L'Oeil du XIXe siècle
Appel à communications
Appel à communications
VIIIe Congrès international de la Société des Études romantiques et dix-neuviémistes,
Paris, Fondation Singer-Polignac, 26-29 mars 2018
L’œil désigne un organe, mais aussi, par métonymie, une action (le regard) et une production (la vision). C’est donc, au sens plus large, sur la manière propre qu’a eue le XIXe siècle d’investir le champ du visuel, d’en remodeler l’action et les formes à sa mesure, que portera le VIIIe Congrès de la SERD. Il s’agira d’inviter les participants à définir les caractériques d’un autre period eye que celui dont traitait Michael Baxandall lorsqu’il se demandait quelles étaient les « dispositions visuelles vernaculaires qui relient les tableaux [du XVe siècle italien] à la vie sociale, religieuse et commerciale » (Painting and Experience in Fifteenth-Century Italy: A Primer in the Social History of Pictorial Style ; traduction française : L’Œil du Quattrocento, 1985).
Siècle de progrès techniques en matière d’optique, d’instruments de vision, de physiologie de la vue et de médecine ophtalmologique, le XIXe siècle est aussi, de manière plus générale, le « siècle du regard » (Ph. Hamon), le « siècle de l’observateur » (J. Crary), le siècle du « panoptique » (M. Foucault). Le privilège du visuel s’y manifeste, de manière elle-même spectaculaire, par des inventions et pratiques culturelles en série ayant trait à la vision. C’est le siècle des –scopes : kaléidoscope (Brewster, 1817), phénakistiscope (Plateau, 1832), stéréoscope (Wheatstone, 1838), ophtalmoscope (Helmholtz, 1851), télestéréoscope, bioscope ou stério-fantascope, pseudoscope, etc. C’est le siècle des –ramas (panorama, diorama, cosmorama, néorama, etc.). C’est aussi le siècle des perfectionnements des instruments d’optique, du microscope et du télescope, des lorgnettes et des longues vues. Soit donc le siècle de la médiatisation du regard au travers d’instruments de plus en plus perfectionnés, qui, censés en accroître la portée ou l’acuité, en transforment de fond en comble les conditions. Ce qui se produit selon des moments de rupture, tant épistémologiques qu’optiques, qui scandent l’histoire des modèles visuels, qu’on situe tantôt dès le début du siècle (J. Crary), tantôt en son mitan, avec l'invention de la photographie (1839) et la révolution picturale des années 1860, tandis que d’autres analystes insistent sur les révolutions qu’apportent en la matière la fin du siècle et le siècle suivant (Martin Jay, Downcast Eye. The Denigration of Vision in XXth-Century French Thought, 1993).
Ces nouvelles focales influent sur la perception mais aussi sur les modalités d’ensemble de la vie sociale. C’est ce que le suggère le vicomte de Launay lorsqu’il écrit : « La réalité parisienne est toute dans l'aspect. Nous avons des yeux de Diorama, de Panorama, de Néorama ; les effets d'optique suffisent à la légèreté de nos regards » (1837). C’est aussi le siècle où, dans les arts plastiques, la question du point de vue s’impose avec acuité, d’autant que l’invention de la photographie vient confirmer le primat du visuel et invite à un nouveau dialogue entre les arts de la vue, littérature comprise. C’est le siècle où, à propos de Courbet, Ingres s’exclame : « C’est un œil », l’accusant ainsi de n’être pas un artiste complet, mais seulement un peintre virtuose. En revanche, c’est aussi le siècle où Flaubert remarque que « pour qu’une chose devienne intéressante, il suffit de la regarder longtemps », et se donne pour mot d’ordre : « Fais-toi prunelle ! » (1845), valorisant ainsi une telle réduction au visible. C’est le siècle où en littérature, sous l’influence des arts visuels, les descriptions montent en puissance. C’est ce que remarquent les frères Goncourt : si elles manquent chez Saint-Simon, c’est que « les yeux n’étaient pas nés » (1862). Dans les arts de la scène la part du spectaculaire s’accroît. Mais on assiste alors aussi à une véritable « spectacularisation » de la vie sociale, à tous les niveaux : affiches, magasins, musées, expositions, passages, « fantasmagorisation de la marchandise » (Marx). Et Balzac d’énumérer tout le premier l’ensemble des prodigalités visuelles que « ‘lampe » l’« œil du Parisien » : feux d'artifice, palais en verres multicolores, féeries des théâtres, panoramas renaissants, continuelles expositions, caricatures, vignettes, lithographies, sans oublier le gaz qui illumine les boulevards et les « points de vue » que ménage la municipalité.
