mercredi 21 décembre 2022

Le sommeil au XIXe siècle

Le sommeil au XIXe siècle. Normes et imaginaires du dormir (années 1770-1914)

Soutenance de thèse de Sophie Panziera



J'ai le grand plaisir de vous inviter à la soutenance de ma thèse intitulée « Le sommeil au XIXe siècle. Normes et imaginaires du dormir (années 1770-1914)», réalisée sous la direction de Dominique Kalifa puis Laurence Guignard à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle se déroulera le samedi 7 janvier 2023 à 14h, en salle 216 du Centre Panthéon, (12 place du Panthéon 75005 Paris). Une visioconférence permettra également de la suivre à distance.


Le jury sera composé de :

Monsieur Alain Cabantous, professeur émérite, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, examinateur

Madame Anne Carol, professeure, Université d'Aix Marseille, examinatrice

Madame Jacqueline Carroy, directrice d'étude honoraire, EHESS, examinatrice

Madame Laurence Guignard, professeure, Université Paris-Est Créteil, directrice de la thèse

Monsieur Hervé Guillemain, professeur, Université du Mans, rapporteur

Madame Stéphanie Sauget, professeure, Université de Tours, rapportrice



La soutenance sera suivie d’un pot au Centre d’histoire du XIXe siècle auquel vous êtes très chaleureusement convié·es (Centre Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, Escalier C, 3ème étage, salle G014).

Pour vous permettre d'accéder aux centres Panthéon et Sorbonne, et pour des raisons d’organisation, je vous serais très reconnaissante de m’indiquer votre présence (à tout ou partie de la soutenance, et/ou au pot) au plus tard le 31 décembre. Si vous souhaitez assister à distance, je vous remercie également de bien vouloir m’en informer en m’écrivant à l'adresse sophie.panziera@gmail.com, afin de que je puisse vous envoyer les informations de connexion.



Résumé de la thèse

La thèse propose d’analyser les représentations qui conditionnent les rapports au sommeil et aux expériences du « dormir » au xixe siècle. Elle montre qu’à partir de la fin du xviiie siècle, les médecins s'emparent du sommeil comme un objet d'étude à part entière, questionnant la nature et la fonction de cet état physiologique au moment où le sommeil provoqué réinterroge les frontières veille/sommeil. Les innovations techniques permettent dans le même temps de faciliter la vie nocturne, jusqu’à pouvoir la rendre quotidienne. À partir de 1789, la Révolution française érige l’énergie en valeur essentielle du citoyen, se réappropriant et exaltant une culture de la veille politique. S’installe alors un nouveau rapport au temps social, politique et naturel. Le XIXe siècle définit le besoin de sommeil non plus comme un impondérable calqué sur les rythmes cycliques répondant aux lois de la nature, mais dépendant des rythmes propres au corps, relevant de la physiologie individuelle, que les sciences médicales sont chargées de comprendre et déterminer. Puis la norme d’un sommeil de huit heures est réappropriée et revendiquée par une partie du corps social comme un impératif de santé civilisationnel, avant d’être entériné par la législation. L’analyse des discours tenus sur le sommeil entre les années 1770 et 1910 révèle ainsi une dichotomie entre d’un côté les injonctions à la veille citoyenne, politique, artistique, laborieuse, comme un idéal à atteindre pour accéder à la reconnaissance sociale, et de l’autre, la formulation progressive des prescriptions médicales et sociales au bien dormir, les secondes prenant progressivement le pas sur les premières à partir du second xixe siècle, sans que ces dernières ne s’effacent complètement. En ce sens, le tournant du XXe peut ainsi être lu comme un moment de revendication et de conquête d’un temps de sommeil suffisant pour toutes et tous, dans la formulation sociale d’un « droit au sommeil ». S’appuyant sur les discours médicaux, elle aboutit paradoxalement à une nouvelle naturalisation du besoin de dormir.


Summary:

This thesis intends to analyse the discursive representations that influence the relationship to sleep and the experiences of "sleeping" in the 19th century. Starting from the end of the 18th century, doctors take on sleep as an object of study in its own right, questioning the nature and function of this physiological state as induced sleep ponders the boundaries between wakefulness and sleep. Concurrently, technical innovations facilitate nocturnal activities to the point of making them common. From 1789, the French Revolution establishes energy as an essential value of the citizen, reclaiming and exalting a supposed sleepless political elite. A new relationship to social, political and natural time thus sets in. The 19th century no longer defines the need for sleep as synchronised with the cyclical patterns of nature, but dependent on patterns specific to the body, linked to human physiology and which medical sciences are given the tasks to understand and describe. The need for sleep is presented as a civilizational health imperative by workers unions, before being eventually ratified by the legislation of the eight-hour day. The analysis of the speeches held on sleep between 1770 and 1910 reveals a dichotomy between, on the one hand, injunctions to civic, political, artistic, laborious wakefullness, as an ideal to attain social recognition, and on the other hand, the formulation of medical and social prescriptions for good sleep, the latter gradually taking precedence over the former from the second half of 19th century, without the former disappearing completely. In this sense, the turn of the 20th century can thus be read as a moment of claiming and conquering sufficient time for sleep for all, in the social formulation of a “right to sleep”. Based on medical discourses, this concept paradoxically leads to a new naturalisation of the need to sleep.


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