Genre et gynécologie. Savoirs, pratiques & mobilisations
Colloque
campus condorcet
8, cours des humanités
93322 aubervilliers
entrée gratuite
18, 19, 20 avril 2023
Le colloque international et interdisciplinaire « Genre et Gynécologie » rassemble des chercheurs·euses en sciences sociales issu·e·s de différentes disciplines pour interroger la constitution, l’évolution et l’inscription sociale de la gynécologie en mobilisant les outils critiques issus du féminisme et des
études de genre.
L’histoire de la gynécologie a fait l’objet de recherches dans l’espace universitaire anglo-saxon depuis bien longtemps. Dès les années 1990, s’inscrivant dans une perspective de genre, des travaux ont mis en lumière la manière dont la spécialité s’est développée aux 19ème et au 20ème siècles.
Ces travaux ont montré que la gynécologie constituait une forme particulière de médicalisation du corps des femmes, une instance de production des normes de genre et de sexualité, et enfin un lieu central de naturalisation de la domination. D’autres, avec un effort comparatif, ont mis en parallèle le développement de différentes spécialités dans plusieurs pays, soulignant la grande variabilité de la situation de la gynécologie. La focale a alors surtout été mise sur les luttes professionnelles particulièrement vives autour de la délimitation des compétences.
En comparaison, la littérature francophone n’a pas connu un tel développement. La gynécologie a surtout été étudiée de façon incidente, dans des recherches portant essentiellement sur les questions reproductives et contraceptives, tout particulièrement les luttes pour la légalisation de la contraception et de l’avortement. Les autrices et auteurs ont mis en avant le rôle ou l’absence des professionnel·le·s de la gynécologie dans ces mobilisations esquissant une histoire de la spécialité. Cependant, aucun travail systématique n’a été entrepris à l’échelle nationale ou internationale dans les pays francophones européens (France, Suisse et Belgique principalement). De la même façon, l’histoire de la gynécologie dans ces pays a pu être évoquée dans une perspective d’histoire de la médecine plus globale, mais là encore sans que l’histoire de la gynécologie ne soit véritablement au coeur de l’objet de recherche dans la littérature francophone.
Parallèlement, sur le plan ethnographique, la recherche sur la gynécologie dans les études francophones occidentales s’est en partie développée. Certaines compétences ou certaines dimensions de la gynécologie sont prises comme objets de recherche – la procréation médicalement assistée,
la ménopause, l’avortement ou encore l’endométriose. L’auto-gynécologie, en tant que miroir inversé de la gynécologie médicalisée, est aussi l’objet d’une attention renouvelée. Enfin, dans le contexte de #MeToo, la question des violences gynécologiques connaît un regain d’intérêt, dans une perspective
souvent internationale et intersectionnelle. Mais là encore, ces recherches très riches sont peu mises en regard pour tenter de former un tout cohérent, qui tiendrait un propos global sur la gynécologie.
Néanmoins, de nouvelles recherches s’emparent de plus en plus de cette histoire et de cette pratique contemporaine spécifique.
Ce colloque a donc pour ambition de (1) faire une cartographie de ces nouvelles recherches, afin non seulement de visibiliser, mais aussi d’essayer de faire dialoguer les différents travaux et de leur donner une cohérence. Ensuite, ce colloque propose (2) d’interroger l’espace francophone occidental
dans sa globalité, pour montrer les liens transnationaux et les circulations des pratiques et des savoirs gynécologiques et professionnels entre les pays de cet espace, mais aussi pour souligner les différences qui se maintiennent dans le temps entre eux, en particulier concernant l’histoire des spécialités.
La pluralité des études et des contextes analysés permettra en outre de dénaturaliser et de contextualiser les pratiques médicales. Enfin, au coeur de ce colloque se trouve l’envie de (3) faire dialoguer les disciplines, en particulier l’histoire et la sociologie. Trop souvent, ces perspectives pourtant
complémentaires demeurent cloisonnées. Au contraire, nous voulons interroger la gynécologie sur le temps long, jusqu’à aujourd’hui, estimant que cet aller-retour entre le passé et le présent permet de mieux saisir les enjeux qui lui sont liés.
Mardi 18 avril
9h : accueil et petit déjeuner
10h : Introduction du colloque
10h30 - 12h30
PANEL 1
Constitution de la profession et circulation des pratiques
Modération : Delphine Gardey
Marion Bonneau
Les textes hippocratiques (5-4 e s. A.C) comme témoins de l’émergence de discours contradictoires sur la spécificité de la médecine des femmes
Jean-Christophe Abramovici
Aux origines de la gynécologie : sages-femmes, médecins et toucher vaginal
Tiphaine Lours
Histoire de la chirurgie gynécologique des fistules vésico-vaginales : Antoine-Joseph Jobert de Lamballe face à ses patientes dans les années 1830
Agata Ignaciuk et Maria Mundi Lopez
Aspirations diverses : la méthode Karman et le curetage par aspiration en Espagne (1965-1985)
12h30 : Déjeuner
14h - 15h
CONFÉRENCE PLÉNIÈRE
Tommy de Ganck & Lucile Ruault
Un « spéculum réflecteur » pour interroger les angles morts de l’historiographie
15 minutes de pause
15h15 - 16h45
PANEL 2
Professions, luttes et frontières
Modération : Nahema Hanafi
Gwénaëlle Mainsant
« Comment je ne pourrais pas leur parler de sexualité ? Je leur parle toujours de
leur sexe ! » Trajectoires et coûts moraux de la prise en charge de la sexualité
dans les soins gynécologiques
Pierre Brasseur
Le corps, c’est lui, l’esprit, c’est elle. La division du travail entre gynécologues et
sexologues
Alain Vilbrod et Florence Douguet
Médecins généralistes et gynécologues : une difficile articulation
Mercredi 19 avril
9h : accueil et petit déjeuner
9h30 - 11h
PANEL 3
Pratiques médicales et inégalités de santé
Modération : Mona Claro
Mireille Le Guen, Elise de La Rochebrochard, Virginie Rozée
Le suivi gynécologique des femmes racisées en France
Lucia Gentile
Violences dites « obstétricales » envers les femmes indiennes entre l’Inde et la France
Raphaël Perrin
Ethnographie du « désert médical » : le rôle des professionnel·les de la gynécologie dans la production des inégalités territoriales d’accès à l’avortement
15 minutes de pause
11h15 - 13h15
PANEL 4
Critiques féministes et résistances profanes
Modération : Lucile Ruault
Clara Comeau
Vouloir une hystérectomie lorsque l’on est une femme cisgenre : une
demande hors norme
Joana Michel-Costa
Enfanter par soi-même : les dissidentes de l’obstétrique. Trajectoires, savoirs
et pratiques de l’accouchement non assisté aujourd’hui en France
Lucile Quéré
Développer une gynécologie féministe ? Profanes et professionnelles dans le
militantisme de self-help gynécologique
Julie Jarty
Les mille jours sont-ils compatibles avec une gynécologie féministe ?
