samedi 5 juillet 2025

Les frontières de la contamination

Les frontières de la contamination

Appel à communications

5es Journées du réseau SHS Pesticides, Montpellier, mars 2026


Date limite pour l’envoi des propositions : 10 octobre 2025

Le réseau SHS-Pesticides a été créé en février 2020 pour mieux connaître et faire connaître la recherche en sciences humaines et sociales sur les pesticides. Ces journées organisées par le réseau visent à favoriser l’interconnaissance, à mieux connaître la communauté de recherche impliquée sur le sujet, à identifier et approfondir les angles d’analyse, à confronter les regards disciplinaires et renforcer l’articulation sciences/sociétés.

Comité d’organisation :
Carole Barthélémy, Sylvain Bertschy, Eve Bureau-Point, Nadège Degbelo, Fabienne Goutille, Nathalie Jas, Giovanni Prete, Bastien Soutjis et Jean Philippe Venot.

Structures de recherche impliquées :
Centre Norbert Elias, LEPD, IRIS, ACTé, MOIRA, UMR Innovation
CNRS, Avignon Université, Aix-Marseille Université, Université Clermont Auvergne, IRD, INRAE, CIRAD.

Depuis le tournant des années 1970, des travaux scientifiques comme des mobilisations opérant à différentes échelles témoignent de la contamination généralisée des milieux et des organismes aux pesticides. Ces derniers, ainsi que leurs métabolites, se retrouvent dans les sols, l’eau, l’air, la faune, la flore, les corps humains et animaux (INSERM, 2021 ; Leenhardt et al., 2022). À l’échelle de la planète, il n’existe plus aucune matrice, même celles les plus éloignées des lieux de production, d’utilisation et de dépôt ou de gestion des déchets, qui n’échappe aujourd’hui à des contaminations par des pesticides (Lopez-Espinosa et al., 2007 ; Maggi et al., 2023 ; Brühl et al., 2024). Ces dernières résultent des propriétés biologiques, chimiques et physiques des pesticides qui leur permettent de s’accumuler dans certains territoires mais aussi de circuler parfois sur de très grandes distances. Elles résultent également des géographies de production et d’utilisation de ces produits. Les contaminations restent très inégalement réparties : des territoires et des populations sont beaucoup plus affectés que d’autres, impliquant des injustices sociales et environnementales souvent construites dans le long terme (Williams, 2018 ; Ferdinand et Jas, 2022). Caractérisés par leur “unruliness” (Roberts, 2014), les pesticides et leurs circulations peu contrôlables remettent régulièrement en question les cadres des dispositifs normatifs publics et privés, même les plus exigeants, visant à prévenir ou limiter les contaminations. L’ampleur et la variété de ces dernières montrent également les limites des politiques publiques de protection de la santé humaine et de l’environnement. Elles questionnent enfin les frontières entre différentes disciplines scientifiques qui ne peuvent prétendre, seules, à leur mise à jour et leur étude. La caractérisation des contaminations et leur remédiation nécessitent ainsi la mise en dialogue des sciences entre elles mais aussi la prise en compte des connaissances produites dans les espaces réglementaires, citoyens et professionnels. Face à ces enjeux sociaux, sanitaires et environnementaux, de multiples d’acteur.trice.s (politiques, scientifiques, économiques, citoyen.ne.s et professionnel.le.s) sont confrontés à des défis majeurs pour comprendre, prévenir et limiter les contaminations actuelles, celles à venir et, par-là, contribuer à construire des mondes durables.

C’est autour de cette thématique générale des contaminations et des frontières que nous souhaitons engager la discussion lors des 5es Journées d’études du Réseau SHS Pesticides en mars 2026. La contamination, du latin contaminare qui signifie souillure/pollution, renvoie ici à la contamination par des composés organiques et inorganiques fabriqués industriellement et utilisés dans des produits commerciaux vendus, à un titre ou un autre, comme pesticides. Cette notion est largement utilisée en toxicologie et écotoxicologie. Elle est polysémique : son sens varie selon les champs professionnels et disciplinaires. Elle est mobilisée dans le cadre de cet appel afin d’explorer les contributions des sciences humaines et sociales à la définition et la compréhension de ce phénomène. La notion de frontière est, elle aussi, appropriée de différentes manières par les sciences humaines et sociales (Bowker et Star, 2023 ; Lamont et Molnar 2002). Elle désigne des espaces qui tout autant séparent (à commencer par les frontières territoriales) qu’ils permettent d’organiser des circulations et d’établir des liens et des connexions. Les frontières ont des dimensions matérielles, politiques, administratives, sociales, économiques et culturelles. Cette notion permet ainsi d’interroger et d’analyser les catégories, les classements et certaines formes d’organisation et de rapports au monde ayant, ou non, des dimensions spatiales. Elle invite à penser comment sont établis, entretenus, contestés, transgressés et redéfinis les dispositifs imaginés pour délimiter, spécifier, éviter, mais aussi relier, hybrider et faire circuler. Interroger les contaminations par les pesticides via la notion de frontière est ainsi une manière heuristique pour les sciences humaines et sociales d’explorer les inter-relations, les enjeux et les rapports de pouvoir et de savoir à l’origine des contaminations. Elle permet d’interroger leurs inscriptions dans les sociétés qui les produisent, et/ou dans celles qu’elles affectent, les différents mondes sociaux dans lesquels elles se déploient, ainsi que les différentes échelles spatiales et symboliques qu’elles recouvrent. 

