vendredi 17 janvier 2025

Protéger les corps au travail

Protéger les corps au travail: Dispositifs techniques, matérialités sanitaires et imaginaires politiques

Appel à communications

Université de Genève, 18-19 Septembre 2025

[English version below]

Comment protéger les corps au travail dans des environnements malsains ? Masques, gants, lunettes, casques, ventilateurs, hottes, capots, fusibles et détecteurs de pollution sont autant d’objets qui ont été déployés pour protéger la santé et assurer la sécurité des individus dans des espaces dangereux. Derrière leur matérialité et leur fonctionnalité, ils portent en eux les récits d’innovations techniques, de résistances ouvrières, de transformations sociales et d’adaptations aux environnements toxiques et pollués. Ils révèlent aussi des arbitrages complexes dans le gouvernement des risques, toujours marqués par des tensions entre productivisme industriel, préservation de la santé, et justice sociale, entre attributions des responsabilités aux individus et aux collectifs, entre les temporalités de l'accident et de la maladie chronique. Que nous apprennent ces objets sur les stratégies adoptées par les sociétés, passées et présentes, pour concilier protection et exploitation, progrès technique et vulnérabilité des corps, ou encore sur les impacts de l’industrialisation sur la santé publique et l’environnement ?

Le colloque international Protéger les Corps au Travail: Dispositifs Techniques, Matérialités Sanitaires et Imaginaires Politiques propose d’étudier les technologies de préservation de la santé, du Moyen Âge à nos jours, dans les espaces de travail, les villes ou encore dans les contextes coloniaux. À travers des perspectives pluridisciplinaires et transnationales, ce colloque mettra en lumière la manière dont les objets et dispositifs sanitaires ont façonné et ont été façonnés par des dynamiques sociales, culturelles, scientifiques et industrielles. Nous invitons les chercheur·es de tous horizons à soumettre des contributions originales sur la santé au travail et la santé environnementale s’inscrivant dans une réflexion sur la matérialité des objets techniques, leurs significations symboliques, leur circulation, leurs usages et leurs non-usages.

Imaginaires du Risque et Acteurs de la Prévention

Les objets et dispositifs de protection sanitaire ne sont pas de simples solutions techniques : ils incarnent une intersection complexe entre matérialité, savoirs scientifiques et imaginaires sociaux. Destinés à répondre à des problématiques sanitaires, ils véhiculent des croyances, des valeurs et des normes, et reflètent souvent les ambitions et contradictions de leur époque. Inspiré par les travaux de Gilbert Simondon, qui définit les objets techniques comme des médiateurs entre humains et environnement, et de Sheila Jasanoff, Soraya Boudia et Nathalie Jas, qui explorent le rôle des technologies dans la co-construction des valeurs sociales et des structures de pouvoir, cet axe interroge les significations attribuées aux objets sanitaires à travers le temps. En particulier, il invite à explorer les imaginaires socio-discursifs entourant ces objets : comment symbolisent-ils des concepts tels que « travail sain », « air pur », « hygiène industrielle », ou encore « environnement protégé » ? En quoi reflètent-ils les tensions entre prévention et productivité, entre innovation technique et inégalités sociales ? Qui sont les acteurs et les institutions qui en font la promotion ? Dépassant une simple analyse fonctionnelle, cet axe propose d’étudier les objets comme des reflets des transformations sociales, scientifiques et politiques, où convergent une pluralité de perceptions des risques.

Circulations des Objets et Reconfiguration des Espaces

À bien des égards, on peut considérer les dispositifs sanitaires comme des objets de conquête des espaces considérés comme dangereux, hostiles ou insalubres. D’ailleurs, un même objet peut être destiné à des usages multiples. À ce titre, les dispositifs sanitaires apparaissent comme des médiateurs entre différents univers – artisanal, médical, hospitalier, de salubrité publique – incarnant l’idée d’une protection mobile, voire universelle. Ces objets agissent comme des "objets-frontières", traversant et connectant des espaces longtemps considérés comme distincts : l’atelier, la prison, l’hôpital, la ville, le bureau et la nature. Quels savoirs, discours et pratiques accompagnent ces déplacements ? Comment ces objets, initialement conçus pour répondre à des risques spécifiques, sont-ils transformés, adaptés ou re-signifiés lorsqu’ils circulent d’un espace à un autre ? Cet axe invite à interroger leur circulation non seulement entre ces espaces, mais aussi à travers les frontières nationales. L’étude de leur matérialité et de leur fonctionnalité doit également permettre d’éclairer les dynamiques transnationales qui façonnent les écologies de la santé et à réfléchir à la manière dont la circulation des objets révèle des flux d’idées, de savoirs et de techniques entre les nations, tout en influençant les conceptions locales et internationales qui prévalent à la définition des normes de santé publique, des conditions de travail et des enjeux environnementaux dans un monde globalisé.

