Il était une fois... Contes, corps et sports
Appel à communications
Journée d'études
Besançon
Le 13 octobre 2023
Cette journée d’étude vise à questionner la place et le rôle joués par la corporéité et les activités physiques dans le support de narration qu’est le conte. Quatre axes sont proposés aux communicants : courir, chevaucher, grimper, les pratiques physiques et corporelles des personnages de contes, la place du sport et des activités physiques dans les contes, les contes dans les médias contemporains, l’expérience sensible du conte. Cette journée abordera le conte dans une perspective pluridisciplinaire. Cette thématique du corps et du sport dans les contes pourra ainsi être étudiée aussi bien sous l’angle des études littéraires que des sciences humaines et sociales.
Argumentaire
Fréquemment introduit par la formule « Il était une fois », le conte a cette particularité d’être une « temporalité intemporelle » (Chouvier, 2018 : 26), transmis d’abord oralement de génération en génération, sans auteur nécessairement identifié. D’ailleurs, le conte merveilleux, grâce à sa temporalité cyclique, permet d’extraire le récit d’une époque déterminée. Malgré tout, le conte perdure cependant à travers les diverses adaptations dont il fait l’objet, entre culture savante et culture populaire (Soriano, 1968). De fait, l’origine difficilement identifiable des récits contés leur confère un caractère « ouvert », protéiforme, et leur malléabilité est propice à la création. À cet égard, les conteurs peuvent jouer le rôle de passeurs, adaptant à l’envie des motifs anciens pour en proposer une nouvelle lecture, teintée du contexte de l’époque dans laquelle ils prennent vie.
Cette journée d’étude envisage plus spécifiquement de questionner la place et le rôle joués par la corporéité et les activités physiques dans le support de narration qu’est le conte. En effet, certains contes de fées bien connus, comme Cendrillon dans ses différentes versions ou L’Intrépide Soldat de plomb d’Hans Christian Andersen, mettent en scène des corps dansant et il est indéniable que ces récits, parmi de nombreux exemples, dévoilent des perceptions des corps différentes de celles habituellement analysées dans le champ des sciences du sport, notamment. Ainsi, les productions académiques, foisonnantes sur le conte, ne serait-ce qu’en France ou en Europe, qui en explore les richesses anthropologiques, historiques, ou encore psychanalytiques (Bettelheim, 1976 ; Bricout, 2005 ; Hernandez, 2006 ; Valière, 2006 ; Velay-Vallantin, 1992 ; etc.), offre une vaste assise pour envisager d’approfondir la question spécifique du corps et des activités physiques au sein de ces productions culturelles. Cette journée d’étude sera donc l’occasion de proposer un temps d’échange et de réflexion centré sur cette thématique particulière, encore trop peu abordée dans la littérature scientifique. Face à la difficulté de proposer une définition arrêtée et nécessairement restrictive du conte, il nous semble plutôt opportun d’ouvrir la réflexion aux multiples formes qu’il peut prendre au fil du temps, les différents sous-genres qui le composent étant inclus dans la réflexion que nous proposons. Pour ce faire, nous proposons quatre axes qui ne sont, bien entendu, pas exhaustifs.
Axe 1. Courir, chevaucher, grimper : les pratiques physiques et corporelles des personnages de contes
À la différence des mythes qui sont des récits cosmogoniques, les contes sont des histoires qui invitent à comprendre l’importance de l’inscription dans un monde social (Wendling et Fabre, 2013). Ayant une fin plus ou moins heureuse pour les protagonistes, et mettant plus d’une fois en exergue des contenus éminemment moralisateurs, le conte est devenu, non sans résistances, un support incontournable de la culture enfantine et de l’éducation des jeunes générations. À cet égard, l’exemple, aussi anecdotique soit-il, de l’évolution des manuels d’apprentissage de la lecture depuis la fin du XIXe siècle, est significatif de la transformation des représentations touchant une institution scolaire qui a longtemps manifesté bien des réticences à leur égard (Nières-Chevrel, 2010 : 73-74). En effet, dans ces ouvrages, la présence de plus en plus appuyée de personnages, comme le Petit Chaperon rouge ou le Petit Poucet, s’adonnant à différentes activités, de la déambulation oisive aux activités de cueillette (Profillet, 2021), traduit une scolarisation des contes et des pratiques corporelles de leurs personnages.