Les contributeur·ices sont invité·es à présenter des travaux qui problématisent les articulations entre contaminations et frontières, en précisant les définitions retenues pour ces notions. Les communications peuvent s’inscrire dans les cinq axes proposés ci-dessous. Ces axes sont non exclusifs et le comité d’organisation est ouvert à d’autres propositions. Différentes frontières et/ou contaminations peuvent être abordées de manière transversale.
 

(RE-)PENSER LES FRONTIÈRES DE LA CONTAMINATION

Les chercheurs et chercheuses en sciences humaines et sociales ont depuis longtemps été confronté.es à la question des rapports entre frontières et contaminations aux produits chimiques toxiques, dont les pesticides, par exemple en étudiant les modalités de circulation transnationale de ces produits (Pallemaerts, 2003 ; Clapp, 2010 ; Rankin Bohme, 2015). Ces confrontations n’ont pas nécessairement donné lieu à des développements conceptuels spécifiques. La notion de “frontières” apparaît cependant à partir des années 1980 dans différents travaux, sous la forme de “boundaries” (épistémiques, objet) interrogeant notamment l’expertise scientifique réglementaire et la mobilisation de savoirs réglementaires dans la production et la mise en œuvre de dispositifs de gestion des pesticides (Jasanoff, 1987) ou la circulation de certains types de produits d’un univers professionnel à un autre (Blanchard, 2016). Les transformations du vivant à différentes échelles par des produits chimiques conduisent, en particulier dans des travaux ayant des visées critiques, à la proposition de différentes notions pour décrire et analyser ces nouvelles formes d’environnement, d’organismes et de vie altérés. Parmi ces propositions, se trouvent notamment celles de “technologically polluted bodies” (Julie Sze, 2006), d’“extreme environment” (Saxton, 2014), de “residual materialism” (Boudia et al.,2021), et d’“alterlife” (Murphy, 2017). D’autres notions ont pu être construites ou appropriées pour rendre compte de processus qui sous-tendent des contaminations importantes, non maîtrisables, plus ou moins (im-)perceptibles, comme, par exemple, celles d’“art of unnoticing” (Lou, 2022), de “routine exposure” (Balayannis, 2019), de “slow observation” (Davies, 2018), de “slow violence” (Nixon, 2013), de “structural violence” (Amarasiri da Silva et Albert, 2017). Qu’apportent ces notions à la compréhension et l’analyse des frontières de la contamination ? Quel travail notionnel reste-t-il à accomplir pour rendre compte et mieux saisir les multiples dimensions des frontières de la contamination par les pesticides ?
 

FRONTIÈRES SPATIALES DE LA CONTAMINATION

Qu’il s’agisse de riverains en conflit au sujet de l’épandage de pesticides, de réglementations différenciées entre Etats, ou encore de territoires plus ou moins marqués par les contaminations, de nombreux exemples ont montré par le passé, et montrent aujourd’hui que les pesticides outrepassent largement les frontières spatiales établies. Ce deuxième axe invite ainsi les contributeurs.ice.s à proposer des communications analysant les délimitations géographiques et géopolitiques qui sont bouleversées par les pesticides, de l’échelle parcellaire à l’échelle globale, en passant par des échelles plus méso. Alors que le « Global Pesticide Complex » s’est largement transformé depuis le tournant des années 2000 sous l’effet du développement des pesticides génériques et des capacités de production chinoises et, dans une moindre mesure indiennes (Galt 2008 ; Shattuck, 2021), quelles sont les nouvelles formes de contamination que les marchés agri-alimentaires mondialisés provoquent ? Quelles sont aussi les actualités de la problématique du double standard (pesticides interdits dans les pays de fabrication ou de transit et exportés dans d’autres pays à revenus faibles et intermédiaires) ? Qui alerte aujourd’hui sur ces enjeux, et comment sont-ils traités par les organisations internationales, ou de manière plus bilatérale entre des États partenaires ? À un niveau plus local, quels sont les enjeux territoriaux des contaminations – par exemple entre plusieurs régions différemment impactées au sein d’un même pays, voire les enjeux à un niveau encore plus micro, à la lisière des parcelles ou des usines, dans les habitations et les villes – ? Quelles sont les controverses qui entourent ces enjeux spatiaux ? Quelles sont les instruments et les outils de gouvernement qu’ils mettent à l’épreuve et renouvellent ?
 