Politique des Objets et Usages Négociés

Les dispositifs sanitaires sont au coeur des dynamiques de pouvoir. Imposés comme des solutions aux dangers industriels, épidémiques ou environnementaux, ils traduisent des normes sanitaires portées par des institutions – employeurs, médecins, hygiénistes, États – mais suscitent aussi résistances, réappropriations ou rejets. Cet axe propose d’explorer ces tensions en montrant comment ces objets agissent à la fois comme des instruments de contrôle et des médiateurs du changement social. Comment ces dispositifs sont-ils introduits et légitimés dans des contextes spécifiques ? Et comment les travailleurs ou les populations ciblées perçoivent-ils leur efficacité au quotidien ? En quoi ces dispositifs modifient-ils les gestes, les rythmes et les routines du travail par exemple ? Comment ces objets influencent-ils les rapports individuels et collectifs au corps, à la santé et à l’environnement ? Comment sont-ils réinterprétés ou détournés pour répondre à des besoins concrets ou contourner des contraintes perçues comme inutiles ou oppressantes ? En interrogeant ces questions, ce dernier axe met en lumière les rapports de force qui se nouent autour des dispositifs sanitaires. Outils de surveillance ou d’autonomisation, symboles d’aliénation ou de progrès, les objets de santé sont au coeur des dynamiques politiques et sociales plus larges. En étudiant leurs usages, leurs appropriations ou leur rejet, il s’agit de mettre en lumière la manière dont les objets cristallisent et redéfinissent les rapports entre les employeurs, les travailleurs, les institutions scientifiques, les instances nationales et internationales de régulation et les publics, tout en révélant les tensions entre santé des corps et productivité, justice sociale et santé environnementale.

Soumissions :

Les propositions doivent inclure une problématique et les sources étudiées (300-500 mots) ainsi qu’une brève biographie (150 mots).

Les contributions en français ou en anglais sont acceptées, et celles portant sur des contextes extra-européens sont particulièrement encouragées.

Date limite de soumission : 1er mars 2025

Envoyer vos propositions à : veronique.stenger@unige.ch; yohann.guffroy@unige.ch; bruno.strasser@unige.ch




English version

Protecting Bodies at Work: Technical Devices, Materialities of Health, and Political Imaginaries

University of Geneva, September 18-19 2025

How have workers' bodies been protected in hazardous working environments? Masks, gloves, goggles, helmets, ventilators, fume hoods, radiation detectors, shields, and fuses are just some of the devices deployed to safeguard health and ensure safety in dangerous spaces. Beyond their materiality and functionality, they carry with them the stories of technical innovations, workers' resistances, social transformations, and adaptations to toxic and polluted environments. They also reveal the complex trade-offs involved in the governance of risks, always marked by tensions between industrial productivism, health preservation, and social justice, between assigning responsibility to individuals and to collectives, and between the temporalities of accidents and chronic illness. What can these objects teach us about the strategies that past and present societies have adopted to balance protection and exploitation, technical progress and bodily vulnerability, and the impacts of industrialization on public health and the environment?

The international conference Protecting Bodies at Work: Technical Devices, Materialities of Health, and Political Imaginaries aims to explore the history of health technologies from the Middle Ages to the present in workplaces, urban areas, and colonial contexts. Through multidisciplinary and transnational perspectives, this conference will investigate how health-related objects and devices have both shaped and been shaped by social, cultural, scientific, and industrial dynamics. We invite researchers from all disciplines to submit original contributions in the field of

occupational health and environmental health, focusing on the materiality, symbolic significance, circulation, uses, and disuses of sanitary objects.

Imaginaries of Risk and Prevention

Health protection devices are more than practical solutions; they embody a complex interplay of materiality, scientific knowledge, and social imaginaries. Designed to address health concerns, they carry beliefs, values, and norms, reflecting the ambitions and contradictions of their time. Inspired by Gilbert Simondon’s notion of technical objects as mediators between humans and their environment, and the works of Sheila Jasanoff, Soraya Boudia and Nathalie Jas on how technologies co-construct societal values and power structures, this theme examines how health-related objects have been perceived over time. How do they symbolize concepts like “healthy work,” “clean air,” “industrial hygiene,” or “protected environment”? How do they reflect tensions between prevention and productivity, innovation and inequality? Who are the actors and institutions promoting these devices? Moving beyond a functional analysis, this theme explores objects as reflections of broader social, scientific, and political transformations.

Circulation of Objects and Reconfiguration of Space

Health protection devices can be seen as tools for conquering spaces deemed dangerous, hostile, or unhealthy, often designed for multiple uses. These devices act as "boundary objects," crossing and linking distinct realms such as workshops, hospitals, urban spaces, and natural environments. What knowledge, practices, and narratives accompany these circulations? How are these devices transformed or reinterpreted as they move between spaces or across national and cultural borders? This theme invites contributions exploring not only their circulation but also how their transnational movement reveals flows of ideas, knowledge, and techniques while shaping local and global public health norms, working conditions, and environmental challenges.

The Politics of Objects and Negotiated Uses

Health devices are deeply embedded in power dynamics. Imposed as solutions to industrial, epidemic, or environmental risks, they reflect sanitary norms advanced by employers, medical professionals, hygienists, or states. Yet, they also face resistance, reappropriation, or rejection. This theme explores these tensions, examining how such devices function as both instruments of control and catalysts for social change. How are these devices introduced and legitimized? How do workers or targeted populations perceive and adapt them in their daily lives? How do they reshape work routines or individual and collective relationships with health and the environment? By studying their uses, appropriations, or rejections, this theme sheds light on the power relations surrounding health devices and how they redefine interactions between employers, workers, scientific institutions, regulatory bodies, and the public, revealing the ongoing tensions between bodily health, productivity, social justice, and environmental health.

Submissions:

Proposals should include a brief description of the research question(s) and the sources to be studied (300–500 words), and a short biography (150 words).

Contributions in French or English are welcome, and those focusing on non-European contexts are particularly encouraged.

