Soutenance d'HDR en Histoire de Judith Rainhorn
Le mémoire de recherche inédit s’intitule Poison légal. Une histoire sociale, politique et sanitaire de la céruse et du saturnisme professionnel, XIXe-premier XXe siècle
Jeudi 10 décembre 2015, à partir de 9h30, à Sciences Po
salle de réunion de l’École doctorale,
199 boulevard Saint-Germain, 75007 Paris
(métro Rue du Bac, Saint-Germain des Prés),
escalier sous la voûte, 3e étage.
Le jury sera composé de :
M. Vincent Barras, Professeur, Université de Lausanne, Suisse (rapporteur)
Le jury sera composé de :
M. Vincent Barras, Professeur, Université de Lausanne, Suisse (rapporteur)
M. Jean-Paul Gaudillière, Directeur de recherche, INSERM-EHESS
M. Nicolas Hatzfeld, Professeur, Université d’Évry-Val d’Essonne (président)
Mme Gabrielle Hecht, Professeure, University of Michigan, États-Unis
Mme Anne Rasmussen, Professeure, Université de Strasbourg (rapporteur)
M. Paul-André Rosental, Professeur, Institut d’Études politiques de Paris (garant)
La soutenance sera suivie d’un pot auquel vous êtes chaleureusement convié(e)s.
Le mémoire inédit présenté pour l’Habilitation à diriger des recherches met en perspective, sur le temps long, l’histoire inachevée des tensions entre un poison industriel et la société humaine qui l’héberge et qui, pendant deux siècles, s'est accommodée de cette cohabitation. Le constat liminaire qui préside à cette enquête est celui-ci : la céruse (ou blanc de plomb), produit reconnu éminemment dangereux pour la santé humaine a, en dépit de cela, été fabriquée, diffusée et très largement utilisée en France pendant près de cent-cinquante ans, de l’aube du XIXe au milieu du XXe siècle, en toute connaissance de cause. Il s’agit par conséquent d’interroger les raisons du maintien durable d’une substance toxique au sein du paysage industriel et sur le marché français et européen, et de questionner les conditions du consentement collectif des acteurs concernés : monde ouvrier au front de la toxicité, industriels entre profit et progrès technique, corps médical constatant les dégâts sanitaires, opinion publique témoin de l’affection, pouvoirs publics confrontés au dilemme entre l'économiquement possible et le sanitairement souhaitable. L’empoisonnement de ceux qui fabriquent, de ceux qui utilisent, voire de ceux qui cohabitent avec le produit, a fait l’objet, pendant deux siècles, d’un consentement quasi général, au regard des mobilisations intermittentes qu’il a suscitées. Poison légal : voilà donc l’oxymore qui est au cœur de cette recherche.
Celle-ci se situe au carrefour de l’histoire sociale du travail dans la société industrielle, de l’histoire de la santé et des savoirs médicaux, de l'histoire économique d'un secteur industriel et de celle des mobilisations et des politiques publiques en matière de santé ouvrière. Elle cherche à retracer l’itinéraire de l’accommodement au poison industriel qui épouse une chronologie heurtée, faisant alterner périodes de publicisation et périodes de confinement des discours et des mobilisations, pendant un siècle et demi. À partir de sources industrielles, médicales, parlementaires et administratives, elle fait de l'histoire de la céruse et du saturnisme professionnel un observatoire privilégié pour poser la question du gouvernement des risques professionnels.
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