lundi 25 mai 2020

Pandémies

Pandémies
Appel à contributions
Pop-en-stock
Directeur: Antonio Dominguez Leiva


Impossible, en ces temps de confinement hantés par le spectre du coronavirus, de ne pas s´interroger sur notre imaginaire contemporain de la pandémie qui, en nous rattrapant, est déjà en train de muter « en temps réel ». Or celui-ci, comme toujours, plonge ses racines dans la longue durée des représentations culturelles.

Inauguré par « l´autre chef-d´œuvre », méconnu, de Mary Shelley, The Last Man (1826), l´apocalypse pandémique va connaître une série de vagues elles-mêmes épidémiques, se propageant dans divers médias. L´émergence de la bactériologie à la fin du XIXe siècle alimenta une première cohorte de fictions pandémiques, alliant guerres (biologiques) futures, « bio-terrorisme » anarchiste, savants fous et bouleversements sociétaux inédits après la fin du monde. Ensuite, alimentée par une rhétorique de la viralité empreinte de Guerre Froide idéologique, la hantise de la guerre bactériologique nourrit un cycle flamboyant que l´on pourrait situer entre le « techno-thriller » paranoïaque d´Alistair MacLean The Satan Bug (1962) et l´horrifique (au double sens du terme) Warning Sign (1985), clairement épigonique. Vient ensuite la troisième vague où nous sommes, inaugurée par l´émergence, au tournant des années 1990, de ce que Priscilla Wald nomme le «récit épidémique » (outbreak narrative). Issu de l´épidémiologie, ce récit devient à son tour viral, « contaminant » les médias et la quantité de fictions populaires qui s´en approprient et le fantasmagorisent à souhait. D´Outbreak (Wolfgang Petersen, 1995) à Contagion (Steven Soderbergh, 2011), en passant par des œuvres telles que la trilogie dystopique de Margaret Atwood (2003-13) ou le jeu vidéo Plague Inc (2002) le récit épidémique triomphe, façonnant l´imaginaire du Village Global de plus en plus hanté par le retour réel des pandémies.

Comment ce récit éminemment « populaire » informe-t-il nos réactions à la crise du coronavirus? À l´inverse, en quoi cette dernière permet-elle de le réinterroger, ainsi que toute la tradition dont il découle? À côté des œuvres canoniques, quelles ont été les créations méconnues ou subversives (l´on peut penser à The Hamburg Syndrome de Peter Fleischmann, 1980) qui sont restées en dehors du récit épidémique, voire l´ont contesté?

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