De même, au-delà de l’enceinte scolaire, il est certain que les jeunes lecteurs sont devenus les « destinataires privilégiés » (Perrot, 2013 : 225) des contes, genre incontournable dans les rayons de librairies consacrés à la littérature de jeunesse ou aux « oralités enfantines » (Belmont, Ménard et Privat, 2020). Notre époque connaît un nombre important de reprises ou de détournements parodiques des contes traditionnels. En effet, nombreux sont les auteurs qui, dans la littérature de jeunesse, en plus de rétablir « la Vérité » sur certaines affaires (comme celle des trois petits cochons dans l’album de Jon Scieszka et Lane Smith1), n’hésitent pas à mettre en scène leurs personnages dans des contextes insolites, à l’instar du Petit Chaperon rouge traversant la forêt à vélo et découvrant un drôle de code de la route dans un album de Mario Ramos2.
Pourtant, les liens faits spontanément de nos jours entre le conte et l’enfance ne sont clairement pas aussi simples et naturels qu’ils pourraient en avoir l’air de prime abord et Nicole Belmont note, à juste titre, que « les éditeurs contemporains de contes pour enfants ne font que s’inspirer des récits traditionnels, à tout le moins les réécrivent, et ce faisant, les édulcorent, si même ils ne les trahissent pas » (Belmont, 2010 : 10). De fait, les contes semblent aujourd’hui destinés aux enfants alors même que ceux-ci n’en n’ont pas toujours été les destinataires premiers. Dans ce contexte, se pose alors la question des propos tenus sur le corps dans ces récits. Comment les corps sont-ils façonnés dans les contes ? Comment sont-ils décrits ? Comment les activités physiques acquièrent-elles un sens pour les enfants, d’hier et d’aujourd’hui ? Comment la littérature jeunesse s’empare-t-elle de cette corporéité ? Euphémise-t-elle, par exemple, une certaine violence faite aux corps ? Finalement, le maintien ou l’adoucissement de la rudesse, voire de la cruauté caractérisant certains contes, notamment perceptibles à travers leurs adaptations et leurs réécritures dans le champ scolaire et en-dehors, permettent d’interroger les « sensibilités enfantines… ou plutôt l’idée que s’en font les adultes » (Chartier, 2015 : 203) à différentes époques.
Plus encore, le conte expose diverses pratiques corporelles qui invitent à questionner les grandes catégories anthropologiques. En effet, si l’on s’intéresse aux contes animaliers, souvent destinés aux plus jeunes à travers les protagonistes ayant une forme anthropomorphe, l’on constate que la frontière entre l’homme et l’animal, « héros de l’entre-deux » (Nières-Chevrel, 2010 : 157), expose des tensions plurielles : contrainte/liberté, ordre/désordre, etc. En outre, le motif récurrent du prince ou de la princesse transformés en animal participe-t-il sans doute à brouiller les frontières entre le corps humain et le corps animal, entre la nature et la culture. De la même manière, de nombreux contes mettent en scène la consommation de chair humaine (Hansel et Gretel, Baba Yaga, etc.) questionnant ainsi ce qui fait un corps propice à l’ingestion (les enfants doivent être bien nourris, lavés, etc.) et ce qui distingue l’Humain de personnages, souvent maléfiques, appartenant à un autre monde. Dans cette continuité, les corps difformes (bossus, par exemple) ou mutilés (La jeune fille sans mains) sont autant de supports permettant de penser l’altérité et les normes en vigueur.