FRONTIÈRES PROFESSIONNELLES ET SECTORIELLES : DES CONTAMINATIONS AU-DELÀ DES CHAMPS

L’utilisation des pesticides ne se limite pas au domaine de cultures agricoles. Ils sont aussi utilisés dans les chaînes logistiques pour la préservation de certaines récoltes, en élevage comme antiparasitaires externes ou comme biocides dans les bâtiments ou les camions de transport d’animaux, dans le cadre des cultures non alimentaires et ornementales et de la sylviculture. Par ailleurs, leur utilisation ne se limite pas au secteur agricole, elle s’étend à la santé publique (par exemple dans le cadre de la lutte contre les rongeurs, les insectes et parasites vecteurs de maladie, ou comme biocides dans les établissements de santé) ; à l’industrie textile et d’ameublement (contre les moisissures et les acariens) ; à l’industrie du bois (traitement contre les xylophages et les champignons des charpentes) ; à l’entretien des espaces publics (terrains de sport, voiries, golfe, cimetières, espaces verts…) ; à l’entretien des lignes ferroviaires, ainsi qu’à la sphère domestique (animaux de compagnie ; insecticides et rodenticide domestiques ; pesticides pour les jardins familiaux, comme anti-poux). Or ces contaminations par les pesticides en dehors des mondes agricoles sont encore peu documentées par les sciences sociales (Swartz et al. 2018). Cet axe doit permettre de mettre en valeur des travaux qui portent le regard sur des populations exposées aux pesticides et des formes de contamination encore négligées. Alors que la production végétale agricole canalise la plus grande part des tensions politiques et médiatiques autour des pesticides, quels sont les autres secteurs qui en subissent les contaminations, de manière moins visible ? Quels sont les acteurs qui s’emparent de ces sujets au sein de ces espaces socioprofessionnels où la problématique est moins médiatisée et moins politisée ? Quels cadres réglementaires et quels instruments sont mobilisés pour réduire les risques dans ces secteurs ? Quels effets ceux-ci produisent-ils sur l’activité ? Comment se jouent les formes de mise en visibilité et d’invisibilisation des contaminations provenant de différentes activités professionnelles affectant les mêmes personnes ou communautés (par exemple celles subies en production végétale et élevage) ? Comment les frontières entre contaminations professionnelles (dans le cas de pluri-activités simultanées ou diachroniques), et entre contaminations professionnelles et domestiques sont-elles (re-)définies dans des contextes où les espaces professionnels et domestiques sont fortement intégrés ? Qu’en est-il dans les pays des Suds où les espaces de vie et de travail se confondent facilement engendrant d’importantes contaminations croisées et ce, alors même que de multiples sources de contamination sont ignorées et, ou peu objectivées (Fuhrimann et al., 2021), et où les formes d’injustices sont particulièrement exacerbées ?
 

FRONTIÈRES SCIENTIFIQUES ET MISE EN VISIBILITÉ DES CONTAMINATIONS

Si elles peuvent être parfois directement tangibles (odeur, irritation, toux, présence d’un nuage ou dépôt de particules, présence de stocks de pesticides dégradés, etc.), les contaminations par les pesticides se caractérisent le plus souvent par leur imperceptibilité. Les résidus sont souvent invisibles à l’œil nu et inodores, si bien que des contaminations massives peuvent rester non documentées sur des temps longs en l’absence de dispositifs (administratifs, techniques, scientifiques, citoyens) permettant de les repérer. Comme cela a été montré à plusieurs reprises, ces contaminations échappent largement aux processus d’évaluation réglementaires des risques (Daniel 2005 ; Harrison, 2011 ; Jouzel, 2019 ; Dedieu, 2022). Ces débordements ont pu être, et sont aujourd’hui un axe de revendication stratégique de mouvements sociaux qui luttent contre les pesticides dans certains contextes (Zierler, 2011 ; Arancibia 2013). Les mobilisations, comme les processus réglementaires, sont cependant aussi associées des formes d’occultation de certaines contaminations et de groupes particulièrement exposés comme les travailleurs et travailleuses précaires ou les femmes ( Barbour et Guthman, 2018 ; Navas, 2023 ; Goutille, 2025). Leur mise en visibilité constitue un enjeu clé qui engage aujourd’hui une diversité de disciplines et de méthodes scientifiques, des agences d’Etat, ainsi que des acteurs et actrices de la société civile développant des dispositifs alternatifs d’objectivation des contaminations (Arancibia et Motta, 2019).

