vendredi 31 janvier 2025

Les scientifiques au travail

Représenter les scientifiques au travail

Appel à contributions

Responsables scientifiques du numéro : Jérôme Lamy (CNRS), Jean-François Bert (Université de Lausanne). Coordinateur de rédaction du numéro : David Hamelin


Proposition de dossier pour la revue Images du travail, travail des images (n° 21, septembre 2026)


L’image scientifique et, plus généralement, la culture visuelle des pratiques savantes, ont fait l’objet de nombreuses enquêtes historiennes et sociologiques. Ainsi les travaux de Lorraine Daston et Peter Galison sur l’émergence de différents régimes d’objectivation par l’image se sont fondés sur une analyse précise des façons de représenter les objets de recherche (Daston, Galison, 2012). L’ouvrage classique dirigé par Michael Lynch et Steve Woolgar, Representation in Scientific Pratice (Lynch, Woolgar, 1990), donnait à voir la multitude des entrées visuelles dans les manières de connaître. De même, l’administration de la preuve par l’image a fait l’objet d’intenses recherches, permettant de situer un régime scopique étendu au public le plus large (Bigg, Vanhoutte, 2017). Plus généralement, la place des images dans les dispositifs politiques de recherche – notamment dans les tentatives de domination coloniales (Bleichmar, 2012) – rejoint celle des pratiques discursives. Enfin, les enjeux commerciaux d’une science prise dans les intérêts marchands (Margócsy, 2014) mettent au jour des cultures visuelles historiquement spécifiques.

Cependant, il est un domaine où l’attention aux images de la science reste à confirmer, c’est celui des savant∙e∙s au travail. Les corps des savant∙e∙s (Bert, 2023), leurs positions mises en scène pour témoigner du labeur de la pensée, les démonstrations collectives publicisées (comme dans les Congrès et les colloques [Miskell, 2016]), les représentations médiatiques (Babou, Le Marec, 2008) ou les implications plus didactiques (Robert, 1995 ; Gauthier, 1996) restent encore à explorer

Cette proposition de dossier vise à restituer la diversité des grammaires visuelles du travail savant : qu’il s’agisse des portraits, des peintures, des sculptures, des photographies, des films, des effigies, ou encore des images plus populaires, comme les timbres. Ce sont tous les supports de l’image laborieuse de la science qui pourront être évoqués. L’enjeu est de saisir ce que les représentations disent (ou reconstruisent) à la fois du travail savant, de ses spécificités (e.g. l’usage des instruments [Dekker, Lippincott, 1999 ; Lamy, Bert, 2021], les différences selon les disciplines), des tensions qu’il porte (e.g. entre le collectif et les tropes du génie), des mythologies qu’il reconfigure (e.g. le travail sur le terrain vs. le travail en laboratoire), des forces politiques qui l’animent (e.g. les luttes des scientifiques et leur médiatisation), des hiérarchies sous-jacentes (e.g. les effets du genre [Mitchell, McKinnon, 2018], la place des technicien∙ne∙s, des assistant∙e∙s [Shapin, 1989]).

Les propositions veilleront à mettre au centre de leur questionnement les représentations, leur matérialité et leurs spécificités. De même, il importera de ne pas s’en tenir à des approches purement descriptives. Le dossier mettra plutôt en valeur les articles prenant en compte les processus de fabrication des images.
Les approches pourront émaner d’historien∙ne∙s, de sociologues, d’anthropologues. Le comparatisme est bienvenu dans les analyses. Le dossier accueillera des articles se concentrant sur les images conçues dans leur diversité matérielle, processuelle et pratique la plus grande : de l’image fixe (peinture, photographie, dessins, BD), aux films, aux jeux-vidéos…

Quelques grands axes peuvent orienter les propositions d’articles

- Représenter l’ergonomie savante : les bureaux, les cabinets, les bibliothèques, les laboratoires, les observatoires, les savant∙e∙s sur le terrain. L’enjeu, ici, est de donner à voir les arrangements spatiaux et matériels mis en scène et/ou construits pour les besoins d’une représentation savante dont on pourra chercher à repérer les stéréotypes et les motifs : l’écrivain∙e assis à son bureau ou dans son cabinet ; le lecteur ou la lectrice représenté le livre ouvert, sur une table de bibliothèque, mais aussi en dehors, en promenade, ou encore lors d’un déplacement ; le ou la scientifique montré en train de regarder au travers de ses instruments (Dibie, 2020 ; Bernasconi, Nellen, 2019). - Représenter le travail en action : les images détaillant les gestes savants selon leur spécialité (le ou la médecin, l’architecte, les naturalistes…) dessinent les contours d’une grammaire des compositions visuelles selon les lieux-communs attachés à une discipline. On peut penser, par exemple, à l’historien∙ne∙s dans les archives (Artières, 2015). L’enjeu pour certains savant∙e∙s peut d’ailleurs être de déjouer parfois l’image attendue. C’est le cas par exemple du sociologue Erving Goffman, qui s’ingéniait à se faire photographier sans livre, sans feuille et sans stylo (Winkin, 2022).

- La difficile représentation des savoir-faire : le coup d’oeil, la maîtrise du corps, l’instrument dédié forment quelques-uns des moyens visuels mis en oeuvre pour évoquer une pratique difficilement descriptible, opaque dans ses subtilités, échappant, pour l’essentiel, aux ordinaires matrices de la représentation. Que donne-t-on à voir dans ces images d’une manière de faire science ? Que laisse-t-on filtrer visuellement de l’ordinaire des recherches qui reposent sur des savoir-faire particuliers ?
- Les petites mains du travail savant : les secrétaires, les technicien∙ne∙s, les ingénieur∙e∙s, les assistant∙e∙s… Le travail savant est d’abord et avant tout collectif (Waquet, 2022). Une partie importante de l’imaginaire visuel occidental moderne s’ingénie à réduire ce foisonnement d’acteurs∙trices à la seule personne du savant, intronisé en génie solitaire. Comment les représentations imagées travaillent-elles cette tension ? Quelle place est donnée aux agent∙e∙s de la recherche ? Existe-t-il des codes graphiques et visuels pour les évoquer ?

- Les lieux communs de la représentation : Einstein tirant la langue met en tension le sérieux du savant et sa capacité à faire rire, la photographie de Watson et Crick autour de la représentation de l’ADN fait surgir l’infiniment petit au côté des savants, Andrew Wiles, pris devant un tableau noir, est un véritable point nodal des représentations de mathématicien∙ne∙s (songeons au film Le théorème de Margueritte [2023])… Ces allant-de-soi visuels supposent des consolidations perpétuelles du champ des représentations dont il conviendrait d’analyser les soubassements sociaux, culturels, politiques… (Chambers, 1983). Ainsi la figure du savant-explorateur, image canonique de la virilité scientifique (Oreskes, 1996), constitue, par exemple un code visuel relativement commun. Il est possible, également, d’intégrer à l’analyse la caricature du/de la savant∙e∙ au travail, qui, d’une certaine manière, distingue les traits saillants et communément admis de la figure du ou de la scientifique (on pense ici à Darwin ou Newton par exemple). La caricature et la bande-dessinée procèdent d’une même exploitation de figures partagées du savant au travail. 

- Et ailleurs ? Qu’en est-il de ces représentations de savants au travail dans d’autres configurations (historiques et culturelles) savantes ? Qu’est-ce que ces représentations nous disent du savoir et du savant en Inde, dans les mondes musulmans, ou au Japon ? Comment le savoir y est-il compris et surtout montré ? Est-il de l’ordre d’un sacrifice, d’une joie, d’une aventure ? L’occasion d’une fuite ou d’un retrait du monde qui peut aussi être représenté ?

- L’évolution historique des représentations. Si l’on se fixe sur un savant et son image, peut-on repérer, sur le long cours, des transformations des postures dans lesquelles il est présenté ? D’Ada Lovelace à Pasteur, de Newton à Marie-Curie, les scientifiques les plus connu∙e∙s ont été pris dans des régimes successifs de représentations très différents. Des enquêtes longitudinales pourront être menées sur ces figures célèbres, afin de déchiffrer les codes historiques de leur présentation.

Ces axes ne sont que quelques éléments d’indication pour orienter les propositions ; toutes les enquêtes et les analyses sur l’ordre visuel qui sous-tend le travail des scientifiques sont bienvenues dans ce numéro.

Les propositions de contributions peuvent être issues des différentes sciences sociales. Elles reposent nécessairement dans leur démonstration sur un corpus d’images mobilisées dans l’enquête. Ces images en noir et blanc ou en couleurs doivent être reproduites dans l’article. Rappelons que Images du travail, Travail des images est une revue scientifique entièrement numérique, gratuite et ouverte. L’auteur doit à ce titre s’assurer de la disposition des droits d’utilisation et de diffusion. Les articles sont d’un format de 30 000 à 50 000 signes maximum. 

Dans un premier temps, sont attendues des propositions d’articles soit un texte d’intention de 2000 à 3000 signes en tenant compte du calendrier suivant : 15 mars 2025 : date limite de réception des propositions d’articles par courriel aux adresses suivantes. 30 septembre 2025 : envoi des articles en vue de leur soumission au comité́ de rédaction de la revue (les publications devront être rédigées en français). 

Contacts pour toutes informations complémentaires et pour l’envoi des documents :  Jérôme Lamy : jerome.lamy@laposte.net  Jean-François Bert : jean-francois.bert@unil.ch  David Hamelin : david.hamelin@le-centre.pro  La revue Image du travail, Travail des images : imagesdutravail@gmail.com


Références
Artières, P. (2015) « L’historien face aux archives », Pouvoirs, n° 153, p. 85-93.
Babou I & Le Marec J (2008) « Les pratiques de communication professionnelle dans les institutions scientifiques. Processus d’autonomisation », Revue d’anthropologie des connaissances, vol. 2, n°1, p. 115-142.
Bert J.F. & Lamy J. (2021) Voir les savoirs, Lieux, objets, gestes de la science, Paris, Anamosa.
Bert J.F. (2023) Le corps qui pense. Une anthropologie historique des pratiques savantes, Bâle, Schwabe.
Bigg C. & Vanhoutte K. (2017) « Spectacular astronomy », Early Popular Visual Culture, vol. 15, n°2, p. 115-124
Bernasconi, G., Nellen, S. (dir.) (2019) Das Büro. Zur Rationalisierung des Interieurs, 1880-1960, Bielefeld, Transcript Verlag
Bleichmar D. (2012) Visible Empire. Botanical Expeditions and Visual Culture in the Hispanic Enlightenment, Chicago, The University of Chicago Press.
Chambers, D.W. (1983) « Stereotypic Images of the Scientist : The Draw a Scientist Test », Science Educaton, vol. 67, n°2, p. 255-265.
Daston L. & Galison P. (2012) Objectivité, Dijon, Les Presses du Réel, 2012
[Tapez ici]
Dekker E. & Lippincott K. (1999) « The Scientific Instruments in Holbei’s Ambassadors : A Re-Examination », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, vol. 62, n°1, p. 93-125.
Dibie, P. (2020) Ethnologie du bureau. Brève histoire d’une ethnologie assise, Paris, Métaillié.
Gauthier G. (1996) « La représentation des enseignants dans le cinéma français, 1964-1994 », Recherche & Formation, n° 21, p. 43-56.
Lynch M. & Woolgar S. (dir.) (1990) Representation in Scientific Practice, Cambridge (Mass.), MIT Press.
Margócsy D. (2014) Commercial Visions. Science, Trade and Visual Culture in the Dutch Golden Age, Chicago, The University of Chicago Press.
Miskell L. (2016) Meeting Places. Scientific Congresses and Urban Identity in Victorian Britain, Londres, Routledge.
Mitchell M. & McKinnon M. (2018) « ‘Human’ or ‘objective’ faces of science ? Gender stereotypes and the representation of scientists in the media », Public Understanding of Science, vol. 29, n°2, p. 177-190.
Oreskes N. (1996) « Objectivity or Heroism ? On the Invisibility of Women in Science », Isis, vol. 11, p. 87-113.
Robert A. (1995) « Quelques aspects de l’image des enseignants à travers leur presse syndicale », Recherche & Formation, n° 21, p. 57-71.
Shapin S. (1989), « The Invisible technicians », American Scientist, vol. 77, n°6, p. 554-563.
Waquet F. (2015), L’ordre matériel des savoirs. Comment les savants travaillent XVIe-XXIe siècles, Paris, CNRS éditions
Waquet, F. (2022), Dans les coulisses de la science. Techniciens, petites mains et autres travailleurs invisibles, Paris, CNRS éditions.
Winkin Y. (2022), D’Erving à Goffman. Une oeuvre performée ?, Paris, MKF.

jeudi 30 janvier 2025

Poste à UCL

Lecturer in Medicine, Health and Society

Call for applications


UCL Department of Science and Technology Studies (STS) seeks to appoint one Lecturer in Medicine, Health and Society. Applications are welcome from colleagues specialising in one or several of these areas of research: history of science and medicine; philosophy of science and medicine; science and health communication; science, technology, medicine and social justice/equity; emerging technologies; science, technology, medicine and the Global South; science policy; sociology of science; science education; engagement with science; research methods (from a broad range of theoretical and methodological frameworks); science, medicine and public cultures. For the purposes of this position, health and medicine may be construed liberally to include, but not be limited to, medical anthropology, clinical practices, biomedical research, global and public health, medical data science, or psychological and behavioural specialities, all approached from an STS perspective. Applications from scholars with a focus on the Global South are especially welcome. This is a 100% FTE, open-ended appointment, starting on 1st September 2025.

The advert is here: https://www.ucl.ac.uk/work-at-ucl/search-ucl-jobs/details?jobId=30486&jobTitle=Lecturer+in+Medicine,+Health+and+Society

The closing deadline for applications is 2nd March 2025. Interviews will take place at UCL on 1st April 2025.

Please direct inquiries about the position to j.gouyon@ucl.ac.uk


mercredi 29 janvier 2025

L'hôpital dans la littérature francophone contemporaine

The Hospital in Contemporary French and Francophone Thought, Litterature, Film and Visual Art



Call for Chapters for Edited Book


Edited by Benjamin Dalton (Lancaster University) and Áine Larkin (Maynooth University)


The hospital has occupied a dynamic and generative position in French and Francophone cultural production. Whilst biomedical science has enjoyed an intimate, symbiotic relationship with French philosophy – from René Descartes’ interest in neurological approaches to the brain in the 17th century, to Georges Canguilhem’s analysis of the biomedical production of the “normal” in the 20th century, to Catherine Malabou’s philosophical engagements with neuroplasticity, brain trauma, and epigenetics today – the hospital occupies a similarly integral, if underexplored, position in French and Francophone cultural production. More recently, engagements with the hospital across thought, film and literature range from philosopher Michel Foucault’s influential critique of clinical space and biopolitical control in Birth of the Clinic (1963); to the Moroccan writer Ahmed Bouanani’s oneiric imagining of clinical landscapes in The Hospital (1989) and Franco-Ivarian writer Véronique Tadjo’s engagement with clinical spaces of the West African Ebola crisis from both human and non-human perspectives in En Compagnie des hommes; to engagements with hospital environments in documentary, from Nicolas Philibert’s look at the Clinique de la Borde psychiatric facility in Every Little Thing (1996) to Claire Simon’s Notre corps(2023)’s surveying of diverse patient narratives in a gynaecology department in Tenon hospital in Paris. French and Francophone documentary cinema has a longstanding interest in clinical spaces and the communities who inhabit and work within them, in films such as Raymond Depardon’s San Clemente (1980), Urgences (1987), and 12 jours (2017); Malek Bensmaïl’s Aliénations (2004); as well as La Moindre des choses (1996), Nicolas Philibert’sDe chaque instant (2019) and his very recent triptych Sur l’Adamant, Averroès et Rosa Parks (2024) and La Machine à écrire et autres sources de tracas (2024) examine clinical spaces and their communities. Maylis de Kerangal’s magisterial Réparer les vivants (2014) breaks new ground in its representation of the hospital; other literary works by Martin Winckler, Antoine Sénanque and Sophie TalMen, and graphic narratives such as Mahieux and Levitre’s Tombés dans l’oreille d’un sourd (2017) offer a wide variety of perspectives on medical professionals’ and patients’ lived experiences of care in hospitals. Across these diverse texts and contexts, the hospital figures at once as a site of both care and of violence; as a source of discovery and inspiration for thought, literature, film, and visual art; and as a physical architecture within which biomedical science and art come together.

This edited collection explores the relationship between the hospital and contemporary French and Francophone thought, literature, film and visual art today, asking: How is the hospital represented in contemporary French and Francophone culture? How do contemporary engagements with the hospital differ from prior literary, filmic and philosophical inhabitations of clinical space? What dialogues exist between these philosophical and artistic engagements and architectural theories and hospital transformation projects? And further: how might philosophical and artistic engagements with the hospital dialogue productively and collaborate with such theories in a mutually transformative relationship? How can filmic, literary and philosophical texts help us to imagine, design, and construct the hospitals of the future?

Possible sections and themes might include, but need not be limited to:

The hospital in French and Francophone philosophy post-Foucault (Malabou, Nancy, Preciado, Stengers, Stiegler, Mbembe) Representations of the hospital and healthcare environments in sub-Saharan Francophone African contexts The hospital and the clinic in DOMTOM and Outremer contexts The hospital in French and Francophone horror and body-horror cinema The hospital and clinical environments in illness narratives The role of the hospital in narratives of sexuality, romance and pleasure in hospital The hospital in queer writing and film The hospital and French/Francophone HIV/AIDS writing and cinema Legacies of post-May 68 innovation Comparative studies Interdisciplinary studies of hospital design and building, for instance across architecture and the Critical Medical Humanities


Please send an abstract of 250-300 words to both Dr Benjamin Dalton (b.dalton@lancaster.ac.uk) and Dr Áine Larkin (aine.larkin@mu.ie) by 31 January 2025.

mardi 28 janvier 2025

Histoires des infirmiers

Histoires des infirmiers

Cycle de conférences

Organisé par l'Unité de recherche sur l'histoire du nursing de l'Université d'Ottawa et le réseau Historien.nes de la santé

Un jeudi par mois de 12h30 à 13h30 (heure de Montréal) en ligne.

Inscription gratuite mais obligatoire à : aklein@uottawa.ca

 

30 janvier 2025

Benjamin Villeneuve (Université d’Ottawa) : L’empowerment psychologique des infirmiers psychiatriques sous l’angle du genre : retour sur le congrès d’Auxerre en 1974

27 février 2025

Philippe Cialdella : Les infirmiers de l’asile de Bron en France sous la lentille de leur collègue Hippolyte Laurent

27 mars 2025

Félix Gélinas (Université Laval) : L’intégration des hommes en soins infirmiers au Québec: régimes de privilèges et tentatives de masculinisation de la profession infirmière, 1936-1973.

