Le 6e colloque de la Société d’Histoire de la
Naissance
17 et 18 septembre 2016
École de puériculture du Bd Brune, Paris 14°
17 et 18 septembre 2016
École de puériculture du Bd Brune, Paris 14°
« Qui va à la vie, va à la mort… », ce vieux proverbe exprime bien la
redoutable proximité qui existe entre le moment de la naissance et
celui de la mort. Autrefois, ce voisinage paradoxal était clairement
pressenti et assumé. De nombreux rites, traditions populaires et dictons
anciens attestent de la peur de l’enfantement et du danger qu’il fait
courir à la mère et à l’enfant. Mort de la mère qui ne verra pas grandir
son enfant, mort-né qui n’a pas eu le temps de naître, mort du
nouveau-né qui n’a pas eu le temps de vivre.
Comment nos ancêtres préparaient-ils à la maison ce dangereux moment
de passage qu’est la naissance ? Comment les familles et les soignants
supportaient-ils le deuil d’une mère, d’un bébé ou des deux à la fois,
surtout quand il survenait plusieurs jours après l’accouchement, alors
qu’on croyait que tout s’était bien passé ? On quantifiera ces morts
précoces et on étudiera les conditions dans lesquelles elles ont baissé
peu à peu.
Aujourd’hui, cette surmortalité des mères et des nouveau-nés est
toujours une réalité dans certains pays en développement. Alors que dans
nos maternités modernes, où la médicalisation est censée écarter tout
risque fatal, il semble que la possibilité de la mort maternelle,
néonatale ou périnatale soit occultée. La lutte des soignants pour faire
baisser la mortalité des mères et des nouveau-nés a été un long combat
qui a légitimé peu à peu les avancées et les contraintes de la
médicalisation de la naissance.
Quand ces morts surgissent aujourd’hui, comment sont-elles gérées par
les personnels des maternités naturellement tournés vers la vie ?
Comment les proches vivent-ils ces deuils ? Comment les couples
endeuillés peuvent- ils se reconstruire, voire envisager de mettre en
route une nouvelle grossesse ? Nous reviendrons sur les changements
historiques récents qui ont fait peu à peu cesser l’évitement
traditionnel et ont permis une prise en charge contenante et chaleureuse
par les personnels hospitaliers et aussi par les nouvelles associations
d’endeuillés. Il s’agit en effet de réintroduire de l’humanité dans la
prise en charge de ces morts peu fréquentes, afin de retisser l’étoffe
parentale qui permettra au couple d’aller de l’avant avec les enfants
survivants ou avec ceux qui pourraient naître plus tard.
La première journée du colloque sera consacrée à l’histoire des
accouchements catastrophes ; le deuxième jour, nous entendrons des
témoignages et des analyses de soignants, de psychologues, de
sociologues et de parents.
Samedi 17 septembre : AUTREFOIS
Matin 9 h - 12 h 45
- "Le délai était absolument mortel" : les comptes-rendus de
la mortalité maternelle chez les accoucheurs parisiens du XVIIe siècle
(Valérie Worth-Stylianou, historienne).
- "On plaide aujourd’huy pour la succession de cet enfant…" :
l’enfant mort à la naissance, le médecin et le droit successoral aux
XVIIIe et XIXe siècles (Jacques Gélis, historien).
- La mort des mères et des nouveau-nés dans les écrits du for
privé chez les familles françaises du XVIe au XVIIIe siècles (Elisabeth
Arnoul, historienne).
- Le deuil des maillots : mortalité des Enfants de France et des
princesses à la Cour aux XVIIe et XVIIIe siècles (Pascale Mormiche,
historienne).
Déjeuner 12 h 45 – 14 h
Après-midi : 14h-18h30
- Données démographiques sur les morts maternelles et
périnatales dans l’histoire (Catherine Rollet, historienne).
- Représentations et vécu des naissances-catastrophes, d’après
les ex-voto français et germaniques des XVIIe-XIXe siècles (Marie-France
Morel, historienne).
- Les sages-femmes du XIXe siècle aux prises avec la mortalité
maternelle et périnatale (Nathalie Sage-Pranchère, historienne).
- Les accouchements à problèmes à la Maternité de Paris au XIXe
siècle, d’après les archives de la collection Varnier (July Bouhallier,
anthropologue).
Dîner-buffet 19 h-20 h 30
Soirée : Projection du film Genpin (2010) de la cinéaste japonaise Naomi Kawase.
Dimanche 18 septembre : AUJOURD’HUI
Matin : 9 h- 12 h 45
- La mort des mères et des nouveau-nés au Sahel aujourd’hui
(Farida Hammani, sage-femme).
- Les soignants face à la mort à la naissance (Claudine Schalck,
sage-femme).
- Instrumentaliser la mort pour contraindre les vivants dans la
gestion des grossesses et des accouchements en milieu hospitalier
(Marie-Hélène Lahaye, juriste).
- La gestion des morts néonatales et périnatales en milieu
hospitalier aujourd’hui (Dominique Memmi, sociologue).
Déjeuner 12 h 45 – 14 h
Après-midi : 14 h- 17 h 30
- La perte de l’enfant qu’on attendait (Danielle Rapoport,
psychologue).
- Témoignages de parents (CIANE - Collectif interassociatif
autour de la naissance).
- Récits de vie, récits de soi liés au deuil et à la souffrance
de parents d’enfants décédés (Catherine Ruchon, linguiste).
- Première et dernière parure - vêtir les très petits morts
aujourd’hui dans les maternités françaises (Catherine Le Grand-Sébille,
socio-anthropologue).
- Table ronde : témoignages et réflexions de sages-femmes
d’aujourd’hui : Willy Belhassen, Jeanne Bethuys, Chantal Birman,
Françoise Bourdais, Francine Dauphin, Maï Le Dû, Sylvie Zylka).
Discussion générale et conclusions.
Dépliant de présentation à télécharger ICI.
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