Les sources perdues : une fatalité pour l’historien ?
Appel à communication
Journée d’études, Université de Tours, 4 juin 2020
« Manque au récolement ».
Quel chercheur en archives n’a pas été confronté { cette mention administrative, synonyme d’une privation de source et toujours, naturellement, celle qu’il aurait souhaité particulièrement consulter. Au-delà du cadre archivistique : quel chercheur en histoire ne s’est jamais trouvé face { une absence de données, un vide, une destruction irrémédiable, une source perdue ?
Toutes les sources sont concernées, qu’elles soient textuelles, épigraphiques, iconographiques (enluminures, peintures, sculptures ; monuments ; photographies) ; musicales (partitions, instruments perdus, parfois retrouvés) ; archéologiques (d’un simple habitat jusqu’{ des sites entiers). Alors même que le chercheur en histoire se donne pour mission de mettre au jour les sources, de les lire, de les décrypter et de les analyser, afin de contribuer à une connaissance plus fine et renouvelée du passé, se retrouver privé de matière à réflexion constitue un indéniable obstacle.
Est-il néanmoins impossible à franchir ? Le chercheur est-il réellement, ou seulement momentanément bloqué par cet aléa ? Comment traite-il ce cas ? Peut-il contourner la difficulté et auquel cas, comment ? Les nouvelles technologies sont-elles un atout toujours plus essentiel en la matière ? Les sources perdues sont-elles une fatalité pour l’historien ?
C’est à ces réflexions qu’est consacrée la sixième journée d’études de l’AJCH, suivant les axes que voici :
Axe 1 : Appréhender les sources perdues
- Comment aborde-t-on le cas de sources perdues ?
- Quelles sont ces sources perdues ? Certaines sont-elles davantage menacées que d’autres (sources du quotidien, par exemple) ?
- Ces pertes sont-elles des obstacles momentanés ou définitifs à la bonne compréhension d’un fait, d’un phénomène ?
- Certaines ont-elles des conséquences inattendues pour l’historien, qui aura { en tenir compte ?
- Comment agir lors de pertes en cours (progressives, mais encore non définitives, par exemple) ? L’historien peut-il lutter contre la montre pour compenser le manque à venir ?
- Est-il possible de quantifier les pertes ? D’estimer la différence entre la production initiale (d’une administration par exemple) et ce qu’il en reste aujourd’hui ?
- Faut-il faire une histoire des sources perdues et comment l’écrire ? 2
Axe 2 : Travailler sans les sources perdues
- Comment contourner la difficulté que constituent ces manques en cours de recherches ?
- Certaines sources, perdues à l’état original, subsistent parfois sous divers formats (copies intégrales ou partielles, mentions, contemporaines ou ultérieures, de première ou de seconde main ; reproductions iconographiques de tout type) : jusqu’à quel point l’historien peut-il les utiliser pour contourner la perte originelle ?
- De manière générale, peut-on atteindre son objectif par un autre biais et finalement se passer de la source primitive ?
- En cas de perte réellement totale et, jusqu’à nouvel ordre, définitive, comment doit-il éventuellement adapter son travail, ses méthodes, afin de « faire sans » ?
- Le recours à la pluri ou l’interdisciplinarité permet-il de « compenser » les sources perdues ? Jusqu’à quel point ? Quelles en sont les limites ?
Axe 3 : Reconstituer ou retrouver les sources perdues
- Comment reconstituer une source perdue ? Sur quelles bases ? Quel temps peuvent prendre tâtonnements et ajouts progressifs ?
- Reconstituer une source perdue : est-ce toujours une solution ? Que dire d’éventuelles reconstitutions inexactes, qui ont pu induire en erreur le chercheur ?
- Lutter contre un vide laissé par un manque de sources a-t-il parfois contribué à créer une méthode de recherches ? De nouvelles technologies ?
- Ces technologies sont-elles de plus en plus indispensables pour reconstituer ou retrouver une source perdue ? Quelles limites conservent-elles, en dépit des progrès récents ?
- Jusqu’{ quel point reconstituer ou retrouver les sources perdues peuvent-elles constituer le seul quotidien d’un chercheur, qui vouerait son travail à une enquête constante ?
- Retrouver une source anciennement perdue, n’est-ce pas le meilleur moyen de résoudre le problème ?
- Retrouver une source anciennement perdue permet-il réellement de résoudre des cold cases ? Est-il des cas où, au contraire, l’incertitude ou l’ignorance demeurent malgré tout ?
Cette journée d’étude, organisée par l’Association des Jeunes Chercheurs en Histoire (AJCH), est dédiée aux jeunes chercheurs et chercheuses – doctorant·e·s et docteur·e·s – en histoire, histoire du droit, histoire de l’art et archéologie et étude des civilisations, travaillant sur toutes les périodes. Elle devrait faire l’objet d’une publication.
Les propositions de contributions, d’environ 3 000 signes, accompagnées d’un CV d’une page maximum, sont { envoyer { l’adresse ajchsources2020@gmail.com, avant le 16 mars 2020.
Le résultat des sélections des propositions de contribution sera connu à la fin du mois de mars.
Organisation :
- Emmanuelle Athimon (CRHIA et LETG - Université de Nantes / LHSV - ENPC),
- Sabria Benzarti (Université d’Artois - CREHS),
- Fanny Giraudier (LARHRA),
- Marjolaine Lémeillat (CeTHIS – Université de Tours / CRHEC – Université Paris Est-Créteil).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire