ACFAS (Association francophone pour le savoir)
Palais des congrès, Entrée principale, 1001, place Jean-Paul Riopelle, Montréal, Québec, CANADA
http://www.acfas.ca/evenements/congres
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Au sein du Congrès ACFAS 8 et 9 mai 2012
Palais des congrès de Montréal, salle 522 A
Colloque 333 - Histoire des pratiques de santé (XVIIIe-XXIe siècles) : nouveaux cadres, thèmes et approches.
Responsable(s) : Séverine Parayre (Université Lille 3, France) et Alexandre Klein (Université Lorraine, France).
Description
Les
recherches historiques concernant la santé et la maladie ont
considérablement évolué depuis quelques décennies. A la suite de travaux
de référence des années 1980-1990, les historiens ont exhumé de
nombreux objets de recherche jusque-là inexploités. Si bien
qu’aujourd’hui on constate une pluralité de thèmes organisant l’histoire
des pratiques de santé autour de l’hygiène, des addictions, de la vie
saine et malsaine, des maux du corps, des pratiques profanes ou des
différents troubles de santé. La diversité des préoccupations et des
objets touchant à la santé et à la médecine a engendré le développement
d’une recherche historique aussi dynamique que multiple qu’il convient
de circonscrire pour mieux l’analyser. La transformation et la
diversification des préoccupations et objets de recherches a fait évolué
la discipline historique par la mobilisation de nouveaux corpus et
méthodes. L’objet de ce colloque sera de présenter et de confronter les
différents matériaux et méthodologies en jeu, afin de cerner, par leur
analyse croisée, l’impact de l’histoire des pratiques de santé sur la
science historienne, son développement social et ses modifications
épistémologiques.
Pour
ce faire, ce colloque sollicitera les nouveaux travaux qui émergent
dans ce domaine et qui mettent à jour de nouvelles thématiques, des
cadres et approches inédites. Il visera ainsi à rassembler et à
confronter les savoir-faire historiens qui se déploient aujourd’hui dans
le monde francophone et dont l’échange ne peut qu’enrichir un domaine
de recherche en pleine expansion.
Nous
engagerons cette réflexion à partir de deux séances plénières, la
première consacrée à l’histoire des pratiques de santé en France et
présentée par Didier Nourrisson et la seconde consacrée à l’histoire des
pratiques de santé au Québec et présentée par François Guérard.
Programme complet
Mardi 8 Mai 2012
Histoire des pratiques de santé : état des lieux France /Québec
Communications orales
Horaire : 09:00 - 12:00
Présidence/animation : Séverine Parayre (Université Lille 3, France)
9:00 Accueil
9:30
Quelles recherches en histoire des pratiques de santé ?
Alexandre Klein (Université de Lorraine, France) et Séverine Parayre (Université Lille 3, France).
Propos introductifs du colloque.
Le
colloque sera l’occasion de faire un état des lieux des recherches
actuelles en histoire des pratiques de santé, afin d’envisager les
modifications historiographiques et thématiques à l’œuvre depuis
quelques années dans ce domaine. Ce redoublement épistémologique des
études historiques par une analyse des pratiques historiennes autour de
l’objet « santé » permettra d’envisager les interactions complexes qui
régissent la relation intime entre le domaine scientifique et le monde
socioculturel. Ce rendez-vous se voudra un lieu d’échanges et de débats
favorisant ainsi la mutualisation des différentes approches et la
transmission des connaissances par la rencontre des chercheur(e)s,
confirmés ou en formation. Il vise à être une occasion de renforcer les
liens et les partenariats entre des chercheurs de différentes
nationalités, différentes équipes de recherche et/ou universités,
permettant ainsi de participer à la construction et à l’évolution d’un
champ disciplinaire en plein essor.
10:00
Santé publique, Publicité sanitaire Didier Nourrisson (Université IUFM-Lyon1)
Tandis
que la santé entre dans la sphère publique au XIXe siècle sous forme de
politiques hygiénistes résolues, la révolution industrielle lance sur
le marché des produits toujours plus nombreux qui avancent des arguments
sanitaires à des fins commerciales. Boissons, aliments, cigarettes se
parent de vertus hygiéniques. La fin du XIXe siècle et la première
moitié du XXe siècle voient ainsi se développer en même temps les
premières formes d'éducation à la santé et les publicités les plus
séduisantes pour des produits soi disant de santé. Les conflits
d'intérêts peuvent alors se multiplier. La propagande sanitaire de la
deuxième moitié du XXe siècle ajoute au paradoxe par l'adjonction de
messages d'avertissements de santé aux objets du merchandising.