Submission Deadline: March 1, 2025

Send your proposals to: veronique.stenger@unige.ch, yohann.guffroy@unige.ch, bruno.strasser@unige.ch

Références principales / Main References :

1. Boudia, Soraya, and Nathalie Jas, editors. Powerless Science? Science and Politics in a Toxic World, Berghahn Books, 2014.

2. Bruno Anne-Sophie, Geerkens Éric, Hatzfeld Nicolas, Omnès Catherine (dir.), La santé au travail, entre savoirs et pouvoirs (19e-20e siècles), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011

3. Greenlees Janet, When the Air Became Important: A Social History of the New England and Lancashire Textile Industries, Rutgers University Press, 2019.

4. Guignard, Laurence, et al., éditeurs. Corps et machines à l’âge industriel. Presses universitaires de Rennes, 2011.

5. Jarrige, F. et Le Roux, T. La Contamination du monde. Une histoire des pollutions à l'âge industriel, Paris, Le Seuil, 2017.

6. Jasanoff Sheila, Sang-Hyun Kim (ed.) Dreamscapes of Modernity. Sociotechnical Imaginaries and the Fabrication of Power, University of Chicago Press, 2015.

7. Moriceau, Caroline, Les douleurs de l'industrie: L'hygiénisme industriel en France, 1860-1914, Paris, Editions de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 2010.

8. Rainhorn Judith, Blanc de plomb. Histoire d'un poison légal, Paris, Les Presses de Sciences Po, 2019.

9. Rosental Paul-André (dir.), Silicosis. A World History, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2017.

10. Rosner, David, and Gerald Markowitz, eds. 1989. Dying for Work: Workers’ Safety and Health in Twentieth-Century America. Bloomington: Indiana University Press.

11. Sellers Christopher, Hazards of the job: from industrial disease to environmental health science, Chapel Hill and London, University of North Carolina Press, 1997.

12. Weindling Paul (ed), The Social History of Occupational Health, London, Croom Helm, 1985.

jeudi 16 janvier 2025

Technologie, santé et consommateur patient au XXe siècle

Technology, health, and the patient consumer in the twentieth century
 

Edited by Rachel Elder and Thomas Schlich


Publisher: Manchester University Press
Series: Social Histories of Medicine
Published Date: January 2025
ISBN: 9781526171146 


Technology and consumerism are two characteristic phenomena in the history medicine and healthcare, yet the connections between them are rarely explored by scholars. In this edited volume, the authors address this disconnect, noting the ways in which a variety of technologies have shaped patients' roles as consumers since the early twentieth century. Chapters examine key issues, such as the changing nature of patient information and choice, patients' assessment of risk and reward, and matters of patient role and of patient demand as they relate to new and changing technologies. They simultaneously investigate how differences in access to care and in outcomes across various patient groups have been influenced by the advent of new technologies and consumer-based approaches to health. The volume spans the twentieth and twenty-first centuries, spotlights an array of medical technologies and health products, and draws on examples from across the United States and United Kingdom.

mercredi 15 janvier 2025

Groupes sanguins et hérédité humaine

Blood Groups and Human Heredity, 1900-1950: The First Genetic Marker


William H. Schneider

Publisher ‏ : ‎ Palgrave Macmillan; 2024th edition (November 30, 2024)
Language ‏ : ‎ English
Hardcover ‏ : ‎ 335 pages
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-3031698439


This monograph presents a detailed analysis of the beginning and rapid establishment of blood group research in the first half of the twentieth century. The main theme of this book is how blood groups were used as a scientific explanation of differences in race, health, and human behaviour. The discovery of the inheritance of blood groups, and their uneven distribution among various human populations quickly developed into a new field of scientific study in various countries around the world. Almost as quickly, the discoveries were studied as genetic markers of race, disease, and behaviours such as crime, insanity, and temperament. The time scope of coverage is the first half of the twentieth century, beginning with Landsteiner’s discovery of blood groups and ending with the period following the Second World War when the research was picked up again and became part of the revolution in human genetics accelerated by the discovery of the double helix. By this time, blood group genetics had undermined the very concept of race and became the foundation of population genetics. The focus on the formative period of blood group research complements the recent resurgence of interest in the subject by providing in- depth background and a base for further research.

Penser les violences médicales

Penser les violences médicales. Regards croisés en sciences sociales
 

Appel à communications

Colloque interdisciplinaire (sociologie, anthropologie, histoire, droit, santé publique) et international francophone, 24 et 25 juin 2025


La médecine repose, notamment, sur « l’intrusion dans le corps d’autrui » et « l’agression du corps de l’autre » (Hardy, 2013 : 161, 184), sans que ces actions ne soient nécessairement considérées comme violentes. Le geste médical suppose, a minima, une logique de délégation de la maîtrise de son corps à des professionnelles, même si cette délégation est le plus souvent circonscrite (à des parties du corps, pour des pratiques et sur un temps donnés) et que le modèle de la relation thérapeutique connaît des variations et des remises en cause selon les époques (Foucault, 1963 ; Goffman, 1968 ; Fassin, 1996 ; Jaunait, 2003). De sorte que, dans la plupart des situations, le caractère violent d’un comportement ou d’une action en santé ne réside pas a priori dans les gestes thérapeutiques. À cet égard, comment reconnaître les violences en contexte de soin, les qualifier et en analyser les mécanismes et les frontières (Castrillo, 2016 ; Lévesque et Ferron-Parayre, 2021), a fortiori quand les agentes institutionnels anticipent et/ou se positionnent contre ce qualificatif (Moreau, 2011) ? L’identification des violences doit-elle par exemple être bornée à la perception qu’en ont les individus et à la transgression de leur volonté, au risque d’occulter la production du consentement par le mensonge (Fainzang, 2006), la menace, la domination ou le manque d’information ? Doit-elle inclure le déni de participation aux décisions de soin fait aux usagers et usagères des structures de santé ? La violence peut-elle être un concept opérant pour la recherche en sciences sociales, ou doit-elle n’être envisagée que sous l’angle des processus de qualification et des luttes de légitimation ou de dégradation symbolique dont les pratiques médicales font l’objet ? Les pratiques médicales étant entendues ici comme l’ensemble des pratiques déployées en contexte médical, y compris par des soignant.es non-médecins.