Les rubriques ci-dessous tentent d’ordonner les principaux domaines entre lesquels se distribue la problématique d’ensemble. Autant de champs complémentaires entre eux, autant d’espaces problématiques par rapport auxquels les propositions de communication gagneront à se situer.
Un intérêt particulier sera accordé aux propositions qui éviteront les monographies en déployant une perspective transversale ou qui manifesteront une approche interdisciplinaire (histoire, littérature, philosophie, histoire de l’art, histoire des sciences, histoire des techniques, etc.).
Paris, Fondation Singer-Polignac, 26-29 mars 2018
L’œil désigne un organe, mais aussi, par métonymie, une action (le regard) et une production (la vision). C’est donc, au sens plus large, sur la manière propre qu’a eue le XIXe siècle d’investir le champ du visuel, d’en remodeler l’action et les formes à sa mesure, que portera le VIIIe Congrès de la SERD. Il s’agira d’inviter les participants à définir les caractériques d’un autre period eye que celui dont traitait Michael Baxandall lorsqu’il se demandait quelles étaient les « dispositions visuelles vernaculaires qui relient les tableaux [du XVe siècle italien] à la vie sociale, religieuse et commerciale » (Painting and Experience in Fifteenth-Century Italy: A Primer in the Social History of Pictorial Style ; traduction française : L’Œil du Quattrocento, 1985).
Siècle de progrès techniques en matière d’optique, d’instruments de vision, de physiologie de la vue et de médecine ophtalmologique, le XIXe siècle est aussi, de manière plus générale, le « siècle du regard » (Ph. Hamon), le « siècle de l’observateur » (J. Crary), le siècle du « panoptique » (M. Foucault). Le privilège du visuel s’y manifeste, de manière elle-même spectaculaire, par des inventions et pratiques culturelles en série ayant trait à la vision. C’est le siècle des –scopes : kaléidoscope (Brewster, 1817), phénakistiscope (Plateau, 1832), stéréoscope (Wheatstone, 1838), ophtalmoscope (Helmholtz, 1851), télestéréoscope, bioscope ou stério-fantascope, pseudoscope, etc. C’est le siècle des –ramas (panorama, diorama, cosmorama, néorama, etc.). C’est aussi le siècle des perfectionnements des instruments d’optique, du microscope et du télescope, des lorgnettes et des longues vues. Soit donc le siècle de la médiatisation du regard au travers d’instruments de plus en plus perfectionnés, qui, censés en accroître la portée ou l’acuité, en transforment de fond en comble les conditions. Ce qui se produit selon des moments de rupture, tant épistémologiques qu’optiques, qui scandent l’histoire des modèles visuels, qu’on situe tantôt dès le début du siècle (J. Crary), tantôt en son mitan, avec l'invention de la photographie (1839) et la révolution picturale des années 1860, tandis que d’autres analystes insistent sur les révolutions qu’apportent en la matière la fin du siècle et le siècle suivant (Martin Jay, Downcast Eye. The Denigration of Vision in XXth-Century French Thought, 1993).
Ces nouvelles focales influent sur la perception mais aussi sur les modalités d’ensemble de la vie sociale. C’est ce que le suggère le vicomte de Launay lorsqu’il écrit : « La réalité parisienne est toute dans l'aspect. Nous avons des yeux de Diorama, de Panorama, de Néorama ; les effets d'optique suffisent à la légèreté de nos regards » (1837). C’est aussi le siècle où, dans les arts plastiques, la question du point de vue s’impose avec acuité, d’autant que l’invention de la photographie vient confirmer le primat du visuel et invite à un nouveau dialogue entre les arts de la vue, littérature comprise. C’est le siècle où, à propos de Courbet, Ingres s’exclame : « C’est un œil », l’accusant ainsi de n’être pas un artiste complet, mais seulement un peintre virtuose. En revanche, c’est aussi le siècle où Flaubert remarque que « pour qu’une chose devienne intéressante, il suffit de la regarder longtemps », et se donne pour mot d’ordre : « Fais-toi prunelle ! » (1845), valorisant ainsi une telle réduction au visible. C’est le siècle où en littérature, sous l’influence des arts visuels, les descriptions montent en puissance. C’est ce que remarquent les frères Goncourt : si elles manquent chez Saint-Simon, c’est que « les yeux n’étaient pas nés » (1862). Dans les arts de la scène la part du spectaculaire s’accroît. Mais on assiste alors aussi à une véritable « spectacularisation » de la vie sociale, à tous les niveaux : affiches, magasins, musées, expositions, passages, « fantasmagorisation de la marchandise » (Marx). Et Balzac d’énumérer tout le premier l’ensemble des prodigalités visuelles que « ‘lampe » l’« œil du Parisien » : feux d'artifice, palais en verres multicolores, féeries des théâtres, panoramas renaissants, continuelles expositions, caricatures, vignettes, lithographies, sans oublier le gaz qui illumine les boulevards et les « points de vue » que ménage la municipalité.
