La pathologie du pouvoir : vices, délits et crimes des gouvernants
Antiquité, Moyen Âge, Temps modernes
Colloque des 5-6 décembre 2013, organisé par le Centre d’études médiévales de Montpellier (CEMM, EA 4583) : La pathologie du pouvoir : vices, délits et crimes des gouvernants (Antiquité, Moyen Âge, époque moderne)
La pathologie du
pouvoir ; vices, délits et crimes des gouvernants (Antiquité, Moyen Âge,
Temps modernes). Deuxième session. Après une première rencontre sur le
même thème, mais centrée alors sur le Moyen Âge, le projet de ce
colloque se veut transversal et comparatiste en ouvrant le sujet sur la
longue durée. Il s'agit de mesurer les formes d'usages jugées
pathologiques et déviantes de l'exercice de l'autorité et de
s'interroger sur ce qui, dans une société donnée, rend inacceptable cet
abus de pouvoir. Le thème, qui a une longue histoire (autant qu'une
riche actualité), a intéressé philosophes, juristes, théologiens depuis
l'Antiquité jusqu'à l'époque moderne. Ce sont ces discours et ces
pratiques que le colloque se propose de mettre en perspective, en
associant historiens, littéraires, philosophes et historiens de la
médecine.
Argumentaire
Nos sociétés politiques contemporaines ont progressivement élaboré
les principes de contrôle de l’exercice de l’autorité, à travers des
filtres juridiques (la définition des abus de pouvoir et de la
corruption) et des sanctions judiciaires ou politiques (le vote-sanction
par les électeurs). Dans les sociétés anciennes, médiévales ou
modernes, la mise en cause des dirigeants relevait d’une autre logique ;
bien sûr le droit romain avait élaboré les notions de concussion et de
prévarication, notions passées dans le droit médiéval et moderne ; mais
les principes même de l’autorité, son immanence divine dans les régimes
monarchiques, rendaient plus incertaine la mise en cause des détenteurs
de l’autorité à partir de catégories juridiques classiques. Comme le
disait Bernard Guenée, le seul frein à la tyrannie, perçue depuis
Aristote comme forme pathologique du pouvoir d’un seul, était l’horreur
que la tyrannie pouvait inspirer au monarque. C’était pour le moins une
limite approximative. Le langage politique adoptait en outre une
terminologie organiciste dans laquelle les pratiques abusives ou
déviantes des gouvernants étaient perçues comme une forme pathologique
qui nécessitait une cure. Ces formes pathologiques du pouvoir concernent
aussi bien l’exercice quotidien des fonctions publiques que la vie
privée des dirigeants.
Cette pathologie du politique se décline en multiples questions, au
gré des sources extrêmement variées qui permettent de l’appréhender.
- la corruption des gouvernants : alors que les règles déontologiques ou éthiques autant que les frontières entre intérêt privé et intérêt public demeurent très incertaines que désigne-t-on par corruption ? Jusqu’où une société accepte-t-elle cette commixtion des intérêts publics et privés ? Y a-t-il des indices récurrents qui permettent d’identifier l’inacceptable en matière de corruption ? Si les procès politiques n’entrent pas directement en lignes de compte, on demeurera sensible aux témoignages qui illustrent ces formes jugées anormales d’abus de pouvoir, à la fois dans la vie publique et dans la vie privée.
- Alors que la littérature antique, puis les specula principum médiévaux et modernes définissent un idéal-type du gouvernant et que la littérature didactico-normative prescrit des règles de comportement, quelles sont les sources qui rendent compte de cette pathologie du pouvoir ? Le droit, à la fois dans la pratique judiciaire (que l’on pense aux Verrines de Cicéron, aux procès des grands officiers, des évêques –voire des papes-) et dans la dogmatique sera mis à contribution, mais aussi la médecine : la métaphore de la pathologie du pouvoir a-t-elle eu une signification dans la culture médicale ? Autrement dit, la médecine savante considère-t-elle que la pathologie des puissants est corrélée à leur position d’autorité ?
- Parmi les prescripteurs du politique, à côté des philosophes et juristes, les théologiens, de l’antiquité tardive à l’époque moderne, ont joué un rôle essentiel en établissant très tôt une « peccatologie » du pouvoir. Il s’agit assurément d’une des sources les plus fécondes sur l’argument pour peu que l’on définisse avec précision les séquences chronologiques et la nature des sources, d’Augustin à la seconde Scolastique et à la littérature des confesseurs. La tradition des traités théologico-moraux, les traités sur les vices ainsi que les sommes des confesseurs constituent en effet des étapes de cette intériorisation du devoir-être des gouvernants parallèles au déploiement d’un for interne qui définissait les normes comportementales légitimes. Le présent colloque souhaite mettre l’accent sur cette dimension.
La rencontre se voudrait le lieu de rencontre de spécialistes issus
de champs disciplinaires variés (droit, littérature, philosophie,
histoire, médecine) intéressés par cette thématique traitée sur le long
terme. Elle fait suite à une journée d’étude sur le même thème tenue à
Montpellier et alors recentrée sur le Moyen Âge. L’idée de ce colloque
est d’élargir la réflexion à des périodes en amont et en aval du Moyen
Âge pour mesurer permanences et transformations de critiques qui
paraissent aussi anciennes que l’exercice du pouvoir.
Envoyer une proposition de contribution, précisant le sujet en une vingtaine de lignes à : patrick.gilli@univ-montp3.fr
avant le 15 mars 2013
Comité scientifique- Jean-Pierre Guilhembet,
- Cédric Giraud
- Patrick Gilli
- Organisation : Patrick Gilli, patrick.gilli@univ-montp3.fr
- Renseignement : Jeannine Giudicelli, jeannine.giudicelli@univ-montp3.fr
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