Axe 2. La place du sport et des activités physiques dans les contes
Outre les approches précédentes, il s’agit aussi de questionner la place occupée par le sport et les activités physiques au sein même des récits contés. Pour ce faire, il serait assurément abusif d’utiliser le substantif « sport » à tout propos, alors que les activités physiques et sportives prennent leur forme moderne, dans les sociétés occidentales, seulement à partir de la fin du XVIIIe siècle. Jacques Ulmann rappelle justement que si les hommes s’adonnent depuis longtemps « à des exercices physiques », il « ne suffit pas de pratiquer des exercices physiques, fût-ce sous forme de compétition ludique, pour "faire du sport" » (Ulmann, 1977 : 322). À ce propos, il conviendra sans doute de distinguer les contes qui, par des énoncés oraux ou écrits, s’ancrent dans un contexte traditionnel de ceux qui, par exemple, prennent place dans un cadre contemporain, pouvant même relever de pratiques de « néo contage ». Si, dans les premiers, ce sont principalement les activités et les jeux « physiques » traditionnels qui peuvent être évoqués, il serait alors possible, dans les seconds, de mentionner davantage la place tenue par le « sport ». Dès lors, comment la narration dépeint-elle une performance physique ou un sport ? Quels types d’activités physiques et quelles formes de sports prennent place au sein des contes ? Peut-on identifier une opposition historique entre les activités corporelles et les pratiques sportives, à partir de leur traitement dans les récits ?
Qui plus est, l’univers merveilleux dépeint dans les contes offre l’opportunité de (re)découvrir des pratiques qui ne ressemblent pas toujours aux activités physiques ou aux sports dits modernes, nés en Angleterre aux XVIIIe siècle et prenant leur essor en France à la fin du XIXe siècle. Par exemple, si la temporalité est souvent condensée, modulée, qu’en est-il des expériences corporelles vécues par les personnages ? L’on pense ainsi aux bottes de sept lieues qui permettent non seulement d’abroger les distances et de « raccourcir » le temps mais aussi de gagner en fatigue, puisque le déplacement ne requiert plus que quelques pas au lieu d’une longue marche de plusieurs jours.
De plus, centrer notre regard sur la culture des contes ne permettrait-il pas d’envisager différemment l’influence culturelle de certaines pratiques physiques et de leurs imaginaires ? Si l’on se réfère à une activité qui s’est transformée, voire sportivisée au fil des siècles, telle la chasse dans le Chat Botté, il est ainsi possible de décentrer le regard et de penser autrement le sens accordé aux pratiques physiques (se nourrir, se divertir, etc.). De ce point de vue, certaines créations contemporaines peuvent apparaître comme des « contes de fée modernes » (Smadja, 2001) parce qu’elles en reprennent les codes. Ainsi, Harry Potter se situe-t-il entre le roman d’apprentissage (Milner, 2014) et le conte, et ce récit participe aussi à envisager le surgissement de nouvelles pratiques sportives, tel le quidditch, qui sont ensuite adaptées au monde « réel » (Tuaillon Demésy, 2017). Par conséquent, en allant au-delà des filiations envisageables et des références plus ou moins explicites de certaines œuvres de fantasy au conte merveilleux, il s’agira également d’identifier comment les contes réactualisés ou réinventés peuvent façonner, aujourd’hui, de nouvelles corporéités dès lors qu’ils quittent le cadre fictionnel.
Alors que le sport est aujourd’hui le plus souvent médiatisé, à travers la presse écrite, les réseaux sociaux ou la télévision, sous une forme compétitive et spectacularisée, offrant régulièrement un discours et une vision standardisée des pratiques physiques, nous émettons l’hypothèse que les contes peuvent offrir des récits s’éloignant des mises en scène des activités physiques les plus communément étudiées, permettant de saisir les pratiques corporelles dans leur diversité culturelle et symbolique. Il s’agira notamment de comprendre en quoi les contes peuvent proposer des usages du corps conformes aux canons sportifs et stéréotypes corporels largement diffusés dans la société et, à l’inverse, comment ils ont pu, au cours du temps, s’approprier les codes sportifs, les détourner, voire les transgresser. Le bal des douze princesses, par exemple, met en scène, d’une certaine manière, la performance physique de danser chaque nuit, au point d’en user ses souliers. La danse, ici, se laisse deviner comme une pratique interdite, effectuée de nuit et en secret et il semble plus que jamais opportun de comprendre comment un récit comme celui-ci résonne, dans différents contextes jusqu’à l’époque contemporaine.
