vendredi 1 novembre 2024

Soigner en terre étrangère au XIXe siècle

Hippocrate sans frontières. Soigner en terre étrangère au XIXe siècle

Claire Fredj, Jérôme van Wijland, Nathalie Sage Pranchère (dir.)


Presses universitaires François-Rabelais
Date de parution : 01/10/24
ISBN : 978-2-86906-949-7


Les médecins étrangers ou diplômés à l’étranger sont aujourd’hui au cœur d’intenses débats. Ils portent les espoirs d’un remède aux déserts médicaux tout en étant régulièrement soupçonnés d’une compétence moindre. Ces débats n’ont rien de nouveau, non plus que la circulation des soignants, attestée dès l’Antiquité, pour se former ou exercer. Dans cette histoire, le XIXe siècle marque un tournant : soigner « en terre étrangère » s’organise désormais dans des cadres nouveaux, ceux de l’industrialisation, de circulations intra et intercontinentales toujours plus intenses, de l’institutionnalisation des savoirs et surtout de l’importance accrue du phénomène national dans la constitution des identités individuelles et étatiques.

Ces hommes et ces femmes, plus rares, parcourent les terres étrangères, se confrontant aux savoirs et aux pratiques médicales sur de nouveaux terrains, à la suite des armées, des impérialismes ou lors de missions scientifiques. Le XIXe siècle voit la mise en place de réglementations sur les critères d’admission à l’exercice médical, tandis que se définissent les corps médicaux nationaux. Les médecins étrangers ou diplômés à l’étranger y jouent un rôle majeur, constituant ex nihilo un corps médical dans un pays neuf, renforçant les élites médicales, ou questionnant, par leur présence, les critères du « bon médecin ». D’hier à aujourd’hui, Hippocrate sans frontières interroge nos conceptions des territoires savants et des pratiques professionnelles.


Claire Fredj est maîtresse de conférences HDR en histoire contemporaine à l’université Paris Nanterre (IDHE.S).

Nathalie Sage Pranchère est historienne, chargée de recherche au CNRS (SPHere).

Jérôme van Wijland est conservateur en chef des bibliothèques, directeur de la Bibliothèque de l’Académie nationale de médecine.

Les enjeux de santé en temps de crises

Les enjeux de santé en temps de crises : savoirs et gouvernements, XIXe-XXIe siècle

Séminaire

 

École des hautes études en sciences sociales
Année 2024-2025


Organisation : 

Soraya Boudia, professeure à l’Université Paris Cité / CNRS
Anne Rasmussen, directrice d’études à l’EHESS

Dates : Lundi 14h30-16h30 - (1er et 3e lundi du mois, sauf exception)
Lieu : Campus Condorcet-Centre de colloques
Cours des humanités, 93300 Aubervilliers
Salle 3.09 

Dans les crises majeures auxquelles nos sociétés contemporaines sont confrontées, les enjeux de santé, à
quelque échelle qu’on les saisisse, du local au global, sont placés au centre de l’espace public : ainsi des
situations engendrées par les pandémies, depuis la fièvre jaune jusqu’au Covid-19, les effets du
dérèglement climatique ou des pollutions environnementales massives, ainsi des vulnérabilités sociales,
institutionnelles et infrastructurelles suscitées par les guerres et conflits. Dans la gestion de ces crises
d’envergure, les questions sanitaires sont passées au crible des représentations et des répertoires d’action des crises passées, autant que des préfigurations, modélisations et anticipations de leur devenir. Ces crises mettent en valeur l’acuité de l’enjeu des temporalités, que traduisent les processus dynamiques percutant la gestion de l’événement en situation d’incertitude, et l’impact des transformations qui affectent, dans la longue durée, la construction des problèmes de santé publique.
Ce séminaire questionne les enjeux du cadrage en termes sanitaires des situations de crise et les
transformations des conceptions et des pratiques de la santé à l’épreuve de ces crises. Depuis le XIXe siècle, celles-ci occupent l’espace savant de la production et circulation des savoirs, l’espace politique du gouvernement des corps et des populations, l’espace médiatique des controverses et l’espace public des mobilisations collectives. Dans la perspective de l’histoire et des sciences sociales, le séminaire prend pour objet les enjeux scientifiques, politiques et économiques, ainsi que les dynamiques sociales à l’oeuvre dans l’élaboration de savoirs, de dispositifs et de pratiques de gouvernement des crises, dont les mutations sont étudiées selon différents cadrages spatiaux et temporels durant deux siècles.
Les séances du séminaire sont consacrées à des études de cas empiriques, situées dans leur dimension
historiographique. Les moments critiques étudiés privilégient les crises pandémiques, les crises sanitaires environnementales et les situations de conflits et catastrophes, ainsi que leur intrication et leurs effets en cascade.


