mardi 19 janvier 2016

L'épistémologie historique, une histoire du présent

Épistémologie Historique: une histoire du présent

Appel à contributions


Deuxièmes Journées d’étude

19-20-21 mai 2016

Ecole doctorale de Philosophie ED 280, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Institut des sciences Juridique & Philosophique de la Sorbonne – UMR 8130
Centre de Philosophie Contemporaine de la Sorbonne, Equipe EXeCO


Le domaine de travail correspond à celui de l’épistémologie historique (EH), entendue au sens large, en tant que tradition et méthode en philosophie et histoire des sciences. A cette occasion, nous souhaitons approfondir l’un des traits qui nous semble parmi les plus marquants de ce domaine d’étude, à savoir, la tension constante qui y est établie entre passé et présent. Comme en témoignent plusieurs de ses auteurs, l’EH est en effet une enquête orientée vers le présent, ou écrite à partir de celui-ci. En ce sens, l’histoire normative (ou récurrente) des sciences, telle qu’elle est conceptualisée par Gaston Bachelard ou Georges Canguilhem, s’appuie sur une norme scientifique actuelle, alors que la démarche de Michel Foucault (qui introduit aussi un écart entre le présent et l’actualité) semble la plupart du temps la mettre en question ou en limiter la validité. De l’histoire normative des sciences, au projet d’une “histoire du présent” et d’une “ontologie historique de nous-mêmes”, expressions foucaldiennes, mais reprises aussi par Ian Hacking, s’ouvre l’espace d’une réflexion méthodologique et philosophique incontournable pour tout développement ultérieur de l’EH. La probabilité (Hacking 1975, 1990), la sexualité (Davidson 2001), l’objectivité (Daston-Galison 2007) et les systèmes expérimentaux en biologie moléculaire (Rheinberger 1997) sont des exemples de catégories scientifiques et de contraintes matérielles à partir desquelles se structure aujourd’hui notre expérience du monde et de nous-mêmes. Les histoires que ces auteurs dressent de ces catégories et de ces contraintes illustrent le sens critique de l’analyse épistémologique dans la mesure où, d’un côté, elles pensent l’entrelacement entre normes éthiques et normes épistémiques, et, de l’autre, elles envisagent des modalités de pensée et d’action nouvelles. La discussion sur le rôle du présent et de l’actualité dans l’EH nous donnera donc la possibilité d’articuler les enjeux politiques et éthiques qui sont impliqués par ce type d’enquête.

En gardant une référence au cadre indiqué ci-dessus, les interventions devront proposer des articulations originales à partir de l’un des axes problématiques suivants:

I. Le rôle des normes et des valeurs scientifiques dans l’historiographie: nous voudrions approfondir le rôle joué par le présent de la science dans une épistémologie de type historique: comment les différentes références à l’actualité se conjuguent-elles dans les différents domaines scientifiques ? A quel point la trajectoire (continue ou discontinue) d’un objet épistémique détermine-t-elle (ou est-elle déterminée par) le type de normativité en jeu dans une certaine discipline ? Dans quelle mesure les conditions d’application du principe de la récurrence relèvent-elles de la nature des normes d’une science? Une histoire récurrente des sciences humaines est-elle possible? Qu’est-ce qui confère à une histoire récurrente sa portée critique? Ces différentes questions portent sur les différentes manières de rapporter le passé au présent et de comprendre les progrès et les transformations des sciences.

II. Le pouvoir du concept: Les travaux inspirés par l’épistémologie historique ont dégagé plusieurs enjeux éthico-politiques, tout en refusant de tenir la norme scientifique pour un simple effet de pouvoir.. Une telle assimilation de la norme scientifique à un effet de pouvoir abolit le privilège normatif de la science présente sur son passé et fait ainsi l’économie du rapport du vrai au réel. Il s’agit de montrer en revanche que les progrès scientifiques ne peuvent pas être dissociés des problèmes sociaux et techniques concrets, c’est-à-dire de la capacité qu’a l’homme d’appréhender et de transformer la réalité. Nous attendons ici des interventions portant sur le rapport du concept aux techniques, l’analyse des techniques d’observation, de mesure et de normalisation médicale, le rapport entre la classification du vivant et les manières de façonner les gens, ou encore sur les différentes formes épistémologiques, archéologiques ou généalogiques que peut prendre l’analyse du rapport pouvoir-savoir.

Les propositions d’interventions (500 mots, plus une présentation courte du candidat) sont à nous faire parvenir, avant le 1er février 2016 (date de réponse le 22 février), en format word ou pdf à epistemologiehistorique@gmail.com. Les propositions de doctorants et de jeunes chercheurs seront privilégiées et retenues en priorité. Les deux langues de la rencontre seront le français et l’anglais.


Dates importantes
Limite de proposition d’interventions : February 1st 2016
Réponse : February 22th 2016
Remise de textes : May 6th 2016
Journées d’études : May 19-20-21st 2016

Comité scientifique
Christian BONNET, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Jean-François BRAUNSTEIN, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Arnold I. DAVIDSON, Université de Chicago.
Pierre WAGNER, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Le comité d’organisation
Ivan MOYA DIEZ, Matteo VAGELLI (coordinateurs)
Tiago ALMEIDA, Audrey BENOIT, Nicola BERTOLDI, Marcos CAMOLEZI, Wenbo LIANG

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