dimanche 15 septembre 2024

Le Dr De Clérambault

Dr De Clérambault : le regard d'un psychiatre enseignant aux Beaux-arts. À la recherche de la «Beauté idéale»
 

Emmanuel Drouin
 


Préface de Serge Tisseron

L'Harmattan
Collection : Histoires et idées des Arts
Broché - format : 13,5 x 21,5 cm • 210 pages 

Date de publication : 4 juillet 2024
ISBN : 978-2-336-46145-8

Le Dr GG de Clérambault est un psychiatre français, auteur d'une œuvre psychiatrique majeure. Nommé en 1898 à l'internat des Asiles de la Seine, il consacre près de trente ans de sa carrière à l'Infirmerie spéciale de la Préfecture de police de Paris. De ce poste d'observation unique, il précise les manifestations cliniques de plusieurs entités morbides. Par ses descriptions minutieuses et subtiles de l'automatisme mental, de Clérambault a marqué durablement l'école française de psychiatrie : l'un de ses plus éminents représentants, Jacques Lacan, a reconnu qu'il en était le seul maître.
De Clérambault enseigna aussi à l'Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris. Son cours avait pour thème le costume drapé arabe au point de vue artistique et anthropologique.
Notre objectif était de rechercher un lien entre les photographies du drapé marocain, son travail de psychiatre et ses cours aux Beaux-Arts de Paris. Les regards cliniques, artistiques, anthropologiques et technologiques de Clérambault se sont rencontrés et croisés sur la question de la forme psychique et du drapé.

Prix ​​IUHPST en histoire et philosophie des sciences

IUHPST Essay Prize in History and Philosophy of Science

Call for Entries


Submission deadline: 15 January 2025

The International Union of History and Philosophy of Science and Technology (IUHPST) invites submissions for the 2025 IUHPST Essay Prize in History and Philosophy of Science. This biennial prize competition seeks to encourage fresh methodological thinking on the history and philosophy of science and related areas.

For this round of the competition, we invite entries, in the form of an essay of 5,000–10,000 words written in English, addressing persistent methodological challenges in integrated history and philosophy of science. Examples of questions that entries may address include:

· What is the role of case studies?

· Is current science so different from old science that history is irrelevant to philosophy?

· How does philosophical pluralism/monism affect the historiography of science?

· Is “scientific revolution” dead as a framing device for the history of science?

Entries may answer one of these questions or a variation thereof; they may also address another persistent methodological challenge in integrated HPS.

All entries should consist of original work that has not previously been published. Entries written originally in another language should be submitted in English translation, along with the name and contact details of the translator. Entries will be judged on the following criteria, in addition to general academic quality: direct engagement with the prize topic, effective integration of historical and philosophical perspectives, and potential to provide methodological guidance for other researchers in the field.

The author of the winning entry will be invited to present the work at the 27th International Congress of History of Science and Technology in Dunedin, New Zealand, June 29 to July 5, 2025. Presenting at the Congress will be a condition of the award.

The award will carry a cash prize of 1,000 US dollars and a waiver of the Congress registration fee.

Other strong entries will also be considered for presentation at the Congress. In order to ensure this consideration, entrants should submit the entry also as a standalone paper abstract for the Congress by the deadline for that (December 1, 2024), following the standard instructions indicated on the Congress website: https://www.ichst2025.org/call-for-stand-alone-papers

Entries are invited from anyone, without restriction of age, nationality, or academic status. Co-authored work will be considered; if the winning entry is a co-authored work the cash prize will be shared among the authors. This prize is administered by the Joint Commission of the IUHPST, whose remit is to make links between the work of the two Divisions of the IUHPST: the DHST (Division of History of Science and Technology) and the DLMPST (Division of Logic, Methodology and Philosophy of Science and Technology). For further information about the Joint Commission, including previous prize winners, see https://iuhpst.org/pages/inter-division-commissions/joint-commission.php

Entries for the prize competition should be anonymized and submitted in PDF format by e-mail to the Chair of the Joint Commission, Dr. Agnes Bolinska, Department of Philosophy, University of South Carolina (bolinska [at] mailbox [dot] sc [dot] edu). Any queries should also be directed to her. The deadline for submission is 15 January 2025.

samedi 14 septembre 2024

Histoire(s) juridique(e) de la folie en Afrique

L’Autre aliéné. Histoire(s) juridique(e) de la folie en Afrique (XIXe-XXe)

Colloque

Ce colloque clôture le programme de recherche AMIAF - Aliéné mentale et indigène. Histoire d'une double discrimination de statut en Afrique française -, financé par l’ANR, qui a réuni une équipe pluridisciplinaire autour de l’étude du traitement juridique et administratif de la folie durant la période coloniale en Afrique. Lors de ces journées, il s’agira d'en présenter et discuter les résultats les plus marquant, ainsi que de dessiner des nouvelles pistes et perspectives dans ce milieu de recherche en plein essor.

 

Lieux Salle 0.015, Bâtiment de recherche sud, Campus Condorcet - 5 Cours des Humanités
Aubervilliers, France (93)


Jeudi 19 septembre 

9h15 Accueil des participants
 

9h30 Présentation des journées et de l’ANR AMIAF, par Silvia Falconieri (CNRS, IMAF) 

Session 1 - Politicisation de la folie : La justice pénale face au mysticisme et aux pratiques rituelles
Discutante : Thaïs Gendry (Scuola superiore meridionale de Naples) 9h45 René Collignon (ancien CR en retraite, CNRS, LASC), Implications psychiques des procès pour anthropophagie en Casamance (Sénégal). Fin des années 1920

10h15 Sandra Fancello (CNRS, IMAF), Résistance ou destinée prophétique ? La « folie » de Benoit Ogoula

10h45 Pause-café 

11h Discussion

12h30 Présentation de la bibliothèque numérique AMIAF, par Silvia Falconieri (CNRS, IMAF)

12h45 Déjeuner 

Session 2 - Discours médical et juridique autour des « aliénés » au Maroc
Discutant : Fouzi Rherrousse (Univ. d’Oujda) 14h Silvia Falconieri (CNRS, IMAF), Régime des habous et soins psychiatriques au Maroc durant la période du protectora

14h30 Stefano Stanca (Univ. de Naples « Federico II », EHESS, IMAF), Politique sanitaire et construction du Protectorat français au Maroc dans les dossiers médicaux de l’Hôpital Neuropsychiatrique de Berrechid

15h Discussion

15h30 Pause-café 

Session 3 : Pratiques administratives de maintien de l’ordre public en Afrique de l’Ouest
Discutante : Kadya Tall (IRD, IMAF) 16h Moussa Zabsonre (Univ. Yembila Abdoulaye Toguyeni » de Fada N’Gourma), Problématique de la prise en charge des aliénés en Haute-Volta de la période coloniale à 1987

16h30 Romain Tiquet (CNRS, Centre Marc Bloch), La politique d’expulsions des « marginaux » ouest-africains du Ghana vers le Burkina Faso, à partir de 1957

17h Discussion 


Vendredi 20 septembre

Session 4 - Perspectives politiques et médicales de la prise en charge des « aliénés » au moment des indépendances
Discutante : Élise Pestre (Université Paris Cité, IHSS) 9h30 Raphaël Gallien (Univ. Paris Cité, CESSMA/CNRS, IMAF), Entre psychiatrie, psychanalyse et anthropologie : quel avenir clinique à la veille de l’indépendance malgache ?