La notion de « violences obstétricales et gynécologiques », forgée par des mouvements sociaux et reprise dans les arènes institutionnelles (Bousquet et al., 2018 ; Castro, 2021), s’est récemment diffusée dans les travaux de recherche et participe à renouveler la problématisation des objets de recherche en sciences sociales de la santé, de la sexualité et de la procréation (Rozée et Schantz, 2021 ; Schantz, Rozée et Molinier, 2021). La popularité récente et localisée du concept tranche avec l’absence quasi totale d’analyse des pratiques médicales sous l’angle de la violence ces dernières décennies, sauf exception (Lebeer, 1997). Pour autant, les travaux de sciences sociales fourmillent d’éléments pour comprendre les logiques professionnelles qui favorisent l’émergence et la perpétuation de telles pratiques. Ces éléments apparaissent en filigrane dans l’analyse des phénomènes et concepts connexes auxquels la violence s’articule : travail de contrainte, maltraitance, violence symbolique, paternalisme médical, coercition, ou encore pouvoir, autorité ou domination. Sans nécessairement parler de « violence », plusieurs travaux ont montré l’asymétrie de la relation médecin-patient·e et ses variations selon les contextes de soin (Strauss, 1992 ; Freidson, [1970] 1984), en montrant notamment combien elle s’inscrit plus largement dans les hiérarchies et la division du travail hospitalier (Arborio, 1996 ; Paillet, 2009 ; Lechevalier-Hurard, 2013). Nombreux sont les travaux qui insistent sur les inégalités de santé que cette asymétrie produit (Sauvegrain, 2013 ; Morel, 2016, 2023 ; Arborio et Lechien, 2019 ; Loretti, 2019, 2020 ; Darmon, 2021 ; Gelly et al., 2021 ; Paillet, 2021), quand d’autres recherches ont documenté le mandat médical de contrôle social (Lovell, 1996, 2015 ; Fassin et Memmi, 2004 ; Mathieu et Ruault, 2014), sa délégation par l’État (Memmi, 2003) et la manière brusque et impérieuse avec laquelle peuvent être imposées les normes préventives (Moreau, 2013, 2015 ; Bloy, 2015), sanitaires ou morales (Guyard, 2010 ; Cahen, 2015 ; Koechlin, 2021 ; Thizy, 2023). Ces logiques s’inscrivent dans l’histoire longue de la fabrique institutionnelle des micro-sanctions du quotidien (Rossigneux-Méheust, 2022 ; Rossigneux-Méheust et Gérard, 2023). En outre, elles relèvent des cultures professionnelles qui favorisent l’émergence et la perpétuation des violences, incorporées par les professionnelles de santé tout au long de leur formation (Becker et al., 1961 ; Baszanger, 1979 ; Picot, 2005 ; Zolesio, 2012, 2015).

Des travaux ont documenté la manière dont l’organisation du travail, la rationalisation de son rythme, la technicisation de ses gestes et les conditions dégradées de travail pouvaient favoriser des pratiques brutales ou faisant peu cas du consentement des patient·es (Carricaburu, 2005 ; Arnal, 2016 ; Fonquerne, 2021 ; Quagliariello et Topçu, 2021), toutes ces dimensions s’entremêlant de manière d’autant plus saisissante dans le contexte hospitalier (Laforgue et Rostaing, 2011 ; Vincent, 2016 ; Belorgey, 2021 ; Ridel, 2021). Une pratique du consentement éclairé qui ne se cantonnerait pas à une formalité administrative requiert du temps et la délivrance d’informations qui, bien souvent, varient en fonction du capital (social, économique et culturel) des patientes (Bretin, 2004 ; Peneff, 2005 ; Dixon-Woods, 2006 ; Fainzang, 2006 ; Prud’homme, 2015 ; Quagliariello, 2017).

Les recherches sur les violences gynécologiques et obstétricales ont permis quant à elles d’objectiver les pratiques d’une violence ordinaire, banalisée dans les protocoles et habitudes, exercée à l’encontre des femmes dans diverses structures de soins. Elles se concentrent sur les actes brutaux ou réalisés sans le consentement de la patiente, et parfois au détriment de sa santé (El Kotni, 2018 ; Fonquerne, 2021 ; Márquez Murrieta, 2021). Elles analysent les violences médicales comme une forme de violence de genre, au croisement, parfois, avec la race (Paris, 2020 ; El Kotni et Quagliariello, 2021 ; Sestito, 2023 ; Sauvegrain, 2021). Des travaux ont également retracé la dénonciation des violences obstétricales (Claro, 2019), sa constitution en problème public (Azcué et Tain, 2021 ; Rozée et Schantz, 2021), et interrogé la mobilisation du droit face aux violences (Quéré, 2019 ; Simon et Supiot, 2023).