17 avril 2025

Raphaël Gallien (CNRS-IMAF), « Gardiens ou infirmiers ? Approcher le quotidien asilaire par ses hommes d’encadrement (Madagascar, années 1930) » ?

lundi 27 janvier 2025

Séminaire d'Histoire et de Philosophie de la Psychiatrie

Séminaire d'Histoire et de Philosophie de la Psychiatrie
 

IHPST et ISJPS

Organisation : Ronan de Calan, Denis Forest, Mathieu Frèrejouan


Contacts : Ronan.De-La-Lande-De-Calan@univ-paris1.fr, Denis.Forest@univ-paris1.fr,
Mathieu.Frerejouan-Du-Saint@univ-paris1.fr

Les séances ont lieu de 18h00 à 20h00

Mercredi 29 janvier 2025 (salle Cavaillès, Sorbonne) : Samuel Lézé (ENS, Lyon)
“La formation des jugements cliniques dans la médecine aliéniste du XIXe siècle en France”

Mercredi 19 février 2025 (salle Cavaillès, Sorbonne) : Mathieu Frèrejouan (univ. Paris
1/ISJPS)
« Spiritualisme et matérialisme dans la médecine aliéniste des années 1840 : le cas de
l’hallucination»

Mercredi 12 mars 2025 (Salle 216, Panthéon ) : Ronan de Calan (univ. Paris 1/ISJPS) :
« Dialectique hégélienne et psychiatrie. Wilhelm Griesinger et la victoire des Somatiker sur les
Psychiker »

Mercredi 9 avril 2025 (salle 06, Panthéon) : Elodie Boissard (univ. Lyon 3 Jean Moulin)
“Le problème corps-esprit dans la neurasthénie : enjeux d'un débat entre aliénistes et
neurologues français (1890-1910)”

Mercredi 30 avril 2025 (salle Cavaillès, Sorbonne) : Elisabetta Basso (univ. Pavie)
“ La tradition phénoménologique en psychiatrie : révolution ou spéculation”

Mercredi 22 octobre 2025 : Eric J. Engstrom (univ. Berlin) TBA

Mercredi 18 novembre 2025 : Denis Forest (univ. Paris 1/IHPST)
“Le naturalisme en psychiatrie. Variétés, usages, problèmes”

Mercredi 16 décembre 2025 : Steeves Demazeux (univ. Bordeaux)
“L’antipsychiatrie des années 1960 et 1970 : quel héritage aujourd’hui ? ”(titre provisoire)
I S J P S

dimanche 26 janvier 2025

Colloquia Ceranea

Colloquia Ceranea


Call for papers



The 7th edition of the conference will be held 8-10 May 2025.

The conference will be devoted to various topics related to the history and culture of the Eastern Mediterranean world in antiquity, the middle ages and the early modern period, especially Byzantium and the southern Slavic countries.

We propose to you three thematic sections:

> History of food and medicine

> Constantinopolitan education, Constantinopolitan university – marking the 1600 anniversary of the Theodosian constitutions

> Varia: history and culture of Late Antiquity, Byzantium and Slavic World

Section descriptions can be found below. 

 
INDIVIDUAL AND PANEL SUBMISSIONS:

You are encouraged to submit your thematic proposals or thematic group proposals, organised around one specific topic (i.e. thematic panels). Each panel should consist of a minimum of 3 speakers. Individual submissions are also welcome. Proposals for panel topics (including the list of panel speakers) as well as individual submissions should be sent by February 28, 2025 to: colloquia.ceranea@uni.lodz.pl.
 

APPLICATION FORMS:

individual (click to download)

new panel (click to download)
 

CONFERENCE PUBLICATION:

Selected conference papers will be published in article format in “Studia Ceranea”, a yearly journal indexed in Scopus, the Web of Science Core Collection (Emerging Sources Citation Index), EBSCOhost, and a number of other databases.

The deadline for submitting papers to “Studia Ceranea” is May 31, 2025.
However, if you are unable to supply it by that time, there will still be the possibility to deliver your text by December 31, 2025, for it to be published in the volume covering 2026. Here you will find all editorial instructions: czasopisma.uni.lodz.pl/sceranea.

Selected papers on the history of medicine and food will be published in the series “Medical Traditions” or “Medicine in the Medieval Mediterranean” by De Gruyter.
The proceedings of the panel devoted to Constantinopolitan education will be published either in a separate volume of the series “Byzantina Lodziensia” or in “Studia Ceranea”.
 

CONFERENCE FEE:

In-person participants will be charged a 350 PLN (Polish zloty) conference fee, which will cover organisational costs, including lunches and coffee break snacks.

For on-line participants the fee will be 250 PLN.

Please note: if your university is unable to cover the conference fee, there may be the possibility to have it reduced to 150 PLN or waived. In order to obtain conference fee discounts or waiver, please specify your request unambiguously in the application form.
 

LANGUAGE:

Although we expect the majority of papers to be delivered in English, other languages are also acceptable, provided that the speaker prepares an English hand-out (or multimedia presentation) outlining the main points of the talk.
CONFERENCE SECRETARIES: Dr. Krzysztof Jagusiak
Dr. Karolina Krzeszewska
Dr. Zofia Rzeźnicka
Dr. Jan Mikołaj Wolski

Should you have any question, please contact us at colloquia.ceranea@uni.lodz.pl.


THEMATIC SECTIONS:
Constantinopolitan education, Constantinopolitan university – marking the 1600 anniversary of the Theodosian constitutions Keynote speaker: Prof. Dr. Albrecht Berger (Ludwig Maximilian University of Munich)

Two imperial constitutions of Theodosius II, promulgated in February and March 425 in Constantinople, reformed higher education in the capital of the eastern Roman/Byzantine Empire. Thus a new kind of a state run established institution was created, a much too often forgotten landmark in the history of European education. For many decades it has been called ‘a university’, yet not without hesitations, the inverted commas or semiserious treatment. Paradoxically perhaps, the very existence of this school seems to be only ‘internal knowledge’, as it is almost completely unrecognized outside Byzantine studies.
The reasons for the reservations are known: no system of superiors and subordinates, no faculties, no academic titles and diplomas. Mentor-pupil relationships and not student-institution ones. No evidence of stable continuity through the centuries.
And yet there are many arguments that help to highlight the unique and specific character of this establishment: the fact of its existence and the later reforms over its first two, the imperial decisions of the middle Byzantine period that reinvented higher education anew, the form of employment and dismissal of teachers, the auditoria, the customs, habits and students’ festivals (cf. Trullanum), the curricula for students (law), imperial supervision and concern, clear differentiation between public and private teachers, different arts united in one educational institution, the decision of 425 itself.
The 1600th anniversary provides a splendid opportunity to reconcile our views and to revisit our perception of higher education and of arts & sciences throughout the whole history of the Byzantine Empire, with a central focus on Constantinople. A broader perspective covering western medieval universities, and higher education of the era in Asia and Africa is more than welcome.

Proposals for discussion:
• constitutions of 425, their background and consequences
• further reforms and development, 6th-15th century
• topography of education in Constantinople
• comparative approach: western medieval Europe
• comparative approach: Caliphate, Iran, Caucasus etc.
• comparative approach: India, South-East Asia, China, Korea & Japan
• legal education in Constantinople, 4th-15th c.
• philosophy in Constantinople, 4th-15th c.
• grammarians and rhetors in Constantinople and their involvement in higher education
• the needs of the state, needs of intellectuals
• science in Byzantium, 4th-15th c.
• science and specific disciplines of knowledge (Fachwissenschaften) and their spread from Constantinople
• diffusion of knowledge, role of scriptoria and libraries
• Constantinopolitan imperial school: a university or not?
History of Food and Medicine

We intend to continue our interdisciplinary dialogue on various aspects of medical and culinary history in Antiquity and Byzantium. For this reason, we have secured the collaboration of a group of leading academics to form the conference's international Scientific Committee.
 

They are:
• Dr. Sean Coughlin (Institute of Philosophy of the Czech Academy of Sciences);
• Prof. Małgorzata Drywień (Warsaw University of Life Sciences);
• Dr. phil. Dr. habil. Isabel Grimm-Stadelmann (Ludwig Maximilian University of Munich);
• Dr. Barbara Huber (Max Planck Institute of Geoanthropology and University of Tübingen);
• Prof. Maciej Kokoszko (University of Łódź);
• Dr. Manuela Marai (independent scholar);
• Dr. Evi Margaritis (The Cyprus Institute);
• Dr. Gerasimos Merianos (National Hellenic Research Foundation, Athens);
• Dr. Dimitra Mylona (INSTAP Study Center for East Crete);
• Dr. Effie Photos-Jones (University of Glasgow);
• Dr. Danuta Raj (Wrocław Medical University);
• Prof. Alain Touwaide (Institute for the Preservation of Medical Traditions, Washington, DC);
• Prof. Joanita Vroom (Leiden University);
• Prof. John Wilkins, Emeritus Professor (University of Exeter).
The diverse backgrounds of the committee members guarantee that the symposium will be truly multidisciplinary, furthering our strong belief that it is only through mutual support that we can boldly cross the boundaries between our separate fields of research, and thus paint a more holistic picture of the past.

Keynote lectures will be delivered by:
• Dr. Barbara Huber (Max Planck Institute of Geoanthropology and University of Tübingen)
• Dr. Manuela Marai (independent scholar)
• Prof. Joanita Vroom (Leiden University)

In the present edition we would like to focus on:
• Re-enactment (= reconstruction = replication) as a research method in the studies into ancient and Byzantine medicine
• Re-enactment (= reconstruction = replication) as a research method in the studies into ancient and Byzantine food
• Re-enactment (= reconstruction = replication) as a means of popularising research into medicine and food of Antiquity and Byzantium
• Ancient and Byzantine diet and ars coquinaria – continuity or change?;
• Reception and reinterpretation of ancient medical theory in Byzantium;
• Transmission of ancient medical heritage into the Arab and Western world;
• Byzantine and Post-Byzantine medical manuscripts;
• Ancient and Byzantine medicine in the light of modern medical knowledge;
• New arrivals in the cuisine and pharmacology of Byzantium;
• Dangerous foodstuffs: materia medica between poison and remedy;
• Archaeology of Ancient and Byzantine medicine;
• Archaeology of Ancient and Byzantine alimentation;
• Foods and medicaments as markers of social status in the Mediterranean of Antiquity and Byzantium;
• Alchemy: sources and practices;
• Disability in Antiquity and Byzantium;
• Medical punishments (blinding, mutilation etc.) in historiographic and legal sources.
Varia: History and Culture of Late Antiquity, Byzantium and the Slavic World

As always, we await papers discussing other research fields, such as:

• religion and spiritual culture: texts, monasteries, new ideas and heresies;
• material culture and everyday life;
• historical and political geography;
• historiography;
• political history, peace and war studies;
• society, mores and social norms;
• language;
• art and visual culture;
• political culture and ideology.