10h Paul Marquis (CNRS, IMAF), Le rapatriement des patients psychiatriques européens au moment de l'indépendance de l'Algérie (années 1960-1990)

10h30 Marianna Scarfone (Univ. de Strasbourg, SAGE), Patients psychiatriques d’origine algérienne : le cas des harkis

11h Pause-café 11h15 Discussion

11h45 Lucas Iannuzzi (Univ. d’Urbino, ISMEO), Silvia Falconieri (CNRS, IMAF), Sandra Fancello (CNRS, IMAF) et Florence Renucci (CNRS, IMAF), Présentation de l’exposition virtuelle réalisée avec Criminocorpus

12h45 Clôture des travaux
 





vendredi 13 septembre 2024

Production et circulation internationales des savoirs quantitatifs

Production et circulation internationales des savoirs quantitatifs
 

Appel à communications

 

Journées d'études pluridisciplinaires CircuStat organisées par l’axe Données, Conduites, Savoirs (DoCSa) du Centre Maurice Halbwachs (EHESS/ENS-PSL/INRAE/CNRS)
 

Dans le cadre des activités de l'axe Données, Conduites, Savoirs (DoCSa)* du Centre Maurice Halbwachs (CMH), nous organisons un cycle de demi-journées d'études sur la production et la circulation internationales de savoirs dits quantitatifs, désignant par cette expression un large éventail de mises en chiffres (statistiques, indicateurs, mesures, ...) partageant comme caractéristique commune de reposer, pour exister, sur la mise en place de « conventions d'équivalence » (Desrosières, 2001).

Si de nombreuses recherches ont été menées sur le lien privilégié entre la production de ces savoirs et la construction de l’État (Hacking, 1990; Desrosières, 1997; Scott, 1998; Foucault, 2004), de plus en plus de travaux s'intéressent à leur production, diffusion et utilisation au-delà des frontières étatiques (Brian, 1989; Cussó, 2012; De Siqueira, Leite, Beerli, 2017; Randeraad, 2020; Martin, 2023), qu'il s'agisse de classements et audits internationaux (Shore, Wright, 2015), de mesures d'indicateurs de droits humains (Merry, 2016), de statistiques produites et diffusées en contexte colonial ou postcolonial (ANR COCOLE; Rousset, Sessego, 2020) ou encore d'outils d'expertise circulant au-delà des frontières nationales (Samuel, Nubukpo, 2020; Doğan, 2023). Dans cette lignée, nous souhaitons nous concentrer sur les modalités de production mais aussi de circulation de ces savoirs (Krige, 2019) et ainsi faire dialoguer les travaux de la socio-histoire de la quantification avec la sociologie politique de l'international ou encore l'histoire et la sociologie des sciences et des techniques.

Nous proposons de nous focaliser sur l'analyse des productions et échanges internationaux des dispositifs de quantifications, mais aussi et surtout d'explorer les réseaux transnationaux d'acteurs qui permettent, encouragent voire subissent ces échanges. Il s'agit également de comprendre comment les produits quantifiés de certaines institutions supranationales deviennent des points de passage obligés dans les politiques nationales (Brissaud, 2021), et d'explorer les dynamiques de pouvoir et les enjeux politiques liés à ces processus. Nous souhaitons enfin examiner les mécanismes par lesquels des politiques nationales sont converties et conformées à des logiques marchandes (Valiergue, 2021; Vincensini, 2024).

Ce niveau d'observation ouvre de fructueuses questions de recherche, dont les ramifications concernent aussi bien la singularité des savoirs quantitatifs non-nationaux, que leur réception et appropriation, sans oublier leurs instances de production et les enjeux de pouvoir qui sous-tendent leur circulation. Si les travaux de sociologie politique de l'international tendent à souligner l'absence de spécificité ontologique des phénomènes internationaux, ils nous encouragent toutefois à saisir les effets des fortes amplitudes et différences de degré entre le local, le national et l'international (Siméant, 2015). Ces amplitudes sont notamment problématisées par les acteurs du chiffre sous la forme de débats autour de l'harmonisation des productions quantitatives. En d'autres termes, comment s'organisent les activités de quantification des organisations internationales, ONG et experts transnationaux ? Comment les savoirs nationaux sont-ils traduits ou transformés dans ces arènes internationales, et réciproquement ? Quels sont les rapports de pouvoir et les enjeux organisationnels et politiques qu'impliquent ces activités de quantification ?
Ces demi-journées ont l'ambition de créer un espace de dialogue et de réflexion sur des recherches en cours. En pratique, ces réflexions s'organiseront sous la forme d'un cycle d'au moins trois demi-journées d'études, pour permettre un échange approfondi sur les travaux présentés. Ces discussions impliqueront notamment des chercheur·ses appartenant ou non au CMH, invité·es compte tenu de la pertinence de leurs sujets de recherche au regard des présentations. Nous étudierons les différentes propositions reçues pour aménager ces demi-journées en fonction des disponibilités de chacun·e, mais nous proposons dès à présent les dates provisoires suivantes : les matinées du jeudi 28 novembre 2024, du vendredi 24 janvier et du jeudi 20 mars 2025. Les présentations seront suivies d'un déjeuner convivial.

Les propositions de participation sont attendues pour le 16 septembre 2024 à l’adresse suivante : participation@circustat.info. Les personnes intéressées sont priées de nous faire parvenir une intention de participation de quelques lignes (500 mots) sur la base d'une recherche n'ayant pas encore été publiée, indiquant le sujet de leur recherche ainsi que l'angle de réflexion proposé dans le cadre de leur présentation. 

Le comité d'organisation : Aude-Marie Lalanne Berdouticq (CMH, ENS), Camille Beaurepaire (CMH, Insee), Dorian Groll (CMH, EHESS), Pauline Adam (CMH, ENS/REPI, ULB).
 

*L'axe Données, Conduites, Savoirs (DoCSa) du CMH, coordonné par Emmanuel Didier et Thomas Depecker, explore les conditions sociales de production des savoirs et des discours d’autorité, leur mobilisation dans divers espaces et leur influence sur les conduites et les comportements individuels ou collectifs.
 

Bibliographie
ANR COCOLE (ANR-21-CE41-0012), Compter en situation coloniale, Chiffrer et déchiffrer les empires XIX-XXe siècle. https://chiffrempire.hypotheses.org/2445.
Brian, Eric. 1989. « Y a-t-il un objet Congrès? Le cas du Congrès international de statistique (1853-1876) ». Mil neuf cent 7(1) : 9-22. https://doi.org/10.3406/mcm.1989.975.
Brissaud, Constantin. 2021. « Des prophètes aux « data slaves ». Une analyse des signataires des rapports de l’OCDE sur la santé (1990-2018) ». Politix 133(1) : 111-148. https://doi.org/10.3917/pox.133.0111
Cussó, Roser. 2012. Comparer pour mieux régner. Histoire et sociologie de la quantification internationale, HDR dissertation, Paris: IEP.
Desrosières, Alain. 1997. « Du singulier au général ». Dans Cognition et information en société, édité par Conein, Bernard et Thévenot, Laurent, 267-282. Paris: Éditions de l’EHESS. https://doi.org/10.4000/books.editionsehess.10459.
Desrosières, Alain. 2001. « Entre réalisme métrologique et conventions d’équivalence : Les ambiguïtés de la sociologie quantitative ». Genèses 43(2) : 112-127. https://doi.org/10.3917/gen.043.0112.
De Siqueira, Isabel Rocha, Leite, Christopher C., Beerli, Monique J. 2017. « Powered and Disempowered by Numbers: Data Issues in Global Governance ». Global Governance 23(1) : 27–30. http://www.jstor.org/stable/44861104.
Doğan, Aykiz. 2023. « Modernising Turkey with statistics: implementing ISI expertise in the Turkish statistical reform at the end of the 1920s ». Revue européenne d’histoire 30 (1) : 73-100. https://doi.org/10.1080/13507486.2023.2165437.
Foucault, Michel. 2004. Sécurité, territoire, population : cours au collège de France, 1977-1978. Edité par Ewald, François, Fontana, Alessandro, and Senellart, Michel. Paris: Seuil, University Press. https://doi.org/10.1017/CBO9780511819766
Krige, John. 2019. How Knowledge Moves : Writing the Transnational History of Science and Technology. University of Chicago Press. https://doi.org/10.7208/chicago/9780226606040.001.0001
Martin, Benoît. 2023. Chiffrer le crime: Enquête sur la production de statistiques internationales. Presses de Sciences Po. https://doi.org/10.3917/scpo.marti.2023.01
Merry, Sally Engle. 2016. The Seductions of Quantification : Measuring Human Rights, Gender Violence, and Sex Trafficking. University of Chicago Press. https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/S/bo23044232.html
Randeraad, Nico. 2020. States and statistics in the nineteenth century: Europe by numbers. Manchester University Press. https://doi.org/10.7765/9781526147530
Rousset, Cyprien, Sessego, Ariane. 2020. « Ouvrir la boîte noire des statistiques du développement: le groupe AMIRA (Amélioration des méthodes d’investigation en milieu rural africain) dans la revue StatÉco (INSEE) ». Statistique et Société 8(3) : 109-144.
Samuel, Boris, Nubukpo, Kako. 2020. « Tournant néolibéral et consolidation de la bureaucratie transnationale: Note de recherche sur les statisticiens et économistes en Afrique de l’Ouest francophone ». Actes de la recherche en sciences sociales 234(4) : 50-65. https://doi.org/10.3917/arss.234.0050
Scott, James C. 1998. Seeing Like a State: How Certain Schemes to Improve the Human Condition Have Failed. Yale University Press. https://doi.org/10.2307/j.ctvxkn7ds
Shore, Cris, Wright, Susan. 2015. « Governing by numbers : Audit culture, rankings and the new world order ». Anthropologie sociale 23(1) : 22‑28. https://doi.org/10.1111/1469-8676.12098
Siméant, Johanna, dir. 2015. Guide de l’enquête globale en sciences sociales, CNRS Éditions, Paris. https://doi.org/10.1016/j.soctra.2016.05.005
Valiergue, Alice. 2021. Compensation carbone. La fabrique d’un marché contesté. Sorbonne Université Presses, Paris.
Vincensini, Caroline. 2024. « Le financement des politiques publiques environnementales par des obligations vertes souveraines : des risques environnementaux aux risques financiers ». Revue française des affaires sociales (1) : 151-168. https://doi.org/10.3917/rfas.241.0151.

jeudi 12 septembre 2024

Technologies numériques, recherche biomédicale et santé publique

Technologies numériques, recherche biomédicale et santé publique : origines et développements, 20e-21e siècle
 

Colloque organisé par le comité pour l'histoire de l'Inserm

24 et 25 septembre 2024


Avant-propos

Les technologies numériques et la recherche biomédicale sont liées depuis les temps pionniers du traitement des données ou encore de la télémédecine. Le « numérique » a provoqué une transformation radicale du rapport à la distance et au temps qui affecte aujourd’hui l’ensemble de la recherche biomédicale et en santé publique.

L’Organisation mondiale de la santé dénomme désormais cet ensemble sous le vocable de « santé numérique ». Celle-ci est définie comme le domaine des connaissances et des pratiques associées au développement et à l’utilisation des technologies numériques pour améliorer la santé : cybersanté, informatique de pointe, mégadonnées en génomique, intelligence artificielle... (OMS, stratégie mondiale pour la santé numérique 2020–2025). Cet ensemble ouvre des questions d’organisation du système de santé, de surveillance sanitaire, de production et de partage de l’information, de télécommunications appliqués aux systèmes sanitaires. Tous les pans de la santé semblent désormais liés au numérique.

L’approche ne néglige pas les origines profondes de nombre de pratiques contemporaines (premiers réseaux internationaux de collecte, diffusion de l’information sanitaire, tournant assurantiel, statistiques, etc.). Elle prend également en compte l’ancienneté de certaines technologies qui ont impacté, avant la numérisation, les pratiques (télégraphie, téléphone, mécanographie…). Le colloque s’inscrit cependant spécifiquement dans une évolution s’amorçant après la Seconde Guerre mondiale. La numérisation entre visiblement dans le champ de la santé avec le lancement de l’IBM 360 qui marque le développement à partir du milieu des années 1960 de l’informatique dans les administrations – dans les milieux hospitaliers, puis avec l’informatisation des cabinets. L’ordinateur est perçu par certains comme l’outil capable d’aider le médecin à établir son diagnostic. Des projets sont ainsi développés à l’IRIA, dirigé par un médecin Michel Laudet, dès ses premières années d’existence. Les difficultés sont cependant importantes et le dialogue entre médecins et informaticiens est « complexe ».

Ces années 1960 correspondent également au début de numérisation des réseaux de télécommunications. Ils permettent de formuler des projets d’élargissement de la téléconsultation à l’échelle locale et régionale par les réseaux téléphoniques (réseau commuté). L’intervention de praticiens se limitait jusqu’alors à des domaines spécifiques comme la marine militaire ou marchande grâce aux ondes hertziennes. Cette montée en puissance des réseaux, bien qu’encore limitée, permet d’envisager d’intégrer l’image au processus. Dès 1969, Kenneth Bird et son équipe du Massachussetts General Hospital, pionnier dans le domaine, propose de développer la téléconsultation reposant sur des échanges interpersonnels en temps réel via un système de télévision interactive et bidirectionnel. Les déclinaisons pourraient être multiples : enseignement, accès aux télésoins pour les populations isolées, voire diffusion de l’éducation à l’hygiène. Selon le médecin, cela allait de pair avec les transformations majeures engendrées par l’irruption du téléviseur dans les foyers américains, prêts à accueillir ce nouveau type de médecine.

Les nouveaux réseaux des années 1980-1990 changent encore la donne. En France, le Minitel permet d’accéder à des informations et de transmettre des mesures. Il permet par exemple de suivre à distance des patients cardiaques. Les réseaux professionnels comme Transpac, puis les premiers développements d’internet en France facilitent les échanges de données entre acteurs du système de santé. La mise en place de la fibre optique sur les grandes artères accroît de manière gigantesque la capacité des réseaux.

L’informatique évolue aussi considérablement à mesure que la puissance de calcul et les mémoires disponibles augmentent pour des prix qui décroissent. Les Big Data et le retour, après une longue éclipse, du concept d’intelligence artificielle font renaître l’idée de voir la médecine « assistée » par l’ordinateur. Diagnostic, geste thérapeutique et chirurgical, robots, interventions à distance… au croisement de la robotique, de l’informatique et des réseaux, le numérique devient indissociable de l’évolution de la médecine.

Un autre volet s’ouvre à partir du milieu des années 1990 avec le développement du world wide web. L’ordinateur personnel entre dans les foyers. Il devient un outil de diffusion de l’information ouvert à l’ensemble des acteurs du monde de la santé et notamment aux patients qui ne sont plus seulement consommateurs de l’information médicale, mais aussi discutants, voire producteurs, ce qui ne va pas sans nourrir une forte inquiétude chez les professionnels de santé… Une santé 2.0 émerge avec le développement des réseaux sociaux ; les données relatives aux usagers deviennent une ressource essentielle pour les géants du web. La crise liée à la Covid a rendu particulièrement visible non seulement l’importance des solutions numériques avec le développement par exemple des consultations à distance, permettant d’assurer le lien avec le médecin généraliste en temps de confinement, mais aussi l’impossible canalisation de l’information sanitaire par les autorités ainsi que le développement des « fake med ». La surveillance d’Ebola a également montré la pertinence de développement de réseaux low-tech.

Invisibles, les dispositifs numériques se miniaturisent ou bien se déploient au sein de discrets dispositifs industriels. Les analyses médicales sont ainsi réalisées de manière robotisée et les résultats transmis directement par un e-mail. L’imagerie médicale, dont l’histoire a été étudiée lors de l’un de nos derniers colloques, est au cœur de cette numérisation des processus tant pour la production d’images de plus en plus précises que pour leur analyse assistée par l’intelligence artificielle.

Ce texte ne fait qu’effleurer la richesse du sujet. L’histoire de la relation des technologies numériques à la recherche biomédicale et à la santé publique est intrinsèquement liée aux évolutions d’une société transformée par les supports de télécommunications et les médias. Il est nécessaire de diversifier les approches en privilégiant la question de la relation entre Recherche, Soignants et Patients. Autrement dit : un nouveau regard sur le « colloque singulier » entre le médecin et son patient qui a vu la place des professionnels de santé tout comme la figure du patient bouleversées par ce qu’il est convenu d’appeler les « révolutions numériques ».

Dans cette perspective, le colloque aura pour priorité la rencontre interdisciplinaire par les échanges entre historiens, spécialistes en sciences humaines, grands témoins et acteurs des technologies numériques en recherche biomédicale et en santé. À travers les thématiques ciblées, Ie programme développera les liens entre les dynamiques historiennes et les questions du temps présent : les enjeux économiques et sociaux (recherche et développement, politique industrielle, inégalité territoriale et sociale), professionnels (quelles relations entre les corps professionnels, médecins, ingénieurs, informaticiens), éthiques (secret et accès aux données), culturels et scientifiques (place des hautes technologies dans le quotidien, banalisation et résistance).
 

Organisateurs et comité scientifique 

Marcel Goldberg, Professeur émérite, d'épidémiologie, Université Paris Cité, docteur en médecine, en biologie humaine et en mathématiques appliquées
Pascal Griset, Professeur d’histoire contemporaine, Sorbonne Université, UMR SIRICE, Président du comité pour l’histoire de l’Inserm
Cécile Méadel, Professeure des universités, IFP, Université Paris-Panthéon-Assas, chercheuse associée au centre de sociologie de l'innovation Mines ParisTech - CNRS – PLS, membre du Comité pour l’histoire de l’Inserm
Benjamin Thierry, maître de conférences, UMR SIRICE, Sorbonne Université

Programme
Mardi 24 septembre 2024

9h15 Accueil et inscription des participants

9h30 Ouverture du colloque

10h Introduction par Pascal Griset, Sorbonne Université, Président du Comité pour l’histoire de l’Inserm


Pierre Musso, Université Rennes II, Télécom Paris Tech : « Perceptions du numérique dans la société »
Mathilde Lancelot, Nantes Université : « Des soins, des technologies et des médiations »
 

11h45 - Session 1 : Surveillance de la maladie et soins à distance
Présidence : Thomas Lombes, directeur général délégué stratégie, Inserm (sous réserve) 

Alain-Jacques Valleron, Sorbonne Université, Académie des Sciences : « Le réseau sentinelles, 1984 : histoire de sa naissance »
Alexandre Mathieu-Fritz, Université Gustave Eiffel : « Le lent développement de la télémédecine française. Retour sur quarante ans d’histoire »
Cristina Lindenmeyer, UTRPP, Université Sorbonne Paris Nord : « Rôle de l’intelligence artificielle et évolution du monitoring, à partir d’une recherche interdisciplinaire réalisée en 2021 sur l’Apnée du sommeil »

13h DEJEUNER
14h - Session 2 : L’informatique médicale (1) : temps pionniers et premiers développements
Présidence : Antoine Tesnière, PariSanté Campus 

 Patrice Degoulet, Université Paris Cité : « François Grémy et la naissance de l’informatique médicale, des années 1960 aux années 1980 »
Benjamin Thierry, Sorbonne Université, « ‘L’informatique au secours de la médecine’ à l’Iria, de la fin des années 1960 aux années 1970 » Marius Fieschi, Aix-Marseille Université : « Témoignage sur l’avènement de l’informatique médicale : la naissance de l’intelligence artificielle en médecine »
Jacques Demongeot, Université Grenoble-Alpes : « Fondation et développement à Grenoble du premier Système d’Information Hospitalier Intégré français, les années 1980 »
 

16h - Session 3 : Robotique et interface homme/machine
Présidence : Francesca Musiani, Chargée de recherche HDR au CNRS, Directrice adjointe du Centre Internet et Société 