Loin de fournir une définition a priori du concept de violence médicale, ce colloque entend ouvrir un espace de discussion autour de l’utilisation scientifique du concept, appliqué à des terrains d’enquête en sciences sociales de la santé. Malgré les défis que pose le recours à cette catégorie dans les travaux de recherche, nous considérons que son utilisation représente une « ouverture épistémique » (Diniz et al., 2021) qui invite à sa discussion nuancée – et, pourquoi pas, contradictoire – par les chercheurs/ses. Il s’agira ainsi de questionner, qualifier et conceptualiser la violence et ses définitions possibles dans les mondes de la santé et des soins, adossées aux autres concepts ou expressions qui l’entourent, en les mettant en perspective, au besoin, avec les usages de la notion dans l’étude d’autres sphères du monde social, la police par exemple. Ce colloque invite par ailleurs à saisir la spécificité des violences médicales, sans les réduire a priori à une violence de genre et en considérant l’interaction de la domination médicale avec les autres rapports de pouvoir (genre, classe, race, validisme, âge, sexualité, etc.).
Nous proposons quelques axes qui peuvent inspirer les propositions des participant·e·s, même si nous restons ouvert·es aux propositions transversales à ces axes ou encore à celles qui éclairent l’objet du colloque depuis un point de vue qui s’en distingue.
 

Axe 1 - Définir, mesurer et problématiser les violences médicales
Que recouvrent les violences médicales ? C’est cette question fondamentale qui structurera le premier axe. Il regroupera les propositions de communications qui explorent les contours et les formes de ces violences, qu’elles soient intrinsèques aux pratiques de soin ou qu’elles représentent leurs effets collatéraux. La violence médicale est-elle circonscrite aux actions intentionnelles et/ou exclusivement exercées par des professionnel·les de santé, ou inclut-elle la totalité des « dommages » que peut subir une personne dans une configuration thérapeutique (pharmacologique, essai clinique, etc.), dommages parfois euphémisés sous la notion d’« effets indésirables » ou « secondaires » ? Définir les violences médicales implique de confronter les façons de les nommer, de les mesurer et de les analyser, au prisme de différentes disciplines (histoire, sociologie, anthropologie, santé publique, droit). Quels outils, approches, dispositifs ou perspectives permettent de les saisir et de les comprendre ? Comment quantifier les violences ? Dans quels cas ou quelles situations préfère-t-on parler de « contrainte » ou de « maltraitance » plutôt que de « violence », et pourquoi ? À quels obstacles se heurte l’objectivation des violences ?
Cet axe invite à interroger, qualifier et conceptualiser les violences dans les mondes de la santé et du soin, tout en tenant compte des raisons pour lesquelles ces violences sont parfois invisibilisées ou diluées dans d’autres concepts. En outre, les contributions qui mettront en perspective la notion de violences dans le soin avec son emploi dans d’autres domaines du monde social seront particulièrement appréciées. L’accent sera mis sur les recherches empiriques, qu’elles reposent sur des enquêtes ethnographiques, l’analyse d’archives ou de données chiffrées. Pour autant, les contributions théoriques visant à revenir sur la construction de cette notion, son émergence, ou les débats théoriques autour de sa mesure sont également bienvenues. D’ailleurs, examiner ces débats en historienne viendrait nourrir une réflexion méthodologique et épistémologique sur les problèmes (l’anachronisme, au premier chef), mais aussi les apports qui accompagnent la relecture de pratiques de santé du passé à l’aune du concept de violence.
 

Axe 2 - Saisir les violences par l’étude du travail médical
Les propositions de communications pourront porter sur les logiques professionnelles des pratiques pouvant être qualifiées de violentes. Il s’agira d’éclairer la manière dont le contexte organisationnel du travail médical participe à les déterminer, d’abord en questionnant leur dimension collective. Les pratiques médicales s’inscrivent dans une division technique et morale du travail, mettant en relation des professionnel·les lié·es par des rapports de pouvoir propres au champ médical (selon les hiérarchies des spécialités et professions, notamment) ou qui le traversent (le genre, la classe, la race, l’âge, etc.). Qu’en est-il des violences médicales ? Sont-elles le résultat d’actions individuelles ou coordonnées, voire concertées ? De mécanismes de délégation du « sale boulot » et de négociation, ou de conflits entre collègues ? Reposent-elles sur des pratiques institutionnalisées à l’échelle de la profession (notamment par le truchement de protocoles et de recommandations de bonnes pratiques) ou des collectifs de travail plus localisés ? Les propositions pourront porter sur la dimension relationnelle de l’organisation du travail comme sur les logiques spécifiques à un groupe ou segment professionnel (médecins, infirmières, aides-soignantes, secrétaires, sages-femmes, psychologues, kinésithérapeutes, étudiant·es ou titulaires, etc.). En outre, les contributions qui visent à historiciser ces logiques professionnelles, faisant dès lors ressortir leurs variations à travers le temps (et l’espace), seront particulièrement appréciées.
Elles pourront également questionner la place des conditions matérielles du travail médical dans la survenue ou la prévention des violences. Dans quelle mesure les violences médicales sont-elles un expédient permettant de réaliser rapidement une charge de travail
importante – en subordonnant le recueil du consentement à la vitesse, l’efficacité ou la commodité du travail ? Est-ce qu’à l’inverse davantage de moyens, techniques et humains, ne créent pas de nouvelles possibilités d’expression de la violence médicale ? Quelle responsabilité attribuer aux politiques néolibérales de santé dans la survenue ou la perpétuation des violences médicales ? Les propositions de communication sont invitées à expliciter et à analyser les différents contextes organisationnels de l’activité médicale – les lieux et modes d’activité – et leurs effets éventuels sur les pratiques.
Enfin, dans certains contextes, la violence apparaît, à certains égards, comme un outil du soin, puisqu’elle peut être érigée comme un moyen d’imposer, contre le consentement du ou de la patient·e, un acte médical jugé utile, ou un moyen d’éduquer à des normes sanitaires ou morales. Cette dimension a déjà pu être étudiée dans le cadre de la psychiatrie, mais gagnerait à être analysée dans les autres secteurs de la médecine, à l’hôpital comme en médecine de ville en passant par d’autres structures de soins (EHPAD, centre de rééducation, PMI, centre de santé sexuelle, etc.), en interrogeant d’autres domaines, par exemple les métiers de la cancérologie ou de la pédiatrie. Et au-delà, même dans les situations où le consentement a été formellement recueilli, les sciences sociales sont-elles censées penser la brutalité de l’intrusion dans le corps et la blessure occasionnées par le traitement comme exemptes de violence ? Des propositions permettant d’objectiver les modalités différenciées de la violence médicale selon les actes, pathologies et spécialités médicales sont les bienvenues.
 

