jeudi 30 juin 2016

Regard sur la vieillesse dans l’Antiquité

« Les vieillards sont deux fois des enfants » : du regard sur la vieillesse dans l’Antiquité

Appel à communications

Organisation : Elsa Bouchard, Laetitia Monteils-Laeng (Université de Montréal) et Mathilde Cambron-Goulet (UQAM)

Lieu et date : Université de Montréal, 7-9 juin 2017

Conférenciers confirmés : Louis-André Dorion (U. de Montréal), Annie Larivée (Carleton University), A.-F. Morand (U. Laval), P. Birchler Emery (U. de Genève).


L’Antiquité gréco-romaine a proposé de la vieillesse des portraits aussi variés que polémiques. À l’image pathétique de la tragédie répondent la vision idéalisée de Platon, pour qui la vieillesse est synonyme de supériorité intellectuelle et morale, les moqueries d’Aristophane sur le vieillard et plus encore sur la vieille femme, le portrait dévastateur d’Aristote, ou encore les hypothèses médicales des auteurs du Corpus hippocratique et de Galien. Le proverbe grec « les vieillards sont deux fois des enfants » (CPG I.235), que Platon reprend à son compte (Lois, I, 646a), reflète une idée populaire encore répandue aujourd’hui et peut lui-même être interprété de façon plus ou moins positive, selon qu’on y perçoit davantage de mépris, de condescendance ou de tendresse. Partagée entre l’idéalisation du grand âge et la dépréciation de sa valeur quant à ses capacités intellectuelles, son autorité morale et son importance politique, l’Antiquité est profondément ambivalente à l’endroit de la vieillesse.

À notre sens, les nombreuses perspectives présentes dans les textes anciens rejoignent certains enjeux contemporains du vieillissement. Pour le Platon des Lois par exemple, les symptômes dégénératifs de la vieillesse n’en sont pas les corollaires nécessaires ; aussi faut-il chercher à en diminuer l’impact grâce à des mesures censées revaloriser les conditions de vie d’une population dont la situation, dans les faits, est loin d’être idéale. Autre exemple : le jugement d’Aristote qui considère le vieillissement comme une maladie, un processus dégénératif où l’usure du corps entraîne inévitablement celle de l’esprit, n’est pas sans rappeler l’attitude désignée sous le nom d’âgisme (age-ism) qui consiste à voir dans le fait de vieillir un phénomène pathologique auquel il faudrait s’opposer, évoquant inévitablement le fantasme d’une humanité immortelle aussi dangereux qu’illusoire.

Ce colloque fournira l’occasion de constater jusqu’à quel point les préoccupations des auteurs anciens trouvent des échos dans nos sociétés contemporaines, ce par quoi nous espérons à la fois vivifier la lecture des textes anciens et renouveler les réflexions sociales, politiques et psycho-médicales qui animent les débats contemporains sur le vieillissement. Nous sommes particulièrement intéressés, quoique de façon non exclusive, par les approches et les questions suivantes :

- Biologie : le vieillissement est-il un processus normal ou pathologique ? Quel est son impact sur nos capacités mentales ?

- Médecine et éthique : peut-on et doit-on prolonger l’existence ? Faut-il préférer la qualité de vie à la longévité ?

- Politique : si la sagesse dépend de l’expérience, le pouvoir doit-il être confié aux aînés ? Ou, à l’inverse, est-il justifié de laisser ces populations « défaillantes » aux marges de la cité ?

- Anthropologie : la vieillesse doit-elle être conçue comme une ascension vers la plénitude de nos capacités ou comme une régression ?

- Mythe et métaphysique : la condition humaine est-elle condamnée à une circularité tragique comme le suggèrent les tragédiens ou encore le « mythe des races » d’Hésiode ?

- Société et démographie : quelles étaient les perceptions sociales des personnes âgées dans les sociétés anciennes ? En quoi ces perceptions sont-elles fonction de la configuration de la pyramide des âges ?

Nous invitons des communications, en français ou en anglais, d’une durée de 30 minutes, touchant à un aspect ou un autre du sujet. Dans une optique de transdisciplinarité, nous espérons réunir des chercheurs travaillant, dans les différents secteurs liés aux sciences de l’Antiquité, notamment la philosophie, l’histoire, la littérature et l’histoire de l’art.

Les propositions (maximum 500 mots) doivent être envoyées par courriel à Laetitia Monteils-Laeng à l’adresse l.monteils-laeng@umontreal.caavant le 1er septembre 2016.

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