Les sciences de la nutrition au 20e siècle, entre santé, industrie et société. Autour de la trajectoire de Lucie Randoin (1885-1960)Colloque
Vendredi 4 octobre 2024
9 h - 17 h 30
Académie nationale de médecine
16 rue Bonaparte, 75006 Paris
Salle des séances
Colloque organisé par P. Bret, P. Cornu et A. Rasmussen
avec la collaboration et le soutien
de la Bibliothèque de l’Académie nationale de médecine,
du Centre Alexandre Koyré,
du Comité d’Histoire INRAE-Cirad,
et de la Société française d’histoire de la chimie.
L’Université de Bourgogne a baptisé « Lucie Randoin » la première promotion de médecine en formation à Auxerre en 2023, et La Poste va émettre un timbre à son effigie en 2025 pour le 140e anniversaire de sa naissance à Boeurs-en-Othe (Yonne). Pourtant, l’oeuvre et la personnalité de cette biologiste et nutritionniste restent méconnues des historiens comme du grand public. Dans l’ombre de l’imposante figure de Marie Curie, double Prix Nobel de physique (1903) et de chimie (1911), à laquelle elle a succédé à l’Académie de médecine, elle fait pourtant partie de la toute première cohorte des pionnières qui ont ouvert les portes de l’institution aux femmes. Elle a également et surtout marqué l’histoire des sciences de la nutrition en France, à la fois par ses recherches et par l’activité d’expertise qu’elle a déployée aussi bien en direction de l’industrie que de la puissance publique.
Lauréate de l’Académie des sciences en 1919 pour sa thèse préparée au Laboratoire de physiologie de la Sorbonne, où elle avait suppléé les hommes mobilisés, Lucie Randoin orienta ensuite ses recherches sur les vitamines, établissant la « loi de l’équilibre alimentaire » (1923) et militant pour un enseignement de la diététique. Directrice du nouveau Laboratoire de physiologie du ministère de l’Agriculture établi à l’Institut scientifique d’hygiène alimentaire (ISHA), elle joua un rôle moteur dans l’Entre-deux-guerres, notamment au sein de la Société scientifique d’hygiène alimentaire, dont relevait l’ISHA, et de la Société de chimie biologique, qu’elle a présidée à la suite de Gabriel Bertrand, de l’Institut Pasteur, l’un de ses appuis fidèles. Représentant la France dans de nombreux congrès internationaux (Conférences internationales pour la standardisation des vitamines, Congrès internationaux d’agriculture, etc.), elle prit aussi la direction de trois nouveaux services de l’ISHA, les Enquêtes nationales sur l’alimentation (1937), le Laboratoire de physiologie de la nutrition du CNRS, et l’Institut supérieur de l’alimentation (1938), prélude à la fondation de l’École de diététique de Paris (1951) et d’un diplôme national ayant donné naissance à un nouveau corps professionnel.
L’objectif de ce colloque est de reconstituer la dynamique d’émergence à la fois épistémologique et institutionnelle des sciences de la nutrition en France, à travers une
réévaluation de la trajectoire personnelle de Lucie Randoin, visant notamment à replacer ses réseaux et ses travaux dans leur contexte, dans un siècle qui a vu la genèse et l’affirmation de la chimie biologique et des questions de diététique et de nutrition à l’interface de plusieurs institutions et dans des relations complexes aussi bien avec la société qu’avec l’industrie et les politiques publiques.
Nota : L’inscription est gratuite mais obligatoire, compte tenu du nombre limité de places. Afin de faciliter la gestion des pauses, merci de vous inscrire dès maintenant et avant le 15 septembre en envoyer un mail à SciencesNutritionRandoin@gmail.com
MATIN
8h45 Accueil café (Hall des bustes)
9h15 Ouverture (Salle des séances)
• 9:15-9:30 Accueil par le bureau de l’Académie nationale de médecine
• 9:30-9:45 Patrice Bret, Pierre Cornu et Anne Rasmussen, Introduction générale
1. Lucie Randoin et l’institution scientifique
Présidence : Anne Rasmussen (DE EHESS & dir. CAK)
• 9:45-10:10 Sylvie Athéna Rouer-Saporta (PH Ste-Anne, Paris – Psdte SSHA),
Lucie Randoin, la Société et l’Institut scientifique d’hygiène alimentaire
• 10:10-10:35 Martin Picard (Psdt SFBBM),
Lucie Randoin et la Société de chimie biologique
• 10:35-11:00 François Léger (Conservateur en chef, Dir. adj. Bibl. ANM),
Lucie Randoin à l’Académie de médecine
• 11:00-11:25 Patrice Bret (Chercheur honoraire CAK – V-Psdt SFHC),
Lucie Randoin à l’Académie des sciences
• 11:25-11:45 Discussion générale sur la session
11:45-13:30 Pause-déjeuner
13h30-17h30 APRES-MIDI
2. Acteurs et outils de la recherche entre chimie biologique et alimentation
Présidence : Sylvie Athéna Rouer-Saporta (PH Ste-Anne, Paris – Psdte SSHA)
• 13:30-13:55 Odile Maeght (Chargée d’études documentaires AN),
De la genèse à l’affirmation des sciences de l'alimentation à l'Inra
• 13:55-14:20 Pierre Cornu (PU, INRAE),
Jean Causeret, collaborateur et porteur du legs de Lucie Randoin au sein de la recherche agronomique
• 14:20-14:45 Anne Lhuissier (INRAE, Centre Maurice Halbwachs),
Lucie Randoin, une femme à la tête d’un dispositif d’un genre nouveau : les enquêtes nationales sur
l’alimentation
• 14:45-15:05 Discussion générale sur la session
15:05-15:30 Pause-café (Hall des bustes)
3. Débats et politiques sur la nutrition
Présidence : Pierre Cornu (INRAE)
• 15:30-15:55 Maxime Guesnon (Doctorant EHESS, CAK),
Lucie Randoin et le pain bis : retour sur les débats scientifiques autour de la valeur nutritive du pain à l’aune des recherches pendant la Seconde Guerre mondiale
• 15:55-16:20 Guillaume Belliot (Ingénieur, Technocentre, Renault-Guyancourt),
Vitamines B et métabolisme chez Lucie Randoin
• 16:20-16:45 Delphine Berdah (MCF Paris-Saclay/EST Orsay),
Des industries de l’alimentation animale en quête d’experts : la promotion des aliments composés vitaminés ou complémentés dans la France d’après-guerre
• 16:45-17:05 Discussion générale sur la session
• 17:05-17:30 Discussion générale sur la journée et Conclusions générales
par Anne Rasmussen (DE EHESS & dir. CAK) et Pierre Cornu (PU, INRAE)