Pascal Griset, Sorbonne Université, président du Comité pour l’histoire de l’Inserm : « Spartacus : les premiers pas de la robotique médicale dans la seconde moitié des années 1970 » Jocelyne Troccaz, CNRS, Académie nationale de chirurgie, Académie des Sciences : « Carrière et recherche en robotique médicale, des années 1990 à nos jours »
Guillaume Charvet, CEA, Clinatec : « Interface Cerveau-Machine pour la compensation du handicap moteur : de la conception aux preuves de concept cliniques, des années 2000 à nos jours »

17h30 fin de la première journée


Mercredi 25 septembre 2024

9h15 Accueil et inscription des participants
9h30 - Session 4 : l’informatique médicale (2)
Présidence : Marcel Goldberg, Inserm 

 Joël Ménard, Université Paris Cité : « Le dossier médical informatisé, rétrospective des années 1970 aux années 2010 »
Ségolène Aymé, Inserm, ICM : « Témoignage sur cinquante ans d’usage de l’informatique au service de la recherche pour améliorer les connaissances et les pratiques médicales dans le domaine des maladies rares »
Marie Zins, Université de Paris Cité, Inserm UMS 11 : « De Gazel à Constances : la révolution numérique et les cohortes en population depuis la fin des années 1980 »
Brigitte Séroussi, LIMICS, UMR S1142, Sorbonne Université : « Des approches à base de connaissances aux approches à base de données, panorama des intelligences artificielles pour l’aide à la décision en médecine des années 1990 à nos jours »
 

11h - Session 5 : Transformations des laboratoires
Présidence : Catherine Jessus, CNRS, membre du Comité pour l’histoire du CNRS  

Joseph November, University of South Carolina, USA, “’Problem-solving might be a throwaway:’ Dendral and the Human’s New Role in Biomedical Discovery in the 1960s and 1970s”
Philippe Dessen, DR CNRS Honoraire, Institut Gustave Roussy, Villejuif : « Les débuts de la bio-informatique génomique dans les années 1980-2000 »
Jacques Beckmann, Université de Lausanne : « Témoignage : du code génétique à la médecine personnalisée »
Dominique Collard, CNRS, Université de Tokyo : « De l’initiative d’un laboratoire à Tokyo à l’émergence des BioMEMS et organes sur puce pour la recherche contre le cancer en France, des années 1990 aux années 2000 »
Xavier Gidrol, CEA, BIOMICS, UA 13 (INSERM/CEA/UGA) IRIG : « Les organoïdes sur puce : une brève histoire du futur des biopuces »

13h DEJEUNER
14h - Session 6 : Modélisation et jumeaux numériques
Présidence : Michel Dojat, Inria 

Nicholas Ayache, Inria, 3IA Côte d’Azur : « Des images médicales au jumeau numérique : un témoignage à travers mon parcours Inria de 1981 à 2024 »
Dominique Chapelle, Inria : « Du couplage modèles-données au jumeau numérique du coeur: 20 ans de modélisation pour la médecine à l’Inria»
Richard Frackowiak, Professeur émérite, University College London, École Polytechnique Fédérale de Lausanne : « The Human Brain Project, 2013-2023 : une rétrospective»
Pauline Elie, EHESS (UMR 8131), Hôpital Lariboisière : « Éthique des jumeaux numériques : de la simulation d’artéfacts à celle de personnes humaines »
 

15h45 - Session 7 : Table ronde
Technologies numériques pour la recherche biomédicale et en santé publique, maintenant et demain

Présidence : Cécile Méadel, Paris-Panthéon-Assas, Carism, membre du Comité pour l’histoire de l’Inserm Marie-Christine Jaulent, Inserm
Sébastien Massart, Dassault Systèmes
Bernard Nordlinger, Académie nationale de médecine
Valérie Peugeot, Sciences Po

17h Fin du colloque

mercredi 11 septembre 2024

L’évolution du lit comme objet symbolique en psychiatrie

Entre surveillance et thérapie : histoire du lit en psychiatrie


Table-ronde

MA 24 SEPTEMBRE 2024
18h30-19h30
Palais de Rumine, Salle du Sénat
Gratuit, sur inscription

Témoin de l’évolution des dispositifs thérapeutiques en psychiatrie, le lit reflète la manière dont on perçoit les rapports entre sommeil et santé mentale à travers les époques. Les documents d’archives rendent compte des usages multiples du lit, d’un instrument de surveillance à un lieu de repos et d’intimité en passant par une unité de mesure quantifiant l’activité d’un hôpital.

Alors que, du XIXe siècle aux années 1950, le sommeil prolongé est utilisé pour « calmer les esprits », à l’image de la cure de Sakel, certain·es soignant·es recommandent de réduire le temps de sommeil dans des cas de crise psychotique au tournant des années 1990-2000.

Mobilier a priori ordinaire, le lit permet en réalité d’aborder l’histoire de la psychiatrie sous un autre jour et d’éclairer certains de ses angles morts—la place de la sexualité dans les hôpitaux, par exemple.

Avec la participation de Payot-Lausanne



INTERVENANTES
Émilie Bovet, chercheuse et maitre d’enseignement à la Haute École de Santé Vaud (HESAV)
Aude Fauvel, maître d’enseignement et de recherche en histoire de la médecine à l’Institut des humanités en médecine (CHUV-UNIL)



Les médecins éducateurs

 « Les médecins éducateurs » (XXe-XXIe siècles)

Appel à propositions


Séminaire de recherche interdisciplinaire

Responsables : Johann-Günther Egginger (jgunther.egginger@univ.artois.fr) et Laurent Gutierrez (lgutierrez76@aol.com).


Séminaire organisé par le CREHS (Centre de Recherche et d’Études « Histoire et Sociétés » – UR 4027) de l’université d’Artois.


Argumentaire
Qu’il s’agisse de protéger le « capital santé », de penser la prise en charge des enfants anormaux ou d’assurer à l’enfance inadaptée une rééducation qui lui est nécessaire, les médecins se sont souvent fait « éducateurs » pour que la portée sociale de leur action soit plus importante. Ce séminaire souhaite interroger cette intention à travers ses différentes formes (prophylactique, thérapeutique notamment) tout en questionnant les époques et les milieux où elle s’est manifestée. Centré sur l’éducation des enfants et des adolescents, ce séminaire mettra aussi à l’étude les effets escomptés par ces médecins sur ces deux catégories d’âges dont les bornes ont varié depuis le début du XXe siècle. Il s’agira, en outre, de montrer comment la santé, ce bien le plus précieux sur lequel reposent les espoirs de la guérison, a servi d’argument dans le cadre d’une propagande dans et hors l’école à l’époque où elle fut menée. Les sociabilités de ces « médecins éducateurs » seront également travaillées afin de faire la lumière sur les moyens à partir desquels ils ont pu diffuser à plus ou moins grandes échelles leurs propositions.


