vendredi 3 avril 2015

Les procès de Nuremberg


Les procès de Nuremberg. Nouvelles approches à partir des professions

Appel à contribution

jeudi 5 novembre (14H-18H) et 6 novembre 2015 (10h-17H)

Institut des sciences sociales du politique (ISP-UMR 7220) à l’Université Paris-Ouest-Nanterre et Institut d’histoire moderne et contemporaine (IHMC-UMR 8066) à l’Ecole normale supérieure

Cette manifestation facilitera la rencontre de chercheurs français et étrangers issus de différentes disciplines des sciences humaines travaillant sur ces procès matriciels et sur leur impact dans les cultures juridiques et plus largement professionnelles du second XXe siècle. Plus récemment, de nouvelles approches ont vu le jour, inspirées de l’histoire sociale d'une part, de la sociologie des professions, des organisations internationales et des sorties de conflits d'autre part. Ces travaux sont centrés à la fois sur les personnels mobilisés lors des procès et procédures épuratoires et sur l'émergence de nouveaux espaces d'expertise transnationaux, mais aussi sur les cultures professionnelles modifiées pendant et plus durablement après les procès. L’objectif de cette double journée d’études sera de présenter et de confronter ces travaux récents, en favorisant le dialogue entre des chercheurs appartenant à des disciplines diverses.


ANNONCE
Dans la perspective d’une publication collective, nous envisageons d’organiser une double journée d’études, d’abord à l’ISP (Université Paris-Ouest Nanterre), puis à l’IHMC (Ecole normale supérieure) consacrée aux procès de Nuremberg, dont l’année 2015 verra la commémoration du soixante-dixième anniversaire. Cette manifestation facilitera la rencontre de chercheurs français et étrangers issus de différentes disciplines des sciences humaines travaillant sur ces procès matriciels et sur leur impact dans les cultures juridiques et plus largement professionnelles du second XXe siècle. Ces procès ont donné lieu jusqu’à aujourd’hui à une abondante littérature – dans diverses disciplines - consacrée non seulement à leur préparation, à leur déroulement et à leur conclusion, mais aussi à leur rôle dans les processus de sortie de guerre en général et dans la dénazification de l’Allemagne en particulier, ainsi qu’à leurs effets à plus ou moins long terme sur la formation d’une mémoire du nazisme. Plus récemment, de nouvelles approches ont vu le jour, inspirées de l’histoire sociale d'une part, de la sociologie des professions, des organisations internationales et des sorties de conflits d'autre part. Ces travaux sont centrés à la fois sur les personnels mobilisés lors des procès et procédures épuratoires et sur l'émergence de nouveaux espaces d'expertise transnationaux, mais aussi sur les cultures professionnelles modifiées pendant et plus durablement après les procès. L’objectif de cette double journée d’études sera de présenter et de confronter ces travaux récents, en favorisant le dialogue entre des chercheurs appartenant à des disciplines diverses. 

Axes thématiques
Deux axes seront approfondis lors de ces journées :
Premier axe - Les procès de Nuremberg au prisme des trajectoires professionnelles

Une manière novatrice d’envisager les procès de Nuremberg est de s’intéresser aux personnels mobilisés dans leur préparation, leur déroulement et leur diffusion. En effet, l’historiographie s’est principalement focalisée sur les catégories juridiques nouvellement forgées dans le cadre du procès (crimes de guerre, crimes contre l’humanité, crimes contre la paix et complots criminels), sans toujours chercher à replacer leur fabrique au sein de trajectoires professionnelles juridiques, politiques ou diplomatiques. De quelles ressources les juristes du procès (magistrats, avocats, procureurs) disposent-ils pour penser les crimes nazis, préparer et conduire le procès ? L’histoire sociale peut ici apporter beaucoup à l’histoire des idées, notamment celle des idées juridiques. Par ailleurs, quel a été l’impact de ce moment exceptionnel sur les carrières ultérieures des acteurs des procès? L’entrée par les trajectoires et par la prosopographie peut permettre de réinsérer les procès de Nuremberg dans une temporalité plus longue, incluant leur amont et leur aval. Des comparaisons seraient à mener entre les pays impliqués.

Cette réflexion sur les personnels mobilisés dans les procès ne doit bien entendu pas se limiter aux seuls personnels juridiques, mais être élargie aux autres experts engagés dans les tribunaux, qu’ils soient médecins, journalistes, cinéastes, traducteurs, ou autres. Les procès de Nuremberg ont donné lieu à des innovations non seulement juridiques mais aussi techniques et technologiques, les Américains en particulier ayant fait appel à toute une série de spécialistes reconnus dans divers domaines (beaux-arts et design, architecture, traduction simultanée, image fixe et mobile, etc.). Il convient de connaître précisément ces personnels et les raisons de leur sollicitation. L’histoire sociale peut s’avérer précieuse pour définir des profils d’experts. Assiste-t-on, à partir du procès de Nuremberg, à la naissance de profils internationaux ou transnationaux ?