samedi 25 janvier 2025

Humanités de santé et médias en Asie de l’Est

Socializing Medicine: Health Humanities and East Asian Media


Pao-chen Tang, Yuqian Yan, Ling Zhang (Editors)

Publisher ‏ : ‎ Hong Kong University Press (January 13, 2025)
Language ‏ : ‎ English
Hardcover ‏ : ‎ 281 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 9888876813
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-9888876815

Socializing Medicine explores the intersections of medicine, health, and East Asian media. Interweaving archival research, audiovisual analyses, and theoretical insights from the emerging field of Health Humanities, the contributors reveal the multifaceted ways in which mass media—including photography, film, television, and live streaming—has been deployed as a tool for controlling medicine and health, privileging those with power and authority since the early twentieth century. Adopting anti-colonial and anti-capitalist perspectives, the contributors in this volume challenge the dominant mediations of health against the backdrop of imperialism, Cold War geopolitical tensions, and neoliberal capitalism. Collectively, they advocate for alternative understandings of medical culture through media productions that envision accessible and equitable healthcare practices.

vendredi 24 janvier 2025

Histoires de mort et de maladie en Anatolie

Histories of Death and Disease in Anatolia

Call for papers
 
SHIFA-ANA WORKSHOP:
JUNE 12 - 13, 2025 | ANAMED, ISTANBUL
 
The SHIFA-ANA Project (Nükhet Varlık, Zeynep Akçakaya, Akarsu Melike Demirkol, Tunahan Durmaz) invites applications for a two-day workshop to be held at Koç University’s ANAMED in Istanbul on June 12-13, 2025. The workshop will take place following a year-long lecture series on “Death and Disease in Anatolia,” held in collaboration with ANAMED and the Consortium for History of Science, Technology and Medicine (CHSTM), History of Death and Disease in the Islamicate World Working Group.
The purpose of the workshop is to showcase new research, address emerging questions on methodology and sources, and collectively seek out new perspectives for studying death and disease in (and around) Anatolia. We hope that the workshop will ultimately open up new collaborative possibilities for the SHIFA-ANA Project: an interdisciplinary research and public history initiative dedicated to the study of death, disease, and healing in Anatolia’s longue durée history. By using a unique methodology, we explore the intersecting histories of Anatolian lives in biological, environmental, and cultural context. The project will help flesh out forgotten stories of ordinary historical actors (human and nonhuman), how they endured death and disease, and their journey into life and death.
We invite proposals from early career and/or senior specialists in history, archeology, anthropology, medical humanities, and other related disciplines. Papers may be focused on specific case studies or address larger methodological issues – we especially welcome proposals with an interdisciplinary approach.
Proposals may address, but are not limited to, the following questions and themes:
Methodology - Sources - Interdisciplinarity
• How do we approach questions about death and disease in different disciplines of the humanities, social sciences, and health sciences? How can interdisciplinarity contribute to the study of death and disease?
• How is the study of death and disease related to each other? What are the points of intersection between them? How can we put these two distinct fields of study into conversation with each other?
• Death and disease in spatial and material context (e.g., places and monuments; objects, instruments, and substances used in daily life)
• What are the different types of sources (textual or material evidence) that can help us explore death and disease in Anatolia’s longue-durée history? Can they speak to each other?
• How can we retrieve the patient’s perspective through available sources? What kind of new sources (e.g., ego-documents or bones) can help recover the experience of ordinary historical actors (human or nonhuman)? Why do nonhuman lives matter?
• How can historical imagination help explore past experiences of death and disease?
• How did differences in class, race, and gender produce different experiences of death and disease? How did it make certain stories more visible on historical record while rendering others invisible? How do we recover these lost voices? How do we address these epistemic injustices?
• Emotions related to disease, death, and dying, and their expression in literature, art, film, and popular culture
Disease
• What were the different diseases that affected Anatolia across the ages? Case studies of specific diseases or other ailments (e.g., injury, trauma, disability, mental illness, infectious disease, zoonoses)
• What is disease and how did its definition change across time? What can changing understandings of disease tell us about the entanglements between humans and nonhumans? Can such entanglements help us reinstate animal agency in anthropocentric historical narratives?
• What is health? Is it the opposite of illness? How did the perceptions of wellbeing and prophylactics transform over time? What changed? What remained the same?
• How can we study the diverse healing traditions in Anatolia? What is shifa – is it different than healing?
Death
• Thinking about mass mortality in Anatolia: fires, plagues, and wars, but also earthquakes, droughts, floods, as well as riots, rebellions and crime, along with methods of resilience and survival
• What can the study of death teach us? Liminality between the living and the dead: states of in-betweenness or transition? Porous boundaries between the living and the dead: narratives of near-death experiences, ghosts, zombies, jinn, and the revenants
• Anthropological, ethnographic, and theological approaches to beliefs, practices, and rituals about death, dying, and burial
The workshop will include panels with formal presentations and roundtable discussions featuring short position papers, as well as poster presentations. We invite abstracts of 300 words by February 15, 2025. Please fill out this form: https://docs.google.com/forms/d/1xMc5kA0bgBRDZtf9tgfOb1IsorjZm6TB8BIeT3UqqXs/viewform?pli=1&pli=1&edit_requested=true
The participants whose papers are accepted for panels will be asked to submit their full paper, and roundtable participants to provide a position paper, for pre-circulation by June 1, 2025.
This event is organized by the SHIFA-ANA team in collaboration with ANAMED and the Consortium for History of Science, Technology and Medicine (CHSTM).
For further questions, please contact: shifaana.project@rutgers.edu.

jeudi 23 janvier 2025

Séminaires de l'Université de Cambridge

History of Medicine Seminar -University of Cambridge



Lent Term 2025




Department of History & Philosophy of Science


Seminars are on Tuesdays from 5.00 to 6.30pm in Seminar Room 1, Free School Lane, Cambridge CB2 3RH. All welcome!





Generation to Reproduction Seminars


Organised by Philippa Carter, Nick Hopwood, Salim Al-Gailani, Rosanna Dent, Staffan Müller-Wille and Dmitriy Myelnikov



January 28

Emily Baughan (University of Sheffield)

Neonates and Neoliberalism in Contemporary British History



February 18

Emma Kalb (Universität Bonn)

"Cut off from Lineage": Castration and Childlessness in Mughal South Asia





Early Science and Medicine Seminars
Organised by Philippa Carter and Emma Perkins

February 4
Nuno Castel-Branco (All Souls College, Oxford)
“The Earth is a Heaven, and a New Heaven”: Revisiting Early Modern Science and Catholic Theology

March 4
Anuj Misra (Freie Universität Berlin)
Concrescence in Mughal India: Astronomical Encounters at Royal Courts

March 18
Ruth Sargent-Noyes (National Museum of Denmark)
What Descartes’s Woodblock Cutter Knew: Excavating Knowledge from Early Modern Images





History of Modern Medicine and Biology Seminars

Organised by Salim Al-Gailani, Rosanna Dent, Nick Hopwood, Staffan Müller-Wille and Dmitriy Myelnikov


February 11

Elisabeth Yang (University of Leeds)

Constructing Moral and Proto-Scientific Babies: The Medical and Scientific Enterprise of Infancy in Nineteenth-Century America



February 25

Ann Kelly (King’s College London)

Along the Thread of the Mosquito Ovary: Apprehending Malarias Lost and Regained


March 11

Miles Kempton (Christ's College, Cambridge)

How TV Made The Naked Ape

mercredi 22 janvier 2025

Épidémies dans les Appalaches

Appalachian Epidemics: From Smallpox to COVID-19


Christopher M. White & Kevin T. Barksdale (Editors)



Publisher ‏ : ‎ University Press of Kentucky (January 14, 2025)
Language ‏ : ‎ English
Hardcover ‏ : ‎ 254 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 1985901404
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-1985901407


As the COVID-19 virus swept across the nation in spring 2020, infection and hospitalization rates in states like West Virginia remained relatively low. By that July, each of Appalachia's 423 counties had recorded confirmed cases. The coronavirus pandemic has taken an enormous toll on the health of individuals and institutions throughout the region―a stark reminder that even isolated rural populations are subject to historical, biological, ecological, and geographical factors that have continually created epidemics over the past millennia.

In Appalachian Epidemics: From Smallpox to COVID-19, scholars from diverse disciplinary backgrounds assess two centuries of public health emergencies and the subsequent responses. This volume peers into the trans–Appalachian South's experience with illness, challenging the misconception that rurality provides protection against maladies. In addition to surveying the impact of influenza, polio, and Lyme disease outbreaks, Appalachian Epidemics addresses the less-understood social determinants of health. The effects of the opioid crisis and industrial coal mining complicate the definition of disease and illuminate avenues for responding to future public health threats.

From the significance of regional stereotypes to the spread of misinformation and the impact of racism and poverty on public health policy, Appalachian Epidemics makes clear that many of the natural, political, and socioeconomic forces currently shaping the region's experiences with COVID-19 and other crises have historical antecedents.

mardi 21 janvier 2025

Le Corps criminel dans le roman balzacien

Le Corps criminel dans le roman balzacien 

 Lauren Bentolila




Classiques Garnier
Nombre de pages : 560
Parution : 15/01/2025
Collection : Études romantiques et dix-neuviémistes, n° 140
Série : Balzac, n° 12


Les discours scientifiques et romanesques du XIXe siècle forgèrent des types criminels qui placèrent le corps criminel au confluent de la singularité et du partage. Cet ouvrage propose ainsi d’évaluer l’influence de ces typologies sur la poétique des personnages homicides du roman balzacien.

lundi 20 janvier 2025

Halluciner

Halluciner. Histoire et philosophie de la perception “sans objet”



Mathieu Frèrejouan


Éditions d'Ithaque
Parution le 22/01/2025
153 x 230 mm, dos carré collé, 320 p.
Bibliographie, Index
EAN 9782490350452



L’hallucination est un des mystères les plus fascinants de la vie des sens : comment peut-on percevoir quelque chose là où il n’y a rien ? Une interrogation surgit aussitôt : et si l’hallucination révélait, négativement et paradoxalement, la nature cachée de la perception ? Et si, paradoxe ultime, la perception n’était qu’une hallucination qui « réussit » ?