Les rubriques ci-dessous tentent d’ordonner les principaux domaines entre lesquels se distribue la problématique d’ensemble. Autant de champs complémentaires entre eux, autant d’espaces problématiques par rapport auxquels les propositions de communication gagneront à se situer.
Un intérêt particulier sera accordé aux propositions qui éviteront les monographies en déployant une perspective transversale ou qui manifesteront une approche interdisciplinaire (histoire, littérature, philosophie, histoire de l’art, histoire des sciences, histoire des techniques, etc.).
Les propositions de communications (d’environ 2 000 signes), accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique, sont à adresser à Erika Wicky (erika.wicky@gmail.com) avant le 5 septembre 2017.
I. L’œil physique : optique et physiologie
Que savait-on, au XIXe siècle, de l’organe de la vue, des mécanismes de la vision, de ses processus physiologiques, des soins à lui apporter ?
L’œil comme organe (physiologie et optique)
Rétine, prunelle, pupille, paupières, globe oculaire, nerf optique, orbite, etc.
Opticiens, ophtalmologues et théoriciens de la vision.
La médecine de l’œil, le fond de l’œil.
L’œil comme instrument de la vision
L’œil en situation, les conditions concrètes du regard : éclairages, points de vue...
L’œil, la lumière, les couleurs.
Les échelles de la vision. Les instruments pour voir petit, grand, loin, proche
L’œil appareillé
Comment au cours du siècle a-t-on cherché à dépasser les limites de la vision à l’œil nu, à en élargir les capacités, en modifier les paramètres ?
Instruments et appareils de vision, leurs changements, leurs progrès, leurs représensations : lunettes, lorgnons, prothèses, miroirs, prismes, dispositifs spéculaires...
L’œil artificiel.
II. Phénoménologie du regard
La vision comme expérience. Phénoménologie de la perception (Merleau-Ponty).
Qui regarde ? Le personnel du regard, le regard fait homme
Observateurs, spectateurs, voyants et visionnaires, « spécialistes » (Balzac), etc.
Professionnels du regard institutionnel : le savant, l’espion, le policier, le voyeur (au sens ancien du mot).
Regards savants, regards pédagogiques.
Regards mobiles : l’œil du voyageur, l’œil du touriste, l’œil du flâneur.
Regards esthétiques : l’œil du peintre, l’œil du poète, l’œil du photographe.
La place du spectateur : son point de vue, ses centres d’intérêt, ses émotions.
Comment on regarde ? Types de regard
Regard, observation, contemplation, coup d’œil, clin d’œil, œillade, lorgnade, etc.
Qu’est-ce que l’on regarde ?
Objets, phénomènes, spectacles électifs sur lesquels le regard se porte. Et, à l’inverse, choses cachées et pourquoi ?
De multiples spectacles ont été pour quelques-uns inventés, et pour de nombreux autres considérablement développés au cours du siècle ; qu’ils aient occupé l’espace public ou soient restés strictement privés, que nous disent-ils des sollicitations de l’œil au XIXe siècle ?
D’où l’on regarde ?
Paris vu de la tour Saint-Jacques (Vigny, « Élevation »), des tours de Notre-Dame (Hugo, « Paris à vol d’oiseau »), du Père-Lachaise (Rastignac) ou de la Tour Eiffel.
Paris vu de l’omnibus, vu du train de ceinture (Goncourt).