L'histoire et la sociologie des professions invitent également à réfléchir à la manière dont émergent et se structurent de nouveaux espaces d'expertise internationalisés, dans le domaine du droit international principalement, mais aussi, au-delà, dans celui des sorties de conflit. L'Allemagne occupée constitue un véritable laboratoire des politiques publiques en ce domaine (dénazification, sanctions pénales, rééducation, etc.) : on pourra réfléchir à la circulation des savoirs et des acteurs entre la sphère judiciaire et les autres domaines d'activité tels que l’enseignement ou la psychologie.

Deuxième axe - Les procès de Nuremberg dans la (re)définition des cultures professionnelles
Le deuxième axe de cette journée d’études envisage la portée des procès de Nuremberg dans différents champs professionnels et dans les divers pays impliqués, avec là encore la question ouverte de l’existence de dynamiques transnationales. Il s’agit d’une part de voir ce que les procès ont apporté à certaines pratiques professionnelles, en resituant cet événement judiciaire dans l'histoire longue des professions. On cherchera à appréhender la manière dont celles-ci redéfinissent et actualisent – notamment à la faveur de la guerre et de l'après-guerre – leurs normes et identités propres. On pourra étudier ici le côté des épurateurs tout autant que celui des épurés, notamment en envisageant les dispositifs où les uns et les autres appartiennent au même corps ou milieu professionnel. On notera à cet égard que les cas d’autoépuration sont sans doute plus fréquents que les cas d’épuration imposée de l’extérieur par un personnel étranger ; cependant, même dans ce dernier cas, les choses ne sont pas si simples comme en témoigne la proportion non-négligeable d’émigrés allemands parmi les juristes de l’équipe dirigée par Robert Jackson, et au-delà dans l’administration d’occupation américaine. Dans le même ordre d’idée, les procès de Nuremberg ont été intensément discutés (et très souvent critiqués) dans le monde juridique allemand d’après-guerre et ces débats ont revêtu une forte dimension identitaire. Les cas de Robert Kempner ou de Gustav Radbruch pourront par exemple être examinés dans cette perspective.

D’autre part, si les principes de Nuremberg sont connus pour avoir directement inspiré l’éthique professionnelle des médecins (avec l’interdiction notamment de pratiquer des expériences médicales sur des sujets non consentants), reste à savoir si un impact similaire peut être décelé après 1946 dans le discours interne d’autres professions. Un exemple est fourni par l’éthique professionnelle des fonctionnaires ouest-allemands après 1949, qui intègrent les principes de Nuremberg dans leur droit disciplinaire ordinaire au cours des années 1950 et 1960, alors que ceux-ci ne sont pas encore admis dans le droit pénal de la RFA. La question des rapports entre les experts et l’opinion publique, qui renvoie à la crédibilité des experts, devra être posée. Les différentes professions doivent en effet légitimer leur expertise et l’impact de Nuremberg peut être aussi évalué dans cette direction.

En somme, est-il possible d’écrire une histoire comparée des cultures et des discours professionnels après Nuremberg ? L’enjeu de cette réflexion sera de mettre en perspective les procès de Nuremberg à partir des pratiques et des discours des professions en incluant la moyenne (voire longue) durée et la comparaison. A cet égard, des communications portant sur les juridictions internationales avant et après le procès pourront être proposées.


Organisateurs
Guillaume Mouralis (CNRS) et
Marie-Bénédicte Vincent (ENS)
Comité scientifique
Guillaume Mouralis (CNRS),
Marie-Bénédicte Vincent (ENS),
Annette Weinke (Université de Iéna),
Annette Wieviorka (CNRS).

Les frais de transport et d’hébergement pour une nuit à Paris seront pris en charge

Modalités de soumission d’une communication

-Les propositions de communication sont à envoyer par voie électronique avant le 1er mai 2015 à Marie-Bénédicte Vincent et Guillaume Mouralis sous forme de résumés de 3000 signes avec mention du rattachement institutionnel de l’auteur aux deux adresses suivantes : mariebvincent@yahoo.fr ; g.mouralis@gmail.com

-Les propositions seront examinées par le comité scientifique pour le 1er juin 2015 et les auteurs avisés par courriel.

-Le texte de la communication devra être envoyé avant le 15 octobre 2015 de manière à favoriser les échanges entre les participants. Il pourra être rédigé en français, allemand ou anglais, qui seront les langues de travail lors des deux journées d’études.


Une publication collective est envisagée.

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