Mathieu Frèrejouan poursuit ici une double enquête. Il raconte tout d’abord comment le terme d’hallucination, depuis le 18e siècle, a changé de sens et de valeur, entre médecine de l’œil, du cerveau et de l’esprit. Car, à côté des hallucinations effrayantes du grand alcoolique poursuivi par des rats, ou celles du psychotique qui entend ses « voix », il y a l’immense foule des bizarreries auxquelles l’halluciné ne croit pas, ou pas autant, bien qu’il les perçoive : « mouches volantes » de l’ophtalmologue, visions sous mescaline, apparitions « lilliputiennes », etc. Or cette histoire apporte un matériau original à un débat qui fait rage en philosophie : comment distinguer une hallucination d’une perception ? Ce débat a connu des développements décisifs dans la « philosophie du langage ordinaire » (avec Austin). Savons-nous bien, en effet, ce que nous voulons dire quand nous parlons de « voir », ou du « réel », ou de l’illusoire, du familier et de l’étrange ? Peut-on invoquer des cas pathologiques pour éclairer des situations banales ? Et, pour halluciner au sens strict, ne faut-il pas aussi délirer ?

L’hallucination, perception « sans objet » ? Mathieu Frèrejouan déjoue les pièges que recèle cette formule consacrée en psychiatrie, dans un dialogue étonnant auxquels prennent part Edvard Munch, un obscur psychiatre russe halluciné, cousin de Kandinsky, Esquirol et Wittgenstein, les premiers spectateurs effrayés du cinématographe des frères Lumière, divers lecteurs de Condillac, et d’austères philosophes analytiques qui hallucinent des lapins roses.




Mathieu Frèrejouan est maître de conférences de philosophie à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ses travaux portent sur la perception, l'hallucination et le délire, à partir de l'histoire de la psychiatrie et de la philosophie du langage ordinaire.

dimanche 19 janvier 2025

Voyage d’un apothicaire de Vitré aux Indes orientales

François Martin. Voyage d’un apothicaire de Vitré aux Indes orientales (1601-1603)

Pierre Aubry et Bernard-Alex Gaüzère



L'Harmattan
Date de publication : 02/01/2025
Collection : Médecine à travers les siècles



Fin XVIe-début XVIIe siècle : Anglais et Hollandais voguent à l’assaut de l’empire établi depuis un siècle dans l’océan Indien par les Portugais, afin de récupérer tout ou partie du commerce des épices.
En 1601, des marchands de Saint-Malo envoient deux navires, le Croissant et le Corbin, à Sumatra. Sur le Croissant, se trouve François Martin de Vitré, apothicaire fin observateur de la nature et des gens, qui publiera le récit de son voyage, à la demande d’Henri IV qui voulait inciter les Français à découvrir les Indes orientales et leurs trésors. Il s’agissait également de s’attaquer au monopole commercial des Hollandais, qui désormais supplantaient les Portugais sur mer et sur terre et s’appropriaient l’archipel indonésien et ses richesses.
S’inspirant de l’ouvrage original de François Martin de Vitré, les auteurs complètent leurs travaux précédents sur les grandes expéditions maritimes, pacifiques ou guerrières.

samedi 18 janvier 2025

Canguilhem face à la psychologie

Canguilhem face à la psychologie


Dossier coordonné par Frédéric Fruteau de Laclos
Philosophie numéro 163 (septembre 2024)



Frédéric Fruteau de Laclos & Giulia Gandolfi, Présentation du numéro

Frédéric Fruteau de Laclos, Que fut vraiment la psychologie pour Canguilhem ? Retour sur l’histoire d’un rejet

Camille Limoges & Pierre-Olivier Méthot, Le Traité de psychologie de Canguilhem et Planet. Situation, interprétation et portée d’un ouvrage inachevé

Samuel Talcott, Fonder une psychologie en instituant une psychiatrie. Une histoire philosophique

Xavier Roth, Canguilhem, psychologue normatif

Clémentine Lessard, L’idée cybernétique de la psychologie. Simondon face au défi de Canguilhem

Jean-Yves Rochex, Rencontres manquées et convergences souterraines. Canguilhem, Wallon, Meyerson


vendredi 17 janvier 2025

Protéger les corps au travail

Protéger les corps au travail: Dispositifs techniques, matérialités sanitaires et imaginaires politiques

Appel à communications

Université de Genève, 18-19 Septembre 2025

[English version below]

Comment protéger les corps au travail dans des environnements malsains ? Masques, gants, lunettes, casques, ventilateurs, hottes, capots, fusibles et détecteurs de pollution sont autant d’objets qui ont été déployés pour protéger la santé et assurer la sécurité des individus dans des espaces dangereux. Derrière leur matérialité et leur fonctionnalité, ils portent en eux les récits d’innovations techniques, de résistances ouvrières, de transformations sociales et d’adaptations aux environnements toxiques et pollués. Ils révèlent aussi des arbitrages complexes dans le gouvernement des risques, toujours marqués par des tensions entre productivisme industriel, préservation de la santé, et justice sociale, entre attributions des responsabilités aux individus et aux collectifs, entre les temporalités de l'accident et de la maladie chronique. Que nous apprennent ces objets sur les stratégies adoptées par les sociétés, passées et présentes, pour concilier protection et exploitation, progrès technique et vulnérabilité des corps, ou encore sur les impacts de l’industrialisation sur la santé publique et l’environnement ?

Le colloque international Protéger les Corps au Travail: Dispositifs Techniques, Matérialités Sanitaires et Imaginaires Politiques propose d’étudier les technologies de préservation de la santé, du Moyen Âge à nos jours, dans les espaces de travail, les villes ou encore dans les contextes coloniaux. À travers des perspectives pluridisciplinaires et transnationales, ce colloque mettra en lumière la manière dont les objets et dispositifs sanitaires ont façonné et ont été façonnés par des dynamiques sociales, culturelles, scientifiques et industrielles. Nous invitons les chercheur·es de tous horizons à soumettre des contributions originales sur la santé au travail et la santé environnementale s’inscrivant dans une réflexion sur la matérialité des objets techniques, leurs significations symboliques, leur circulation, leurs usages et leurs non-usages.

Imaginaires du Risque et Acteurs de la Prévention

Les objets et dispositifs de protection sanitaire ne sont pas de simples solutions techniques : ils incarnent une intersection complexe entre matérialité, savoirs scientifiques et imaginaires sociaux. Destinés à répondre à des problématiques sanitaires, ils véhiculent des croyances, des valeurs et des normes, et reflètent souvent les ambitions et contradictions de leur époque. Inspiré par les travaux de Gilbert Simondon, qui définit les objets techniques comme des médiateurs entre humains et environnement, et de Sheila Jasanoff, Soraya Boudia et Nathalie Jas, qui explorent le rôle des technologies dans la co-construction des valeurs sociales et des structures de pouvoir, cet axe interroge les significations attribuées aux objets sanitaires à travers le temps. En particulier, il invite à explorer les imaginaires socio-discursifs entourant ces objets : comment symbolisent-ils des concepts tels que « travail sain », « air pur », « hygiène industrielle », ou encore « environnement protégé » ? En quoi reflètent-ils les tensions entre prévention et productivité, entre innovation technique et inégalités sociales ? Qui sont les acteurs et les institutions qui en font la promotion ? Dépassant une simple analyse fonctionnelle, cet axe propose d’étudier les objets comme des reflets des transformations sociales, scientifiques et politiques, où convergent une pluralité de perceptions des risques.

Circulations des Objets et Reconfiguration des Espaces

À bien des égards, on peut considérer les dispositifs sanitaires comme des objets de conquête des espaces considérés comme dangereux, hostiles ou insalubres. D’ailleurs, un même objet peut être destiné à des usages multiples. À ce titre, les dispositifs sanitaires apparaissent comme des médiateurs entre différents univers – artisanal, médical, hospitalier, de salubrité publique – incarnant l’idée d’une protection mobile, voire universelle. Ces objets agissent comme des "objets-frontières", traversant et connectant des espaces longtemps considérés comme distincts : l’atelier, la prison, l’hôpital, la ville, le bureau et la nature. Quels savoirs, discours et pratiques accompagnent ces déplacements ? Comment ces objets, initialement conçus pour répondre à des risques spécifiques, sont-ils transformés, adaptés ou re-signifiés lorsqu’ils circulent d’un espace à un autre ? Cet axe invite à interroger leur circulation non seulement entre ces espaces, mais aussi à travers les frontières nationales. L’étude de leur matérialité et de leur fonctionnalité doit également permettre d’éclairer les dynamiques transnationales qui façonnent les écologies de la santé et à réfléchir à la manière dont la circulation des objets révèle des flux d’idées, de savoirs et de techniques entre les nations, tout en influençant les conceptions locales et internationales qui prévalent à la définition des normes de santé publique, des conditions de travail et des enjeux environnementaux dans un monde globalisé.

Politique des Objets et Usages Négociés

Les dispositifs sanitaires sont au coeur des dynamiques de pouvoir. Imposés comme des solutions aux dangers industriels, épidémiques ou environnementaux, ils traduisent des normes sanitaires portées par des institutions – employeurs, médecins, hygiénistes, États – mais suscitent aussi résistances, réappropriations ou rejets. Cet axe propose d’explorer ces tensions en montrant comment ces objets agissent à la fois comme des instruments de contrôle et des médiateurs du changement social. Comment ces dispositifs sont-ils introduits et légitimés dans des contextes spécifiques ? Et comment les travailleurs ou les populations ciblées perçoivent-ils leur efficacité au quotidien ? En quoi ces dispositifs modifient-ils les gestes, les rythmes et les routines du travail par exemple ? Comment ces objets influencent-ils les rapports individuels et collectifs au corps, à la santé et à l’environnement ? Comment sont-ils réinterprétés ou détournés pour répondre à des besoins concrets ou contourner des contraintes perçues comme inutiles ou oppressantes ? En interrogeant ces questions, ce dernier axe met en lumière les rapports de force qui se nouent autour des dispositifs sanitaires. Outils de surveillance ou d’autonomisation, symboles d’aliénation ou de progrès, les objets de santé sont au coeur des dynamiques politiques et sociales plus larges. En étudiant leurs usages, leurs appropriations ou leur rejet, il s’agit de mettre en lumière la manière dont les objets cristallisent et redéfinissent les rapports entre les employeurs, les travailleurs, les institutions scientifiques, les instances nationales et internationales de régulation et les publics, tout en révélant les tensions entre santé des corps et productivité, justice sociale et santé environnementale.