Axe 3. Les contes dans les médias contemporains
Si le conte s’inscrit initialement dans la tradition orale, il est cependant parfois mis par écrit voire mis en images. Effectivement, aujourd'hui, les contes surgissent sous diverses formes, sur tous les écrans : dessins animés, films, jeux vidéo, bandes dessinées, etc. Certains de ces médias reprennent des contes traditionnels pour les adapter tandis que d’autres vont mobiliser un format inédit pour raconter de nouvelles histoires. Par exemple, le jeu vidéo A Plague Tale3 raconte les pérégrinations de deux enfants qui fuient une version fantastique de la Peste noire, dans un contexte médiéval. Il s’agit ainsi de questionner les transformations et les permanences du passage de l’oralité à la mise en récit visuelle et les formes de braconnage que cela suppose (Certeau de, 1990), de la part des récepteurs comme des émetteurs.
Bien sûr, cette représentation visuelle des contes n’est pas totalement nouvelle : il suffit de penser aux célèbres gravures de Gustave Doré illustrant les contes de Charles Perrault pour s’en convaincre. Les figurations successives d’un personnage au cours du temps et les mutations de ses apparences corporelles ne sont pas alors sans interroger la manière dont les mises en scène des héros des contes et de leur corps se révèlent être aussi le fruit de divers contextes qui les influencent. Les métamorphoses du génie de la lampe dans le conte Aladin, analysées par Margaret Sironval, sont particulièrement révélatrices d’un processus qui, depuis le XVIIIe siècle, a conduit à sa représentation disneyenne dans laquelle son corps « bleu, mobile, souple, sans aspérité » et « fait d’une matière déformable à l’infini, lui permet de sillonner les espaces des plus petits aux plus grands » (Sironval, 2007 : 184). Ainsi, des héros de contes emblématiques du monde de l’enfance ont depuis plusieurs siècles été mis en images (Renonciat, 1989) mais l’avènement d’une culture de masse (Rioux et Sirinelli, 2002) a quelque peu changé la donne et n’a fait que renforcer le passage de certains contes d’un support à un autre.
Des contes filmés par Albert Capellani au début du XXe siècle à la version de Tim Burton d’Alice au pays des merveilles, des nombreux succès de Walt Disney aux dernières versions complètement revisitées du Petit Chaperon rouge4, d’Hansel et Gretel5 ou de la Petite Sirène6, la liste est longue des adaptations audio-visuelles et cinématographiques qui, dans une perspective transmédiatique (Jenkins, 2006 ; Klastrup et Tosca, 2004), permettront d’étudier la manière dont les contes et leurs différentes relectures (à destination des enfants ou des adultes) mettent en scène les corps. Qu’il s’agisse de Kirikou et sa nudité dans le conte cinématographique de Michel Ocelot7 ou de la populaire satire Shrek de DreamWorks Animation8, alliant pêle-mêle arts martiaux lors du combat de Fiona contre les sbires de Robin des Bois ou encore catch lors du tournoi de Lord Farquaad, ces exemples restreints de relectures animées de contes révèlent des représentations originales des corps. Plus encore, si l’intérêt des analyses centrées sur la production des images est pertinente, il semble également judicieux de s’intéresser à la circulation de ces images et à leurs réceptions, loin d’être monolithique, comme pourrait le montrer l’exemple du corps des princesses Disney (Breda, 2018).