Le regard en architecture et en urbanisme : tours, belvédères, miradors, fenêtres, percements, jours de souffrance, perspectives, balcons et théories de la fenêtre et de la « belle vue ».
Premiers regards aériens. Vu de la mongolfière ou de l’aéroscaphe.
Investissements métaphoriques des modes de vision : voir de haut (logiques du survol), voir au travers (passer derrière les apparences), scruter le réel à la loupe, regarder le monde de Sirius, etc.
Scènes de regard
« Leurs yeux se rencontrèrent » (cf. Rousset) — le jeu des regards, des éblouissements, des fascinations, des aveuglements, dans le roman, en peinture et en photographie.
III. Axiologies du regard
L’œil pensé, regardé, décrypté, comparé, évalué.
Axiologies philosophiques
« L'œil appartient à l'âme plus qu'aucun autre organe » (Buffon).
Le privilège de « l’œil intellectuel », ses mises en cause au profit des autres sens.
L’œil et la conscience (Hugo, « La Conscience »).
L’œil décrypté, la physiognomonie
Quand l’âme et le cœur se peignent dans les yeux.
Le langage, l’éloquence des yeux. Ce que les yeux disent, ce que les yeux trahissent.
L’œil comparé : la vue et le sensorium
Vertus des différents sens : quelle place était-elle donnée à l’oeil au sein du sensorium, quelles relations (séparation, fusion, correspondances, rivalité) avec les autres sens était-il susceptible d’entretenir?
Vertus esthétiques comparées des différents sens et des métaphores sensorielles (avoir l’œil, avoir du goût, avoir du flair) : paragones modernes.
Synesthésies : quand l’œil écoute, quand l’œil parle, quand l’oreille voit.
Valorisations ou dévalorisations de la vue ; « excellence de l’œil » ou « denigration of vision »
Le « plaisir des yeux »
Plaisirs scopiques : l’érotisation du regard, exhibitionnisme et voyeurisme, « éréthisme visuel ».
Les yeux et le langage amoureux.
Le regard et ses normes
Ses limites et ses interdits.
L’objectivité du regard (ou de la vue), le témoin oculaire.
Morales du regard : la pudeur, la censure des images, etc. Interdits liés à la morale sexuelle : « c'est par les yeux que l'on commence à avaler le poison de l'amour sensuel » (Bossuet).
Le regard selon les manuels (de savoir-vivre, des confesseurs...).
Le regard selon les différents « genres » : l’« œil d’une femme ».
Le « mauvais œil »
L’œil maléfique. Superstitions liées au regard (jettatura, mauvais œil, « œil du diable », etc.).
IV. Politiques du regard
Voir, pouvoir, savoir.
Voir/Pouvoir
L’œil du Seigneur, l’œil du souverain, l’œil du maître, l’œil du chef.
« La visibilité, condition requise dans le souverain ».
Formes et action de la surveillance (politique, religieuse, économique, scoclaire, etc.), panoptique (Bentham), anthropométrie...
« Notre société n'est pas celle du spectacle, mais de la surveillance. Nous ne sommes ni sur les gradins ni sur la scène, mais dans la machine panoptique » (M. Foucault).
Surveiller et punir : la prison, l’école, l’armée.
Regards institutionnels : « l’œil de l’Église », l’œil de la police, l’œil de la justice, « ‘l’œil de la presse ». L’œil comme “emblème de la police” (Une ténébreuse affaire).
Technologies de la surveillance.
L’espion et l’espionnage.
Guetteurs, vigies, surveillants, inspecteurs, argousins, « voyeurs ».
Le mythe d’Argus.
Naissance et développement du roman policier et du roman d’espionnage.
Voir/Savoir
« Ma seule ambition a été de voir. Voir, n'est-ce pas savoir ? » (l’antiquaire de La Peau de chagrin).
La connaissance comme vision/la vision suffit à la connaissance.
Regard et expertise : sémiologie médicale, connoisseurship...
Architecture et techniques scienfiques de la vision : l’Observatoire.
Voir, savoir, pouvoir : expéditions, explorations et sciences coloniales.
Voir les astres (« les mondes vus de loin », Flammarion), voir « sous les mers » (Folin, Verne).
Voir le passé, voir l’histoire.
V. Un monde pour l’œil
Le monde tout entier destiné à la vision, taillé pour l’œil, mais aussi mis en spectacle.
Le siècle du regard
Le siècle du regard, de l’observation, de la description : historiographies.