Calendrier :
Ce séminaire se déroulera en mode hybride, dans les locaux du CUIP (Comité universitaire d'information pédagogique) à Paris et online, aux dates suivantes :
Séance 1 : Jeudi 10 octobre 2024 (9h15-11h45)
Séance 2 : Jeudi 05 décembre 2024 (9h15-11h45)
Séance 3 : Jeudi 30 janvier 2025 (9h15-11h45)
Séance 4 : Jeudi 09 avril 2025 (9h15-11h45)


Informations diverses :
Ce séminaire est ouvert aux chercheur.e.s, enseignant.e.s-chercheur.e.s, aux docteur.e.s, aux doctorant.e.s, aux étudiant.e.s de Master et aux professionnels de l’éducation et de la formation.
Les personnes qui en feront la demande se verront délivrer une attestation de présence.
Ce séminaire accueillera des communications de doctorant.e.s, docteur.e.s, de chercheur.e.s et d’ensseignant.e.s-chercheur.e.s francophones.
Les textes envoyés par les intervenants seront réunis, après expertise, dans un ouvrage universitaire.
 

Proposition de communication à faire parvenir à Johann-Günther Egginger (jgunther.egginger@univ.artois.fr) et à Laurent Gutierrez (lgutierrez76@aol.com)

mardi 10 septembre 2024

L’histoire de la santé du point de vue des femmes

L’histoire de la santé du point de vue des femmes



Cycle de conférences du réseau Historien.nes de la santé en partenariat avec l’Unité de recherche sur l’histoire du nursing


Automne 2024

Un jeudi par mois de 12h30 à 13h30 (heure de Montréal) en ligne


26 septembre 2024
Camille Jaccard (Université de Lausanne) : Paroles (de) folles dans la psychiatrie du XIXe siècle


24 octobre 2024
Juliette Ferry-Danini (Université de Namur) : L’histoire pas toute rose du Spasfon et ses conséquences pour la santé des femmes


14 novembre 2024
Nicolas Sueur (LARHRA), Augustine Debaralle: une guérisseuse/soignante en quête de légitimité dans la France du début du XIXe siècle


12 décembre 2024
Lucile Ruault (CNRS), La fabrique d’un “acte médical comme un autre”, un enjeu de lutte au sein du mouvement pour l'avortement libre (les MLAC, 1972-84)


Inscription gratuite mais obligatoire à : aklein@uottawa.ca

lundi 9 septembre 2024

L’alcool(isme) et les femme

L’alcool(isme) et les femmes. Une histoire de discours



Victoria Afanasyeva



Éditions Le Manuscrit
Date de parution :02/09/2024
Nombre de pages :208
Genre :Histoire, Société
Langue :Français
ISBN :9782304056006



Ce livre s’intéresse aux prises de parole féminines sur un sujet aussi complexe que l’alcool(isme), depuis la fin du XIXe siècle avec le mouvement antialcoolique naissant, jusqu’à la fin du XXe siècle. Il cherche à circonscrire, au prisme de ces discours, la catastrophe que décrivent les médias français dans les années 1980, « l’alcoolisme chez les femmes ». Et ce, au moment même où guéries, les buveuses commencent à prendre la parole – à la radio, dans l’émission Les Problèmes du cœur animée par Menie Grégoire, puis à la télé, avec Laure Charpentier, écrivaine et première femme ancienne malade à se présenter à la télé à visage découvert. À la croisée de l’histoire des femmes, du genre, de la médecine, des addictions, des médias et des associations, l’argumentaire de ce livre se déploie en trois parties aux titres empruntés au vocabulaire de la Croix-Bleue. Importée de la Suisse en France en 1883, cette association protestante milite pour l’abstinence totale et s’occupe du « relèvement des buveurs » : c’est la précurseure des Alcooliques anonymes. Trois motifs d’adhésion sont arrêtés pour ses membres : « pour encourager les faibles », à l’intention de ceux qui ne boivent pas et veulent donner un exemple aux autres ; « pour se préserver ou pour d’autres motifs », afin de limiter sa consommation et aider ceux qui ont une personne malade dans leur entourage ; et « pour se corriger », pour les alcooliques. Ces expressions sont ainsi utilisées pour caractériser les discours féminins : ceux des militantes engagées volontairement, ceux des épouses souffrant des abus de leurs maris, enfin, ceux des buveuses nécessitant du soutien.

Vivre au quotidien au prisme de la norme

Vivre au quotidien au prisme de la norme

Appel à communications

5èmes rencontres du GRET (Groupe de Recherches sur les Espaces (Trans)formatifs)
Université de Limoges, 13 et 14 mars 2025


Normes, normalité, normativité, normalisation, normation, a/normaux… Le vocabulaire autour de la norme et de la normalité est vaste, divers et complexe. Le colloque « Vivre au quotidien au prisme de la norme » entend réinterroger le sens et la pertinence des concepts relatifs à la norme dans le cadre des sciences humaines et sociales. La norme, la normalité ou la normativité, peuvent en particulier être interrogées sous le prisme du vécu et de la quotidienneté, que ce soit dans l’univers scolaire, professionnel ou privé. Les normes sont construites collectivement à l’échelle du groupe et de la société, vont être incorporées par des processus de socialisation, vont façonner les comportements individuels et collectifs dans différentes sphères sociales, éducatives, professionnelles.

En ce sens, poser la question du vécu permet de s’interroger de manière plus large sur l’interprétation qu’en donnent les personnes. Ainsi, qu’est-ce qu’une vie normale ? Comment, au quotidien, dans la vie ordinaire, transparaît et se révèle la norme ? En quoi les normes sociales, les systèmes normatifs, les paradigmes de la normalité et de la normalisation se traduisent dans les vécus quotidiens ? Que recouvrent exactement ces concepts ? Que permettent-ils de décrire ? Quels processus, quelles permanences, recompositions, transformations ? Au cours des socialisations, un ensemble de normes vont ainsi être apprises, acquises, incorporées. L’apprentissage de ces normes, et leur mise en oeuvre dans divers espaces sociaux est un axe d’analyse important des sciences humaines et sociales. Les normes s’apprennent, se transmettent et se recomposent, se discutent et se transgressent. Comment peut-on en saisir l’usage ou le non-usage au regard de la vie quotidienne ? La norme est-elle un vecteur de contraintes ou de chances ? Les approches normées ou normatives permettent-elles d’envisager des formes d’émancipation ou, au contraire, s’agit-il de déterminer les parcours ?

Dans ce cadre, quelle(s) place(s) occupent les personnes, au quotidien, dans l’édiction des normes sociales, collectives, au sein d’un groupe ? Autant de questions que ce colloque vous propose de poser à plat. Il invite à éclairer les enjeux autour de ces concepts et approches, selon les ancrages disciplinaires et théoriques, les échelles d’analyse, les objets d’étude, les espaces et les temporalités (politiques, institutionnelles, historiques...) de vos recherches. Il se veut pluridisciplinaire et entend ouvrir un espace de discussion sur les évolutions des regards sur la norme et leurs conséquences. Ce colloque reposera sur trois axes que nous posons comme trois manières distinctes d’appréhender la question des normes au quotidien : par le(s) concept(s) ; par les professionnalités ; par les sujets-acteurs ordinaires.