Ainsi, en quoi la relecture contemporaine des contes traditionnels trahit-elle une certaine vision du corps ? Comment les détournements participent-ils à construire, éventuellement, de nouvelles corporéités ? En quoi les mutations historiques du conte, de ses publics, trahissent-elles des regards différents sur le corps et les activités physiques ? En quoi les images qui les accompagnent éventuellement reproduisent-elles ou, au contraire, contrarient-elles les récits ?
Axe 4. L’expérience sensible du conte
La dernière thématique envisagée est celle du corps sensible, celui du conteur ou des récepteurs. Si la porosité entre oralité et écriture caractérise le conte (Velay-Vallantin, 2014), celui-ci peut aussi être interrogé à l’aune de la corporéité qu’il implique, au moment de son énoncé et de sa réception. En effet, la mise en scène du corps ne se limite pas à celle des personnages, elle l’est tout autant par le conteur qui « vit » son histoire. Il s’agit, dans cet axe, de penser les interactions entre histoire narrée et corporéité, l’usage fait de son corps pour permettre l’immersion dans l’histoire, les imaginaires en jeu dans la construction et la diction d’un conte, etc. Les actes corporels du conteur sont autant de performances qui invitent les spectateurs à ressentir des émotions et à « s’évader », pour un temps donné. Dans cette optique, si diverses « communautés » de conteurs existent (Heiniger-Casteret, 2013), leurs expressions corporelles, supports aux récits, peuvent-elles être documentées et différenciées ? De fait, l’imaginaire (entendu ici comme un ensemble de significations symboliques socialement performées), s’exprime aussi à travers les corps, ceux des conteurs comme ceux des spectateurs qui participent à l’expérience de la narration. Dans certaines créations contemporaines, le corps apparaît comme un support de médiation et le sport peut être tout autant l’objet principal de la narration que prétexte à l’expérimentation du récit9. Le conte devient ainsi un moyen pour parler du sport dans nos sociétés contemporaines.
Au-delà, les contes apparaissent comme un « laboratoire des sens » (Gaillard, 2018) permettant de mobiliser non seulement l’ouïe mais aussi de faire référence à des imaginaires sensoriels plus vastes. Dans cette perspective, il sera possible de chercher à mieux comprendre les enjeux des contes comme sources d’expérimentation sensorielle et corporelle qui, pour le lecteur ou l’auditeur, peuvent apparaître comme autant d’« outils de perception enrichie, ouvrant les sens […] à des sensations inouïes » (ibid. : §. 7).
Enfin, cette journée pourrait être l’occasion de penser autrement l’expérience corporelle des contes : comment d’autres formes d’expression sont-elles possibles ? Par exemple, qu’en est-il des contes qui deviennent des ballets (Casse-noisette, La Belle au bois dormant) ou qui, à l’instar des contes symphoniques, sont créés pour être dansés ou joués (Pierre et le Loup) ? Comment les chorégraphes ou les compositeurs deviennent-ils eux-mêmes des conteurs ? Comment un conte est-il performé ? À ce propos, l’incarnation de personnages de contes, au théâtre, au Carnaval, et même dans les parades des parcs à thèmes, traduit également des mises en scène de ces récits.
Nous aimerions ainsi, dans cet axe, mettre l’accent sur les interactions corporelles entre conteurs et auditeurs, ainsi que sur les émotions et sensations que la lecture ou l’écoute d’un conte peuvent provoquer, que celles-ci soient « vécues » ou imaginées.
