L'homme et l'air : pratiques corporelles, inventivité, organisation et territorialité dans les activités aériennes
Le laboratoire SENS de l'université Joseph Fourier-Grenoble 1 organise le premier colloque européen « L'homme et l'air : pratiques corporelles, inventivité, organisation et territorialités dans les activités aériennes ». De nombreuses disciplines scientifiques sont concernées : histoire, sociologie, géographie, anthropologie, ethnographie, psychologie, économie, droit. Ainsi que les disciplines qui utilisent l'aérien comme outil de recherche (aérostation scientifiques, radeau des cimes, etc.). Le colloque se déroulera pendant la Coupe Icare 2014 du 18 au 20 septembre 2014 sur le site historique du Vol Libre, à Saint Hilaire du Touvet.
Argumentaire
À la fin du XVIIIe siècle, l’invention de l’aérostation permet aux hommes d’affronter la troisième dimension. Dès le début du XIXe siècle, ascensions acrobatiques et descentes en parachute comblent d’aise un public séduit par le spectacle de la prise de risque, de la maîtrise et de la performance. L’essor des sports aériens est largement dynamisé par l’invention de l’aéroplane. L’idée d’un engin planant à ailes fixes s’est imposée au XIXe siècle, portée par l’accélération scientifique et technique. Mais les premiers vols humains sont réalisés sans moteur. De 1891 à 1896, l’ingénieur allemand Otto Lilienthal réalise plus de 2.000 vols planés en décollant à pied sous une quinzaine de planeurs de sa conception. A partir de 1901, les frères Wright réalisent aux États-Unis plusieurs centaines de vols planés sous des planeurs biplans avant d’y adjoindre un moteur pour réaliser le premier vol d’un avion le 17 décembre 1903. Le vol plané continue sous la forme du vol à voile qui s'oriente rapidement vers les records de distance et de vitesse. La renaissance du vol plané à décollage à pied commence en Californie à la fin des années 60. Des bricoleurs passionnés expérimentent en décollant à pied les premières ailes qu’ils ont construites. L’aile delta « standard » à voilure souple est née et va s’exporter dans le monde entier. En France, Le hang gliding est rebaptisé « vol libre ». Cette dénomination résume bien l'état d'esprit des premiers pratiquants face aux utilisateurs habituels de l'espace aérien.
Longtemps le mythe d’Icare a servi de mode d’appréhension d’un monde aérien inaccessible. Dans les mythologies antiques, le vol restait l’apanage des dieux et de quelques mortels doués de capacités surnaturelles. Aujourd’hui l’homme investit l’air au travers de nombreuses activités. De l’avion au passage du mur du son en chute libre par Felix Baumgartner, en passant par le speed-riding, l'aile delta, le parapente, le parachutisme, le base-jump, le vol à voile, l'aviation, l'ULM, le paramoteur, les montgolfières et les dirigeables. Sans oublier le vol en apesanteur, le vol spatial et l’utilisation ludique de l’air avec le cerf-volant, le kite-surf et les autres formes de traction. La palette des engins volants et des activités associées est immense.
Dans un élan purificateur, l’homme qui rêve de vol se libère des chaînes terrestres, des contraintes matérielles et des pesanteurs sociales. Mais poursuit Bachelard (1943) « avec l’air, le mouvement prime la substance. Alors, il n’y a de substance que s’il y a mouvement. » L’air ne prend consistance que dans le mouvement et sert de support à l’imagination dynamique. « On peut dire que, dans le règne d’une imagination créatrice aérienne, le corps de l’oiseau est fait de l’air qui l’entoure, sa vie est faite du mouvement qui l’emporte. » Si l’élévation verticale représente « le sens même du dynamisme prométhéen », le déplacement en lui-même, le mouvement dynamique, symbolise la rupture avec la terre. Au sein des pratiques sportives aériennes, l’évolution du vol à voile et la disparition puis la renaissance du vol plané à décollage à pied interrogent l’implication corporelle de l’homme volant. L’histoire du vol humain est aussi une histoire des corps en vol. Considérer l’homme en mouvement dans les airs, l’homme en vol, revient à interroger l’évolution des rapports entre l’homme et l’air, entre le corps et le fluide porteur ou moteur. L’étude des techniques sportives utilisant l’air ne saurait échapper à une approche culturelle de la fabrication des engins et de leurs usages. Les significations de ces différentes cultures de l’aérien sont présentes dans leurs processus d’émergence.