Axes de réflexion
Un premier axe de réflexion vise à interroger l’idée de norme d’un point de vue épistémologique. Quel sens donne-t-on au concept de norme et à l’ensemble de ses dérivés dans les diverses pratiques de la recherche en sciences humaines et sociales ? Quelles sont les différentes conceptualisations pour aborder le quotidien – et le rapport à la norme ? Les concepts de normalisation, de normalité sont-ils toujours d’actualité pour saisir le quotidien de notre monde contemporain ? Cette réflexion sur les différentes conceptions de la norme pourra s’appuyer sur la littérature d’un champ disciplinaire en particulier ou prendre le parti de la pluridisciplinarité. Elle devra être adossée à des enquêtes, des recherches ou des terrains d’étude spécifiques.

Un second axe se focalise plus spécifiquement sur les normes professionnelles, sur le quotidien lié au travail. Cet axe vise à saisir les changements normatifs du point de vue des professionnel·les, de leurs pratiques et de leur vécu quotidien. Il s’agit ici de s’intéresser à un certain nombre d’idéologies, de paradigmes, transposées dans des lois, des réglementations mais aussi aux injonctions plus tacites qui impactent les pratiques professionnelles. On peut penser au New Public Management, à l’empowerment, au paradigme de l’accompagnement, à la recherche sur projet et aux normes universitaires de la recherche académique, à l’habitabilité, etc. Puisque les normes ne sont pas toujours imposées de l’extérieur, il s’agit également d’interroger les changements et les pratiques normatives portées et défendues par des groupes professionnels pour eux-mêmes et/ou pour d’autres groupes.

Un troisième axe porte plus spécifiquement sur la tension entre normalisation, autonomisation et émancipation. Aujourd’hui, il existe une injonction des politiques publiques à l’autonomisation. Dans quelle mesure l’émancipation doit-elle passer par une autonomisation pour être effective ? Comment en devenant une norme, l'autonomisation viendrait effacer des logiques d'émancipations ? Quels liens entre autonomisation et responsabilisation ? Il s’agit ainsi de s’intéresser au vécu, à l’imposition, aux appropriations de normes, qui peuvent être, par exemple, des normes de genre, d’âge, de capacité, de classe. Il s’agit également d’interroger la marge de manoeuvre des individus face aux systèmes normatifs, la manière dont les normes se négocient, le travail de remise en question d’une certaine normalité, comme les normes médico-sociales par exemple. Comment les sciences humaines et sociales se saisissent de ces « à-côtés » et des personnes qui transgressent les normes explicites ou implicites ?

Les propositions de communication s’inscriront dans un ou plusieurs de ces 3 axes. L’appel à communication s’adresse aux chercheuses et chercheurs de l’ensemble des disciplines des sciences humaines et sociales (anthropologie, droit, géographie, histoire, philosophie, sciences de l’éducation et de la formation, sciences politiques, sociologie, etc). Une ouverture sur d’autres disciplines, à l’image de l’architecture, est la bienvenue. Dans tous les cas, un travail de réflexion et de déconstruction autour des normes est attendu.


Modalités pratiques
 

Trois modalités de soumissions sont proposées :
 

•Symposiums
Il s’agit de proposer, en groupe, un ensemble de communications – 3 ou 4 – accompagnées d’une problématisation commune. Lors du colloque, le groupe aura à charge d’animer une session d’une heure et demie où se dérouleront l’ensemble des communications.
La soumission doit comporter :
-Un titre général et des titres pour chacune des communications
-Le nom des auteur·es et de leur(s) institution(s) de rattachement (affiliations complètes)
-Une problématisation générale de 300 mots maximum
-Des résumés des communications, de 400 mots maximum chacun, qui précisent la méthodologie, le matériau sur lequel s’appuie le propos, les résultats.
 

•Communications individuelles
Les communications lors du colloque dureront 20 minutes.
Les résumés des propositions de communication, de 400 mots maximum (bibliographie non incluse) doivent :
-Comporter un titre
-Indiquer le nom du ou des auteur·es et de leur(s) institution(s) de rattachement (affiliations complètes)
-Préciser la méthodologie, le matériau sur lequel s’appuie le propos, les résultats.
 

•Ateliers
Il est possible de proposer, seul ou en groupe, des ateliers lors du colloque. L’idée de ces ateliers est d’animer, sur un temps d’une heure et demie, en petit comité, un espace de discussion ou de création.
Les propositions d’ateliers doivent comporter :
-Un titre
-Un nombre limite de participants - la participation aux ateliers se fera sur inscription.
-Un descriptif du contenu et du projet de l’atelier : les activités concrètes proposées, et le sujet exploré.
Toutes les propositions sont attendues pour le 15 septembre et doivent être envoyées aux adresses suivantes : espaces.trans.formatifs@gmail.com ; adrien.primerano@gmail.com.
 

Calendrier
Remise des propositions de communication : 15 septembre 2024 

Réponse aux auteur·es : 15 novembre 2024
Colloque à l’Université de Limoges : 13-14 mars 2025
 

Comité d’organisation
Rowan Coste (FrED, Université de Limoges), Clarissa Figueira (CIREL, Université de Lille), Loïs Henaba Amangoua (FrED, Université de Limoges), Gwendoline Henry- Berger (FrED, Université de Limoges), Martial Meziani (EMA, CY Cergy Paris Université), Magalie Pereira (Université de Limoges), Adrien Primerano (CERTOP, Université de Toulouse), Cécile Vergnaud (Université de Limoges)


Comité scientifique
Catherine Caillet (ECP, Université de Lyon), Rowan Coste (FrED, Université de Limoges), Aurélie Doignon (CeDS, Université de Bordeaux), Clarissa Figueira (CIREL, Université de Lille), Ivan Garrec (IRIS, USPN), Deborah Gentès (EXPERICE, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis), Loïs Henaba Amangoua (FrED, Université de Limoges), Gwendoline Henry-Berger (FrED, Université de Limoges), Martine Meskel Cresta (EMA, CY Cergy Paris Université), Martial Meziani (EMA, CY Cergy Paris Université), Nadja Monnet (LAA- LAVUE, UMR 7218, CNRS), Rosana Possani Dantas (FrED, Université de Limoges), Adrien Primerano (CERTOP, Université de Toulouse), Diane Rufin (SATIE, Université de Genève), Yana Zdravkova (LISE, Grhapes, CNRS-Cnam)
 

Références bibliographiques indicatives
Le collectif a fait le parti pris de ne pas citer d’auteurs dans le corps de l’appel, pour favoriser la pluridisciplinarité, et que chacun puisse piocher dans ses références pour aborder la question des normes. Les références mentionnées ci-dessous sont donc des indications de références qui nous portent sans prétention à l'exhaustivité, ni à créer un cadre théorique commun.
 