Axe 3 - Penser les violences dans la formation professionnelle
L’analyse des processus d’inculcation des normes, règles et habitudes qui structurent les différents espaces du soin permet de réfléchir à la reproduction des comportements maltraitants. Cette analyse passe par l’ethnographie des processus de transmission depuis l’amphi à l’hôpital, sans oublier les salles de garde, mais aussi par l’analyse de la socialisation comme un processus dynamique et variable selon les contextes institutionnels.
Cet axe entend réfléchir aux conditions mêmes de l’apprentissage de gestes inimaginables dans tout autre espace social (recours à la force physique, palpations, intrusions dans les corps, incisions, etc.), en se demandant comment les modalités concrètes de transmission de la culture médicale façonnent des dispositions à violenter. La formation médicale est ponctuée d’expériences éprouvantes de même que l’inculcation des savoirs thérapeutiques peut couramment passer par des remarques brutales, des formes de moquerie et de mise à l’épreuve par les aîné.es et/ou entre futur.es soignant.es. Dans quelle mesure ces modes d’apprentissage contribuent à la perpétuation des violences verbales et physiques en contexte de soins ?
Les propositions de communication pourront s’intéresser aux registres de justification des comportements violents, qui viennent légitimer auprès des impétrant.es certains schèmes de pensée et d’action. La formation peut-elle forger les conditions d’impossibilité de la perception de certains actes comme (illégitimement) violents ? On pourra prêter attention aux qualifications ordinaires de ces actes dès lors non repérés comme problématiques, au sens donné à des habitudes de travail ancrées dans l’histoire de la discipline et/ou de l’institution enquêtée.
Les modalités d’adhésion aux valeurs dominantes de la profession soulèvent la question des processus de régulation internes à l’institution médicale face aux violences. On s’intéressera aux instances mobilisables au cours de la formation aux différents métiers de la santé, aussi bien à l’université que du côté des autorités professionnelles, pour prendre en charge les faits de violences (que ce soit pour les repérer et, partant, les prévenir). En particulier, comment les instances professionnelles se positionnent-elles face au fameux « esprit carabin » et à ses traductions locales (dont les traditions de bizutage) ?
À l’inverse, pour saisir la manière dont les soignant.es désamorcent le caractère potentiellement violent de leurs pratiques, les communications pourront étudier la transmission des savoir-faire (dans la formation initiale, entre paires, par l’intervention de « patient.es-expert.es », etc.) visant à développer des pratiques plus respectueuses (prévenir des gestes, demander l’accord, proposer le déshabillage partiel, réchauffer un instrument, mieux prendre en charge la douleur, etc.).

Axe 4 - Politiser les violences : victimes, mobilisations et régulation
Un quatrième axe propose d’interroger la politisation des violences médicales, et sa qualification par les différent·es acteurs et actrices. Les propositions pourront porter sur les victimes des violences. D’abord, sous l’angle de leurs expériences. Quels actes sont vécus comme des violences par les patient·es ? Comment et pourquoi un certain nombre d’actes sont perçus comme violents, mais inévitables ? Quels effets durables peuvent-ils avoir sur leur vie et, plus spécifiquement, sur leur rapport à la santé et à la médecine ? Quel rôle jouent leurs proches dans l’accompagnement et la qualification de ces expériences ? Mais aussi sous l’angle de leurs mobilisations, collectives ou individuelles. Les propositions de communications pourront ainsi retracer les dynamiques de ces mobilisations dans le domaine de la santé où les violences médicales ont été constituées en problème public à l’intersection entre différents champs (politique, associatif, médiatique, médical).

