samedi 2 mai 2020

Archéologie hospitalière médiévale et moderne

Archéologie hospitalière médiévale et moderne

Les 1eres Archéologiques du CAHMER



Limoges, 23 et 24 octobre 2020

AUDITORIUM ANNE ET GEORGES-EMMANUEL CLANCIER

Bibliothèque Francophone Multimédia, 2 place Aimé-Césaire
(symposium public, entrée libre dans la limite des places disponibles)


Le Centre d’Archéologie et d’Histoire Médiévales des Établissements Religieux ou CAHMER est une association scientifique à l’origine spécialisée dans l’archéologie des établissements religieux du type monastique au Moyen Âge dans le nord de la France. Le CAHMER a élargi son horizon heuristique à d’autres disciplines, l’histoire au premier chef, a prolongé ses perspectives médiévales jusqu’aux Temps modernes, a étendu son champ d’investigation aux sites castraux et a débordé le cadre géographique initial, pour une appréhension globale du rôle structurant de ces deux pôles monastique et castral dans un territoire et son peuplement.

Or, à partir du XIIe siècle principalement, un troisième acteur majeur, sinon politique et administratif comme lieu de pouvoir, du moins social et économique et fréquemment enjeu de pouvoir, intervient dans la transformation du paysage médiéval : c’est l’hôpital, qui accueille pauvres, malades et pèlerins. Si tant est que lui soit adjointe une église ou chapelle, avec cloche et desservant, voire un cimetière — ce qui exclut, en l’occurrence, les multiples petites fondations domestiques et précaires —, l’hôpital ou la léproserie est un établissement religieux à part entière, un locus religiosus au regard du droit canon, couramment constitué en prieuré et normalement placé sous la tutelle et protection éminente de l’évêque, nonobstant celle d’autorités concurrentes proprement ecclésiastiques (monastères et couvents, collégiales, ordres religieux, recteurs paroissiaux…) ou séculières (patrons laïques, communautés d’habitants, confréries…). La charité des fidèles et sa propre gestion le nantissent d’un patrimoine foncier, immobilier et marchand, si ce n’est pareillement de bénéfices ecclésiastiques, dont les revenus, ajoutés aux aumônes et au casuel, doivent garantir son bon fonctionnement et sa pérennité. Il est facilement confié à une fraternité de clercs et de convers, hommes et femmes, soumis à quelque observance religieuse et à une certaine discipline communautaire. L’hôpital, la léproserie moindrement peut-être, sont au cœur des réseaux sociaux, des circuits économiques et des dynamiques spatiales. À telle enseigne que leur implantation participe à la fixation et à la hiérarchisation du peuplement ainsi qu’à la redéfinition des itinéraires terrestres ou rend compte de celles-ci, de même que le niveau d’équipement hospitalier d’une agglomération représente un critère fiable de sa centralité et traduit le progrès de l’urbanisation. L’hôpital ancien revêt une dimension symbolique forte. Au Moyen Âge, il est l’expression remarquable de la miséricorde divine, en procédant de la charité qu’elle anime. Dans la mémoire des hommes, il est demeuré jusqu’à nos jours le théâtre exemplaire de la souffrance soulagée par la bienfaisance, l’institution phare de cette bienfaisance et de l’assistance. Dans ses Mémoires sur les hôpitaux de Paris, en 1788, le chirurgien Jacques Tenon a pu dire que « les hôpitaux sont en quelque sorte la mesure de la civilisation d’un peuple ».

L’hôpital, enfin, est entré dans l’art et la littérature et il nous a laissé un important patrimoine archivistique, architectural et artéfactuel, dont on serait prêt à considérer que l’exploitation historique et surtout archéologique, selon des problématiques et des méthodes renouvelées, reste encore médiocre et la préservation trop souvent aléatoire ou mal assurée. Dans son introduction du colloque de Créteil sur Archéologie et architecture hospitalières de l’Antiquité tardive à l’aube des Temps modernes, tenu en 1999, F.-O. Touati, a déploré la faiblesse de l’investigation archéologique dans le champ des études d’histoire hospitalière, que ce soit par le nombre d’opérations sur le territoire national ou par leur durée en semaines-fouilleur par site. On constatera, assurément, que les fouilles programmées d’hôpitaux et de léproseries sont rares. On jugera, sans doute, que la communication entre archéologues et historiens est insuffisante. On regrettera que les publications, expositions et confrontations scientifiques manquent qui soient à même d’envisager dans sa totalité le fait hospitalier médiéval et moderne au delà du diagnostic archéologique ou de la fouille d’urgence ordinairement imposés à des professionnels constamment sollicités sur les terrains les plus divers. Tout cela continuant de peser sur le dynamisme d’une recherche historique qui, pourtant, se veut plus éclairante, et concourant mal, par ailleurs, à la valorisation ou à la sauvegarde d’un patrimoine public ou privé vulnérable.