Affiches, bouteilles, paquets de cigarette, mais aussi buvards scolaires
ou tableaux muraux seront autant d'exemples de ces concurrences de
marques et d'objectifs. la santé s'affiche et la publicité gagne.
11:00
Dominances et émergences en histoire des pratiques de santé au Québec : les thématiques et approches actuelles François Guérard (Université du Québec, Chicoutimi)
Comme
en bien d'autres domaines, autour de l'an 2000, l'heure était aux
bilans en histoire de la santé et de la médecine au Québec, ce dont
témoignent divers textes qui ont alors fait état des avancées de la
recherche. Une dizaine d'années plus tard, le moment paraît venu de
reprendre l'exercice et de retracer le chemin parcouru depuis, en vue de
dégager les principaux constats atteints comme les approches et
interprétations émergentes et, partant de là, de réfléchir aux avenues
les plus prometteuses. Quelques grandes thématiques de la recherche
touchant les pratiques de santé au Québec seront explorées : les
professions de la santé, les établissements de soins, la santé mentale,
l'hygiène publique et les habitudes de vie. Des objets neufs sont
apparus au regard des historiens, des inflexions récentes ont pris de
l'ampleur ou se sont manifestées, parmi lesquelles un effort de redonner
voix et pouvoir aux individus, aux malades et à leurs proches, sans
pour autant que soit délaissée l'étude des institutions.
Les pratiques de santé des professionnels (XVIIIe-XXe siècles)
Communications orales
Horaire : 14:00 - 15:00
Présidence/animation : Didier Nourrisson (Université IUFM-Lyon1)
14:00
La profession d'infirmière d'hier à aujourd’hui : difficultés enracinées et solutions possibles.
Evy A. Nazon (Université d'Ottawa)
Les
sciences infirmières sont une des pratiques profondément ancrées dans
le domaine de la santé. Depuis de nombreuses années, l’évolution de
cette discipline tend à diversifier les méthodes de recherche.
L’histoire, discipline et profession, peut également permettre la
création de nouvelles connaissances en sciences infirmières. Car, plus
qu’un contexte historique, qu’un sous-type de l’analyse qualitative et
d’une description « the way things were », l’histoire offre la
possibilité d’analyser les aspects multiples des phénomènes en tenant
compte du passé, du présent, des acteurs, des perspectives et des
contextes socio-économiques et politiques qui ont marqué l’évolution des
sciences infirmières. L’objectif de cette communication est de
présenter comment l’approche et les données historiques contribuent à
enrichir les recherches en sciences infirmières. Dans le cadre de notre
recherche, nous avons utilisé les revues professionnelles La garde-malade Canadienne-Française et L’infirmière du Québec. La méthodologie adoptée est une collecte exhaustive des données à
propos de la qualité de vie des infirmières. Cette analyse critique du
discours a révélé l’absence du thème de la qualité de vie des
infirmières dans les deux revues consultées. Et, malgré les changements
légaux et certaines modifications apportées à leur statut juridique,
l’image traditionnelle de l’infirmière charitable reste une réalité à la
fin du XXe siècle.
14:30
Les instituteurs à l'assaut de nouvelles populations à médicaliser ? Etude d'un corpus éclairant (XIXe siècle, France).
Séverine Parayre (Université Lille 3, France)
En
1860 en France, 5940 instituteurs ruraux répondent à une question de
pédagogie posée par leur ministre de l'Instruction publique Gustave
Rouland : « Quels sont les besoins de l’instruction primaire dans une
commune rurale, au triple point de vue de l’école, des élèves et du
maître ? »[1]. L'enquête vise à recueillir les problèmes des conditions
scolaires et les transformations à donner à l'instruction publique. Elle
est importante de par son ampleur (sur tout le territoire), son
originalité (concerne l'éducation populaire), l'écoute et la parole
données aux instituteurs ruraux. Ce corpus a été étudié par les
historiens de l'éducation, principalement sous l'angle de la pédagogie
et des disciplines enseignées. Nous avons dépouillé 2500 mémoires en
choisissant des départements caractéristiques de l'avancée et du retard
de l'instruction et de la médicalisation. Nous présenterons le discours
des instituteurs sur la santé des élèves, depuis les termes employés à
leurs représentations, aux pratiques développées dans les classes et
difficultés rencontrées auprès des populations dans la diffusion de
nouveaux savoirs et pratiques. L'ensemble révèle des surprises à la fois
dans les conceptions développées par les instituteurs et dans les choix
pédago-sanitaires effectués. Cette étude met surtout en évidence ce qui
a pu conditionner les instituteurs à devenir des éducateurs de santé.