13h15 : Déjeuner
14h30 - 16h
PANEL 5
La constitution des violences gynécologiques et obstétricales en problème politique
Modération : Maud Gelly
Cina Gueye et Ndeye Khady Babou
Regards croisés sur les violences gynécologiques et obstétricales au Sénégal :
l’émergence d’un problème public
Lucile Faivre-Pierret
Témoigner de violences gynécologiques et obstétricales, un processus négocié :
analyse des discours médiatiques d’usagères de la gynécologie
Maëlle Bazin
« Plus jamais j’irai voir de gynécologues » : les mobilisations de patientes contre
les violences gynécologiques et obstétricales dans les podcasts natifs
30 minutes de pause
16h30 - 18h30
PANEL 6
Conceptualiser et catégoriser les pratiques médicales en violences
Modération : Bibia Pavard
Elisabeth Iraola
Où sont les violences ? Une revue de littérature médicale en gynécologie
(1830-1950)
Julie Bellotto
La « visite sanitaire » : traitement gynécologique et outil de contrôle imposé
aux femmes prostituées dans la première moitié du XXe siècle en Meurthe-et-
Moselle
Valentine Devulder
« Les jeunes filles furent narguées de leur vertu » : la violence sexualisée de
l’examen gynécologique d’entrée au camp de concentration nazi de Ravensbrück
et sa place dans l’expérience concentrationnaire des femmes
Leslie Fonquerne
De la prévention à la coercition ? Violences gynécologiques en consultations de
contraception
18h30
COCKTAIL
Jeudi 20 avril
9h : accueil et petit déjeuner
9h30 - 10h30
CONFÉRENCE PLÉNIÈRE
Aurore Koechlin et Raphaël Perrin
La lutte des professions en gynécologie : de la cause des femmes à la cause des médecins
10h45 - 12h15
PANEL 7
Endométriose et menstruations : nommer, pathologiser, politiser ?
Modération : Anne-Charlotte Millepied
Margaux Nève
Endométriose : une maladie gynécologique ?
Lucas Bechoux, Lucie Destiné, Antonia Ferrante, Luce Lebrun, Shana Riethof, Linda Tebache, François Thoreau
Endométriose et minimalisme thérapeutique : accompagnement d’un dispositif pilote dans un planning familial en Belgique francophone
Stéphanie Pache
Vers une politisation de la « santé menstruelle » ? Parcours de soin et revendications liées à l’expérience de maux périmenstruels
15 minutes de pause
12h15 : Déjeuner
14h - 15h
PROJECTION DE DOULEURS PEINTES (2022, 22’)
En présence des auteur·ice·s Mathilde François & Thomas Coispel
Documentaire suivi d’une discussion
30 minutes de pause
15h30 - 17H
PANEL 8
Où sont les hommes ? Des patients de la gynécologie
Modération : Ilana Löwy
Camille Bajeux
« Tout pour la femme, y compris l’homme » : la gynécologie comme médecine
du « couple » pendant les Trente Glorieuses
Julie Rannoux et Magalie Saussey
La santé des pères, un risque obstétrical ? Normes médicales et pratiques
professionnelles en Maternité
Irène-Lucile Hertzog
Au coeur des consultations gynécologiques dans les centres d’assistance
médicale à la procréation (AMP) : quel·les sont les patient·es à « assister » ?
17h : Conclusion
Comité scientifique
Fabrice Cahen (Chargé de recherche, INED)
Delphine Gardey (Professeure, Université de Genève)
Maud Gelly (Chercheuse, Université Paris 8 – APHP)
Nahema Hanafi (Maîtresse de conférences, Université d’Angers)
Ilana Löwy (Directrice de recherche CNRS, INSERM, EHESS)
Bibia Pavard (Maîtresse de conférences, Panthéon-Assas Université)
Lucile Ruault (Chargée de recherche, CNRS)
Sezin Topçu (Chargée de recherche, CNRS)
Kaat Wils (Professeure, KU Leuven)
Comité organisateur
Tommy De Ganck (Université libre de Bruxelles, MMC)
Aurore Koechlin (Université Paris 1, Cetcopra)
Margaux Nève (EHESS, LAP)
Raphaël Perrin (Université Paris 1, CESSP)
Mona Claro (Université de Liège, IRSS)
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