Soumissions :

Les propositions doivent inclure une problématique et les sources étudiées (300-500 mots) ainsi qu’une brève biographie (150 mots).

Les contributions en français ou en anglais sont acceptées, et celles portant sur des contextes extra-européens sont particulièrement encouragées.

Date limite de soumission : 1er mars 2025

Envoyer vos propositions à : veronique.stenger@unige.ch; yohann.guffroy@unige.ch; bruno.strasser@unige.ch




English version

Protecting Bodies at Work: Technical Devices, Materialities of Health, and Political Imaginaries

University of Geneva, September 18-19 2025

How have workers' bodies been protected in hazardous working environments? Masks, gloves, goggles, helmets, ventilators, fume hoods, radiation detectors, shields, and fuses are just some of the devices deployed to safeguard health and ensure safety in dangerous spaces. Beyond their materiality and functionality, they carry with them the stories of technical innovations, workers' resistances, social transformations, and adaptations to toxic and polluted environments. They also reveal the complex trade-offs involved in the governance of risks, always marked by tensions between industrial productivism, health preservation, and social justice, between assigning responsibility to individuals and to collectives, and between the temporalities of accidents and chronic illness. What can these objects teach us about the strategies that past and present societies have adopted to balance protection and exploitation, technical progress and bodily vulnerability, and the impacts of industrialization on public health and the environment?

The international conference Protecting Bodies at Work: Technical Devices, Materialities of Health, and Political Imaginaries aims to explore the history of health technologies from the Middle Ages to the present in workplaces, urban areas, and colonial contexts. Through multidisciplinary and transnational perspectives, this conference will investigate how health-related objects and devices have both shaped and been shaped by social, cultural, scientific, and industrial dynamics. We invite researchers from all disciplines to submit original contributions in the field of

occupational health and environmental health, focusing on the materiality, symbolic significance, circulation, uses, and disuses of sanitary objects.

Imaginaries of Risk and Prevention

Health protection devices are more than practical solutions; they embody a complex interplay of materiality, scientific knowledge, and social imaginaries. Designed to address health concerns, they carry beliefs, values, and norms, reflecting the ambitions and contradictions of their time. Inspired by Gilbert Simondon’s notion of technical objects as mediators between humans and their environment, and the works of Sheila Jasanoff, Soraya Boudia and Nathalie Jas on how technologies co-construct societal values and power structures, this theme examines how health-related objects have been perceived over time. How do they symbolize concepts like “healthy work,” “clean air,” “industrial hygiene,” or “protected environment”? How do they reflect tensions between prevention and productivity, innovation and inequality? Who are the actors and institutions promoting these devices? Moving beyond a functional analysis, this theme explores objects as reflections of broader social, scientific, and political transformations.

Circulation of Objects and Reconfiguration of Space

Health protection devices can be seen as tools for conquering spaces deemed dangerous, hostile, or unhealthy, often designed for multiple uses. These devices act as "boundary objects," crossing and linking distinct realms such as workshops, hospitals, urban spaces, and natural environments. What knowledge, practices, and narratives accompany these circulations? How are these devices transformed or reinterpreted as they move between spaces or across national and cultural borders? This theme invites contributions exploring not only their circulation but also how their transnational movement reveals flows of ideas, knowledge, and techniques while shaping local and global public health norms, working conditions, and environmental challenges.

The Politics of Objects and Negotiated Uses

Health devices are deeply embedded in power dynamics. Imposed as solutions to industrial, epidemic, or environmental risks, they reflect sanitary norms advanced by employers, medical professionals, hygienists, or states. Yet, they also face resistance, reappropriation, or rejection. This theme explores these tensions, examining how such devices function as both instruments of control and catalysts for social change. How are these devices introduced and legitimized? How do workers or targeted populations perceive and adapt them in their daily lives? How do they reshape work routines or individual and collective relationships with health and the environment? By studying their uses, appropriations, or rejections, this theme sheds light on the power relations surrounding health devices and how they redefine interactions between employers, workers, scientific institutions, regulatory bodies, and the public, revealing the ongoing tensions between bodily health, productivity, social justice, and environmental health.

Submissions:

Proposals should include a brief description of the research question(s) and the sources to be studied (300–500 words), and a short biography (150 words).

Contributions in French or English are welcome, and those focusing on non-European contexts are particularly encouraged.

Submission Deadline: March 1, 2025

Send your proposals to: veronique.stenger@unige.ch, yohann.guffroy@unige.ch, bruno.strasser@unige.ch

Références principales / Main References :

1. Boudia, Soraya, and Nathalie Jas, editors. Powerless Science? Science and Politics in a Toxic World, Berghahn Books, 2014.

2. Bruno Anne-Sophie, Geerkens Éric, Hatzfeld Nicolas, Omnès Catherine (dir.), La santé au travail, entre savoirs et pouvoirs (19e-20e siècles), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011

3. Greenlees Janet, When the Air Became Important: A Social History of the New England and Lancashire Textile Industries, Rutgers University Press, 2019.

4. Guignard, Laurence, et al., éditeurs. Corps et machines à l’âge industriel. Presses universitaires de Rennes, 2011.

5. Jarrige, F. et Le Roux, T. La Contamination du monde. Une histoire des pollutions à l'âge industriel, Paris, Le Seuil, 2017.

6. Jasanoff Sheila, Sang-Hyun Kim (ed.) Dreamscapes of Modernity. Sociotechnical Imaginaries and the Fabrication of Power, University of Chicago Press, 2015.

7. Moriceau, Caroline, Les douleurs de l'industrie: L'hygiénisme industriel en France, 1860-1914, Paris, Editions de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 2010.

8. Rainhorn Judith, Blanc de plomb. Histoire d'un poison légal, Paris, Les Presses de Sciences Po, 2019.

9. Rosental Paul-André (dir.), Silicosis. A World History, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2017.

10. Rosner, David, and Gerald Markowitz, eds. 1989. Dying for Work: Workers’ Safety and Health in Twentieth-Century America. Bloomington: Indiana University Press.

11. Sellers Christopher, Hazards of the job: from industrial disease to environmental health science, Chapel Hill and London, University of North Carolina Press, 1997.

12. Weindling Paul (ed), The Social History of Occupational Health, London, Croom Helm, 1985.

jeudi 16 janvier 2025

Technologie, santé et consommateur patient au XXe siècle

Technology, health, and the patient consumer in the twentieth century
 

Edited by Rachel Elder and Thomas Schlich


Publisher: Manchester University Press
Series: Social Histories of Medicine
Published Date: January 2025
ISBN: 9781526171146 


Technology and consumerism are two characteristic phenomena in the history medicine and healthcare, yet the connections between them are rarely explored by scholars. In this edited volume, the authors address this disconnect, noting the ways in which a variety of technologies have shaped patients' roles as consumers since the early twentieth century. Chapters examine key issues, such as the changing nature of patient information and choice, patients' assessment of risk and reward, and matters of patient role and of patient demand as they relate to new and changing technologies. They simultaneously investigate how differences in access to care and in outcomes across various patient groups have been influenced by the advent of new technologies and consumer-based approaches to health. The volume spans the twentieth and twenty-first centuries, spotlights an array of medical technologies and health products, and draws on examples from across the United States and United Kingdom.

mercredi 15 janvier 2025

Groupes sanguins et hérédité humaine

Blood Groups and Human Heredity, 1900-1950: The First Genetic Marker


William H. Schneider

Publisher ‏ : ‎ Palgrave Macmillan; 2024th edition (November 30, 2024)
Language ‏ : ‎ English
Hardcover ‏ : ‎ 335 pages
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-3031698439


This monograph presents a detailed analysis of the beginning and rapid establishment of blood group research in the first half of the twentieth century. The main theme of this book is how blood groups were used as a scientific explanation of differences in race, health, and human behaviour. The discovery of the inheritance of blood groups, and their uneven distribution among various human populations quickly developed into a new field of scientific study in various countries around the world. Almost as quickly, the discoveries were studied as genetic markers of race, disease, and behaviours such as crime, insanity, and temperament. The time scope of coverage is the first half of the twentieth century, beginning with Landsteiner’s discovery of blood groups and ending with the period following the Second World War when the research was picked up again and became part of the revolution in human genetics accelerated by the discovery of the double helix. By this time, blood group genetics had undermined the very concept of race and became the foundation of population genetics. The focus on the formative period of blood group research complements the recent resurgence of interest in the subject by providing in- depth background and a base for further research.

