L'écologie humaine en voyage
XXVe Journées scientifiques de la Société d’écologie humaine
Avec ou sans bagage,
« l’invitation au voyage » des prochaines journées de la SEH à Bordeaux
a pour objectif de partir à la découverte de notre environnement
naturel, des autres et de nous-même. Depuis que les êtres vivants sont
apparus sur terre, ils n’ont pas cessé d’être en mouvement, de coloniser
de nouveaux espaces, de se confronter ou de se mélanger, d’échanger des
biens, des cultures ou des gènes. Les évolutions technologiques ont
permis aux hommes d’accélérer et d’amplifier les mouvements pour aller
plus loin et plus vite conquérir de nouvelles ressources, affirmer leur
suprématie sur de nouveaux territoires ou pour le seul bonheur « d’aller
voir ailleurs » alimentant ainsi l’imaginaire du voyage qui irrigue
nombre de sociétés humaines.
Dans le grand
mouvement planétaire qui caractérise essentiellement le vivant, le
voyage moderne, volontaire ou non, introduit une dimension
particulière : le contact avec l’ailleurs ne se fait plus nécessairement
par une progression au travers de territoires en contigüité, on peut au
contraire « sauter » de lÎle-de-France à la Patagonie, se propulser sur
d’autres planètes mais aussi voyager de manière virtuelle ou
métaphorique (voyage intérieur, voyage imaginaire, etc.).
Plantes, animaux,
bactéries et virus suivent les mêmes chemins que l’homme, de son plein
gré ou à son insu, modifiant ainsi l’environnement physique et sanitaire
selon des modalités et à un rythme jusque là inconnus. Les
conséquences, encore difficilement prévisibles, provoquent d’autant plus
d’inquiétudes que ce mouvement se combine avec la dynamique engendrée
par l’évolution globale du climat (réduction de la biodiversité, espèces
invasives, etc.)
Dans le contexte
général d’une remise en cause des relations entre l’homme et la nature,
la légitimité du voyage (d’affaire, scientifique, éducatif ou
touristique) fait débat au regard des menaces qu’il fait peser sur les
biens communs (impact écologique et socioculturel, empreinte carbone,
risque sanitaire, etc…). Différentes voies sont actuellement explorées
pour réduire cet impact : taxe carbone ; transports de charges par
ballons gonflés à l’hélium ; transports passagers fonctionnant avec des
énergies renouvelables ; tourisme éco-responsable et, plus radical,
substitution de visio conférences et autres congrès virtuels. La valeur
culturelle, humaine et philosophique du voyage est quasi absente du
débat.
C’est pourquoi la
Société d’écologie humaine souhaite que ces 25èmes Journées prennent en
compte l’ensemble des dimensions du voyage. En effet, l’écologie
humaine, telle que nous la concevons, ne se réduit pas à l’étude des
relations entre les populations, l’environnement, les ressources et le
développement, elle inclut aussi les aspects psychologiques, spirituels
et éthiques.
Si
l’on considère que la nature profonde des choses est basée sur le
mouvement, recherche d’un équilibre dynamique jamais atteint, on ne peut
pas penser l’écologie humaine sans prendre en compte le déplacement.
Nous venons en effet de loin, dans l’espace et le temps et si nous
sommes là aujourd’hui, c’est à la suite d’un long voyage… De fait, si la
nature du voyage est aussi diverse que celle des voyageurs et des
raisons qui les mettent « sur la route », il existe pour autant des
éléments communs, des «permanences» que nous souhaiterions mettre à
jour, entre les diverses expériences et pratiques du voyage.
- Qu’est-ce qui pousse un être humain à changer d’environnement et à devoir ainsi créer de nouvelles relations ?
- Quel est l’impact, culturel et environnemental, du voyageur sur le lieu de son voyage et, interaction oblige, quelles modifications chez notre voyageur et, s’il revient chez lui, quelles seront les conséquences de son voyage sur son environnement de départ ?
- Voyages illicites, voyages « stupéfiants », que disent-ils de notre relation à notre environnement ?
- Voyages initiatiques, spirituels, pour donner sens à notre voyage sur terre, donner sens à nos relations aux autres et à l’univers ?
- Les co-voyages des plantes, des animaux, des virus et de l’homme peuvent-ils être pensés autrement que comme un risque dont il faudrait se protéger à tout prix ? Ex : épidémies de SRAS, grippe aviaire, espèces invasives qui modifient la biodiversité locale, etc.
- De quels outils disposons-nous pour apprécier les aspects positifs et négatifs de ce qui est également diffusé au cours des voyages et est plus impalpable (perception globale du monde, savoirs qu’on va expérimenter chez soi au retour, connaissance et respect de l’autre, etc.) ?
