jeudi 13 juin 2024

De la psychiatrie dans l’aire anglophone

Who Cares ? De la psychiatrie dans l’aire anglophone : People and Places 

Appel à communication 

Colloque international

Université Paris Nanterre

6-7 février 2025

Who Cares? De la psychiatrie dans l’aire anglophone est un groupe de chercheuses nouvellement constitué au sein du département d’études anglophones de l’Université Paris Nanterre, affilié au CREA EA 370.

Nous travaillons sur l’histoire de la psychiatrie dans le monde anglophone et souhaitons encourager les échanges sur ce sujet et en développer la dimension internationale. Notre objectif est également de favoriser l’émergence de liens et de comparaisons entre les perspectives historiques sur la psychiatrie telles qu’elles existent dans les aires francophone et anglophone.

Dans le cadre de notre projet, nous organisons notre première conférence internationale sur l’histoire de la psychiatrie dans le monde anglophone, à l’Université de Paris Nanterre. Elle portera spécifiquement sur le thème « People and places » (6-7 février 2025) et inaugurera une série de trois : « People and places » (6-7 février 2025), « Theories and policies» (février 2026) et « Circulations and transfers » (février 2027).

L’histoire de la psychiatrie est caractérisée par l’étendue de son champ disciplinaire, que Jan Goldstein attribuait à la nature même de la psychiatrie, discipline ancienne qui curieusement « manquerait de la stabilité que l’âge confère en général ». Si cette histoire a d’abord été écrite par des psychiatres et des professionnels de la santé (les plus connus étant Ida Macalpine et Richard Hunter), depuis les années 1970-1980 elle fait également l’objet d’un intérêt croissant de la part des spécialistes d’histoire sociale, culturelle et intellectuelle, ainsi que des historiens des sciences et de la médecine.

Le terme « psychiatrie » doit être entendu dans son acception la plus large, tel que défini par l’historien Roy Porter : une discipline « vieille comme le monde si on la considère comme un terme générique désignant toute tentative de secourir les esprits atteints par la maladie ». Cette approche est en parfaite adéquation avec la définition qu’en propose l’Oxford English Dictionary, qui décrit la psychiatrie comme la « branche de la médecine s’intéressant aux causes, au diagnostic, au traitement et à la prévention des maladies mentales ». Bien que le terme « psychiatre » ait été utilisé en français dès 1802, le mot psychiatrist n’est apparu que bien plus tard dans la langue anglaise, en 1875, alors que celui de psychiatry semble être utilisé depuis 1846. Ces usages asynchrones ne signifient pas pour autant que l’expression « histoire de la psychiatrie » ne doive s’appliquer qu’à partir du 19e siècle, et son emploi est pleinement justifié dans toute recherche historique portant sur le traitement et la prise en charge des malades mentaux. Le cas de Bedlam à Londres, fondé en 1247 en tant que monastère, puis transformé en hôpital et considéré aujourd’hui encore comme le plus ancien « hôpital psychiatrique » au monde, est une illustration parfaite de l’existence de pratiques psychiatriques avant même que le terme n’ait été inventé.

Au-delà d’un simple jeu de mots, la polysémie du titre de notre projet Who cares ? pose la question de l’attention portée au patient dans la relation thérapeutique, ou de la négligence de ce dernier par le soignant. Porteuse du sentiment d’incompréhension, de mépris ou d’indifférence que le patient peut parfois ressentir au cours de la thérapie, elle met en évidence le décalage entre la perspective du médecin, souvent centrée sur la pathologie, et l’expérience subjective du patient. D’autre part, en interrogeant la notion même de soin, elle évoque également l’échec possible des soignants dans leur prise en charge de certains aspects de la maladie, jugés secondaires ou négligeables. Elle interroge également l’attention accordée aux malades mentaux et le respect (ou le manque de respect) dont ils font l’objet de la part du grand public, attitude intimement liée aux perceptions et aux mentalités d’une société donnée à une époque donnée, ce qui en fait un véritable enjeu social et historique. La question « Who cares ? » conduit par ailleurs à réfléchir à la place, au rôle et à la reconnaissance de l’histoire de la psychiatrie dans le champ plus large de l’histoire sociale et politique du monde anglophone.

