Soigner le cancer au XVIIIe siècle. Triomphe et déclin de la thérapie par la ciguë dans le Journal de Médecine
Daniel Droixhe
Hermann
coll. «Histoire des Sciences»
à paraître le 25 août 2015.
ISBN : 9782705690991
En 1760, Diderot s’inquiétait de la santé de Sophie Volland : « Vous
vous portez donc bien ? Point de mal au sein ? » Il redemandait peu
après : « Il y a longtemps que vous ne m’avez rien dit du bobo.
Avez-vous entendu parler des pilules de ciguë ? On leur attribue des
prodiges dans toutes les maladies d’obstruction : loupes, glandes
engorgées, tumeurs cancéreuses, etc. » Le Viennois Anton Störck venait
en effet de publier en latin une Dissertation sur l’usage de la
ciguë, remède très-utile dans plusieurs maladies dont la guérison a paru
jusqu’à présent impossible.
De France, parvinrent au Jounal de médecine des dizaines
d’observations relatant des essais par le nouveau traitement. On les
inscrit dans les conceptions générales de la maladie, en relation avec
les débats sur l’opportunité de l’extirpation et sur les causes
possibles de la maladie : contusion, contanimation, hérédité, facteurs
psychologiques. Les « pilules de ciguë » donneront l’image d’un
médicament miracle et peu coûteux approprié au marché moderne du
collectif, dont l’histoire participe à la « genèse de la clinique »
décrite par Michel Foucault.
Par la lutte désespérée ou obstinée que mènent patients et praticiens contre la maladie, la chronique d’une illusion et de son déclin n’en offre pas moins un singulier livre de vie..
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