- Les migrations contraintes de populations, entraînées par les catastrophes naturelles, les guerres, le changement climatique tout comme l’intensification du commerce international créent une dynamique, une redistribution des espèces, de nouvelles interactions entre les espèces, une diversification des pools génétiques. Au-delà des problèmes sanitaires et d’accès aux ressources que cela pose et qui sont souvent au centre de l’attention peut-être parce qu’ils sont quantifiables, peut-on distinguer des aspects positifs, qualitatifs ?
- Quel regard les chercheurs et le grand public portent-ils sur ces mouvements ?
Sans oublier que
l’écologie humaine, en ouvrant notre regard au quotidien sur les
multiples interactions entre l’homme et son environnement, nous promet
des voyages infinis.
C’est en partant de ce constat que nous attendons des propositions d’intervention selon les trois axes suivants :
1- Le voyage et l’environnement (et/ou la nature)
- Le voyage extraordinaire (espace, spéléo, fonds sous marins…)
- Le voyage des plantes et des animaux (co-voyages avec l’Homme, cuisine, migrations et symbolisation, espèces invasives, biodiversité, mutations génétiques …)
- Les objets du voyage (bagages, véhicules, outils, plans, guides, documents administratifs…)
- Le voyage et la santé (maladies transmissibles, épidémies, rumeurs…)
- Les nouvelles formes de tourisme (écotourisme, tourisme équitable, tourisme spatial, voyager près de chez soi…)
Intervenants souhaités : Astronaute, Botaniste, Zoologue, Entomologiste, Géographe, Astronome, Médecin, Anthropologue, Architecte, Economiste…
2- Le voyage et les autres, le voyage « extérieur »
- Les gens du voyage (roms, forains, professionnels du tourisme, ..)
- Le voyage dans le temps (archéologie, paléologie, histoire des migrations de population, évolution des comportements des voyageurs, des attentes, des représentations de l’Autre…)
- Le voyage professionnel (congrès, formations, commerce, ONG…)
- Le voyage virtuel (littérature, images, internet, rêve, usages métaphoriques du mot voyage..).
- Le voyage contraint (déportation, expulsions, réfugiés climatiques, économiques, guerres…)
Intervenants souhaités :
Sociologue, Ethnologue, Représentant des « Gens du Voyage », Ecrivain
voyageur, Réfugié, Géographe, Juriste, Historien, Linguiste…
3- Le voyage et moi, le voyage « intérieur »
- Le voyage intérieur (chamanisme, psychanalyse, méditation, religion…)
- Le voyage stupéfiant (drogue, transe,…)
- Le voyage sans retour (personnifications de la mort de Charon à l’Ankou, imaginaire des peuples de diaspora, modifications définitives de la personnalité, …)
- Le voyage initiatique (mythes, épopées, griots, Grand Tour …)
Intervenants souhaités : Neurologue, Psychiatre, Ethologue, Chamane, Philosophe…
Conditions de soumission
Les propositions d’interventions, communication ou poster, devront nous parvenir (par courriel : sehbdx-voyage@orange.fr)
pour le 4 mars 2013 au plus tard.
Elles devront être accompagnées du titre, des coordonnées de l’intervenant et du résumé de la proposition d’intervention (entre 300 et 400 mots maximum).
L’acceptation des résumés sera notifiée aux proposants début avril.
Les langues de travail seront le français et l’anglais. Aucune traduction simultanée ne sera assurée.
Le colloque aura lieu à Bordeaux (France) les 19 et 20 septembre 2013
Les droits d’inscription seront définis et précisés ultérieurement.
Informations et contact
Jean Louis DUHOURCAU46 route d’Aritxague 64600 ANGLET (France)
sehbdx-voyage@orange.fr
Tel +33 5 59 59 51 94
Les informations concernant ces journées seront régulièrement mises en ligne sur le site de la SEH http://www.ecologie-humaine.eu
Comité scientifique et d’organisation
- ASSAKO ASSAKO René Joly – Géographe, ENS – Yaoundé Cameroun
- BICHET Bernadette – Pharmacien, CIEH – Bordeaux
- BOUTHELOU Dominique – Architecte – Anglet
- DUHOURCAU Jean Louis – Architecte – Anglet
- FAVRE Bernard – Directeur scientifique, Cap Sciences – Bordeaux
- GASPAR-VAREILLE Monique – CIEH – Bordeaux
- MARTIN DEL CAMPO Sonia – Architecte – Bidart
- RIBEREAU-GAYON Marie Dominique – Ethnologue – Bordeaux
- RIBEYRE Francis – Ecologue humain, ENSEGID – Bordeaux
- SOULANCE Dominique – Géographe – Bordeaux et Lille
- VERNAZZA Nicole – Anthropologue, Présidente de la SEH – Aix en Provence
- WARSCHAUER Sarah – Sophrologue – Bayonne
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