Penser les violences médicales

Penser les violences médicales. Regards croisés en sciences sociales
 

Appel à communications

Colloque interdisciplinaire (sociologie, anthropologie, histoire, droit, santé publique) et international francophone, 24 et 25 juin 2025


La médecine repose, notamment, sur « l’intrusion dans le corps d’autrui » et « l’agression du corps de l’autre » (Hardy, 2013 : 161, 184), sans que ces actions ne soient nécessairement considérées comme violentes. Le geste médical suppose, a minima, une logique de délégation de la maîtrise de son corps à des professionnelles, même si cette délégation est le plus souvent circonscrite (à des parties du corps, pour des pratiques et sur un temps donnés) et que le modèle de la relation thérapeutique connaît des variations et des remises en cause selon les époques (Foucault, 1963 ; Goffman, 1968 ; Fassin, 1996 ; Jaunait, 2003). De sorte que, dans la plupart des situations, le caractère violent d’un comportement ou d’une action en santé ne réside pas a priori dans les gestes thérapeutiques. À cet égard, comment reconnaître les violences en contexte de soin, les qualifier et en analyser les mécanismes et les frontières (Castrillo, 2016 ; Lévesque et Ferron-Parayre, 2021), a fortiori quand les agentes institutionnels anticipent et/ou se positionnent contre ce qualificatif (Moreau, 2011) ? L’identification des violences doit-elle par exemple être bornée à la perception qu’en ont les individus et à la transgression de leur volonté, au risque d’occulter la production du consentement par le mensonge (Fainzang, 2006), la menace, la domination ou le manque d’information ? Doit-elle inclure le déni de participation aux décisions de soin fait aux usagers et usagères des structures de santé ? La violence peut-elle être un concept opérant pour la recherche en sciences sociales, ou doit-elle n’être envisagée que sous l’angle des processus de qualification et des luttes de légitimation ou de dégradation symbolique dont les pratiques médicales font l’objet ? Les pratiques médicales étant entendues ici comme l’ensemble des pratiques déployées en contexte médical, y compris par des soignant.es non-médecins.

La notion de « violences obstétricales et gynécologiques », forgée par des mouvements sociaux et reprise dans les arènes institutionnelles (Bousquet et al., 2018 ; Castro, 2021), s’est récemment diffusée dans les travaux de recherche et participe à renouveler la problématisation des objets de recherche en sciences sociales de la santé, de la sexualité et de la procréation (Rozée et Schantz, 2021 ; Schantz, Rozée et Molinier, 2021). La popularité récente et localisée du concept tranche avec l’absence quasi totale d’analyse des pratiques médicales sous l’angle de la violence ces dernières décennies, sauf exception (Lebeer, 1997). Pour autant, les travaux de sciences sociales fourmillent d’éléments pour comprendre les logiques professionnelles qui favorisent l’émergence et la perpétuation de telles pratiques. Ces éléments apparaissent en filigrane dans l’analyse des phénomènes et concepts connexes auxquels la violence s’articule : travail de contrainte, maltraitance, violence symbolique, paternalisme médical, coercition, ou encore pouvoir, autorité ou domination. Sans nécessairement parler de « violence », plusieurs travaux ont montré l’asymétrie de la relation médecin-patient·e et ses variations selon les contextes de soin (Strauss, 1992 ; Freidson, [1970] 1984), en montrant notamment combien elle s’inscrit plus largement dans les hiérarchies et la division du travail hospitalier (Arborio, 1996 ; Paillet, 2009 ; Lechevalier-Hurard, 2013). Nombreux sont les travaux qui insistent sur les inégalités de santé que cette asymétrie produit (Sauvegrain, 2013 ; Morel, 2016, 2023 ; Arborio et Lechien, 2019 ; Loretti, 2019, 2020 ; Darmon, 2021 ; Gelly et al., 2021 ; Paillet, 2021), quand d’autres recherches ont documenté le mandat médical de contrôle social (Lovell, 1996, 2015 ; Fassin et Memmi, 2004 ; Mathieu et Ruault, 2014), sa délégation par l’État (Memmi, 2003) et la manière brusque et impérieuse avec laquelle peuvent être imposées les normes préventives (Moreau, 2013, 2015 ; Bloy, 2015), sanitaires ou morales (Guyard, 2010 ; Cahen, 2015 ; Koechlin, 2021 ; Thizy, 2023). Ces logiques s’inscrivent dans l’histoire longue de la fabrique institutionnelle des micro-sanctions du quotidien (Rossigneux-Méheust, 2022 ; Rossigneux-Méheust et Gérard, 2023). En outre, elles relèvent des cultures professionnelles qui favorisent l’émergence et la perpétuation des violences, incorporées par les professionnelles de santé tout au long de leur formation (Becker et al., 1961 ; Baszanger, 1979 ; Picot, 2005 ; Zolesio, 2012, 2015).

Des travaux ont documenté la manière dont l’organisation du travail, la rationalisation de son rythme, la technicisation de ses gestes et les conditions dégradées de travail pouvaient favoriser des pratiques brutales ou faisant peu cas du consentement des patient·es (Carricaburu, 2005 ; Arnal, 2016 ; Fonquerne, 2021 ; Quagliariello et Topçu, 2021), toutes ces dimensions s’entremêlant de manière d’autant plus saisissante dans le contexte hospitalier (Laforgue et Rostaing, 2011 ; Vincent, 2016 ; Belorgey, 2021 ; Ridel, 2021). Une pratique du consentement éclairé qui ne se cantonnerait pas à une formalité administrative requiert du temps et la délivrance d’informations qui, bien souvent, varient en fonction du capital (social, économique et culturel) des patientes (Bretin, 2004 ; Peneff, 2005 ; Dixon-Woods, 2006 ; Fainzang, 2006 ; Prud’homme, 2015 ; Quagliariello, 2017).

Les recherches sur les violences gynécologiques et obstétricales ont permis quant à elles d’objectiver les pratiques d’une violence ordinaire, banalisée dans les protocoles et habitudes, exercée à l’encontre des femmes dans diverses structures de soins. Elles se concentrent sur les actes brutaux ou réalisés sans le consentement de la patiente, et parfois au détriment de sa santé (El Kotni, 2018 ; Fonquerne, 2021 ; Márquez Murrieta, 2021). Elles analysent les violences médicales comme une forme de violence de genre, au croisement, parfois, avec la race (Paris, 2020 ; El Kotni et Quagliariello, 2021 ; Sestito, 2023 ; Sauvegrain, 2021). Des travaux ont également retracé la dénonciation des violences obstétricales (Claro, 2019), sa constitution en problème public (Azcué et Tain, 2021 ; Rozée et Schantz, 2021), et interrogé la mobilisation du droit face aux violences (Quéré, 2019 ; Simon et Supiot, 2023).

Loin de fournir une définition a priori du concept de violence médicale, ce colloque entend ouvrir un espace de discussion autour de l’utilisation scientifique du concept, appliqué à des terrains d’enquête en sciences sociales de la santé. Malgré les défis que pose le recours à cette catégorie dans les travaux de recherche, nous considérons que son utilisation représente une « ouverture épistémique » (Diniz et al., 2021) qui invite à sa discussion nuancée – et, pourquoi pas, contradictoire – par les chercheurs/ses. Il s’agira ainsi de questionner, qualifier et conceptualiser la violence et ses définitions possibles dans les mondes de la santé et des soins, adossées aux autres concepts ou expressions qui l’entourent, en les mettant en perspective, au besoin, avec les usages de la notion dans l’étude d’autres sphères du monde social, la police par exemple. Ce colloque invite par ailleurs à saisir la spécificité des violences médicales, sans les réduire a priori à une violence de genre et en considérant l’interaction de la domination médicale avec les autres rapports de pouvoir (genre, classe, race, validisme, âge, sexualité, etc.).
Nous proposons quelques axes qui peuvent inspirer les propositions des participant·e·s, même si nous restons ouvert·es aux propositions transversales à ces axes ou encore à celles qui éclairent l’objet du colloque depuis un point de vue qui s’en distingue.
 

Axe 1 - Définir, mesurer et problématiser les violences médicales
Que recouvrent les violences médicales ? C’est cette question fondamentale qui structurera le premier axe. Il regroupera les propositions de communications qui explorent les contours et les formes de ces violences, qu’elles soient intrinsèques aux pratiques de soin ou qu’elles représentent leurs effets collatéraux. La violence médicale est-elle circonscrite aux actions intentionnelles et/ou exclusivement exercées par des professionnel·les de santé, ou inclut-elle la totalité des « dommages » que peut subir une personne dans une configuration thérapeutique (pharmacologique, essai clinique, etc.), dommages parfois euphémisés sous la notion d’« effets indésirables » ou « secondaires » ? Définir les violences médicales implique de confronter les façons de les nommer, de les mesurer et de les analyser, au prisme de différentes disciplines (histoire, sociologie, anthropologie, santé publique, droit). Quels outils, approches, dispositifs ou perspectives permettent de les saisir et de les comprendre ? Comment quantifier les violences ? Dans quels cas ou quelles situations préfère-t-on parler de « contrainte » ou de « maltraitance » plutôt que de « violence », et pourquoi ? À quels obstacles se heurte l’objectivation des violences ?
Cet axe invite à interroger, qualifier et conceptualiser les violences dans les mondes de la santé et du soin, tout en tenant compte des raisons pour lesquelles ces violences sont parfois invisibilisées ou diluées dans d’autres concepts. En outre, les contributions qui mettront en perspective la notion de violences dans le soin avec son emploi dans d’autres domaines du monde social seront particulièrement appréciées. L’accent sera mis sur les recherches empiriques, qu’elles reposent sur des enquêtes ethnographiques, l’analyse d’archives ou de données chiffrées. Pour autant, les contributions théoriques visant à revenir sur la construction de cette notion, son émergence, ou les débats théoriques autour de sa mesure sont également bienvenues. D’ailleurs, examiner ces débats en historienne viendrait nourrir une réflexion méthodologique et épistémologique sur les problèmes (l’anachronisme, au premier chef), mais aussi les apports qui accompagnent la relecture de pratiques de santé du passé à l’aune du concept de violence.
 