Les colloques consacrés aux hôpitaux et aux léproseries se sont enchaînés ces dernières décennies cependant, qui ont fait sa place à l’archéologie pour nous renseigner sur l’espace et le bâti hospitaliers, l’insertion dans l’environnement, la vie matérielle, les populations accueillies. Déjà, en 1998, la 2e table ronde internationale du Groupe de Göttingen, à Rouen, avait instauré avec succès le dialogue entre historiens et archéologues autour de la lèpre et des lépreux du Moyen Âge aux Temps modernes. Depuis le colloque de Créteil l’année d’après, celui de Tonnerre, en 2008, s’est intéressé aux Espaces, objets et populations dans les établissements hospitaliers du Moyen Âge au XIXe siècle. S’est déroulé, entre-temps, le colloque du CAHMER, à Amiens et Beauvais, en 2002, sur L’espace des hôpitaux et maladreries au Moyen Âge et leur environnement. Colloque suivi, en 2005, dans l’Eure, d’une journée d’étude sur l’histoire, l’archéologie et le patrimoine des lépreux et des léproseries au Moyen Âge dans le nord de la France. D’autre part, si l’on espère toujours de belles synthèses sur les fouilles programmées de la maladrerie normande de Saint-Thomas d’Aizier et de celle de Saint-Lazare de Beauvais, qui ont convoqué plusieurs disciplines historiques et scientifiques, les publications n’ont toutefois pas fait défaut, à commencer par les actes de colloques, journées et symposiums mais aussi sous la forme de quantité d’articles dispersés dans différents ouvrages collectifs et revues ou, exceptionnellement, rassemblés dans un dossier comme celui de la Revue française d’Histoire des Hôpitaux, en 2014, sur les léproseries organisées au Moyen Âge. Et parce que les fouilles de sites hospitaliers n’ont pas non plus cessé en France au cours de la récente décennie, le CAHMER a choisi, au titre des activités de son nouvel axe d’études hospitalières, d’inaugurer sur ce thème le cycle de ses « Archéologiques », qui alterneront périodiquement l’histoire et l’archéologie des établissements monastiques, castraux et hospitaliers. À l’occasion de cette toute première réunion exclusivement dédiée à l’archéologie hospitalière précontemporaine, les chercheurs auront le loisir d’exposer les résultats de leurs travaux et d’échanger sur leurs problématiques, méthodes, pratiques et objectifs dans ce domaine particulier de la connaissance historique.



PROGRAMME

1ère journée, vendredi 23 octobre.

9.30 – Installation.

9.40 – Accueil par Anne Massoni, professeur d’histoire médiévale à l’Université de Limoges (sous réserve).

9.50 – Ouverture par Philippe Racinet, professeur d’histoire et d’archéologie médiévales à l’Université de Picardie Jules-Verne, président du CAHMER.

10.10– Introduction par Bruno Tabuteau, docteur en histoire du Moyen Âge, responsable de l’axe d’études hospitalières du CAHMER, membre du conseil scientifique de la Société Française d’Histoire des Hôpitaux.

Poster et communication : léproseries.

10.30 – Poster. Les données du diagnostic archéologique de la chapelle Saint-Luc de la léproserie Saint-Lazare de Gisors (27).
Aminte Thomann, archéo-anthropologue à l’INRAP Grand-Ouest, membredu CRAHAM UMR CNRS 6273 Université de Caen Normandie.


10.45 – La léproserie du Goulley à Condé-sur-Vire (50) : approche historique et archéologique.
Johanne Lautridou et Sarah Le Beurier, archéologues diplômés de l’Université de Caen Normandie.


Communications : archéologie funéraire.

11.15 – Amiens et ses cimetières sous l’Ancien Régime : l’exemple du cimetière des pestiférés de l’Hôtel-Dieu Saint-Jean-Baptiste d’Amiens (XVIe-XVIIe siècle).

