Risques et accidents industriels (fin xviie - fin xixe siècle)
Industrial hazards and accidents (late 17th– late 19th century)
Appel à Communications
Call for papers
Colloque 19-20 décembre 2013 – Paris
Conference 19th-20th December 2013 – Paris
*** French version – an English version follows ***
L’accident technique questionne notre société industrielle ; il est constitutif de la notion de « société du risque » que scientifiques, sociologues, géographes ou anthropologues ont popularisée depuis les années 1980. Néanmoins, il est nécessaire de prendre du recul en historicisant cette notion dans la longue durée. Si les historiens se sont aussi emparés de cette question, ils ont surtout étudié la période contemporaine, scène d’accidents spectaculaires pouvant tourner à la catastrophe industrielle. Or, l’accident industriel (ou artisanal, ou encore minier) émaille le processus antérieur de développement économique de l’Europe. Il accompagne en effet la naissance de la société industrielle qu’il a contribué à façonner. Ce colloque entend contribuer à une meilleure connaissance de cette « première » histoire, mal connue, afin de caractériser les risques et accidents artisanaux et industriels durant ce premier moment d’acclimatation industrielle. A la fin du XVIIe siècle, l’essor de l’économie politique et de la science des probabilités donne un cadre conceptuel nouveau à l’analyse des relations entre les activités productives et leurs effets induits. Deux siècles plus tard, les dispositifs assurantiels ont conquis les modes de gestion du risque. Au sein de ce processus séculaire, ce colloque a également pour but de rassembler des problématiques souvent disjointes (techniques, économiques, politiques, médicales, urbaines, etc.) dans une compréhension globale de leur émergence et de leur incidence sur la société.
Les propositions de communication devront s’inscrire dans ce cadre chronologique, de la fin du XVIIe à la fin du XIXe siècle, et interroger la question de l’économie de l’accident artisanal et industriel, entendue dans un sens très large, au sein de la grande mosaïque des modes de production et de leurs activités associées : stockage, transport de matériaux dangereux, etc. Pourront être analysés les dichotomies prévention/réparation, régulation par la loi/par le marché, savoirs et expertise/décisions politiques, économie/écologie, ou encore techniques et organisations/responsabilités humaines. Les études de cas seront les bienvenues à condition qu’elles proposent une montée en généralité, soit par la conceptualisation, soit par la comparaison à différentes échelles. De même, si les espaces européens (et notamment anglais et français) ont été privilégiés par le programme de recherche lié à ce colloque, d’autres espaces (nord-américains, coloniaux, etc.) pourraient être le terrain d’étude des propositions.
L’analyse historique de la chaîne systémique de l’accident artisanal et industriel peut se décliner en plusieurs thèmes :
1. Politiques de régulation et conflictualité. Au cœur du processus, l’analyse de l’intervention publique ou d’acteurs privés – à différentes échelles – dans ses interfaces avec la technique, la ville, la loi, l’économie et les rapports de force politiques sera privilégiée, grâce à la notion de « régulation ». Des travaux récents ont mis en valeur l’importance des situations de conflictualité, notamment en milieu urbain, une optique que ce colloque entend approfondir.
2. Techniques et gestion du risque. Plusieurs modes de gestion du risque coexistent et se superposent. Certains privilégient la norme technique administrée, ainsi en France, tandis que d’autres laissent cette gestion à des organismes privés, notamment les assurances, ainsi en Grande-Bretagne. On interrogera les pertinences et les nuances de ces dispositifs concurrents et poreux. Ce questionnement doit aussi aboutir à s’interroger sur les temporalités (récurrence des accidents, lien accident-norme, logiques de prévention v. logiques de réparation) et les évolutions contrastées de ces modes de gestion.