Réduction au visible vs pluralisation des spectacles
La réduction positiviste : s’en tenir à ce que l’on voit.
La réduction moderniste : « C’est un œil, mais quel œil ! » vs la spectacularisation.
L’œil moderne, l’œil urbain, « l’œil du Parisien » (Balzac), entre réduction au visible et spectacularisation du monde.
« Tirer l’œil » : la société du spectacle et de la consommation
Le devenir publicitaire du paysage urbain : passages, vitrines, affiches…
Les ressources visuelles de la réclame. Des enseignes à la publicité.
« À l’étalage, à la devanture » : les spectacles de la marchandise.
Passants et flâneurs. « Flâner est une science, c’est la gastronomie de l’œil » (Balzac).
« Ce qu'on voit dans les rues de Paris » (Victor Fournel).
Le spectacle du monde
Tourisme, pittoresque et « belle vue ».
Le monde illustré.
Tourisme et photographie.
Les machines à voir
Les divertissements de l’œil : lanternes magiques, panoramas, dioramas, géoramas, chambres noires, kaléidoscopes, ombres chinoises, cinématographe, etc.
La mise en spectacle
Multiplication des spectacles, montée en puissance des arts du spectacle. L’art de la mise en scène, les « émotions visuelles du spectateur ».
Fastes, fêtes et défilés.
Mise en spectacle de la vie culturelle : expositions, musées.
La promotion esthétique du regard
Peindre la vie moderne, sa vivacité, sa vélocité, sa « rapidité kaléidoscopique ». « L’œil de M. G. » (Baudelaire).
Zola sur Manet : « Toute la personnalité de l’artiste consiste dans la manière dont son œil est organisé. »
L’influence du modèle photographique sur la vie sociale. Les arts saisis par la photographie
Fonction de médiation impartie aux arts visuels dans la perception « réaliste » du monde.
Montée en puissance et autonomisation du descriptif
Portrait de l’écrivain en « chercheur de tableaux » (Balzac).
Formes de l’« effet de visuel ».
Les excès du visuel
« Portraituromanie » (V. Fournel), « Panoramania », etc.
VI. L’œil intermédial
Médiations et médiatisations du regard. Supports et genres.
Imageries, illustrations
La montée en puissance de la « littérature illustrée » et les débats à son propos.
Les revues consacrées à « l’imagerie », les magasins pittoresques : le monde en images.
Images exotiques, populaires, etc.
Images nouvelles et images anciennes.
La littérature de vulgarisation scientifique.
Livres et guides de voyage.
L’illustration dans les livres de classe.
Images au quotidien et économies de l’attention : stratégies narratives de l’image à diffusion de masse et physiologies du regard
(Proposition Ségolène Le Men et Michael Zimmermann).
Sciences et pédagogies du regard
Objets scientifiques : cartes géographiques, images scientifiques...
Les pédagogies par l’image et les supports visuels de l’apprentissage.
Les « merveilles de la science ».
L’optique et l’astronomie racontées aux enfants.
« Catéchismes en images » et « enseignement par les yeux ».
Focales de la « littérature panoramique » (W. Benjamin)
« Panoramas », « kaléidoscopes », « prismes »…
L’optique dans les arts
Helmholtz, Optisches über Malerei (1876), traduction française la même année dans La Revue scientifique de la France et de l'étranger.
« Le théâtre est une optique », « l’optique de la scène ».
« Le vers est la forme optique de la pensée » (Hugo).
Dialogues entre les arts visuels
Poésie et peinture.
Peinture et photographie.
Peinture et théâtre, « tableaux vivants ».
L’œil en langue
Les mots pour le dire (en français et dans les autres langues) : comment la langue parle-t-elle l’œil ?
Les synonymes : œillade/coup d’œil, etc.
Les multiples expressions du type : « avoir l’œil », « guigner de l’œil », « vendre à l’œil » (d’abord « vendre à crédit »), « taper l’œil », « taper de l’œil », etc.
Déclinaisons nationales : « avoir l’œil américain », « l’œil indien », etc.
Déclinaisons animales : œil-de-lynx, œil-de-faucon, œil-de-perdrix, etc.
Le lexique de la vision. Ses formes populaires : « zyeuter », « mirettes », etc.
Le visuel dans les « langues » artificielles (sténographie).
Les métaphores de l’œil et du regard.