Comment l’organisation du monde académique en disciplines, les concurrences (matérielles, institutionnelles, épistémiques) entre disciplines, les conditions de la production scientifique contribuent-elles à définir la production scientifique sur des contaminations diffuses et aux origines variées ? Quels sont les acteurs et actrices qui s’investissent dans la mise à jour des contaminations par les pesticides ? A partir de quelles disciplines, de quelles méthodes et de quels croisements disciplinaires? Quels sont les effets des ressources scientifiques et techniques, limitées dans certains pays des Suds, sur l’objectivation des contaminations et sur les capacités à agir (militantes, politiques, scientifiques, techniques) ? Comment ces (in-)visibilisations sont-elles mobilisées, traduites, contestées ou ignorées ? Dans quels espaces publics, professionnels, militants, administratifs, politiques ? Comment la mise en lumière de certaines formes de contamination conduit-elle à l’occultation d’autres formes de contamination ? Quelles autres formes de mise en visibilité des contaminations par les pesticides sont mobilisées au-delà des domaines disciplinaires établis, notamment à travers des perceptions et des modes d’intelligibilité profanes ou des savoirs situés ? Comment ces modes de connaissances sont-ils invités, ou non, à nourrir la recherche, l’action militante ou l’action publique ?
 

FRONTIÈRES TEMPORELLES : DÉCONTAMINATION ET GESTION DES HÉRITAGES TOXIQUES

Les composés chimiques s’accumulent, s’agrègent, se transforment. Ils sont fluides et soulèvent des enjeux temporels parfois peu anticipés. Leurs trajectoires ne s’arrêtent pas à leur cible. Ils s’inscrivent durablement dans les territoires, dans les sols, dans les eaux, dans les êtres vivants et les corps qu’ils affectent parfois des décennies plus tard. À l’instar de la contamination par le chlordécone aux Antilles (Berthod 2024) ou des pollutions résultant de l’explosion de l’usine de Bophal (Fortun 2001), ou encore celles de grands lacs canadiens (Langston, 2016), ou des restes chimiques de la guerre du Vietnam et au Cambodge (Bureau-Point, en cours) ils soulèvent la question de la « réparation » et de la « décontamination » ou de la “vie avec”. Ces différentes manières de gérer l’héritage des contaminations présentent des défis techniques, sociaux, économiques, juridiques, politiques et éthiques. Que produisent ces temporalités longues sur les acteurs impliqués ou affectés, à un titre ou un autre, dans les contaminations par les pesticides et leurs métabolites ? Dans quelle mesure constituent-elles un obstacle dans le traitement matériel et politique des contaminations, et pour les actions visant à réparer les injustices, les corps et les environnements affectés ? Quels sont les acteur.trice.s en charge de cette « réparation » (collectivités, ONG, institutions internationales, industriels eux-mêmes…) et quels intérêts y sont engagés ? Les actions de dépollution, de reconversion agroécologique ou de collecte et d’élimination de pesticides obsolètes, des emballages vides et des équipements individuels de protection souillés s’accompagnent souvent d’un discours promouvant des solutions « vertueuses » ou « innovantes ». Quelle est la faisabilité réelle de ces démarches et quelles frontières des contaminations et des problèmes redessinent-elles à leur tour ? Comment ces questions se posent-elles dans des contextes, en particulier des Suds, manquant de moyens financiers, infrastructurels et techniques, mais dont les territoires et les populations peuvent aussi être disproportionnellement touchés par des contaminations dont elles ne sont pas nécessairement à l’origine ?
 

CALENDRIER

Les propositions de communication seront envoyées sous la forme d’un résumé d’environ 400 mots, en français ou en anglais, accompagné d’une présentation de(s) (l’)auteur.e.s (statuts, institution de rattachement, thèmes de recherche, adresse électronique) aux personnes suivantes : nathalie.jas@inrae.fr et eve.bureau-point@cnrs.fr Ouverture de l’appel à communication : 5 juin 2025
Date limite de réception des propositions : 10 octobre 2025
Notification de décision : 20 novembre 2025
Envoi d’un texte de 4-5 pages pour les propositions retenues : le 8 janvier 2026
Journées d’étude : fin mars/début avril 2026
 

