dimanche 17 octobre 2021

Un inédit de Pierre Janet

Les Formes de la croyance

Pierre Janet 


Introduction et notes de : Stéphane Gumpper, Florent Serina, Texte établi par : Stéphane Gumpper, Florent Serina, Postface de : Stéphane Gumpper, Florent Serina



« Lorsqu’il mourut à l’âge de 87 ans, Pierre Janet travaillait à un ouvrage sur la croyance dont le manuscrit inachevé est resté inédit. Tout nous porte à croire que Janet avait à formuler un dernier secret qu’il a peut-être emporté dans la tombe, mais dont il nous reste quelques fragments épars ».
H. F. Ellenberger, « Pierre Janet philosophe » (1973) 


Les Formes de la croyance constitue la toute première édition de l’essai resté inachevé du philosophe, médecin et psychologue français, Pierre Janet (1859-1947). Cet ouvrage aux relents testamentaires – issu des ultimes leçons au Collège de France de ce savant autrefois mondialement connu, pourfendeur de la psychanalyse – l’a conduit à réviser sur le tard la partie la plus intéressante de son système théorique, bousculé dans ses convictions par sa lecture des Deux Sources de la morale et de la religion d’Henri Bergson. Selon Janet, plusieurs « formes de la croyance » – délirantes, religieuses, philosophiques, scientifiques, historiques et enfin mystiques – s’emboîteraient, en se fructifiant non sans s’opposer. Ébauchées à la lisière du social et de l’individu, elles seraient inhérentes à l’évolution de la pensée humaine ayant fait l’objet, au gré des époques, des lieux, des cultures et civilisations, de transformations psychologiques notables.

Traversé par maintes fulgurances – esquissant entre autres certains rapports d’affinités et lignes de rupture entre « mythes religieux » et « récits délirants » – cet écrit foisonnant révèle surtout comment Janet, pétri d’un scientisme revendiqué assimilant les mystiques à des malades mentaux, tel son cas central, Madeleine « l’extatique de la Salpêtrière », est parvenu à renverser partie de ses conceptions à un âge déjà avancé. Aussi, non sans faire controverse, ira-t-il jusqu’à apparenter lesdits mystiques à des « révolutionnaires » porteurs d’un message avant-coureur à l’adresse de la société moderne, à contre-jour des cadres scientifiques étouffant l’expression de la subjectivité. Par extension, ces réflexions peuvent indéniablement entrer en résonance avec certaines questions agitant le temps présent…

La retranscription in extenso du manuscrit, accompagné d’une série de textes annexes qu’agrémente un appareil critique, est précédée d’une double présentation. Elle rend compte, via une foule d’archives inédites, de la trajectoire intellectuelle de l’homme inscrit dans un contexte spécifique et de réseaux, entretissés d’interactions contrastées qu’il put entretenir avec des contemporains – Bergson, Charcot, Ribot, Freud, Jung, Breton, Lacan, Delay, Leiris, Bataille, mais aussi Raymond Roussel, ou Nathalie Sarraute, etc. –, ainsi que de la genèse et des « éclipses » de cet essai longtemps demeuré méconnu. Une postface consacrée au devenir de la vaste bibliothèque personnelle de Janet, dispersée après sa mort, vient ponctuer cet ouvrage appelé à faire référence.

BIOGRAPHIES CONTRIBUTEURS
Stéphane Gumpper

Stéphane Gumpper est psychanalyste, chercheur associé au laboratoire Subjectivité, lien social et modernité (UR 3071) à l’université de Strasbourg. Co-directeur, avec F. Rausky, du Dictionnaire de psychologie et psychopathologie des religions (2013). Ses travaux, à la jonction entre fait religieux, histoire et anthropologie psychanalytique, interrogent l’actualité du lien social.
Florent Serina

Florent SERINA est historien, docteur ès lettres de l’Université de Lausanne où il enseigne actuellement l’histoire de la psychologie, et chercheur associé à l’Institut des Humanités en Médecine. Il consacre l’essentiel de ses recherches à l’histoire sociale, culturelle et politique des sciences et des savoirs sur le psychisme en France aux XIXe et XXe siècles.

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