[1]. Arrêté du 12 décembre 1860.
15:00 Pause
Établissements de soins et évolution des pratiques de santé (XIXe-XXIe siècles)
Communications orales
Horaire : 15:30 - 16:30
Présidence/animation : Didier Nourrisson (Université IUFM-Lyon1)
15:30
«
Et elles auront soin de les laisser point manger tous vivants par les
poux et la vermine » : Éviter la contagion dans les hôpitaux du XVIIIe
siècle, analyse des textes normatifs.
Claire Garnier (UdeM - Université de Montréal)
Constituant
un maillage du territoire français d'Ancien Régime, les Hôtel-Dieu et
Hôpitaux Généraux sont des institutions où se côtoient pratiques de
santé et vocation religieuse. S'ils sont des lieux d'application et de
développement des connaissances médicales, ces structures sont fondées
dans un but religieux, avec des administrateurs membres du clergé ou
laïcs dévots, et pris en charge par des congrégations de religieuses.
Cette communication propose d'étudier cette double vocation
institutionnelle par l'analyse des règlements d'établissements parisiens
et auvergnats et des notions de contagion et de souillure qui y sont
relevées. Ces notions, telles que développées en anthropologie (Douglas,
1966), s'appliquent avec intérêt à ce contexte historique. Ainsi, si
les sources choisies dévoilent diverses techniques prophylactiques,
elles témoignent aussi d'un souci de contagion morale. Les
modalités de cohabitation de ces deux définitions de la contagion et de
leur application aux malades, ainsi qu'aux soignant(e)s, seront au cœur
de ma communication. Il y sera aussi question de déterminer si, au
regard de la dimension religieuse de ces instituts, l'on peut parler de martyr de la contagion, et si celui-ci st compatible avec la pratique de soin.
16:00
16:00
Une histoire de poids: l’obèse, le mince et le fort au Brésil
Denise Bernuzzi de Sant'Anna (Pontificia Universidade Católica de Sao Paulo)
L’obésité
est devenu un problème mondial de santé publique dont l’histoire
commence progressivement à se faire. Depuis une vingtaine d’années,
plusieurs thèses et colloques sur le sujet sont parus dans les domaines
des sciences humaines. Ils montrent combien les manières de concevoir et
de représenter l’obésité sont riches en informations sur les peurs et
les exigences qui accablent les gros et les maigres dans la société
contemporaine. Dans ce vaste terrain d’étude, nous proposons d’analyser
l’histoire de l’obésité au Brésil, ses représentations historiques du
début du siècle dernier à nos jours. Dans ce parcours, on voit la
création de la figure de l’obèse malade en contraposition au gros
risible, mais aussi la résistance brésilienne à suivre les modèles de
minceur diffusés par les médias. On voit, également, l’augmentation
rapide de l’obésité morbide parmi les couches populaires et son arrivée
aux hôpitaux, lesquels n’avaient pas de structure pour accueillir les
corps trop lourds et corpulents. On voit finalement l’émergence de
nouvelles questions de santé et de normalité corporelle, mêlées à la
permanence d’anciens goûts, ce qui nourrit le succès actuel du corps
musclé, des implants chirurgicaux et du culte de la
« femme bodybuildée » dans toutes les couches sociales.
Mercredi 9 Mai 2012
L'hygiène publique: pratiques, institutions et mobilisations des acteurs de santé (XIXe siècle)
Communications orales
Horaire : 08:30 - 10:30
Présidence/animation : Alexandre Klein (Université de Lorraine, France)
9:00 Accueil
9:30
9:30
Adopter de nouvelles pratiques de santé en milieu urbain ; l’action des édiles de la Ville de Paris à la fin du XIXème siècle.
Aurélie Rimbault (Université Paris1-Sorbonne)
L’action
sociale parisienne représente aujourd’hui une part importante du budget
municipal de la Ville et s’étend sur des champs d’application
multiples. Cette politique tant sanitaire que sociale prend peu à peu
forme à la fin du XIXe sous l’implication du personnel municipal
parisien, qui contribua à l’élaboration puis à la diffusion de nouvelles
politiques et pratiques de santé. Ce sont ces rôles successifs que nous
nous proposons de démontrer au cours de cette communication.