Elles pourront par exemple questionner l’influence de la médiatisation des violences (surtout obstétricales et gynécologiques) sur les conditions d’apprentissage et de travail des professionnelles de santé. Dans quelle mesure ce contexte a-t-il renouvelé les considérations en termes d’éthique médicale, voire poussé l’élaboration collective de normes de réflexivité ? Jusqu’à retentir sur les dispositifs de prévention des violences et de sanction internes aux établissements universitaires et hospitaliers ? Les propositions pourront analyser les réactions et les réponses apportées par les acteurs et actrices du champ médical à la médiatisation et la politisation des violences, en interrogeant la conscience que les professionnel.les de santé ont du droit, et l’effet de cet encadrement normatif sur les pratiques médicales. En quoi le corporatisme, la tradition de compagnonnage, mais aussi les enjeux de réputation et de construction des carrières, spécifiques à chaque groupe professionnel, ont-ils des effets directs sur la dénonciation et la sanction des violences ? Comment caractériser socialement les professionnel.les du soin qui épousent publiquement, pour certain.es, les mobilisations de patient.es contre les violences subies en contexte médicalisé ? En outre, les actes vécus comme violents par des patient.es sont-ils les mêmes que ceux que dénoncent ces professionnel.les ?

Cela pose la question plus large des parcours de plainte engagés par les victimes, auprès des instances disciplinaires de la profession ou au pénal, et des processus de réparation ou de sanctions auxquelles ces plaintes donnent lieu. Comment les instances de conciliation, les organisations professionnelles et les institutions judiciaires traitent-elles les violences médicales ? En l’absence d’une catégorie juridique ad hoc, quels actes, réalisés dans quels contextes, sont effectivement sanctionnés ? À quelles peines ? Tout regard croisant plusieurs situations nationales sera utile à cet égard, les controverses et régulations des pratiques pouvant y prendre différentes dimensions.
 

Modalités de participation
Le colloque se tiendra les 24 et 25 juin 2025 à Paris.
Les propositions de communications sont à envoyer au plus tard le 31 janvier à l’adresse : colloque.violences.med@proton.me
Elles mentionneront les nom et prénom, pronom, discipline, statut, institution de rattachement et adresse mail des communicant·es. En un maximum de 3 500 signes (espaces compris), elles devront ensuite comporter un titre, une présentation des matériaux mobilisés et un résumé des enjeux qui seront abordés dans la communication. La sélection des propositions retenues sera communiquée dans les semaines qui suivront.
 

Comité organisateur :
Joséphine Eberhart (post-doctorante, IRISSO)
Raphaël Perrin (docteur, CESSP)
Pierre Robicquet (docteur, CERMES3)
Lucile Ruault (chargée de recherche CNRS, CERMES3)
 

Comité scientifique :
Anne-Marie Arborio (maitresse de conférences, LEST, université Aix-Marseille)
Fabrice Cahen (chargé de recherche INED)
Catherine Cavalin (chargée de recherche CNRS, CERMES3)
Fanny Chabrol (chargée de recherche IRD, CEPED)
Dorothée Dussy (directrice de recherche CNRS, CNE)
Nils Kessel (maître de conférences, SAGE, université de Strasbourg)
Delphine Moreau (professeure, Arènes, EHESP)
Anne Paillet (professeure, CESSP, université Paris 1 Panthéon Sorbonne)
Myriam Paris (chargée de recherche CNRS, CURAPP-ESS)
Chiara Quagliariello (post-doctorante, EHESS)
Virginie Rozée (directrice de recherche INED)
Elsa Supiot (professeure détachée au CNRS, ISJPS – UMR8103)
 