RÉFÉRENCES 

Amarasiri de Silva, M.W., Albert, S. V., Jayasekara, M.K.B.J. 2017. Structural violence and chronic kidney disease of unknown etiology in Sri Lanka. Social Science & Medicine, 178: 184-195.
Arancibia, F. 2013. Challenging the bioeconomy: The dynamics of collective action in Argentina. Technology in Society: an International Journal. 35 (2): 79-92.
Balayannis, A. 2019. Routine Exposures: Reimaging the Visual Politics of Hazardous Sites. GeoHumanities, 5(2): 572–590.
Barbour, M. & Guthman, J. 2018. “(En)gendering exposure: pregnant farmworkers and the inadequacy of pesticide notification. Journal of Political Ecology, 25(1:, 332-349.
Berthod, J. 2024. Jusqu’où vouloir détecter la pollution ? Chlordécone en mer et limites de l’« alterlife ». Zilsel 14(1): 183-206.
Blanchard. A. 2016. From one community to many: how novel objects in the crop protection field reveal epistemic boundaries. Social Epistemology, 30(5-6): 680-691.
Boudia, S., Creager, A. N., Frickel, S., Henry, E., Jas, N., Reinhardt, C., & Roberts, J. A. (2021). Residues: Thinking through chemical environments. Rutgers University Press.
Bowker, G. C., & Star, S. L. (2023). Arranger les choses. Des conséquences de la classification. EHESS.
Brühl, C.A., Engelhard, N., Bakanov, N. et al. 2024. Widespread contamination of soils and vegetation with current use pesticide residues along altitudinal gradients in a European Alpine valley. Communications Earth & Environment 5(72 .
Bureau-Point, E. (en cours de publication). Ordinary Toxicity and the Slow Violence of the Chemical War in Cambodia. in Kehr J. & Kierans C. Health Unbound: Anthropological Inquiries into Biomedicine, Politics and the Environment.
Clapp, J. 2010. Toxic Exports: The Transfer of Hazardous Wastes from Rich to Poor Countries. Cornell University Press.
Daniel, Pete. 2005. Toxic Drift: Pesticides and Health in the Post-World War II South. Baton Rouge: Louisiana State University Press,
Davies, T. 2018. Toxic space and time: Slow violence, necropolitics, and petrochemical pollution. Annals of the American Association of Geographers 108(6): 1537–1553.
Dedieu, 2022. Pesticides. Le confort de l’ignorance. Paris: Seuil.
Ferdinand, M. et Jas, N. 2022. Habiter colonial, pollution et production d’ignorance. In Boudia, S. et Henry, E.(eds.) Les politiques de l’ignorance, Paris: Vie des Idées/PUF,
Fortun, K. 2001. Advocacy after Bhopal : environmentalism, disaster, new global orders, Chicago : University of Chicago Press.
Fuhrimann S, Wan C, Blouzard E, Veludo A, Holtman Z, Chetty-Mhlanga S, Dalvie MA, Atuhaire A, Kromhout H, Röösli M, Rother HA. 2021. Pesticide Research on Environmental and Human Exposure and Risks in Sub-Saharan Africa: A Systematic Literature Review. International Journal of Environmental Research and Public Health 19(1):259.
Galt, R. 2008. Beyond the circle of poison: Significant shifts in the global pesticide complex, 1976–2008. Global Environmental Change, 18(4): 786-799.
Goutille, F. 2025. Recension : Jean-Noël Jouzel & Giovanni Prete, L’agriculture empoisonnée. Le long combat des victimes des pesticides, Paris, Presses de Sciences Po, 2024, 288 p. Travail et Emploi, n° 176, DARES.
INSERM. 2021. Pesticides et effets sur la santé – nouvelles données. Expertise collective.
Harisson, J. 2011. Pesticide Drift and the Pursuit of Environmental Justice. Cambridge, MA: MIT Press.
Jasanoff, S. (1987). Contested Boundaries in Policy-Relevant Science. Social Studies of Science, 17(2), 195-230.
Jouzel, J. N. 2019. Pesticides. Comment ignorer ce que l’on sait. Paris: Presses de Sciences Po.
Lamont, M. et Molmar, V., 2002. The Study of Boundaries in the Social Sciences. Annual Review of Sociology, 28: 167‑195.
Langston, N. 2016 La convergence entre santé humaine et santé environnementale : le toxaphène dans le lac Supérieur. Sciences sociales et santé, 34(3):103-124.
Leenhardt, S. Mamy, L. Pesce, S. Sanchez, W. Achard, A-L et al.. 2022. Impacts des produits phytopharmaceutiques sur la biodiversité et les services écosystémiques. Rapport de l’expertise scientifique collective.
Lopez-Espinosa, M-J A. Granada , J. Carreno a M. Salvatierra, F. Olea-Serrano , N. Olea. 2007. Organochlorine Pesticides in Placentas from Southern Spain and Some Related Factors. Placenta, 28(7): 631-638.
Lou, L. 2022. The art of unnoticing. Risk perception and contrived ignorance in China. American Ethnologist. 49(4): 580-594.
Maggi, F., Tang, F.H.M. & Tubiello, F.N. 2023. Agricultural pesticide land budget and river discharge to oceans. Nature 620: 1013–1017.
Murphy, M. 2017. Alterlife and Decolonial Chemical Relations. Cultural Anthropology 32(4): 494-503.
Navas, G. 2022. ‘If there’s no evidence, there’s no victim’: undone science and political organisation in marginalising women as victims of DBCP in Nicaragua. The Journal of Peasant Studies 50(4): 1569–1592.
Nixon, R. 2013. Slow Violence and the Environmentalism of the Poor. Boston: Harvard University Press.
Pallemaerts, M. 2003. Toxics and Transnational Law. International and European Regulation of Toxic Substances as Legal Symbolism. Oxford: Hart Publishing.
Rankin Bohme S. 2015. Toxic Injustice: A Transnational History of Exposure and Struggle, Oakland: University of California Press.
Roberts, J. 2014. Unruly Technologies and Fractured Oversight: Toward a Model for Chemical Control for the Twenty-First Century. in Boudia, S & Jas N. (eds). Powerless Science? Science and Politics in a Toxic Worldn Oxford: Beghahn Books, .
Saxton, D. I. 2014. Strawberry Fields as Extreme Environments: The Ecobiopolitics of Farmworker Health. Medical Anthropology, 34(2): 166–183.
Shattuck, A. 2021. Generic, growing, green?: The changing political economy of the global pesticide complex. The Journal of Peasant Studies, 48(2): 231-253.
Star, S. L., & Bowker, G. 1999. Sorting things out. Classification an its consequences. Cambridge, Massachusetts, London, England: The MIT Press.
Swartz A, Levine S, Rother H, et al. 2018 Toxic layering through three disciplinary lenses: childhood poisoning and street pesticide use in Cape Town, South Africa. Medical Humanities, 44:247-252.
Sze, J. 2006. Boundaries and Border Wars: DES, Technology, and Environmental Justice. American Quarterly, 58 (3): 791-814.
Williams, B. 2018. “That we may live”: Pesticides, plantations, and environmental racism in the United States South. Environment and Planning E, 1(1-2): 243-267.
Zierler, D . 2011 The Invention of Ecocide: Agent Orange, Vietnam, and the Scientists Who Changed the Way We Think About the Environment, Athens: University of Georgia Press.

