dimanche 3 juillet 2022

Cinéma et psychanalyse

Cinéma et psychanalyse

Appel à contributions


Ouvrage collectif sous la direction de Michèle Benhaïm, Vladimir Broda et Nina Farrugia
 

Argumentaire

Avec une naissance au même moment, le lien entre cinéma et psychanalyse, n’est plus à démontrer. Cette rencontre s’effectue sensiblement autour du même objet : celui qui anime les affects enracinés dans le désir, pouvant aller d’une demande d’amour à une mort du désir. Consciemment ou non, l’écriture cinématographique convoque des phénomènes psychiques qui se jouent sur la scène inconsciente. En ce sens, de quoi le cinéma se fait-il l’interprète ? De l’œil à la caméra, en quoi l’objectif révèle t-il le subjectif ?

Nombres d’études font, en effet, partie intégrante d’une appréhension des deux disciplines ici convoquées et apportent des éléments de réponses. À la lumière des travaux de Christian Metz, de Marie-José Mondzain, ou encore de Georges Didi-Huberman, l’enjeu de cet ouvrage est de proposer une réflexion afin de décrire le rôle actuel de ces deux pratiques dans le Contemporain[1]. Quels sont les enjeux d’un cinéma et d’une psychanalyse (de l’) actuel ? Comment ces deux disciplines ne cessent de se tourner autour, jusqu’à rentrer en collision, ou bien s’éviter radicalement ? En quoi une approche interdisciplinaire est pertinente, voire nécessaire pour appréhender des problématiques contemporaines cliniques ou esthético-éthiques ?

Dans ses dimensions historiques, philosophiques, politiques et psychanalytiques, seront évoquées les problématiques de la toute-puissance de l’Image, des traumatismes, ainsi que de la question de l’impossible à représenter. L’inconscient et le hors-champ. Mais aussi l’inconscient dans le champ. Un irreprésentable qui, de deux manières, se loge au niveau de ce qui échappe à l’ordre de la représentation. D’une part, une chose serait a priori irreprésentable du fait d’attributs intrinsèques, d’extrême brutalité, ou de son appartenance même au Réel. D’autre part, une chose serait a posteriori irreprésentable du fait d’occultation politique et/ou idéologique délibérée.

En réalité, ces deux aspects s’entremêlent au cinéma. L’impossibilité de la représentation réside aussi bien dans la chose elle-même que dans la situation qui l’entoure. Une autre lecture se pose : si quelque chose est impossible à représenter, en quoi consiste cette impossibilité ? L’irreprésentable recouvre-t-il exclusivement le non-vu ? Ou bien le vu demeure-t-il invisible ?

Nous examinerons ainsi comment le cinéma contemporain joue le rôle de témoin et tente d’affronter cet impossible, ou, plus exactement, ce paradoxe. Par leurs valeurs traumatiques, de nombreux événements constituent ainsi une partie cruciale de la vie et s’érigent au rang de l’innommable. Ici, le spectateur, comme le cinéaste, est à la tâche de l’interprétation.

Cet ouvrage vise également à dialectiser le paradoxe existant entre éthique et esthétique dans le cinéma contemporain. En quoi un nouage éthique, esthétique et politique peut-il être convaincant par les enjeux transférentiels qui se tissent au fil du film ? La position occupée par la caméra sera un précieux critère. Depuis Freud, le rôle du regard importe, pour le moins, dans le dispositif.

Ainsi, nous nous demanderons si le pouvoir latent de l’image ne permet pas, de sublimer, de démasquer le Réel et ainsi, de représenter ce trauma. En analysant la manière dont l’esthétique s’élabore, il est intéressant de saisir que la structure du film s’organise selon une logique analytique qui résonne sur le plan éthique et politique. Celle-ci s’articule en tenant compte tant du nouage Réel Symbolique Imaginaire introduit par Lacan, que des trois temps logiques qu’il propose.

La question du rapport au corps sera enfin développée. Renonçant à l’ambition de représenter l’irreprésentable, certains artistes créent divers dispositifs représentatifs qui s’articulent aux dimensions corporelles. L’objectif est de toucher le corps des spectateurs et d’enclencher une irruption du Réel, rencontre, pour chaque spectateur de son propre réel irreprésentable, son intime.

Selon le discours psychanalytique, l’irreprésentable, en tant que trauma sensoriel, est refoulé et non symbolisable dès l’origine. Le discours politique, quant à lui, souligne l’effet secondaire de l’exclusion de la parole qui rend quelque chose irreprésentable. Dans une dimension politique, l’acte de représenter désignerait alors celui de segmenter le Réel.

Antagonismes ? Toute esthétique n’est pas éthique mais peut-être que toute éthique serait esthétique ?

Notre société contemporaine souffre de la prolifération de paroles et d’images stériles, ainsi que d’un traumatisme dissimulé, voire refoulé. Le témoignage en est difficile, la représentation en est impossible, mais certains réalisateurs s’attellent à cette tâche et se servent de l’irreprésentabilité comme moteur de leur travail. 


Modalités de soumission

Les propositions de chapitres (400-500 mots) doivent être envoyées aux trois adresses suivantes : Michelebenhaim3@gmail.com
Vladimirbroda1@gmail.com
Nina.farrugia@hotmail.fr
avant le 15 juillet.

Est demandé également une bibliographie indicative (cinq ouvrages/articles) ainsi qu’une biobibliographie des autrices et auteurs, comprenant leur domaine de recherche, leur champ d’intérêt (200 mots). Les chapitres se doivent d’être portés sur un corpus d’œuvre filmique limité : soit un film, soit l’œuvre (ou une partie) d’un/une réalisateur/trice.

Les chapitres peuvent être rédigés en binôme (cela est même recommandé).

Les chapitres retenus seront à soumettre avant le 30 octobre 2022. Les chapitres devront avoisiner les 30 000 signes (espaces compris) si binôme, et 20 000 signes (espaces compris) si vous êtes le seul signataire. La répartition d’écriture entre le binôme est libre. Les chapitres pourront comporter des illustrations, dont les droits d’utilisation auront été préalablement demandés par les auteurs/trices.


Modalités de sélection


Les propositions de chapitres seront évaluées par le comité de rédaction de l’ouvrage, en fonction du sujet proposé, de son articulation pertinente entre les deux disciplines et du choix des notions et concepts convoqués.

Une réponse sera donnée fin juillet par rapport à la sélection des chapitres. 


Note

[1] Nous définissons le Contemporain aux regards les travaux de Giorgio Agamben, notamment Qu’est-ce que le contemporain ? 2008, Paris, Rivage Essais Poches.




Contacts Vladimir Broda
courriel : vladimirbroda1 [at] gmail [dot] com

Michèle Benhaim
courriel : michelebenhaim3 [at] gmail [dot] com

Nina Farrugia
courriel : nina [dot] farrugia [at] hotmail [dot] fr



Source de l'information Vladimir Broda
courriel : vladimirbroda1 [at] gmail [dot] com

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