VII. Frontières du visible
En-deça et au-delà du visible. Obstacles et dépassements. Ne pas voir vs voir au-delà. Du visible à l’invisible.
L’œil empêché : obstacles et restrictions de la vision
La nuit et l’ombre.
Interdits et censure.
Les aveugles, les borgnes, les myopes : être, naître, devenir, vivre aveugle. Ce que les Disability studies nous disent du XIXe siècle.
Les mythes de l’aveuglement : Méduse, Œdipe (cf. M. Milner).
Les mythes de l’interdit de voir : Diane et Actéon, Psyché, Narcisse, Orphée, Mélusine…
Puissances du regard et interdits de voir
Voyants et visionnaires. La seconde vue.
Le magnétisme du regard.
Quelles forces et pouvoirs se sont-elles opposées à l’extension ou à la liberté de la vision ?
Ne pas voir, ne pas faire voir
La dialectique montrer/voiler. Le mythe d’Isis.
Voir sans être vu.
Le regard illusionné
Erreurs et incertitudes du regard.
Illusions d’optique et trompe-l’œil.
La perspective comme illusion.
L’œil stupéfié ou affolé
Drogues et regard. Le regard ivre.
Visions pathologiques, hallucinations.
La « folie de l’œil » (Coriolis), la « félûre de l’œil » (Claude Lantier).
Les nouvelles sciences psychologiques et les troubles du regard : hypnose, images mentales, images qu’on voit en rêve, hallucinations.
Monstres, fantômes, spectres et autres frayeurs visuelles
Si le XIXe siècle est matérialiste, il est aussi hanté par les monstres et les créatures effrayantes venant remettre en question les pouvoirs de la raison : quelle part l’œil a-t-il jouée dans le développement du surnaturel ?
Le fantastique visuel : l’œil sans paupières, etc.
Voir plus loin, voir au travers, voir au-delà, voir le futur, voir l’outre tombe
À quels appareils, à quelles substances a-t-on eu recours pour voir plus loin, plus petit ou plus beau, à l’instar du poète réclamant des « vitres de paradis » (Baudelaire, « Le Mauvais vitrier ») ?
Le visible, l’invisible et l’extra-visible
« Le visible, comme l‘invisible, est pris dans un sens absolu; mais il n’en est pas de même de l‘extra-visible, qui signifie simplement « invisible à nos yeux actuels », Félix Cantagrel.
· Voir l’invisible
Les Merveilles du monde invisible, 1867.
Le Microscope, coup d'œil discret sur le monde invisible, 1873.
Georges Vitoux, Les Rayons X et la photographie de l'invisible, 1896.
L. Aubert, La Photographie de l'invisible – les rayons X, 1898.
· Sur la frontière du Visible et de l'Invisible
« Ils se savaient près de lui, sans pouvoir s'expliquer par quels moyens ils étaient assis comme en rêve sur la frontière du Visible et de l'Invisible, ni comment ils ne voyaient plus le Visible, et comment ils apercevaient l'Invisible », Balzac, Séraphita, 1836
· L’art : peindre l’invisible par le visible (Quinet, « Du génie de l’art », 1839).
« L'allégorie, l'art qui exprime l'invisible par le visible », Le Magasin pittoresque, 1842.
Conseil scientifique
Frédérique Desbuissons, MCF d’Histoire de l’art, Reims
Brigitte Diaz, Professeur de littérature française, Caen
Jose-Luis Diaz, Professeur émérite de littérature française, Paris-Diderot
Françoise Gaillard, MCF émérite de littérature française Paris-Diderot
Marie-Ange Fougère, MCF de littérature française, Dijon
Emmanuel Fureix, MCF d’Histoire, Paris XII.
Philippe Hamon, Professeur émérite de littérature française, Paris III
Dominique Kalifa, Professeur d’Histoire, Paris I
Jean Lacoste, Philosophe
Ségolène Le Men, Professeur d’Histoire de l’art, Paris Ouest
Jacques Neefs, Professeur de littérature française à Johns Hopkins University
Philippe Ortel, Professeur de littérature française, Bordeaux III
Julien Schuh, MCF de littérature française, Paris-Ouest
Erika Wicky, Post-doc, FNRS / Université de Liège
Michael Z. Zimmermann, Professeur d’histoire de l’art à l'Université catholique d'Eichstätt
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