Le lieu de prise en charge de la maladie mentale, dans son sens littéral mais aussi métaphorique, ainsi que le rôle des personnes impliquées dans les soins aux malades mentaux (qu’il s’agisse des patients eux-mêmes, de leurs familles, des médecins, des soignants ou des communautés locales), ont fait l’objet de recherches et d’études d’une grande variété. Dans la continuité des travaux fondateurs de Gerald Grob, des chercheurs comme Kathleen Jones, Andrew Scull, Roger Smith, Jonathan Andrews ou Peter Bartlett ont ancré leurs études sur les institutions psychiatriques dans l’histoire institutionnelle, sociale et politique. Des générations d’historiens ont considérablement enrichi leur approche des lieux de soins en psychiatrie par la prise en compte de facteurs tels que le genre, l’appartenance ethnique et/ou la colonisation (par exemple Elaine Showalter, Joan Busfield, Hilary Marland, Catharine Coleborne, Angela McCarthy, Leonard Smith, Waltraud Ernst, Dinesh Bhugra, Roland Littlewood). Sous l’influence majeure de Roy Porter dans les années 1970-1980, l’historiographie de la maladie mentale a également tenté de décentrer l’histoire des maladies mentales en prenant en compte non plus le cadre des institutions psychiatriques mais celui des communautés mêmes, et ce à une époque de désinstitutionalisation grandissante (Akihito Suzuki, Peter Bartlett, David Wright, Rob Ellis). Cette tendance s’est poursuivie ces dernières années, notamment avec l’essor de la microhistoire qui s’intéresse aux expériences individuelles de la maladie mentale, que ce soit dans le cadre familial ou institutionnel, les historiens s’attachant, par des approches diverses, à donner une voix aux patients comme Porter les y incitait (Jonathan Andrews, Rob Ellis, Leonard Smith, Rory du Plessis, Jane Hamlett).

Au début des années 2000, le « tournant spatial » (spatial turn) a donné lieu à des travaux portant spécifiquement sur la question du soin en institutions ou en dehors et qui étudient en profondeur le langage géographique convoqué dans l’analyse de l’histoire des maladies mentales (Chris Philo). Dans l’historiographie récente, les études transnationales ouvrent également de nouvelles voies de recherche en histoire de la psychiatrie (Waltraud Ernst, Thomas Mueller).

Ce colloque international, qui se tiendra à l’Université Paris Nanterre les 6 et 7 février 2025, accueillera donc toutes les contributions qui, dans une approche historique de la psychiatrie et plus généralement du traitement de la maladie mentale, porteront sur la question People and Places du Moyen-Âge à la fin du XXe siècle dans les pays anglophones.

Nous vous invitons à soumettre vos propositions sur « People and places » avant le 30 juin 2024.

Les propositions de communication (pour des présentations de 20 minutes), rédigées en anglais (environ 250 mots) et accompagnées d’une courte notice biographique dans un document Word unique, doivent être envoyées à l’adresse suivante whocaresconference@gmail.com

Veuillez noter que les interventions se feront uniquement en présentiel et en anglais.

Les thématiques suivantes pourront être abordées : 

  • Études des lieux et des espaces thérapeutiques (institutions privées/publiques, familles, soins de proximité)
  • Études historiques des patients en psychiatrie et de leurs relations avec leur lieu de soins/confinement
  • Activités individuelles et collectives au sein de l’institution
  • L’art à l’hôpital
  • Classification nosographique / Désignation des patients et des lieux de soins
  • Institutionnalisation / démantèlement des hôpitaux psychiatriques ou désinstitutionnalisation
  • Mouvement des communautés thérapeutiques (années 1960)
  • Pratique du soin dans la communauté (années 1980)
  • Le rôle des soignants dans des lieux spécifiques
  • L’importance de la localisation, de l’architecture, de la géographie spécifiques dans la détermination / le choix / la mise en place des soins
  • Circulation des patients/ des soignants
  • Approches historiographiques des personnes et des lieux en rapport avec les questions de santé mentale.



Bibliographie sélective:
https://whocares.hypotheses.org/selected-bibliography

Comité d’organisation:

Cécile Birks, Claire Deligny, Laurence Dubois (Observatoire de l’aire britannique), Elisabeth Fauquert (Politiques américaines) and Laetitia Sansonetti (Confluences)




Who Cares ? Psychiatry in the English-speaking world: People and Places

Call for Papers 

International conference Université Paris Nanterre

6-7 February 2025

Scroll down for French version

Who Cares? De la psychiatrie dans l’aire anglophone is a newly-formed group of scholars from the Université Paris Nanterre, Department of English Studies, CREA EA 370, working specifically on the history of psychiatry in the English-speaking world. We are keen to encourage discussions on this subject and strengthen its international dimension. Our aim is also to foster further discussions on links and comparisons between historical perspectives on psychiatry in the French and the English-speaking worlds.

As part of our project, we are organising our first international conference on the history of psychiatry in the English-speaking world on the specific topic of “People and Places”, at the Université Paris Nanterre in early 2025. This will be the first of a series of 3 conferences: “People and Places” (6-7 February 2025), “Theories and Policies” (February 2026) and “Circulations and Transfers” (February 2027)

The history of psychiatry raises the question of its disciplinary breadth, which Jan Goldstein once attributed to the very nature of psychiatry, an old discipline somehow “lack[ing] the stability that age would seem to confer”.1 While it was originally written by psychiatrists and healthcare professionals (most famously, Ida Macalpine and Richard Hunter), it also increasingly caught the attention of scholars in social, cultural and intellectual history, as well as historians of science and medicine from the 1970s-80s onwards.