Influencés par les premières théories hygiénistes et enquêtes
sociologiques, les édiles parisiens ont eu une importante activité
philanthropique auprès des populations pauvres. Ils incitèrent alors ces
derniers à adopter de nouveaux comportements sanitaires allant jusqu’à
devenir eux-mêmes les propres demandeurs de l’action sociale. Les
historiens du XXIe siècle ont désormais à leur disposition de nombreux
outils informatiques. Ils permettent un traitement plus rationnel des
sources que nous avons à disposition ouvrant ainsi la voie à de profonds
renouvellements des problématiques en histoire de la santé. Il sera
question ici de présenter les premiers résultats d’une recherche
doctorale actuellement en cours en s’appuyant sur des outils de
lexicométrie et d’analyses de réseaux, en montrant que ces outils
permettent de démontrer l’implication micro-locale des édiles et de
leurs parentés dans l’adoption progressive de nouvelles pratiques de
santé chez les populations pauvres de la capitale.
10:00 Pause
Réflexions conceptuelles dans l’histoire des pratiques de santé
Communications orales
Horaire : 10:30 - 12:00
Présidence/animation : Séverine Parayre (Université Lille 3, France)
10:30
L’émergence et la transformation de la « mésologie ». Le concept de « milieu » entre la médecine et les sciences sociales.
Ferhat Taylan (Université Bordeaux 3, France)
Dans le sillage de ce que L. Daston appelle « applied metaphysics »,
où il s’agit de se demander comment des objets scientifiques viennent à
exister et disparaissent de la circulation, nous nous intéressons à
l’émergence du concept de « milieu » au 19ème siècle. Anticipée par les pratiques médicales et hygiénistes dès la deuxième moitié du 18ème
siècle, l’idée d’un enracinement biologique de l’être vivant dans son
environnement sera théorisée par le concept de « milieu » chez Lamarck
et Auguste Comte, avant d’être élevée au statut d’une science, nommée «
mésologie » par Bertillon en 1876. Ils disparaissent de la plupart des
dictionnaires médicales au début du 20ème siècle, mais
continuent à circuler en dehors du champ médical. De quoi cette
émergence et cette transformation pourraient-elles être la trace ? Au
delà de la thèse d’une « médicalisation » massive de la société
française au 19ème siècle, nous proposons de suivre le fil
conducteur de la « mésologie » pour interroger le rôle fondateur de la
médecine pour les sciences sociales naissantes. Nous tenterons de
montrer que le concept de milieu ne témoigne pas seulement de la
dernière tentative d’établir une médecine sociale générale – sous la
forme d’une théorie médicale du champ social -, mais qu’il est
constitutif des pratiques médicales du 19ème siècle, en hygiène public aussi bien qu’en urbanisme.
11:00
Le
sujet peut-il être objet d’histoire ? Devenir soi dans la maladie :
l’exemple des discours de malades dans la correspondance de
Samuel-Auguste Tissot.
Alexandre Klein (Université de Lorraine, France)
Le
renouvellement des perspectives historiographiques au cours des années
1980 a conduit les historiens de la médecine à s’intéresser de plus près
au malade et à son expérience. Tout en favorisant le développement de
l’histoire des pratiques de santé, ce déplacement de la perspective
d’analyse du haut vers le bas a dévoilé de nouveaux objets historiques.
Face à la multiplicité des histoires et représentations individuelles,
mais aussi des techniques et pratiques de maintien ou de recouvrement de
la santé, il convenait en effet de faire apparaître de nouveaux lieux
de synthèse, pour limiter et organiser ce foisonnement tendant à
disperser l’objet historique. L’un des principes d’unification des
sources et des discours se trouve selon nous dans la notion de sujet.
C’est ce que nous tenterons de démontrer en analysant, au sein de la
correspondance adressée au médecin suisse S.-A. Tissot, la manière dont
les malades se constituent comme sujets de leurs maux et de leurs soins,
en déterminant de façon autonome le sens immanent à leur expérience de
la maladie. S’inspirant des analyses de Philip Rieder sur la figure du
patient au XVIIIe siècle, mais également des travaux
d’« histoire des modes de subjectivation » de Michel Foucault, nous
essaierons de cerner les biais d’organisation du devenir-sujet de
l’individu dans sa confrontation à la maladie et à la santé, et ce afin
de déterminer la notion philosophique de « sujet médical » comme outil
d’une histoire des pratiques de santé.
11:30
11:30
Conclusion du colloque
Didier Nourrisson (Université IUFM-Lyon 1) et François Guérard (Université du Québec, Chicoutimi)
Nos
deux conférenciers principaux feront une conclusion du colloque et
annoncerons des perspectives de recherche en histoire des pratiques de
santé.
12:00 Mot de clôture
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