Programme des séances

21 octobre Introduction générale du séminaire

4 novembre Slow disasters. Renouveler l’étude des problèmes sanitaires environnementaux
Textes :
- Rob Nixon, « Introduction » in Id., Slow Violence and the Environmentalism of the Poor, Cambridge, MA, Harvard
University Press, 2001, p. 1-44.
- Thom Davies, « Toxic Space and Time: Slow Violence, Necropolitics, and Petrochemical Pollution », Annals of the American Association of Geographers, vol. 108, n° 6, 2018, p. 1537-1553.

18 novembre : PAS DE SÉMINAIRE

2 décembre Valentin Thomas (CNRS, Cermes3), Polluants éternels, problème éphémère ? Logiques de
publicisation des contaminations chroniques dans le sud lyonnais

16 décembre Sara Aguiton (CNRS, CAK), Résidus de pesticide en crise ? Savoirs, politique des seuils et mobilisations contre la pollution au chlordécone aux Antilles

6 janvier Léa Delmaire (AEE, Institut Pasteur/Université Paris-Cité), Mobilisation, démobilisation,
"retard" et "avant-garde" : temporalités de la lutte contre la tuberculose en Turquie (1945-
1975)

20 janvier Penser les crises microbiennes à grande échelle : de « l’unification microbienne du monde » à
« l’échelle planétaire »
Textes :
- Emmanuel Le Roy Ladurie, « Un concept : l’unification microbienne du monde (XVIe-XVIIe siècles) », Schweizerische Zeitschrift für Geschichte / Revue suisse d’histoire, vol. 23, n° 3, p. 627-696.
- Hannah Landecker, « La résistance aux antibiotiques et la biologie de l’Histoire », Revue d’anthropologie des connaissances, vol. 15, n° 3, 2021 (en ligne - https://doi.org/10.4000/rac.22123)
 

3 février Mathilde Gallay-Keller (EHESS, LAS / MNHN, Paloc), Qu'est-ce qu'une catastrophe pour un
microbiologiste ? Ce que peuvent les collections de micro-organismes face aux risques
sanitaires et environnementaux. Études de cas à l'Institut Pasteur et au Muséum national
d'histoire naturelle

17 février Guerre, contamination, environnement : lectures plurielles de crises intriquées

03 mars Kostis Gotsinas (National Hellenic Research Foundation), Un siècle de « fléaux toxiques » :
Les avatars de la consommation de drogues illicites en Grèce (début XXe-début XXIe siècle)

17 mars Nils Kessel (Université de Strasbourg, SAGE), Les dimensions spatiales et temporelles des
crises d’opiacés. Regards croisés entre les USA et l’Allemagne (1900-2020)

7 avril Jan Verlin (Université Lyon 3, Triangle), Gestion des catastrophes et humanitaire :
convergences et divergences entre deux mondes de professionnels des crises

5 mai Conclusions et perspectives. Vers un renouvellement des études des crises et des
catastrophes ?


Information : https://enseignements.ehess.fr/2024-2025/ue/27

Inscription : https://participations.ehess.fr/
 

Pour tout renseignement : anne.rasmussen@ehess.fr