Atelier
le 23 mars 2015
15h-18h
Organisation : Département d’histoire, Labex SMS, IUF
Corinne Bonnet et Claire Judde de Larivière (corinne.bonnet@sfr.fr ; judde@univ-tlse2.fr)
Participants :
Grégory Hanlon, professeur d’histoire, Dalhousie University
Antoine Doré, chargé de recherche INRA
Jean-Paul Zuniga, maître de conférences en histoire, EHESS
Thomas Glesener, maître de conférences en histoire, Université Aix-Marseille
Programme :
L’atelier
vise à informer collègues et étudiants, et à engager un débat
autour de la question des relations que la discipline historique
entretient déjà et sera amenée à entretenir avec les données, les
méthodes et les conclusions des sciences du vivant, de la génétique
et des neurosciences. Il prendra la forme d’une séance publique et
ouverte d’une durée de 3 heures, qui permettra un échange ouvert et
sera l’occasion de présenter des recherches en cours ainsi que des
réflexions encore au stade d’ébauche.
Les sciences du vivant
passent régulièrement des seuils, promettant aux historiens des
données nouvelles sur la théorie de l’évolution, la génétique ou la
neuropsychologie. Le «Genographic Project» lancé par National
Geographic se propose par exemple de cartographier et de reconstituer
l’histoire génétique de l’humanité et des migrations. Dans certains
pays, les recherches en génétique annoncent des données essentielles
sur l’histoire des peuplements, dont les enjeux sont hautement
politiques. De leurs côtés, les sciences cognitives insistent toujours
davantage sur le primat des conditions biologiques sur les
comportements humains et sociaux.
Si ces nouvelles données
semblent pouvoir enrichir notre compréhension des sociétés, en
particulier dans le domaine de l’histoire des migrations, des
peuplements ou des phénomènes de colonisation, elles ne sont pas sans
poser un certain nombre de problèmes d’interprétation. Les historiens
comme les autres chercheurs en sciences sociales savent que
l’appartenance sociale n’est pas qu’une question de naissance, de
couleur de la peau ou de patrimoine génétique. Au même titre que les
travaux sur le genre ont permis d’établir que le sexe biologique n’est
qu’une des composantes du sexe social, les recherches en sciences
sociales montrent que les données neurologiques et biologiques sont
encadrées, modifiées, altérées, transformées par les conditions
sociales et les expériences individuelles ou collectives.
Cet
atelier permettra de réfléchir aux nouvelles données qui sont
déjà, ou ne manqueront pas d’être offertes aux historiens, et à la
façon dont nous pouvons les appréhender. On se demandera comment
porter un discours intelligible sur la nature de ces données et leur
nécessaire mise en perspective avec d’autres types de sources et de
questionnements, en particulier ceux des sciences sociales. On analysera
également les enjeux politiques et sociaux conditionnant la
circulation de ces données, tant du point de vue des modalités de leur
production que de celui des effets qu’elles ont sur les populations et
les objets qu’elles qualifient.
Le travail de l’historien sur
les sources, sa capacité à reconstituer les cadres des sociétés
passées devraient éclairer et accompagner les recherches en science du
vivant, et proposer les nuances herméneutiques nécessaires dans la
construction des protocoles scientifiques.
Pour information :
Lundi 23 mars, 10h-13h, salle D30, Maison de la Recherche
Séminaire interdisciplinaire « L’espace des sciences sociales » (Labex/EHESS/TESC, MSHS-T)
L’environnement : un objet comme un autre pour les sciences sociales ?
Bibliographie sélective :
Dossier « AHR Round table : History Meets Biology », The American Historical Review, 119-5, déc. 2014.
Dossier « Traduire et introduire les sciences humaines : Daniel L. Smail », Tracés. Revue de sciences humaines, 2014, hors-série.
Jean-Paul Zuniga, « ‘Muchos negros, mulatos y otros colores’. Culture visuelle et savoirs coloniaux au XVIIIe siècle’ », Annales HSS, 2013-1, p. 45-76.
Rafael Mandresi, « Le temps profond et le temps perdu : usages des neurosciences et des sciences cognitives en histoire », Revue d’histoire des sciences humaines, 25, 2011, p. 165-202.
Andrew Shryock and Daniel L. Smail éd., Deep History. The Architecture of Past and Present, Berkeley, Berkeley University Press, 2011.
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