vendredi 4 juillet 2025

Les femmes médecins dans l'Empire japonais

Medical Women in the Japanese Empire. Sources and Critique 


Edited By Hiro Fujimoto, Aya Homei, Ellen Gardner Nakamura 

 

Routledge

2025


Fujimoto, Homei, and Nakamura bring together the perspectives of women engaging in professional medical work across the expanse of the modern Japanese Empire (1868–1945). Through translations of primary source documents in three East Asian languages, this collection provides a window into the experiences of women working in a variety of medical professions, including doctors, nurses, midwives, and nutritionists. The voices of these women, collected from books, magazines, diaries, roundtable discussions, and oral histories, speak of the challenges, hopes, triumphs, and at times despair that women faced in their medical studies and workplaces.

While the women represent a kaleidoscope of political views both critical and supportive of the Japanese empire, this book demonstrates the significance of the Japanese nation and empire for many of these women. Their stories show how they pushed boundaries, traversed national or regional borders in search of medical opportunities, or attempted to carve out new spaces for women through their service as medical professionals.

This work, which includes little studied sources never before accessible in English, will appeal to scholars and students of history, Asian studies, gender history/studies, and the history of science, technology, and medicine.

jeudi 3 juillet 2025

Nouvelles recherches en histoire des sciences et de la médecine

New Research in the History of Medicine and Science



CHMD Workshop 


The Centre for the History of Medicine and Disease will be holding its annual Work-In-Progress workshop this Friday, from 10.00-4.00PM. We will hear from some centre members about their current research projects, and brainstorm plans for the upcoming couple of years. All are welcome!


Friday, 27 June 2025, 10.00 am – 4.00 pm, room ER143, Elvet Riverside, New Elvet, Durham University

10.00 - Arrival and Welcome

10.10 - 11.00 - Reflections and Strategizing for Upcoming Year

11.05-11.35 – Matthew Daniel Eddy, "The Bureaucracy of Bias: Classification, Epidemiology and William Ferguson’s Statistical Re-Interpretation of Government Instructions in Sierra Leone, 1825-1830"

11.40 - 11.55 - Coffee Break

12.00-12:45 - Holger Maehle, “Professional Conduct and a Kind Heart? Ethical Issues in British and German Medical Practice and Research during the Long Nineteenth Century”

