Who Cares ? De la psychiatrie dans l’aire anglophone : People and Places
Appel à communication
Colloque international
Université Paris Nanterre
6-7 février 2025
Who
Cares? De la psychiatrie dans l’aire anglophone est un groupe de
chercheuses nouvellement constitué au sein du département d’études
anglophones de l’Université Paris Nanterre, affilié au CREA EA 370.
Nous
travaillons sur l’histoire de la psychiatrie dans le monde anglophone
et souhaitons encourager les échanges sur ce sujet et en développer la
dimension internationale. Notre objectif est également de favoriser
l’émergence de liens et de comparaisons entre les perspectives
historiques sur la psychiatrie telles qu’elles existent dans les aires
francophone et anglophone.
Dans le cadre de notre projet, nous
organisons notre première conférence internationale sur l’histoire de
la psychiatrie dans le monde anglophone, à l’Université de Paris
Nanterre. Elle portera spécifiquement sur le thème « People and places »
(6-7 février 2025) et inaugurera une série de trois : « People and
places » (6-7 février 2025), « Theories and policies» (février 2026) et «
Circulations and transfers » (février 2027).
L’histoire de la
psychiatrie est caractérisée par l’étendue de son champ disciplinaire,
que Jan Goldstein attribuait à la nature même de la psychiatrie,
discipline ancienne qui curieusement « manquerait de la stabilité que
l’âge confère en général ». Si cette histoire a d’abord été écrite par
des psychiatres et des professionnels de la santé (les plus connus étant
Ida Macalpine et Richard Hunter), depuis les années 1970-1980 elle fait
également l’objet d’un intérêt croissant de la part des spécialistes
d’histoire sociale, culturelle et intellectuelle, ainsi que des
historiens des sciences et de la médecine.
Le terme «
psychiatrie » doit être entendu dans son acception la plus large, tel
que défini par l’historien Roy Porter : une discipline « vieille comme
le monde si on la considère comme un terme générique désignant toute
tentative de secourir les esprits atteints par la maladie ». Cette
approche est en parfaite adéquation avec la définition qu’en propose
l’Oxford English Dictionary, qui décrit la psychiatrie comme la «
branche de la médecine s’intéressant aux causes, au diagnostic, au
traitement et à la prévention des maladies mentales ». Bien que le terme
« psychiatre » ait été utilisé en français dès 1802, le mot
psychiatrist n’est apparu que bien plus tard dans la langue anglaise,
en 1875, alors que celui de psychiatry semble être utilisé depuis 1846.
Ces usages asynchrones ne signifient pas pour autant que l’expression «
histoire de la psychiatrie » ne doive s’appliquer qu’à partir du 19e
siècle, et son emploi est pleinement justifié dans toute recherche
historique portant sur le traitement et la prise en charge des malades
mentaux. Le cas de Bedlam à Londres, fondé en 1247 en tant que
monastère, puis transformé en hôpital et considéré aujourd’hui encore
comme le plus ancien « hôpital psychiatrique » au monde, est une
illustration parfaite de l’existence de pratiques psychiatriques avant
même que le terme n’ait été inventé.
Au-delà d’un simple jeu de
mots, la polysémie du titre de notre projet Who cares ? pose la
question de l’attention portée au patient dans la relation
thérapeutique, ou de la négligence de ce dernier par le soignant.
Porteuse du sentiment d’incompréhension, de mépris ou d’indifférence que
le patient peut parfois ressentir au cours de la thérapie, elle met en
évidence le décalage entre la perspective du médecin, souvent centrée
sur la pathologie, et l’expérience subjective du patient. D’autre part,
en interrogeant la notion même de soin, elle évoque également l’échec
possible des soignants dans leur prise en charge de certains aspects de
la maladie, jugés secondaires ou négligeables. Elle interroge également
l’attention accordée aux malades mentaux et le respect (ou le manque de
respect) dont ils font l’objet de la part du grand public, attitude
intimement liée aux perceptions et aux mentalités d’une société donnée à
une époque donnée, ce qui en fait un véritable enjeu social et
historique. La question « Who cares ? » conduit par ailleurs à
réfléchir à la place, au rôle et à la reconnaissance de l’histoire de la
psychiatrie dans le champ plus large de l’histoire sociale et politique
du monde anglophone.
Le lieu de prise en charge de la maladie
mentale, dans son sens littéral mais aussi métaphorique, ainsi que le
rôle des personnes impliquées dans les soins aux malades mentaux (qu’il
s’agisse des patients eux-mêmes, de leurs familles, des médecins, des
soignants ou des communautés locales), ont fait l’objet de recherches et
d’études d’une grande variété. Dans la continuité des travaux
fondateurs de Gerald Grob, des chercheurs comme Kathleen Jones, Andrew
Scull, Roger Smith, Jonathan Andrews ou Peter Bartlett ont ancré leurs
études sur les institutions psychiatriques dans l’histoire
institutionnelle, sociale et politique. Des générations d’historiens ont
considérablement enrichi leur approche des lieux de soins en
psychiatrie par la prise en compte de facteurs tels que le genre,
l’appartenance ethnique et/ou la colonisation (par exemple Elaine
Showalter, Joan Busfield, Hilary Marland, Catharine Coleborne, Angela
McCarthy, Leonard Smith, Waltraud Ernst, Dinesh Bhugra, Roland
Littlewood). Sous l’influence majeure de Roy Porter dans les années
1970-1980, l’historiographie de la maladie mentale a également tenté de
décentrer l’histoire des maladies mentales en prenant en compte non plus
le cadre des institutions psychiatriques mais celui des communautés
mêmes, et ce à une époque de désinstitutionalisation grandissante
(Akihito Suzuki, Peter Bartlett, David Wright, Rob Ellis). Cette
tendance s’est poursuivie ces dernières années, notamment avec l’essor
de la microhistoire qui s’intéresse aux expériences individuelles de la
maladie mentale, que ce soit dans le cadre familial ou institutionnel,
les historiens s’attachant, par des approches diverses, à donner une
voix aux patients comme Porter les y incitait (Jonathan Andrews, Rob
Ellis, Leonard Smith, Rory du Plessis, Jane Hamlett).
Au début
des années 2000, le « tournant spatial » (spatial turn) a donné lieu à
des travaux portant spécifiquement sur la question du soin en
institutions ou en dehors et qui étudient en profondeur le langage
géographique convoqué dans l’analyse de l’histoire des maladies mentales
(Chris Philo). Dans l’historiographie récente, les études
transnationales ouvrent également de nouvelles voies de recherche en
histoire de la psychiatrie (Waltraud Ernst, Thomas Mueller).
Ce
colloque international, qui se tiendra à l’Université Paris Nanterre les
6 et 7 février 2025, accueillera donc toutes les contributions qui,
dans une approche historique de la psychiatrie et plus généralement du
traitement de la maladie mentale, porteront sur la question People and
Places du Moyen-Âge à la fin du XXe siècle dans les pays anglophones.
Nous vous invitons à soumettre vos propositions sur « People and places » avant le 30 juin 2024.
Les
propositions de communication (pour des présentations de 20 minutes),
rédigées en anglais (environ 250 mots) et accompagnées d’une courte
notice biographique dans un document Word unique, doivent être envoyées à
l’adresse suivante whocaresconference@gmail.com
Veuillez noter que les interventions se feront uniquement en présentiel et en anglais.
Les
thématiques suivantes pourront être abordées :
- Études des lieux et des espaces thérapeutiques (institutions privées/publiques, familles, soins de proximité)
- Études historiques des patients en psychiatrie et de leurs relations avec leur lieu de soins/confinement
- Activités individuelles et collectives au sein de l’institution
- L’art à l’hôpital
- Classification nosographique / Désignation des patients et des lieux de soins
- Institutionnalisation / démantèlement des hôpitaux psychiatriques ou désinstitutionnalisation
- Mouvement des communautés thérapeutiques (années 1960)
- Pratique du soin dans la communauté (années 1980)
- Le rôle des soignants dans des lieux spécifiques
- L’importance de la localisation, de l’architecture, de la géographie spécifiques dans la détermination / le choix / la mise en place des soins
- Circulation des patients/ des soignants
- Approches historiographiques des personnes et des lieux en rapport avec les questions de santé mentale.
Bibliographie sélective:
https://whocares.hypotheses.org/selected-bibliography
Comité d’organisation:
Cécile Birks, Claire Deligny, Laurence Dubois (Observatoire de l’aire britannique), Elisabeth Fauquert (Politiques américaines) and Laetitia Sansonetti (Confluences)
Who Cares ? Psychiatry in the English-speaking world: People and Places
Call for Papers
International conference Université Paris Nanterre
6-7 February 2025
Scroll down for French version
Who Cares? De la psychiatrie dans l’aire anglophone is a newly-formed group of scholars from the Université Paris Nanterre, Department of English Studies, CREA EA 370, working specifically on the history of psychiatry in the English-speaking world. We are keen to encourage discussions on this subject and strengthen its international dimension. Our aim is also to foster further discussions on links and comparisons between historical perspectives on psychiatry in the French and the English-speaking worlds.
As part of our project, we are organising our first international conference on the history of psychiatry in the English-speaking world on the specific topic of “People and Places”, at the Université Paris Nanterre in early 2025. This will be the first of a series of 3 conferences: “People and Places” (6-7 February 2025), “Theories and Policies” (February 2026) and “Circulations and Transfers” (February 2027)
The history of psychiatry raises the question of its disciplinary breadth, which Jan Goldstein once attributed to the very nature of psychiatry, an old discipline somehow “lack[ing] the stability that age would seem to confer”.1 While it was originally written by psychiatrists and healthcare professionals (most famously, Ida Macalpine and Richard Hunter), it also increasingly caught the attention of scholars in social, cultural and intellectual history, as well as historians of science and medicine from the 1970s-80s onwards.