3. Assurances et politiques d’indemnisation. Il s’agira de questionner la financiarisation de l’accident, en amont (anticipation) et en aval (réparations). Si l’articulation de ces aspects avec l’économie politique est évidente, l’histoire de l’assurance est aussi connectée avec celle de la protection sociale, de l’Etat régulateur, des mouvements syndicaux et des sociétés de secours. Ce colloque questionnera l’émergence de l’assurance strictement industrielle (machines à vapeur, incendies, accidents du travail etc.) tout comme la persistance de formes d’assistance liées à la charité, à la solidarité corporative, à l’indemnisation publique ou encore à des formes d’assurance hybrides entre économie privée et publique. On pourra également interroger la dimension de la régulation interne à l’entreprise par l’intégration du risque dans sa gestion financière et dans ses investissements.
4. Secours et soins. Le traitement sanitaire des lieux industriels, les dispositifs de secours d’urgence et la prise en charge médicale des victimes des accidents sont au cœur des politiques du risque industriel. Déjà bien étudiés du point de vue de la philanthropie, de l’assistance, de la protection sociale, les propositions de communication sur les secours et les soins après un accident industriel ou des accidents du travail seront les bienvenues.
Les propositions ne doivent pas nécessairement se limiter à l’un de ces thèmes ; les questionnements transversaux et leur rattachement aux objectifs généraux du colloque seront eux aussi appréciés.
Le colloque aura lieu à Paris (lieu à préciser plus tard), les 19 et 20 décembre 2013. Les langues du colloque seront le français et l’anglais. Les propositions de communication (titre, résumé de 2000 signes maximum, court CV) devront être envoyées avant le 15 mai 2013, à Thomas Le Roux, tleroux@ehess.fr et thomas.leroux@history.ox.ac.uk. Une réponse émanant du comité d’organisation sera donnée le 15 juin 2013. Les papiers circuleront avant la tenue du colloque, et une publication des actes est prévue.
Ce colloque est une des manifestations scientifiques du programme de recherche « Histoire des risques et des accidents industriels, France, Grande-Bretagne, fin XVIIe – fin XIXe siècle » ancré au Centre de Recherches Historiques (EHESS/CNRS). Il est soutenu par la Ville de Paris, dans le cadre de son dispositif Emergence(s), de 2011 à 2013, le CNRS, l’EHESS et la Maison Française d’Oxford. Site Internet : http://risks.hypotheses.org/
*** English version ***
Technological accidents question our industrial society; they are an inherent part of the “risk society” concept that scientists, sociologists, geographers and anthropologists have popularised since the eighties. However, in order to step back and take a longer term view, historicization of the concept is necessary. Although historians have also begun to examine this question, they have focused primarily on the most contemporary period during which spectacular accidents have occurred and have sometimes led to disasters. But industrial (or artisanal or mining) accidents occurred throughout the earlier economic development process in Europe. They went hand in hand with the emergence of the industrial society that they helped to create. This conference aims to contribute to a greater understanding of this “first” ill-known historical period in order to define artisanal and industrial hazards and accidents during the early period of industrial adjustment. During the late 17th century, the growth of both economics and probability theory provided a new conceptual framework for the analysis of the relationship between productive activities and their effects. Two centuries later, insurance schemes had become the main form of risk management. Focusing on this process which has evolved over several centuries, the conference also aims to pull together issues often considered separately (for example from a technical, economic, political, medical or urban perspective) in order to gain a broader understanding of their emergence and impact on society.
Proposals should be set against this chronological context, from late 17th to late 19th century, and question the issue of the economics of artisanal and industrial accidents, which should be understood very broadly as part of a wide range of production modes and associated activities – storage and transport of hazardous materials etc. – through which the dichotomies of prevention/compensation, legislative/market-based regulation, knowledge and expertise/political decisions, economics/environmental considerations or technologies and organisations/human responsibilities can be analysed. Case studies are welcome provided they can be related to a general discussion of concepts or scale comparisons. Even though European contexts (and especially French and British) are prominent in the research programme associated with this conference, other contexts (North-American, colonial etc.) could also provide a research terrain for papers.