The term “psychiatry” is to be taken in the broadest sense of the word, as defined by historian Roy Porter – a discipline which is “as old as the hills if we treat it as a portmanteau term for all attempts to minister to minds diseased”.2 This approach is perfectly in line with the definition from the Oxford English Dictionary, presenting psychiatry as the “branch of medicine concerned with the causes, diagnosis, treatment and prevention of mental illness”. Though the term “psychiatre” was used in French as early as 1802, the word “psychiatrist” only appeared much later in the English language, in 1875, while “psychiatry” seems to have been in use since 1846. This does not mean however that the phrase “history of psychiatry” should only apply from the 19th century onwards, and it is entirely justified when dealing with any historical research on the treatment of the mentally ill. The case of Bedlam in London, that was founded in 1247 as a monastery, then transformed into a hospital and is still considered today as the oldest “psychiatric” hospital in the world, provides a perfect example of the existence of psychiatric practices even before the coining of the term.

Far from being a mere play on words, the polysemy in our project title “Who cares?” raises the question of the attention paid to the patient in the therapeutic relationship, or their neglect.3 Evoking the feeling of incomprehension, contempt or indifference that the patient may feel during therapy, it highlights the gap between the doctor’s perspective, often focused on pathology, and the patient’s subjective experience. On the other hand, questioning the subject of care, it underlines the possible failure of caregivers to treat certain aspects of the illness, deemed secondary or negligible. It also questions the attention granted to the mentally ill and the respect (or lack thereof) shown towards them by the public at large, an attitude that is intricately linked to the perceptions and mentalities of a given society at a certain period of time, making it a genuine social and historical issue. What is more, the question “Who cares?” is intended as a reflection on the place, the role and the recognition of the history of psychiatry in the wider field of the social and political history of the English-speaking world.

The literal and metaphorical place of mental illness, as well as the role of the people involved in the care of the mentally ill (be they the patients themselves, their families, the doctors, nurses/attendants, or the local communities), has been analysed in a variety of ways. Following the seminal influence of scholars such as Gerald Grob, the likes of Kathleen Jones, Andrew Scull, Roger Smith, Jonathan Andrews or Peter Bartlett have anchored their studies on mental institutions in institutional, social and political history. Generations of historians have successfully enriched their approach to mental health hospitals via gender, race and/or colonial studies (e. g. Elaine Showalter, Joan Busfield, Hilary Marland, Catharine Coleborne, Angela McCarthy, Leonard Smith, Waltraud Ernst, Dinesh Bhugra, Roland Littlewood). Under the major influence of Roy Porter in the 1970s-80s, the historiography of mental illness has also attempted to decentre histories of mental illnesses, from the psychiatric institutions to other parts of the community in an era of deinstitutionalisation (Akihito Suzuki, Peter Bartlett, David Wright, Rob Ellis). This trend has continued in recent years, with the rise of micro-histories of experiences of mental illness whether in household or institutional settings, and historians have adopted various approaches to tackle Porter’s call to give a voice to the patients (Jonathan Andrews, Rob Ellis, Leonard Smith, Rory du Plessis, Jane Hamlett).

In the early 2000’s, the “spatial turn” encouraged further studies of care in and outside institutions, engaging in thorough reflections on the geographical language used to analyse the history of mental illnesses (Chris Philo). Transnational studies in recent historiography have been opening up new avenues for research in the history of psychiatry (Waltraud Ernst, Thomas Mueller).

This international conference, to be held at Université Paris Nanterre on 6-7 February 2025, will thus welcome all historical approaches to psychiatry and more generally to the treatment of mental illness which reflect on the topic “People and places” from the Middle Ages to the end of the 20th century in English-speaking countries.

We invite proposals on “People and places” to be submitted by June 30 2024.

Paper proposals (20-minute presentation format), written in English (approximately 250 words) and accompanied by a short biographical note in a single Word document, should be sent to
whocaresconference@gmail.com

Please note this Call for Papers is for in-person presentations only

The presentations will be exclusively in English

Topics may include: 

  • Studies of therapeutic places and spaces (private/public institutions, families, community care)
  • Historical studies of psychiatric patients and their relations to their place of care/confinement
  • Individual and collective activities within the institution
  • Art in hospitals
  • Labelling patients / places
  • Institutionalisation / demise of mental hospitals/ places of care or deinstitutionalisation
  • Therapeutic community movement (1960s)
  • Care in the community (1980s)
  • The role of professional carers in specific places
  • The importance of locality, architecture, specific geography in determining care
  • Circulations of patients/carers
  • Historiographical approaches to people and places in relation to mental health issues.


Selected bibliography:
https://whocares.hypotheses.org/selected-bibliography

Conference organisers:

Cécile Birks, Claire Deligny, Laurence Dubois (Observatoire de l’aire britannique), Elisabeth Fauquert (Politiques américaines) and Laetitia Sansonetti (Confluences)

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