mercredi 2 octobre 2024

Bactériologie et gestion des épidémies au Japon

La bactérie, le vaccin et l'empire : bactériologie et gestion des épidémies au Japon (1880-1930)

Soutenance de thèse de Shiori Nosaka

Lundi 7 octobre à 9h

à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)

au 54 boulevard Raspail 75006 Paris

dans la salle des soutenances A07_37 (au 7ème étage).



Le jury sera composé de :

Christian BONAH, Professeur, Université de Strasbourg (Rapporteur)
Ken DAIMARU, Maître de conférence, Université Paris Cité (Examinateur)
Jean-Paul GAUDILLIÈRE, Directeur de recherche, INSERM-EHESS (Co-directeur)
Sophie HOUDART, Directrice de recherche, CNRS (Examinatrice)
Laurence MONNAIS, Professeure, Université de Lausanne (Rapportrice)
Anne RASMUSSEN, Directrice d'étude, EHESS (Examinatrice)
Bernard THOMANN, Professeur des universités, INALCO (Co-directeur)

Résumé :
Cette thèse examine l’aménagement des politiques sanitaires contre les épidémies de choléra et de peste au Japon impérial entre 1880 et 1930, avec une attention particulière portée sur l’expertise bactériologique. À partir des années 1880, savants médicaux, acteurs de santé locaux et interlocuteurs internationaux commencent à problématiser les mesures d’hygiène publique mises en place par l’État japonais à la fin des années 1870. Les savants japonais cherchent ainsi des explications locales de la transmission du choléra et de la peste, oscillant entre le modèle d’importation des maladies et le modèle d’endémie continue. Dans le contexte de l’intensification de la compétition scientifique transnationale et de l’expansion des empires coloniaux, ces tentatives conduisent à l’agencement de plusieurs types d’intervention sanitaire, faisant appel ou non aux savoirs et aux techniques des bactériologistes dans la métropole japonaise et à Taïwan, devenu alors une colonie japonaise (1895-1945). Les théories associant facteurs microbiens et environnementaux orientent fortement les projets d’investissements d’État vers l’installation d’infrastructures sanitaires en zones urbaines. Dans le même temps, les autorités renforcent les mesures d’isolement et le contrôle des frontières. Le moteur de ces dernières est, d’une part, le développement d’un réseau des laboratoires d’analyse bactériologique et, d’autre part, l’identification de certains ports asiatiques comme étant toujours sources d’épidémies. Les expérimentations de sérums et de vaccins, en métropole et à Taïwan, intéressent les bactériologistes autant sur la question de leur efficacité dans le cadre des campagnes sanitaires que sur leur nouveauté scientifique. Les bactériologistes tirent profit de l’expansion géographique des territoires de l’empire japonais pour collecter des données et ressources variées, ce qui leur permet de produire des savoirs plus compétitifs à l’échelle internationale. En définitive, l’expertise bactériologique multiple les registres d’interprétation des épidémies et d’action sanitaire. Cette thèse met en lumière les manières dont ceux-ci sont mis à l’épreuve et hiérarchisés dans les pratiques locales, par la compétition scientifique et à travers le contexte impérial.


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