Historical analyses of the systemic chain of artisanal and industrial accidents can be approached through the following topics:
1. Regulation policies and social conflicts. Proposals on this topic should focus, through the concept of “regulation”, on the analysis of private or public intervention – at different scales – and its interactions with technology, cities, legislation, economics and political power struggles. Recent research emphasizes the role played by conflicts, especially in urban environments, an angle which this conference aims to address in greater detail.
2. Technologies and risk management. Several forms of risk management coexist and overlap. While some countries, such as France, favour the administration of technical standards, others, such as Britain prefer to leave risk management to private organisations and in particular to insurance companies. Proposals on this topic should investigate the relevance and nuances of these competing and permeable systems. This area of questioning should also lead to exploring temporal aspects (accident recurrence, links between accidents and standards, prevention vs. compensation approaches) and the very different ways in which these management forms have evolved.
3. Compensation policies and insurance. Proposals on this topic should explore the financialization of accidents, both a priori (prevention) and post-hoc (compensation). While these aspects are obviously linked to economics, insurance history is also connected to the development of social protection, state regulation, trade unionism and mutual insurance funds. The conference aims to question the emergence of purely industrial insurance (steam engines, fire, work accidents etc.) as well as the persistence of charity-based insurance forms, corporatist solidarity, state compensation or private/public hybrid insurance funding. Exploring the internal regulation systems of companies whereby risk is integrated into financial management and company investments is also a possible focus.
4. Assistance and care. Health measures on industrial premises, emergency assistance systems and the medical management of accident victims are at the heart of industrial risk policies. Proposals on assistance and care required as a result of industrial and work accidents are welcome as this is a well-researched topic albeit from a philanthropic, aid or social protection perspective.
Proposals should not necessarily be restricted to one of these topics; crosscutting research linked to the general aims of the conference would also be appreciated.
The conference will take place in Paris (venue to be communicated later) on 19 and 20 December 2013. The conference languages will be French and English. Proposals (paper title, abstract limited to 2,000 characters, short CV) should be sent to Thomas Le Roux at tleroux@ehess.fr and thomas.leroux@history.ox.ac.uk before 15 May 2013. A response from the organizing committee can be expected on 15 June 2013. Papers will pre-circulate prior to the conference, and a publication is planned.
This conference is a scientific event which is part of the research programme “History of industrial hazards and accidents, France and Britain, late 17th century – late 19th century”, based at the Centre de Recherches Historiques (EHESS/CNRS). It is funded by the City of Paris, as part of its Emergence(s) programme for 2011-2013, and also supported by the CNRS, the EHESS and the Maison Française in Oxford. Website: http://risks.hypotheses.org/
Comité d’organisation / Organizing Committee
Claire Barillé (Université Paris Ouest Nanterre - IDHE)
Guillaume Carnino (CRH – CNRS/EHESS, COSTECH-UTC)
Jean-Baptiste Fressoz (Imperial College London)
Frédéric Graber (CRH – CNRS/EHESS)
François Jarrige (Université de Bourgogne)
Thomas Le Roux (Maison Française d’Oxford, CRH – CNRS/EHESS)
Michel Letté (CNAM)
Christelle Rabier (London School of Economics)
Marie Thébaud-Sorger (CRH – CNRS/EHESS)
Comité scientifique / Scientific Committee
Patrice Bret (Centre Koyré - EHESS)
Robert Fox (University of Oxford)
Patrick Fridenson (CRH – CNRS/EHESS)
Liliane Hilaire-Perez (Université Paris 7, EHESS)
Jan Lucassen (International Institute of Social History, Amsterdam)
Philippe Minard (Université Paris 8 – IDHE, EHESS)
Lissa Roberts (University of Twente)
Dominique Pestre (Max Planck Institut Berlin, Centre Koyré - EHESS)
Paul-André Rosental (Sciences-Po Paris)
Denis Woronoff (Université Paris 1)
Cornel Zwierlein (Ruhr-Universität Bochum)
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