Becker, H. (1963/1985). Outsiders. Études de sociologie de la déviance (trad. par J.-P. Briand et J.-M. Chapoulie). Métailié.
Bernheim, E. (2013). Le pluralisme normatif appliqué. Une étude de la mobilisation des normes par les acteurs sociaux dans le champ psychiatrique. Droit et société, 85, 669-692.
Boutinet, J., Denoyel, N., Pineau, G. & Robin, J. (2007). Penser l'accompagnement adulte. Presses Universitaires de France.
Broussal, D. (2019). Émancipation et formation : une alliance en question. Savoirs, 51, 13- 0058.
Butler, J. (2017). Le pouvoir des mots : Discours de haine et politique du performatif. Editions Amsterdam/Multitudes.
Cornu, L. (2009). « Normalité, normalisation, normativité : Pour une pédagogie critique et inventive ». Le Telemaque, n° 36(2), pp. 29‐44.
Crycle, P., Stephens, E. (2017). Normality: a critical genealogy. Chicago, London: The University of Chicago Press.
Darmon, M. (2016). La socialisation. Paris : Armand Collin
Davis, L. (1995). Enforcing Normalcy: Disability, Deafness, and the Body. London ; New- York: Verso.
Delphy, C. (2008). Classer, dominer : qui sont les autres ?. La Fabrique éditeur.
Foucault, M. (2004). Sécurité, territoire, population: cours au Collège de France (1977- 1978). Paris : Gallimard.
François, C., (2015). Produire et normaliser les familles par le logement. L’exemple du travail de relogement dans la rénovation urbaine, Mouvements, n° 82, 2015/2, pp. 36-42
Garrec, I., Primerano, A., Damamme, A., Vuattoux, A. (2023). Éviter le « piège de la normalisation ». Normes et logique d’individualisation dans les Groupes d’entraînement aux habiletés sociales pour jeunes autistes, Sociographe, n°84/5, pp. 27-39
Guibet Lafaye, C. (2015), Irréductibilité des conflits normatifs et dilemmes moraux en psychiatrie. Éthique, politique, religions, n° 7 - 2, Sociétés fermées et sociétés ouvertes, de Bergson à nos jours, p. 133-167
Goffman, E. (1975). Stigmate. Les usages sociaux des handicaps (trad. par A. Kihm). Les éditions de minuit.
Guillaumin, C. (2000 [1972]). Sexe, race et pratique du pouvoir. Gallimard. Hooks, B. (2022). A propos d’amour : nouvelles visions.
Kergoat, P. (2014). Le travail, l'école et la production des normes de genre. Filles et garçons en apprentissage (en France). Nouvelles questions féministes, 33, pp.16-34
Kheira Belhadj-ziane, Baldelli B., Bourque, M., Chamberland, M., (2019). La norme dans tous ses états : enjeux et défis pour le travail social, Sciences et actions sociales [En ligne], 11, mis en ligne le 17 juin 2019, consulté le 26 mars 2024.
Macherey, P. (2009). De Canguilhem à Foucault, la force des normes. La Fabrique Éditions.
Martuccelli, D. (2014). La responsabilisation, nouvelle forme de domination. Dans : Xavier Molénat (éd.), L'Individu contemporain: Regards sociologiques. Auxerre: Éditions Sciences
Humaines, pp. 206-208.
Négrié, L., & Cascales, B. (2023). L’accouchement est politique : Fécondité, femmes en travail et institutions. Editions Ici-bas.
Prairat, E. (2014). L’approche par les normes professionnelles, Recherche et formation [En ligne], 75.
Rubin, G. (2010). Surveiller et jouir : anthropologie politique du sexe. Epel.
Sellenet, C. (2024). L’analyse de la pratique comme contrepoint et contrepoids à une approche normative. Sociographe, 85, pp. 111-123.
Tabin, J-P., Piecek, M., Perrin, C., Probst, I. (2019). Repenser la normalité: perspectives critiques sur le handicap. Bord de l’eau.
Van Zanten, A. (2012). La construction des normes dans la classe. In. A. van Zanten, L’école de la périphérie: Scolarité et ségrégation en banlieue (pp. 211-240). Presses Universitaires de France.
Verhoeven, M. (2012). Normes scolaires et production de différences. Les Sciences de l’éducation - Pour l’Ere nouvelle, 45, 95-121.
Winance, M. (2004). Handicap et normalisation. Analyse des transformations du rapport à la norme dans les institutions et les interactions. Politix, n°17/66, pp.201-227
Witt, Ch. (2023). Social Goodness: The Ontology of Social Norms. New-York : Oxford University Press.

dimanche 8 septembre 2024

Histoires de médecins et de médecine

Stories of Medics and Medicine

 
A One Day Conference in Memory of Giuseppe Ongaro

27 September 2024


Organised by

Fabrizio Bigotti
Fabiola Zurlini




Keynote Speakers

Dániel Margócsy
Vivian Nutton
Luana Salvarani
Fabio Zampieri


Ongaro's life and work are a testament to scholarly dedication, resilience and pioneering research in the history of medicine. Ongaro masterfully balanced his roles in the medical and academic fields, making seminal contributions that have greatly enriched our understanding of the past of medicine, particularly the medical school of Padua.

As a physician, he directed the Centro Trasfusionale in Padova (now the Unità Operativa Complessa Immunotrasfusionale), where his work with HIV-positive patients marked an important period in medical treatment under difficult conditions. His academic career was equally distinguished, and with his habilitation (libera docenza) in 1962, he embarked on a career that would have a lasting impact on Italian and international medical science.

Around the same time, he was diagnosed with a rare form of multiple sclerosis, but his intellectual curiosity and dedication never wavered. The disease never interfered with his scholarly output, which includes a wide range of publications covering a broad spectrum of medical history and has earned him various recognitions, including a fellowship from the Accademia Galileiana of Arts and Sciences and membership of the Centre for the Study of History at the University of Padua. Ongaro's work is characterised by meticulous research into original and secondary sources, often in several languages (including English, German, Spanish and French), at a time when global connectivity and the exchange of resources were far more limited than today.

Through his life and work, Ongaro exemplifies the essence of perseverance, intellectual rigour and a deep commitment to exploring the complexities of medical history.

This conference, held in his honour, is aimed at scholars working on any aspect of the history of medicine, with a particular focus on Paduan and Venetian Aristotelianism, from antiquity to the eighteenth century. The range of topics, as well as the ensemble of speakers and their particular contributions, are now finally accessible in a detailed programme, which can be found at the following link:Stories of Medics and Medicine - Conference Programme



Each speaker aims to explore one of the many facets of his contributions and reflect on the lasting impact of his legacy and the inspiration it continues to provide.