles formes de contamination que les marchés agri-alimentaires mondialisés provoquent ? Quelles sont aussi les actualités de la problématique du double standard (pesticides interdits dans les pays de fabrication ou de transit et exportés dans d’autres pays à revenus faibles et intermédiaires) ? Qui alerte aujourd’hui sur ces enjeux, et comment sont-ils traités par les organisations internationales, ou de manière plus bilatérale entre des États partenaires ? À un niveau plus local, quels sont les enjeux territoriaux des contaminations – par exemple entre plusieurs régions différemment impactées au sein d’un même pays, voire les enjeux à un niveau encore plus micro, à la lisière des parcelles ou des usines, dans les habitations et les villes – ? Quelles sont les controverses qui entourent ces enjeux spatiaux ? Quelles sont les instruments et les outils de gouvernement qu’ils mettent à l’épreuve et renouvellent ?
FRONTIÈRES PROFESSIONNELLES ET SECTORIELLES : DES CONTAMINATIONS AU-DELÀ DES CHAMPS
L’utilisation des pesticides ne se limite pas au domaine de cultures agricoles. Ils sont aussi utilisés dans les chaînes logistiques pour la préservation de certaines récoltes, en élevage comme antiparasitaires externes ou comme biocides dans les bâtiments ou les camions de transport d’animaux, dans le cadre des cultures non alimentaires et ornementales et de la sylviculture. Par ailleurs, leur utilisation ne se limite pas au secteur agricole, elle s’étend à la santé publique (par exemple dans le cadre de la lutte contre les rongeurs, les insectes et parasites vecteurs de maladie, ou comme biocides dans les établissements de santé) ; à l’industrie textile et d’ameublement (contre les moisissures et les acariens) ; à l’industrie du bois (traitement contre les xylophages et les champignons des charpentes) ; à l’entretien des espaces publics (terrains de sport, voiries, golfe, cimetières, espaces verts…) ; à l’entretien des lignes ferroviaires, ainsi qu’à la sphère domestique (animaux de compagnie ; insecticides et rodenticide domestiques ; pesticides pour les jardins familiaux, comme anti-poux). Or ces contaminations par les pesticides en dehors des mondes agricoles sont encore peu documentées par les sciences sociales (Swartz et al. 2018). Cet axe doit permettre de mettre en valeur des travaux qui portent le regard sur des populations exposées aux pesticides et des formes de contamination encore négligées. Alors que la production végétale agricole canalise la plus grande part des tensions politiques et médiatiques autour des pesticides, quels sont les autres secteurs qui en subissent les contaminations, de manière moins visible ? Quels sont les acteurs qui s’emparent de ces sujets au sein de ces espaces socioprofessionnels où la problématique est moins médiatisée et moins politisée ? Quels cadres réglementaires et quels instruments sont mobilisés pour réduire les risques dans ces secteurs ? Quels effets ceux-ci produisent-ils sur l’activité ? Comment se jouent les formes de mise en visibilité et d’invisibilisation des contaminations provenant de différentes activités professionnelles affectant les mêmes personnes ou communautés (par exemple celles subies en production végétale et élevage) ? Comment les frontières entre contaminations professionnelles (dans le cas de pluri-activités simultanées ou diachroniques), et entre contaminations professionnelles et domestiques sont-elles (re-)définies dans des contextes où les espaces professionnels et domestiques sont fortement intégrés ? Qu’en est-il dans les pays des Suds où les espaces de vie et de travail se confondent facilement engendrant d’importantes contaminations croisées et ce, alors même que de multiples sources de contamination sont ignorées et, ou peu objectivées (Fuhrimann et al., 2021), et où les formes d’injustices sont particulièrement exacerbées ?
FRONTIÈRES SCIENTIFIQUES ET MISE EN VISIBILITÉ DES CONTAMINATIONS
Si elles peuvent être parfois directement tangibles (odeur, irritation, toux, présence d’un nuage ou dépôt de particules, présence de stocks de pesticides dégradés, etc.), les contaminations par les pesticides se caractérisent le plus souvent par leur imperceptibilité. Les résidus sont souvent invisibles à l’œil nu et inodores, si bien que des contaminations massives peuvent rester non documentées sur des temps longs en l’absence de dispositifs (administratifs, techniques, scientifiques, citoyens) permettant de les repérer. Comme cela a été montré à plusieurs reprises, ces contaminations échappent largement aux processus d’évaluation réglementaires des risques (Daniel 2005 ; Harrison, 2011 ; Jouzel, 2019 ; Dedieu, 2022). Ces débordements ont pu être, et sont aujourd’hui un axe de revendication stratégique de mouvements sociaux qui luttent contre les pesticides dans certains contextes (Zierler, 2011 ; Arancibia 2013). Les mobilisations, comme les processus réglementaires, sont cependant aussi associées des formes d’occultation de certaines contaminations et de groupes particulièrement exposés comme les travailleurs et travailleuses précaires ou les femmes ( Barbour et Guthman, 2018 ; Navas, 2023 ; Goutille, 2025). Leur mise en visibilité constitue un enjeu clé qui engage aujourd’hui une diversité de disciplines et de méthodes scientifiques, des agences d’Etat, ainsi que des acteurs et actrices de la société civile développant des dispositifs alternatifs d’objectivation des contaminations (Arancibia et Motta, 2019).
