Corps et politique dans les cours princières aux Temps modernes
Appel à communications
À la fois centres politiques et lieux de socialisation des élites, les cours princières de l’époque moderne ont contribué à l’émergence d’une forme particulière de culture du corps. Ainsi, le quotidien de la cour était organisé selon une multitude de pratiques corporelles diverses ou de pratiques relatives au corps : les divertissements comme l’équitation, la chasse, les jeux et la danse structuraient la vie de cour au même titre que les repas communs et les banquets, que les nombreuses fêtes qui jalonnaient le calendrier de la cour et que d’autres formes d’interaction courtisane. Ainsi, de récentes études ont montré que, le corps du prince n’est pas le seul à occuper une place particulière. Partout à la cour, l’habillement, l’habitus, l’attitude corporelle, la beauté et la santé (re)produisent et traduisent des différences de statut. Le courtisan »idéal« se définit notamment par ses attributs corporels et une certaine savoir du corps qui s’impose progressivement dans le contexte des débats de l’époque sur la virilité. À la même époque, des représentations du corps, comme celui de la »mère protectrice« (Landesmutter), font leur apparition dans le discours politique et établissent un pont entre les dynasties et leurs sujets. Les précepteurs, les confesseurs, les médecins (particuliers), les barbiers, les apothicaires et autres serviteurs sont non seulement au service de la famille princière, de la beauté et de la bonne santé de leurs corps fragiles, mais ils sont également en charge des courtisans et de tous ceux qui travaillent à la cour.
Dans quelle mesure peut-on écrire l’histoire de la cour comme une histoire du corps? Existe-t-il des spécificités propres aux savoir du corps dans les cours princières des temps modernes? En quoi se distinguent les pratiques corporelles extérieures à la cour de celles exercées en son sein?
En s’appuyant sur les derniers travaux innovants de la recherche sur la vie de cour qui insistent sur l’importance de l’aspect corporel, le colloque tentera d’apporter un nouvel éclairage sur le corps et les pratiques corporelles de la cour dans les domaines de la politique, de la médecine et du rapport entre les sexes. L’objectif est de créer un forum qui permettra aux jeunes chercheurs spécialistes de la vie de cour, de l’histoire politique et de l’histoire du corps d‘échanger.
Les participant(e)s sont invités à communiquer sur l’un ou plusieurs des aspects thématiques suivants:
I. Les corps (extra)ordinaires
comment caractériser en pratique et en théorie un corps beau et en bonne santé ou bien le corps »idéal« d’un courtisan? Quelles sont les influences du discours autour des images et des idéaux corporels sur les exigences et les normes concrètes relatives au corps? Dans cette perspective, de quelle manière se distinguent les corps des courtisans de ceux des princes? Comment évoluent les normes et les pratiques au cours de la période des temps modernes? Comment s’intègrent à la cour les individus aux corps »extraordinaires« comme les »nains«, les »géants« ou bien encore les individus atteints d’hirsutisme.
II. Les corps genrés
Comment les corps genrés sont-ils apparus à la cour, comment s’y sont-ils modelés? Quelles pratiques corporelles propres à la cour sont respectivement attribuées aux hommes ou aux femmes? Dans quelle mesure ont-elles pu contribuer à une cristallisation de modèles genrés? Le monarque ou le prince étaient-ils dans l’obligation d’incarner leur virilité? Dans quelle mesure la position des princes et des princesses leur permettait-elle de briser l’ordre établi entre les genres? Enfin, de quelle manière la construction des genres et du pouvoir se recoupent-ils dans le corps des sujets de cour?
III. Les corps fragiles
Quelle influence est accordée à la vie de cour dans le bien-être des hommes et des femmes? Quelles pratiques corporelles sont considérées comme bénéfiques ou au contraire nocives à la santé des membres de la cour? La vie de cour rend-elle malade? Au contraire, la proximité du monarque et la fréquentation de la noblesse peuvent-elles rétablir la santé? De quelle manière la critique courtisane s’approprie ou bien ignore-t-elle les débats de médecine? Quels discours médicaux s’imposent à la cour? Quel est le rôle exercé par les confesseurs, les guérisseurs, les médecins particuliers, les chirurgiens, les sage-femmes, les apothicaires dans la construction des corps courtisans, qu’ils soient puissants ou impuissants?
Informations pratiques
Le colloque se tiendra du 29 au 30 mai 2017 dans les locaux de l’Institut historique allemand, 8 rue du Parc-Royal, 75003 Paris. Les langues de travail seront l’anglais et le français. Les exposés d’une vingtaine de minutes seront exprimés en anglais ou en français. Une connaissance passive de l’une et l’autre langue est exigée des participants.
Modalités de soumission
Aux fins de sélection, merci de transmettre d’ici le 31 janvier 2017 par mail (bodiesatcourt@gmail.com) un résumé de votre communication d’environ 300 mots (y compris le titre provisoire et celui de la section à laquelle vous souhaitez contribuer) ainsi qu’un court CV mentionnant vos travaux relatifs aux questions abordées.
Organisation
Les organisateurs sont aussi en charge de la sélection des propositions de communication.
Regine Maritz (IHA),
Eva Seemann (université de Zurich)
Tom Tölle (université de Princeton)
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