Richard Jonvel, archéologue médiéviste au Service d’Archéologie Préventive d’Amiens Métropole, membre du CAHMER, membre associé du CRAHAM UMR CNRS 6273 Université de Caen Normandie.

11.45 – Déjeuner.


13.30 – L’hôpital de la Trinité à Paris (XIIIe-XVIIIe siècle).

Isabelle Abadie, archéo-anthropologue à l’INRAP Centre-Ile-de-France, membre du CRAHAM UMR CNRS 6273 Université de Caen Normandie.

14.00 – L’apport des fouilles archéologiques pour la connaissance de l’Hôtel-Dieu de Lyon entre les XIIIe et XIXe siècles.

Stéphane Ardouin, archéologue médiéviste responsable d’opération au Service archéologique de la Ville de Lyon, chercheur associé au laboratoire ArAr (Archéologie et Archéométrie) UMR CNRS 5138.

14.30 – Un couvent, un hôpital et un cimetière. Quel(s) lien(s) entre le couvent des Cordeliers, l’hôpital actuel d’Orthez et le cimetière attenant ?

Christian Scuiller, archéo-anthropologue, chargé d’opérations et de recherches à l’INRAP Nouvelle-Aquitaine, Centre de Recherches Archéologiques de Bègles.

15.00 – Pause.

Communications : sites hospitaliers I.

15.30 – Le dépotoir de l’hôpital Sainte-Anne de Rennes. Témoignages mobiliers, animaliers et végétaux illustrant les dernières années de fonctionnement d’une structure hospitalière urbaine au début du XVIe siècle.

Dominique Pouille, ingénieur de recherches à l’INRAP Grand-Ouest, UMR CNRS 6566.

16.00 – Résultats du diagnostic archéologique réalisé sur le site de l’ancienne Maison-Dieu à Montmorillon (86) en 2016.
Philippe Calmettes, responsable de recherches archéologiques à l’INRAP Nouvelle-Aquitaine, Centre de Recherches Archéologiques de Bègles.

16.30 – Les grands travaux du XVIIe siècle à l’hôpital Notre-Dame de Seclin (Nord) : lectures historique, archéologique et architecturale.
Guillaume Lassaunière, directeur du Centre Archéologique de Seclin, chercheur associé à l’IRHiS UMR CNRS 8529 Université de Lille.
Jérôme Tellier, archéologue du bâti médiéval et moderne au Centre Archéologique de Seclin.


17.00 – Fin de la première journée.

19.30 – Dîner.


2e journée, samedi 24 octobre (matinée).

9.00 – Installation.

Communications : sites hospitaliers II.

9.15 – Les premiers hôtels-Dieu de Rouen. Nouvelles données historiques et archéologiques.
Bénédicte Guillot, responsable de recherche archéologique à l’INRAP Grand-Ouest, membre du CRAHAM UMR CNRS 6273 Université de Caen Normandie.
Lise Levieux, docteure en histoire et archéologie médiévales, membre associée du Groupe de Recherche d’Histoire (GRHis) de l’Université de Rouen Normandie.

9.45 – L’Hôtel-Dieu de Marseille, étude d’un ensemble hospitalier en constante évolution.
Françoise Paone, ingénieure de recherches à l’INRAP Midi-Méditerranée, Centre de Recherches Archéologiques d’Éguilles.


10.15 – Le réseau hospitalier dijonnais aux périodes médiévales et modernes : approches archéologiques et historiques d’après les fouilles archéologiques sur le site de l’Hôpital Général de Dijon.
Patrick Chopelain, archéologue à l’INRAP Bourgogne-Franche-Comté, chercheur au laboratoire ArTeHis UMR CNRS 6298 Université de Bourgogne.


10.45 – Pause.

11.00 – Table ronde animée par Richard Jonvel et Bruno Tabuteau.

12.30 – Clôture et synthèse par Marie-Claude Dinet-Lecomte, maîtresse de conférences HDR honoraire d’histoire moderne de l’Université de Picardie Jules-Verne, membre du conseil scientifique de la Société Française d’Histoire des Hôpitaux.


13.00 – Fin des journées.



Contacts : bruno.tabuteau@cahmer.fr

r.jonvel@amiens-metropole.com

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