Axe 2 - Saisir les violences par l’étude du travail médical
Les propositions de communications pourront porter sur les logiques professionnelles des pratiques pouvant être qualifiées de violentes. Il s’agira d’éclairer la manière dont le contexte organisationnel du travail médical participe à les déterminer, d’abord en questionnant leur dimension collective. Les pratiques médicales s’inscrivent dans une division technique et morale du travail, mettant en relation des professionnel·les lié·es par des rapports de pouvoir propres au champ médical (selon les hiérarchies des spécialités et professions, notamment) ou qui le traversent (le genre, la classe, la race, l’âge, etc.). Qu’en est-il des violences médicales ? Sont-elles le résultat d’actions individuelles ou coordonnées, voire concertées ? De mécanismes de délégation du « sale boulot » et de négociation, ou de conflits entre collègues ? Reposent-elles sur des pratiques institutionnalisées à l’échelle de la profession (notamment par le truchement de protocoles et de recommandations de bonnes pratiques) ou des collectifs de travail plus localisés ? Les propositions pourront porter sur la dimension relationnelle de l’organisation du travail comme sur les logiques spécifiques à un groupe ou segment professionnel (médecins, infirmières, aides-soignantes, secrétaires, sages-femmes, psychologues, kinésithérapeutes, étudiant·es ou titulaires, etc.). En outre, les contributions qui visent à historiciser ces logiques professionnelles, faisant dès lors ressortir leurs variations à travers le temps (et l’espace), seront particulièrement appréciées.
Elles pourront également questionner la place des conditions matérielles du travail médical dans la survenue ou la prévention des violences. Dans quelle mesure les violences médicales sont-elles un expédient permettant de réaliser rapidement une charge de travail
importante – en subordonnant le recueil du consentement à la vitesse, l’efficacité ou la commodité du travail ? Est-ce qu’à l’inverse davantage de moyens, techniques et humains, ne créent pas de nouvelles possibilités d’expression de la violence médicale ? Quelle responsabilité attribuer aux politiques néolibérales de santé dans la survenue ou la perpétuation des violences médicales ? Les propositions de communication sont invitées à expliciter et à analyser les différents contextes organisationnels de l’activité médicale – les lieux et modes d’activité – et leurs effets éventuels sur les pratiques.
Enfin, dans certains contextes, la violence apparaît, à certains égards, comme un outil du soin, puisqu’elle peut être érigée comme un moyen d’imposer, contre le consentement du ou de la patient·e, un acte médical jugé utile, ou un moyen d’éduquer à des normes sanitaires ou morales. Cette dimension a déjà pu être étudiée dans le cadre de la psychiatrie, mais gagnerait à être analysée dans les autres secteurs de la médecine, à l’hôpital comme en médecine de ville en passant par d’autres structures de soins (EHPAD, centre de rééducation, PMI, centre de santé sexuelle, etc.), en interrogeant d’autres domaines, par exemple les métiers de la cancérologie ou de la pédiatrie. Et au-delà, même dans les situations où le consentement a été formellement recueilli, les sciences sociales sont-elles censées penser la brutalité de l’intrusion dans le corps et la blessure occasionnées par le traitement comme exemptes de violence ? Des propositions permettant d’objectiver les modalités différenciées de la violence médicale selon les actes, pathologies et spécialités médicales sont les bienvenues.
 

Axe 3 - Penser les violences dans la formation professionnelle
L’analyse des processus d’inculcation des normes, règles et habitudes qui structurent les différents espaces du soin permet de réfléchir à la reproduction des comportements maltraitants. Cette analyse passe par l’ethnographie des processus de transmission depuis l’amphi à l’hôpital, sans oublier les salles de garde, mais aussi par l’analyse de la socialisation comme un processus dynamique et variable selon les contextes institutionnels.
Cet axe entend réfléchir aux conditions mêmes de l’apprentissage de gestes inimaginables dans tout autre espace social (recours à la force physique, palpations, intrusions dans les corps, incisions, etc.), en se demandant comment les modalités concrètes de transmission de la culture médicale façonnent des dispositions à violenter. La formation médicale est ponctuée d’expériences éprouvantes de même que l’inculcation des savoirs thérapeutiques peut couramment passer par des remarques brutales, des formes de moquerie et de mise à l’épreuve par les aîné.es et/ou entre futur.es soignant.es. Dans quelle mesure ces modes d’apprentissage contribuent à la perpétuation des violences verbales et physiques en contexte de soins ?
Les propositions de communication pourront s’intéresser aux registres de justification des comportements violents, qui viennent légitimer auprès des impétrant.es certains schèmes de pensée et d’action. La formation peut-elle forger les conditions d’impossibilité de la perception de certains actes comme (illégitimement) violents ? On pourra prêter attention aux qualifications ordinaires de ces actes dès lors non repérés comme problématiques, au sens donné à des habitudes de travail ancrées dans l’histoire de la discipline et/ou de l’institution enquêtée.
Les modalités d’adhésion aux valeurs dominantes de la profession soulèvent la question des processus de régulation internes à l’institution médicale face aux violences. On s’intéressera aux instances mobilisables au cours de la formation aux différents métiers de la santé, aussi bien à l’université que du côté des autorités professionnelles, pour prendre en charge les faits de violences (que ce soit pour les repérer et, partant, les prévenir). En particulier, comment les instances professionnelles se positionnent-elles face au fameux « esprit carabin » et à ses traductions locales (dont les traditions de bizutage) ?
À l’inverse, pour saisir la manière dont les soignant.es désamorcent le caractère potentiellement violent de leurs pratiques, les communications pourront étudier la transmission des savoir-faire (dans la formation initiale, entre paires, par l’intervention de « patient.es-expert.es », etc.) visant à développer des pratiques plus respectueuses (prévenir des gestes, demander l’accord, proposer le déshabillage partiel, réchauffer un instrument, mieux prendre en charge la douleur, etc.).

Axe 4 - Politiser les violences : victimes, mobilisations et régulation
Un quatrième axe propose d’interroger la politisation des violences médicales, et sa qualification par les différent·es acteurs et actrices. Les propositions pourront porter sur les victimes des violences. D’abord, sous l’angle de leurs expériences. Quels actes sont vécus comme des violences par les patient·es ? Comment et pourquoi un certain nombre d’actes sont perçus comme violents, mais inévitables ? Quels effets durables peuvent-ils avoir sur leur vie et, plus spécifiquement, sur leur rapport à la santé et à la médecine ? Quel rôle jouent leurs proches dans l’accompagnement et la qualification de ces expériences ? Mais aussi sous l’angle de leurs mobilisations, collectives ou individuelles. Les propositions de communications pourront ainsi retracer les dynamiques de ces mobilisations dans le domaine de la santé où les violences médicales ont été constituées en problème public à l’intersection entre différents champs (politique, associatif, médiatique, médical).

Elles pourront par exemple questionner l’influence de la médiatisation des violences (surtout obstétricales et gynécologiques) sur les conditions d’apprentissage et de travail des professionnelles de santé. Dans quelle mesure ce contexte a-t-il renouvelé les considérations en termes d’éthique médicale, voire poussé l’élaboration collective de normes de réflexivité ? Jusqu’à retentir sur les dispositifs de prévention des violences et de sanction internes aux établissements universitaires et hospitaliers ? Les propositions pourront analyser les réactions et les réponses apportées par les acteurs et actrices du champ médical à la médiatisation et la politisation des violences, en interrogeant la conscience que les professionnel.les de santé ont du droit, et l’effet de cet encadrement normatif sur les pratiques médicales. En quoi le corporatisme, la tradition de compagnonnage, mais aussi les enjeux de réputation et de construction des carrières, spécifiques à chaque groupe professionnel, ont-ils des effets directs sur la dénonciation et la sanction des violences ? Comment caractériser socialement les professionnel.les du soin qui épousent publiquement, pour certain.es, les mobilisations de patient.es contre les violences subies en contexte médicalisé ? En outre, les actes vécus comme violents par des patient.es sont-ils les mêmes que ceux que dénoncent ces professionnel.les ?

Cela pose la question plus large des parcours de plainte engagés par les victimes, auprès des instances disciplinaires de la profession ou au pénal, et des processus de réparation ou de sanctions auxquelles ces plaintes donnent lieu. Comment les instances de conciliation, les organisations professionnelles et les institutions judiciaires traitent-elles les violences médicales ? En l’absence d’une catégorie juridique ad hoc, quels actes, réalisés dans quels contextes, sont effectivement sanctionnés ? À quelles peines ? Tout regard croisant plusieurs situations nationales sera utile à cet égard, les controverses et régulations des pratiques pouvant y prendre différentes dimensions.
 

Modalités de participation
Le colloque se tiendra les 24 et 25 juin 2025 à Paris.
Les propositions de communications sont à envoyer au plus tard le 31 janvier à l’adresse : colloque.violences.med@proton.me
Elles mentionneront les nom et prénom, pronom, discipline, statut, institution de rattachement et adresse mail des communicant·es. En un maximum de 3 500 signes (espaces compris), elles devront ensuite comporter un titre, une présentation des matériaux mobilisés et un résumé des enjeux qui seront abordés dans la communication. La sélection des propositions retenues sera communiquée dans les semaines qui suivront.
 

Comité organisateur :
Joséphine Eberhart (post-doctorante, IRISSO)
Raphaël Perrin (docteur, CESSP)
Pierre Robicquet (docteur, CERMES3)
Lucile Ruault (chargée de recherche CNRS, CERMES3)
 

Comité scientifique :
Anne-Marie Arborio (maitresse de conférences, LEST, université Aix-Marseille)
Fabrice Cahen (chargé de recherche INED)
Catherine Cavalin (chargée de recherche CNRS, CERMES3)
Fanny Chabrol (chargée de recherche IRD, CEPED)
Dorothée Dussy (directrice de recherche CNRS, CNE)
Nils Kessel (maître de conférences, SAGE, université de Strasbourg)
Delphine Moreau (professeure, Arènes, EHESP)
Anne Paillet (professeure, CESSP, université Paris 1 Panthéon Sorbonne)
Myriam Paris (chargée de recherche CNRS, CURAPP-ESS)
Chiara Quagliariello (post-doctorante, EHESS)
Virginie Rozée (directrice de recherche INED)
Elsa Supiot (professeure détachée au CNRS, ISJPS – UMR8103)
 

Bibliographie
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Bretin Hélène, 2004, « Marginalité contraceptive et figures du féminin : une expérience de la contraception injectable hormonal en France », Sciences sociales et santé, Vol. 22, n°3, p. 87-110.
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