Comment l’organisation du monde académique en disciplines, les concurrences (matérielles, institutionnelles, épistémiques) entre disciplines, les conditions de la production scientifique contribuent-elles à définir la production scientifique sur des contaminations diffuses et aux origines variées ? Quels sont les acteurs et actrices qui s’investissent dans la mise à jour des contaminations par les pesticides ? A partir de quelles disciplines, de quelles méthodes et de quels croisements disciplinaires? Quels sont les effets des ressources scientifiques et techniques, limitées dans certains pays des Suds, sur l’objectivation des contaminations et sur les capacités à agir (militantes, politiques, scientifiques, techniques) ? Comment ces (in-)visibilisations sont-elles mobilisées, traduites, contestées ou ignorées ? Dans quels espaces publics, professionnels, militants, administratifs, politiques ? Comment la mise en lumière de certaines formes de contamination conduit-elle à l’occultation d’autres formes de contamination ? Quelles autres formes de mise en visibilité des contaminations par les pesticides sont mobilisées au-delà des domaines disciplinaires établis, notamment à travers des perceptions et des modes d’intelligibilité profanes ou des savoirs situés ? Comment ces modes de connaissances sont-ils invités, ou non, à nourrir la recherche, l’action militante ou l’action publique ?
FRONTIÈRES TEMPORELLES : DÉCONTAMINATION ET GESTION DES HÉRITAGES TOXIQUES
Les composés chimiques s’accumulent, s’agrègent, se transforment. Ils sont fluides et soulèvent des enjeux temporels parfois peu anticipés. Leurs trajectoires ne s’arrêtent pas à leur cible. Ils s’inscrivent durablement dans les territoires, dans les sols, dans les eaux, dans les êtres vivants et les corps qu’ils affectent parfois des décennies plus tard. À l’instar de la contamination par le chlordécone aux Antilles (Berthod 2024) ou des pollutions résultant de l’explosion de l’usine de Bophal (Fortun 2001), ou encore celles de grands lacs canadiens (Langston, 2016), ou des restes chimiques de la guerre du Vietnam et au Cambodge (Bureau-Point, en cours) ils soulèvent la question de la « réparation » et de la « décontamination » ou de la “vie avec”. Ces différentes manières de gérer l’héritage des contaminations présentent des défis techniques, sociaux, économiques, juridiques, politiques et éthiques. Que produisent ces temporalités longues sur les acteurs impliqués ou affectés, à un titre ou un autre, dans les contaminations par les pesticides et leurs métabolites ? Dans quelle mesure constituent-elles un obstacle dans le traitement matériel et politique des contaminations, et pour les actions visant à réparer les injustices, les corps et les environnements affectés ? Quels sont les acteur.trice.s en charge de cette « réparation » (collectivités, ONG, institutions internationales, industriels eux-mêmes…) et quels intérêts y sont engagés ? Les actions de dépollution, de reconversion agroécologique ou de collecte et d’élimination de pesticides obsolètes, des emballages vides et des équipements individuels de protection souillés s’accompagnent souvent d’un discours promouvant des solutions « vertueuses » ou « innovantes ». Quelle est la faisabilité réelle de ces démarches et quelles frontières des contaminations et des problèmes redessinent-elles à leur tour ? Comment ces questions se posent-elles dans des contextes, en particulier des Suds, manquant de moyens financiers, infrastructurels et techniques, mais dont les territoires et les populations peuvent aussi être disproportionnellement touchés par des contaminations dont elles ne sont pas nécessairement à l’origine ?
CALENDRIER
Les propositions de communication seront envoyées sous la forme d’un résumé d’environ 400 mots, en français ou en anglais, accompagné d’une présentation de(s) (l’)auteur.e.s (statuts, institution de rattachement, thèmes de recherche, adresse électronique) aux personnes suivantes : nathalie.jas@inrae.fr et eve.bureau-point@cnrs.fr Ouverture de l’appel à communication : 5 juin 2025
Date limite de réception des propositions : 10 octobre 2025
Notification de décision : 20 novembre 2025
Envoi d’un texte de 4-5 pages pour les propositions retenues : le 8 janvier 2026
Journées d’étude : fin mars/début avril 2026
RÉFÉRENCES
Amarasiri de Silva, M.W., Albert, S. V., Jayasekara, M.K.B.J. 2017. Structural violence and chronic kidney disease of unknown etiology in Sri Lanka. Social Science & Medicine, 178: 184-195.
Arancibia, F. 2013. Challenging the bioeconomy: The dynamics of collective action in Argentina. Technology in Society: an International Journal. 35 (2): 79-92.
Balayannis, A. 2019. Routine Exposures: Reimaging the Visual Politics of Hazardous Sites. GeoHumanities, 5(2): 572–590.
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