Si des monographies existent pour certaines pratiques aériennes (Loirand 1989 ; Robène 1998 ; Jorand, 2000), les travaux de synthèse et les ouvrages collectifs qui croisent les études manquent. De nombreuses disciplines sont concernées : l’histoire, la sociologie, la géographie, l’anthropologie, l’ethnographie, la psychologie, l’économie, le droit... Mais aussi d’autres disciplines scientifiques qui utilisent l’aérien comme outil de recherche, comme l’aérostation scientifique ou le radeau des cimes.
Pour combler ce manque, le laboratoire SENS de l’université Grenoble-Alpes organise le premier colloque européen « L’Homme et l’air : pratiques corporelles, inventivité, organisation et territorialités dans les activités aériennes » pendant la Coupe Icare 2014 sur le site historique du vol libre européen.
Histoire
L’histoire de l’homme en l’air est une histoire récente. Les études sont nombreuses pour les activités majeurs (aviation, vol à voile, parachutisme...). De nombreuse activités utilisant l’air comme support ou comme moteur restent à étudier. Des communications sont attendues sur toutes ces pratiques anciennes ou récentes comme révélatrices de la société dans lesquelles elles s’inscrivent.
Inventivité et création
Dans l’utilisation de l’air, les innovateurs sont aussi le plus souvent des aventuriers. En inventant de nouveaux engins et de nouvelles techniques, ils ont initié de nouvelles pratiques par leurs cultures d’avant-garde. Nous étudierons ici les pratiques de loisir utilisant l’air comme support ou moteur, ainsi que le matériel imaginé et commercialisé pour assurer leur diffusion.
Motivation et prise de risque
Depuis les travaux pionniers de Michel Bouet sur « la psychologie du vol à voile » et de David Lebreton sur «l’ordalie», la recherche en psychologie-sociale et en sociologie a apporté tout un ensemble de résultats très important sur la prise de risque, la motivation, les formes de perception de l’environnement, les représentations sociales et les stéréotypes. Des communications sont attendues pour mettre à profit ce bagage disciplinaire et théorique dans l’étude des activités aériennes.
Territoires
Les activités aériennes ne s’affranchissent pas pour autant des spatialités de l’ordre humain. Qu’il s’agisse de l’organisation territoriale des sites, de la diffusion des pratiques et des formes de pratique, de l’aménagement des zones de décollage/atterrissage ou encore de la géopolitique des grandes missions aéronautiques et spatiales, des communications sont attendues qui traitent de la géographie et des implications aménagistes de ces activités.
Règles, institutionnalisation, économie
La formule française de « vol libre » pour désigner certaines activités aériennes ne doit pas faire oublier que les principes du droit s’appliquent à l’espace aérien. L’administration des politiques publiques, les normes de sécurité ou encore les logiques professionnelles et organisationnelles dépendent alors du pays, parfois plus précisément de la région, mais aussi de l’activité, c'est-à-dire des acteurs concernés. Dans ce sens, il s’agit aussi d’étudier les enjeux économiques, l’encadrement professionnel et l’organisation juridique de ces activités.
Organisation du colloque
Le colloque associera, sur trois journées, des séances plénières et des sessions parallèles. Selon le volume des communications reçues et acceptées, les sessions pourront être organisées en simultané. Animée par un modérateur, chacune d’entre elles, d’une durée d’une heure trente, rassemblera trois communications de vingt minutes au maximum suivies de dix minutes d'échanges.