The term “psychiatry” is to be taken in the broadest sense of the word, as defined by historian Roy Porter – a discipline which is “as old as the hills if we treat it as a portmanteau term for all attempts to minister to minds diseased”.2 This approach is perfectly in line with the definition from the Oxford English Dictionary, presenting psychiatry as the “branch of medicine concerned with the causes, diagnosis, treatment and prevention of mental illness”. Though the term “psychiatre” was used in French as early as 1802, the word “psychiatrist” only appeared much later in the English language, in 1875, while “psychiatry” seems to have been in use since 1846. This does not mean however that the phrase “history of psychiatry” should only apply from the 19th century onwards, and it is entirely justified when dealing with any historical research on the treatment of the mentally ill. The case of Bedlam in London, that was founded in 1247 as a monastery, then transformed into a hospital and is still considered today as the oldest “psychiatric” hospital in the world, provides a perfect example of the existence of psychiatric practices even before the coining of the term.
Far from being a mere play on words, the polysemy in our project title “Who cares?” raises the question of the attention paid to the patient in the therapeutic relationship, or their neglect.3 Evoking the feeling of incomprehension, contempt or indifference that the patient may feel during therapy, it highlights the gap between the doctor’s perspective, often focused on pathology, and the patient’s subjective experience. On the other hand, questioning the subject of care, it underlines the possible failure of caregivers to treat certain aspects of the illness, deemed secondary or negligible. It also questions the attention granted to the mentally ill and the respect (or lack thereof) shown towards them by the public at large, an attitude that is intricately linked to the perceptions and mentalities of a given society at a certain period of time, making it a genuine social and historical issue. What is more, the question “Who cares?” is intended as a reflection on the place, the role and the recognition of the history of psychiatry in the wider field of the social and political history of the English-speaking world.
The literal and metaphorical place of mental illness, as well as the role of the people involved in the care of the mentally ill (be they the patients themselves, their families, the doctors, nurses/attendants, or the local communities), has been analysed in a variety of ways. Following the seminal influence of scholars such as Gerald Grob, the likes of Kathleen Jones, Andrew Scull, Roger Smith, Jonathan Andrews or Peter Bartlett have anchored their studies on mental institutions in institutional, social and political history. Generations of historians have successfully enriched their approach to mental health hospitals via gender, race and/or colonial studies (e. g. Elaine Showalter, Joan Busfield, Hilary Marland, Catharine Coleborne, Angela McCarthy, Leonard Smith, Waltraud Ernst, Dinesh Bhugra, Roland Littlewood). Under the major influence of Roy Porter in the 1970s-80s, the historiography of mental illness has also attempted to decentre histories of mental illnesses, from the psychiatric institutions to other parts of the community in an era of deinstitutionalisation (Akihito Suzuki, Peter Bartlett, David Wright, Rob Ellis). This trend has continued in recent years, with the rise of micro-histories of experiences of mental illness whether in household or institutional settings, and historians have adopted various approaches to tackle Porter’s call to give a voice to the patients (Jonathan Andrews, Rob Ellis, Leonard Smith, Rory du Plessis, Jane Hamlett).
In the early 2000’s, the “spatial turn” encouraged further studies of care in and outside institutions, engaging in thorough reflections on the geographical language used to analyse the history of mental illnesses (Chris Philo). Transnational studies in recent historiography have been opening up new avenues for research in the history of psychiatry (Waltraud Ernst, Thomas Mueller).
This international conference, to be held at Université Paris Nanterre on 6-7 February 2025, will thus welcome all historical approaches to psychiatry and more generally to the treatment of mental illness which reflect on the topic “People and places” from the Middle Ages to the end of the 20th century in English-speaking countries.
We invite proposals on “People and places” to be submitted by June 30 2024.
Paper proposals (20-minute presentation format), written in English (approximately 250 words) and accompanied by a short biographical note in a single Word document, should be sent to
whocaresconference@gmail.com
Please note this Call for Papers is for in-person presentations only
The presentations will be exclusively in English
Topics may include:
- Studies of therapeutic places and spaces (private/public institutions, families, community care)
- Historical studies of psychiatric patients and their relations to their place of care/confinement
- Individual and collective activities within the institution
- Art in hospitals
- Labelling patients / places
- Institutionalisation / demise of mental hospitals/ places of care or deinstitutionalisation
- Therapeutic community movement (1960s)
- Care in the community (1980s)
- The role of professional carers in specific places
- The importance of locality, architecture, specific geography in determining care
- Circulations of patients/carers
- Historiographical approaches to people and places in relation to mental health issues.
Selected bibliography:
https://whocares.hypotheses.org/selected-bibliography
Conference organisers:
Cécile Birks, Claire Deligny, Laurence Dubois (Observatoire de l’aire britannique), Elisabeth Fauquert (Politiques américaines) and Laetitia Sansonetti (Confluences)
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