Cette journée vise donc à appréhender le conte dans une perspective pluridisciplinaire et la pluralité des formes de contes pourront faire l’objet d’analyse : contes de fée, de tradition orale, philosophiques, etc. Cette thématique du corps et du sport dans les contes pourra ainsi être abordée aussi bien sous l’angle des études littéraires que des sciences humaines et sociales. En effet, pour les sociologues ou les historiens, travailler sur les contes peut renvoyer à l’étude des diffusions contemporaines ou historiques de ces récits. Mais il est également possible d’envisager, dans la continuité d’une « ethnologie du littéraire », de « considérer les textes littéraires comme des univers culturels spécifiques, des mondes verbaux polyphoniques, des bricolages symboliques plus ou moins singuliers. C’est ainsi que l’ethnocritique s’aventure à explorer les systèmes ethno-sémiotiques des grands textes littéraires » (Fournier et Privat, 2014). Dans cette perspective, l’enjeu sera de questionner les occurrences du corps, du sport et des activités physiques dans les contes, quel que soit le format retenu (oral, écrit, visuel, etc.) et de montrer comment celles-ci participent aussi, aujourd'hui, à la création et la réactualisation des contes.
Modalités de soumission
Les propositions attendues, comprenant le titre de la communication, un résumé (400 mots maximum), 5 mots-clés et quelques références bibliographiques, seront complétées par une courte présentation de l’auteur‧e ou des auteur‧e‧s (avec université, adresse électronique et numéro de téléphone).
Le résumé présentera impérativement une question de recherche, un cadre théorique et méthodologique ainsi que les principaux axes d’analyse envisagés.
Date de remise des propositions : 15 mai 2023
Adresses d’envoi des propositions : lucas.profillet@univ-fcomte.fr et audrey.tuaillon-demesy@univ-fcomte.fr
Comité scientifique
Besson Anne, Université d’Artois
Bouygues Élodie, Université de Franche-Comté
Chartier Anne-Marie, ENS de Lyon
Fournier Laurent Sébastien, Université Côte d’Azur
Gaillard Aurélia, Université Bordeaux Montaigne
Privat Jean-Marie, Université de Lorraine
Profillet Lucas, Université de Franche-Comté
Recours Robin, Université de Montpellier
Tuaillon Demésy Audrey, Université de Franche-Comté
Organisation
Lucas Profillet et Audrey Tuaillon Demésy, Maîtres de Conférences, Université de Franche-Comté, INSPÉ/UFR STAPS, Laboratoire C3S.
Références bibliographiques
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Breda Hélène, « De la réception engagée à l’engagement militant : l’exemple des "fanarts féministes" de princesses Disney », Genre en séries, vol. 7, en ligne : http://journals.openedition.org/ges/640
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Notes
1 Scieszka Jon, Smith Lane (ill.), Lergen Gilles (trad.), La vérité sur l'affaire des trois petits cochons, Paris, Nathan, 1991.
2 Ramos Mario, Le code de la route, Paris, l'École des loisirs, 2010.
3 A Plague Tale : Innocence, 2016, Asobo Studio ; A Plague Tale : Requiem, 2022, Asobo Studio.
4 Voir le film d’animation La Véritable Histoire du Petit Chaperon rouge de Cory Edwards, Todd Edwards et Tony Leech (2005) ou le film Le Chaperon rouge de Catherine Hardwicke (2011).
5 Par exemple, le film d’action sanguinolent, Hansel & Gretel : Witch Hunters, réalisé en 2013 par Tommy Wirkola.
6 Un film réalisé par Rob Marshall qui sortira en 2023.
7 Ocelot Michel (dir.), Kirikou et la Sorcière, 1998. Deux autres films, Kirikou et les bêtes sauvages et Kirikou et les hommes et les femmes sont sortis respectivement en 2005 et en 2012.
8 Ce premier volet, réalisé par Andrew Adamson et Vicky Jenson en 2001, a fait l’objet de plusieurs suites.
9 Voir par exemple le travail réalisé par deux conteurs sur la thématique sportive : https://www.mucem.org/programme/contes-sportifs-en-famille
Format de l'événement
Événement uniquement sur site
Contacts Audrey Tuaillon Demésy
courriel : audrey [dot] tuaillon-demesy [at] univ-fcomte [dot] fr
Lucas Profillet
courriel : lucas [dot] profillet [at] univ-fcomte [dot] fr