Appel à candidatures
Ecole doctorale ERASME (université Paris 13), laboratoire Pléiade
Thème proposé : Les témoignages d’inceste (XXe-XXIe siècle)
Champ disciplinaire : Histoire
Pré-requis : Master recherche en histoire ou diplôme équivalent validé dans une université ou un établissement d’enseignement supérieur hors université de Paris 13.
Des candidatures issues de masters en sciences humaines et lettres peuvent être recevables si les candidat.e.s ont effectué un cursus en histoire niveau licence.
Direction de recherche : Anne-Emmanuelle Demartini, professeure d’histoire contemporaine (Pléiade, Paris 13) ; Philippe Artières, directeur de recherches (CNRS- en cours de rattachement à l’IRIS)
Comité de suivi : Anne-Claude Ambroise-Rendu (université de Versailles-St-Quentin-en-Yvelines), Julie Doyon (Paris13/université de Fribourg), Aurélie Philippe (Paris 13/Paris 1)
Présentation du thème :
En 1986, Eva Thomas publiait Le viol du silence, un témoignage sur le viol que lui a fait subir son père, avant d’être invitée peu de temps après sur un plateau de télévision. Le livre a fait date et marque l’entrée de l’inceste dans l’espace public, à travers le nouveau personnage de la victime d’inceste, forte de son témoignage, dont l’apparition s’inscrit plus généralement dans la double montée de la figure de la victime sur la scène judiciaire et sociale et de la pratique du témoignage. Depuis cette date, en quelque façon inaugurale, se sont multipliés les témoignages de victimes d’inceste : livres publiés avec le concours d’une maison d’édition (entretiens, autobiographies, pamphlets, autofictions, etc.) et signés par des auteurs à la notoriété et au statut divers (de l’artiste Niki de Saint Phalle à Laurent Boyet) ; textes publiés dans la presse-magazine ; témoignages, parfois anonymes, déposés sur les sites des associations d’entraide aux victimes de l’inceste, qui encouragent les prises de parole individuelle et leur publicité à des fins thérapeutiques, cathartiques, cognitives et sociales. Cette masse de textes, encore inexploitée, offre une voie d’accès inédite aux violences incestueuses telles qu’elles sont vécues par les victimes. Elle permet surtout de saisir quelques unes des modalités de leur révélation et d’éclairer les effets personnels, familiaux, institutionnels, sociaux, médiatiques de celle-ci : alors que l’inceste a été surtout approché sous l’angle du tabou et du silence, qui pèse tant sur les familles que sur la société et même sur les recherches en sciences humaines et sociales, il s’agit d’inverser la perspective et de centrer l’attention sur le moment crucial du dévoilement des violences incestueuses.
Le thème nécessite de délimiter un corpus textuel convaincant et invite à considérer ces témoignages non seulement comme des sources sur les violences incestueuses mais également comme un objet d’étude à part entière. Faire l’histoire de cette prise d’écriture, en éclairant sa chronologie, en étudiant ses acteurs et ses caractéristiques, en reconstituant les conditions de production des témoignages et l’horizon de leur réception, est l’objectif de ce contrat doctoral. Il s’inscrit dans une perspective d’histoire culturelle. La recherche pourra porter sur la France, mais pas nécessairement, et/ou intégrer une dimension comparatiste.
Inscription du thème dans le projet ANR DERVI et dans une logique inter-laboratoire et interdisciplinaire
Le contrat fléché s’adosse au projet DERVI (Dire, Entendre, Restituer les Violences Incestueuses), financé par l’ANR. Ce projet, qui a démarré en janvier 2019, fait travailler ensemble historiens et anthropologues autour de la révélation de l’inceste en contexte familial, judiciaire, administratif, médiatique, littéraire. Il repose sur la collaboration du CEMS UMR 8178-EHESS (porteur principal, coordinatrice : Léonore Le Caisne) et de Pléiade (partenaire, responsable scientifique : Anne-Emmanuelle Demartini). Le ou la doctorant.e intègrera l’équipe de DERVI et participera à ses travaux.
Le contrat est proposé par le laboratoire pluridisciplinaire Pléiade EA 7338, qui a été l’un des foyers historiques en France des écritures autobiographiques et des écritures de soi. Il est rattaché à l’axe 3 (Politique, individu, société) du laboratoire. Il implique également, au sein de l’école doctorale Erasme, une collaboration avec le laboratoire IRIS dont les directions de recherche (domination et résistance, intime, santé) rencontrent le thème du contrat. Philippe Artières, spécialiste des écritures ordinaires et co-directeur de la thèse, est en cours de rattachement à l’IRIS.
Par son thème et le corpus envisagé, le contrat doctoral exige une démarche interdisciplinaire, impliquant de construire une réflexion au carrefour de l’histoire et de la littérature.
Procédure de candidature
Le dossier de candidature (voir le détail de la procédure sur le site de l’École doctorale Érasme : http://www.univ-paris13.fr/ecole-doctorale-erasme/) est à adresser à Anne-Emmanuelle Demartini (demartini@univ-paris13.fr) pour le 23 mai 2019, 20 h, délai de rigueur. La pièce centrale de ce dossier est le projet de thèse qui ne devra pas excéder 10 000 signes (esquisse d’un corpus de sources et pistes bibliographiques comprises). Il devra être accompagné d’un CV détaillé.
Les candidat.e.s inscrit.e.s actuellement en master 2 devront soutenir avant le 20 juin 2019. Les résultats du M2 (notes et moyenne) devront être communiqués à l’école doctorale Erasme avant le 26 juin 2019 à 12h.
La sélection des candidat-e-s se fera d’abord sur dossier (résultats entre le 27 et le 29 mai 2018) puis par audition devant le conseil de l’école doctorale Erasme, le 28 juin 2019.
Contacts
Philippe Artières : ph.artieres@wanadoo.fr
Anne-Emmanuelle Demartini : demartini@univ-paris13.fr
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