12.45 -1.30 - Lunch

1.35 - 2.05 - Emily Webster, "'What Killed My Dad?': Hospital Ecologies, Dysbiosis, and C diff outbreaks in NHS Hospitals, 2005-present"

2.10 - 2.40 - Sarah Wieten, "Patient blacklists and the BMA, 1927-1954"

2.45 - 3:15 - Coffee/Tea Break

3.20 -3.50 - TBD

3.50 - 4.00 - Conclusion



Contact: emily.webster@durham.ac.uk

RSVP here: https://forms.cloud.microsoft/e/t1Rv7AFWVu

mercredi 2 juillet 2025

Montrer la mort au XIXe siècle

Showing Death in the Nineteenth Century: Bodies, Matter, Representations



Call for Papers

National Academy of Medicine, Paris

26 March 2026


As Jean-Paul Sartre wrote, ‘to be dead is to be a prey for the living’ (1956, 593). The vulnerability of the dead, described by the French philosopher, applies to their memories as well as their bodies. Death is, indeed, not merely absence but requires us to face the materiality of the corpse. This one-day international conference intends to show that studying the nineteenth-century relationship to death, as an omnipresent – destructive, but familiar – reality, can inform our own contemporary attitudes and reveal how nineteenth-century representations still shape our own death culture.

The nineteenth-century Western world witnessed a shifting interest in the materiality of death and in the relationship between the living and the dead. The creation of cemeteries introduced a new ‘necrogeography’ (Laqueur 2015) and funeral trappings in turn reflected the social status of the departed. Death was further embodied in material objects, some of which were worn for the world to see in the mourning fashions of the living, who cultivated ‘secular relics’ (Lutz 2015). These consisted in the incorruptible bodily materials or the belongings of the dead, and allowed the living to remember the individuality of the deceased via a relationship of synecdoche. Yet, while visual art forms and material objects may recall the materiality of death, literary texts can arguably generate more complex representations, evoking both visible signs and the absence, the silence and the invisibility that result from death (Zigarovich 2012). Whether literary or visual, now as in the nineteenth century, representations of death have drawn from a ‘common cultural image repertoire’ (Bronfen 1992, xi), shaped by moral, religious, social and aesthetic boundaries, and based on a system of polarities – exposure and concealment, decay and purity, both corporeal and spiritual. The aim of this one-day interdisciplinary conference is to bring together researchers from various backgrounds to rethink these representations of death. Although research has often focused on what made death ‘good’ or ‘bad’ (Jalland 1996) according to moral standards, this conference will focus on the materiality of death and the corpse. It aims to address some of the following questions so as to renew our understanding of nineteenth-century Western representations of death:

- Who produced these material representations of death? On what scale? Were there specific local attitudes to death? What influenced them (geography / topography / religion / traditions / gender)?

- Through what medium? How were new technologies like photography (Linkman 2006; Ruby 1995) and embalming (Carol 2015) used on the dead body to restore it, dissect it (Hurren 2011), or preserve its likeness (Ebenstein 2017)? How did matter determine representation?

- Who displayed dead bodies and why? Were certain depictions of the corpse acceptable in one medium but not in another and, if so, why? To what extent could sensory experiences of the corpse be acceptable, and under what conditions? And, ultimately, how could the corpse itself and its fragments be used in artistic or didactic endeavours?

We invite proposals for 20-minute papers from scholars in literature, death studies, history, and art history, and from curators, artists and deathcare professionals. Possible topics may include (but are not limited to):


The process of dying:

- Uncertain death: suspended animation, taphophobia and premature burial

- Sensory experiences of the dead body: viewing, holding wakes, touching, kissing the dead

- The smells and sounds of death



Staging death and exhibiting the corpse:

- Death and dying on stage, in literature and the visual arts

- Sanitising bodies and public spaces

- Death behind closed doors: during childbirth, domestic murder, violent and painful death

- The corpse as spectacle: museums, medical training, public executions, and popular entertainment



Mourning and memorialising the dead:

- Preserving the corpse: relics, embalming, funeral trappings (coffins, funeral textiles and brasses)

- Preserving the image of the dead: photography, painting, masks, funereal art

- The architecture of death: tombs, cenotaphs, mausoleums

- The marginal dead: paupers, prostitutes, criminals, and suicides



The one-day conference is organised by the Alexandre-Koyré Centre (UMR 8560) in collaboration with the Library of the National Academy of Medicine. It will be held (in person) on 26 March 2026 at the National Academy of Medicine (16, rue Bonaparte, 75006 Paris).



Please submit abstracts of 250 words in English or French along with a short bio-note (100 words) as a single Word document to showingdeath2026@gmail.com before 5 October 2025. Paper proposals should include your full name, institutional affiliation and email address.



Select Bibliography


- Ariès, Philippe. 1977. L’homme devant la mort. Paris : Editions du Seuil.

- Ariès, Philippe. 1982. Images de l’homme devant la mort. Paris : Editions du Seuil.

- Bronfen, Elisabeth. 1992. Over Her Dead Body: Death, Femininity and the Aesthetic. Manchester: Manchester University Press.

- Carol, Anne. 2015. L'embaumement, une passion romantique : France, XIXe siècle. Ceyzérieu : Champ Vallon.

- Carol, Anne et Isabelle Renaudet (eds). 2013. La mort à l'œuvre : Usages et représentations du cadavre dans l'art. Aix-en-Provence : Presses universitaires de Provence.

- Ebenstein, Joanna. 2017. Death: A Graveside Companion. London: Thames & Hudson Ltd.

- Hotz, Mary Elizabeth. 2009. Literary Remains, Representations of Death and Burial in Victorian England. New York: New York University Press.

- Hurren, Elizabeth T. 2012. Dying for Victorian Medicine: English Anatomy and Its Trade in the Dead Poor, c.1834–1929. London: Palgrave Macmillan UK.

- Jalland, Patricia. 1996. Death in the Victorian Family. Oxford: Oxford University Press.

- Laqueur, Thomas. 2015. The Work of the Dead: A Cultural History of Mortal Remains. Princeton: Princeton University Press.

- Linkman, Audrey. 2006. ‘Taken from life: Post-mortem portraiture in Britain 1860–1910’. History of Photography, 30 (4): 309–347.

- Llewellyn, Nigel. 1997. The Art of Death: Visual Culture in the English Death Ritual c.1500–c.1800. London: Reaktion Books.

- Lutz, Deborah. 2015. Relics of Death in Victorian Literature and Culture. Cambridge: Cambridge University Press.

- Ruby, Jay. 1999. Secure the Shadow Death and Photography in America. Cambridge MA: The MIT Press.

- Sartre, Jean-Paul. 1956. Being and Nothingness. Trans. Hazel Barnes. New York: Philosophical Library.

- Vovelle, Michel. 1983. La Mort et l’Occident de 1300 à nos jours. Paris : Gallimard.

Zigarovich, Jolene. 2012. Writing Death and Absence in the Victorian Novel: Engraved Narratives. New York: Palgrave Macmillan.



Organising Committee


Laurence Talairach, UT2J / Centre Alexandre-Koyré (UMR 8560-CNRS-EHESS-MNHN)

Clémentine Guiol, Centre Alexandre-Koyré (UMR 8560-CNRS-EHESS-MNHN)

Noémie Robert, Centre Alexandre-Koyré (UMR 8560-CNRS-EHESS-MNHN)

Jérôme van Wijland, Bibliothèque de l’Académie nationale de Médecine



mardi 1 juillet 2025

Folies (post)coloniales

Folies (post)coloniales. Quatre enquêtes historiques sur des parcours psychiatriques


Balado 

Un projet mené par l’équipe MaDAf avec Gina Aïtmehdi (Anthropologue, IMAF, LAMC), Camille Evrard (Historienne, IMAF, FRAMESPA), Raphaël Gallien (Historien, IMAF, CESSMA), Paul Marquis (Historien, IMAF, CHSP), Romain Tiquet (Historien, CMB, IMAF).
 

À travers le médium du son, l’équipe MaDAf – sur l’histoire sociale de la folie en Afrique (post)coloniale – propose une mise en récit réflexive et sensible, du travail de chercheur.euses face à l’archive.

Chaque épisode porté par un historien.ne dessine de façon singulière un travail d’enquête autour de la situation d’un.e patient.e interné.e en psychiatrie pendant la période (post)coloniale, à Madagascar, en Indochine, en Algérie, et au Sénégal. Les archives médicales recueillies et minutieusement étudiées, sont mises en ondes sous forme documentaire et/ou fictionnelle. Elles constituent le point de départ pour suivre une enquête, ses coulisses, ses particularités et ses aspérités propres, mettant en lumière les rapports complexes de l’historien.ne à son objet d’étude et à sa discipline.


Chaque forme sonore fait resurgir, à travers ces parcours psychiatriques déroutés et déroutants, les pulsations d’une époque, les vies qui la traversent et résonnent encore aujourd’hui.

Écriture et coordination scientifique de la série
Gina Aïtmehdi

Réalisation, prise de son et montage
Chloé Despax

Musique originale
Vincent Roussel – batterie
Camille Evrard – flûte traversière et objets sonores

Mixage
Jean-Baptiste Imbert

Illustration
Delphine Prouhet

Production
Radio Grenouille/Studio Euphonia
Financé par le Conseil européen de la recherche (ERC StG MaDAf)
Juin 2025