Les conférences invitées sont de 40 minutes.
Le colloque se déroulera sur le site de la Coups Icare, à Saint Hilaire du Touvet, du jeudi matin 18 au samedi matin 20 septembre 2014. Les participants au colloque pourront ainsi assister aux principales activités de la Coupe Icare le samedi après-midi et le dimanche.
En cas de problème organisationnel (nombre très important de communication, accès au site de la Coupe Icare (météo, afflux de spectateurs...)), des séances du colloque pourront être rapatriées dans les locaux de l’UFR-APS sur le campus universitaire de Grenoble (à 15km).
Inscription et tarif
Inscription : 120€ (plein tarif) - 50€ (tarif réduit : étudiants) comprenant l’accès au colloque, les cafés et les rafraichissements lors des pauses et les actes résumés du colloque.
Les tarifs des repas et la listes des hébergements seront précisés lors du deuxième appel en septembre 2013.
Modalités de soumission
Consignes aux auteurs
Des informations complémentaires sur le programme du colloque sont disponibles par l’intermédiaire du site :
http://colloqueSENS2014.ujf-grenoble.fr
Il convient de proposer un résumé comprenant les principales questions, les sources, la méthodologie et les résultats, ainsi que le thème choisi.
Instructions pour les résumés
Ils seront à envoyer par courrier électronique en fichier attaché à :
colloqueSENS2014@ujf-grenoble.fr Tout courrier transitera par cette adresse de courriel.
Les résumés doivent être tapés en times 12, interligne simple et présenter 40 lignes +/-10%.
Le titre sera placé en haut centré en gras.
Le nom des auteurs et leur institution apparaîtront à droite sous le titre, après avoir passé une ligne.
Les résumés sont à envoyer
avant le 30 décembre 2013par courrier électronique en fichier attaché sous le format « .docx », « .doc » ou « .rtf ».
Le document portera votre nom sous la forme : « nom.initiale du prénom.docx » (exemple dupont.j.docx)
Toute proposition reçue fera l'objet d'un accusé de réception, ce qui n'augure pas que la communication sera automatiquement acceptée.
L’acceptation vous sera notifiée après acceptation du comité scientifique (juin 2014).
Les communications sont acceptées en français et en anglais
Après expertise, la publication d’une sélection des communications est prévue.
Retour des expertises : le 1er mai 2014
Comité scientifique
Nicolas Bancel, Professeur à l'Université de Lausanne.
Olivier Bessy, Professeur à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour.
Jean-Paul Callède, Chargé de recherche CNRS, Paris.
Jacques Defrance, Professeur à l'Université Paris Ouest Nanterre
Jan Fritz, Professeur à l’Université de Cincinnati.
William Gasparini, Professeur à l'Université de Strasbourg.
Jean Harvey, Professeur à l’Université d’Ottawa.
Antoni Durà Guimerà, Professeur à l’Université autonome de Barcelone.
Fabien Ohl, Professeur à l'Université de Lausanne.
Bianca-Maria Pirani, Professeur à l’Université de Rome La Sapienza
Luc Robène, Professeur à l’Université de Bordeaux.
Michel Raspaud, Professeur à l’Université de Grenoble.
Philippe Sarrazin, Professeur à l’Université de Grenoble.
Robert Stebbins, Professeur à l’Université de Calgary.
John Tuppen, Professeur à l’Université de Grenoble.
Comité d’organisation
Dominique Jorand, SENS (responsable)
André Suchet, PACTE (responsable)
Michaël Attali, SENS
Malek Bouhaouala, SENS
Jean-Philippe Heuzé, SENS
Sandrine Isoard-Gautheur, SENS
Véronique Reynier, SENS
Damien Tessier, SENS
David Trouilloud, SENS
Les doctorants du laboratoire SENS