Bibliographie
Arborio Anne-Marie, 1996, « Savoir profane et expertise sociale. Les aides-soignantes dans l’institution hospitalière », Genèses, n°22, p. 87-106.
Arborio Anne-Marie et Lechien Marie-Hélène, 2019, « La bonne volonté sanitaire des classes populaires Les ménages employés et ouvriers stables face aux médecins et aux normes de santé », Sociologie, Vol. 10, n°1, p. 91-110.
Arnal Maud, 2016, « Soulager les douleurs de femmes lors de l’accouchement. Déviance et normalisation des émotions », Genre, sexualité & société, n°16.
Azcué Mathieu et Tain Laurence, 2021, « L’émergence du concept de “violence obstétricale” : l’impact du mouvement féministe », Santé publique, Vol. 33, n°5, p. 635-643.
Baszanger Isabelle, 1979, Des généralistes en particulier : une approche biographique des processus de socialisation professionnelle, thèse de doctorat, Paris, EHESS.
Becker Howard S., Geer Blanche, Hughes Everett C. & Strauss Anselm L., 1961, Boys in White. Student Culture in Medical School, Chicago, University of Chicago Press.
Belorgey Nicolas, 2021, « Les inégalités sociales de santé à l’hôpital aujourd’hui. Enquête à partir d’un service de gériatrie », Sociétés contemporaines, n°122, p. 127-153.
Bloy Géraldine, 2015, « Échec des messages préventifs et gouvernement des conduites en médecine générale », Sciences sociales et santé, Vol. 33, n°4, p. 41-66.
Bousquet Danielle, Couraud Geneviève et Collet Margaux, 2018, Les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical - Des remarques aux violences, la nécessité de reconnaître, prévenir et condamner le sexisme, Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes.
Bretin Hélène, 2004, « Marginalité contraceptive et figures du féminin : une expérience de la contraception injectable hormonal en France », Sciences sociales et santé, Vol. 22, n°3, p. 87-110.
Cahen Fabrice, 2015, « Soin, refus de soin ou maltraitance ? Médecins et avortées dans les hôpitaux parisiens (1900-1975) », Histoire, médecine et santé, no 7, p. 63‑76.
Carricaburu Danièle, 2005, « De la gestion technique du risque à celle du travail : l’accouchement en hôpital public », Sociologie du travail, n°47, p. 245-262.
Castrillo Belén, 2016, « Dime quién lo define y te diré si es violento. Reflexiones sobre la violencia obstétrica », n°24, Sexualidad, Salud y Sociedad (Rio de Janeiro), p. 43‑68.
Castro Roberto, 2021, « Violence obstétricale et autoritarisme de l’habitus médical au Mexique », Cahiers du Genre, n°71, p. 25‑56.
Claro Mona, 2019, « Dénoncer les maltraitances gynécologiques en URSS : critique ordinaire des patientes et critique féministe (1979-1989) », Diogène, Vol. 267‑268, no3‑4, p. 289‑308.
Darmon Muriel, 2021, Réparer les cerveaux. Sociologie des pertes et des récupérations post-AVC, Paris, La Découverte.
Diniz Carmen Simone Grilo, Yoshie Denise Niy et Da Silva Cabral Cristiane, 2021, « Les “violences obstétricales” comme subversion épistémique. Saisir des maltraitances anciennes dans un concept nouveau », Cahiers du Genre, n°71, p. 57‑80.
Dixon-Woods Mary et al., 2006, « Why do women consent to surgery, even when they do not want to? An interactionist and Bourdieusian analysis », Social Science and Medicine, n°62.
El Kotni Mounia, 2018, « La place du consentement dans les expériences de violences obstétricales au Mexique », Autrepart, n°85, p. 39‑55.
El Kotni Mounia et Quagliariello Chiara, 2021, « L’injustice obstétricale. Une approche intersectionnelle des violences obstétricales », Cahiers du Genre, n°71, p. 107-128.
Fainzang Sylvie, 2006, La relation médecins-malades : information et mensonge, Paris, PUF.
Fassin Didier, 1996, L’espace politique de la santé. Essai de généalogie, Paris, PUF.
Fassin Didier et Memmi Dominique, 2004, Le gouvernement des corps, Paris, Éditions de l’EHESS.
Fonquerne Leslie, 2021, « “C’est pas la pilule qui ouvre la porte du frigo !”. Violences médicales et gynécologiques en consultation de contraception », Santé Publique, Vol. 33, no5, p. 663‑673.
Foucault Michel, 1963, Naissance de la clinique : une archéologie du regard médical, Paris, Presses universitaires de France.
Freidson Eliot, [1970] 1984, La profession médicale, Paris, Payot.
Gelly Maud, Mariette Audrey et Pitti Laure, 2021, « Santé critique. Inégalités sociales et rapports de domination dans le champ de la santé », Actes de la recherche en sciences sociales, n°236-237, p. 4-19.
Goffman Erving, 1968, Asiles. Études sur la condition sociale des malades mentaux, Paris, Éditions de Minuit.
Guyard Laurence, 2010, « Chez la gynécologue. Apprentissage des normes corporelles et sexuelles féminines », Ethnologie française, Vol. 40, n°1, p. 67-74.
Hardy Anne-Chantal, 2013, Travailler à guérir. Sociologie de l’objet du travail médical, Rennes, Presses de l’EHESP.
Jaunait Alexandre, 2003, « Comment peut-on être paternaliste ? Confiance et consentement dans la relation médecin-patient », Raisons politiques, n°11, p. 59-79.
Koechlin Aurore, 2021, Suivre et être suivie. L’émergence, la consolidation et la déstabilisation de la norme gynécologique en France (1931-2018), thèse de doctorat en sociologie, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Laforgue Denis et Rostaing Corinne (dir.), 2011, Violences et institutions, réguler, innover ou résister ?, Paris, CNRS éditions.
Lebeer Guy, 1997, « La violence thérapeutique », Sciences sociales et santé, Vol. 15, n°2.
Lechevalier-Hurard Lucie, 2013, « Faire face aux comportements perturbants : le travail de contrainte en milieu hospitalier gériatrique », Sociologie du travail, Vol. 55, no3, p. 279‑301.
Lévesque Sylvie et Ferron-Parayre Audrey, 2021, « To use or not to use the term “obstetric violence”: Commentary on the article by Swartz and Lappeman », Violence against women, Vol. 27, no8, p. 1009‑1018.
Loretti Aurore, 2019, « Les logiques sociales de la décision médicale. Étude des critères de prescription médicale en cancérologie des voies aérodigestives supérieures », Sciences sociales et santé, Vol. 37, n°4, p. 37-62.
Loretti Aurore, 2020, « “Ces patients qui ne font pas ce qu’il faut”. Étude des impacts de la moralité sanitaire dans la prise en charge des corps malades en cancérologie », Revue française des affaires sociales, 3, p. 33-49.
Lovell Anne M., 1996, « Coertion and social control. A framework for research on aggressive
strategies in community mental health », in Dennis Deborah L. & Monahan John (dir.), Coertion and aggressive treatment: A new frontier in mental health law, New York, Plenum Press, p.148-166
Lovell Anne M., 2005, Rapport de la commission « Violence et santé mentale ». Travaux préparatoires à l’élaboration du Plan Violence et Santé, en application de la Loi relative à la politique de santé publique du 9 août 2004, Paris, la Documentation française.
Márquez Murrieta Alicia, 2021, « Les césariennes non nécessaires et la violence obstétricale au Mexique : une visibilité et des résonances croissantes », Santé publique, Vol. 33, n°5, p. 685-694.
Mathieu Marie et Ruault Lucile, 2014, « Prise en charge et stigmatisation des avortantes dans l’institution médicale : la classe des femmes sous surveillance », Politix, Vol. 27, no107, p. 33-59.
Memmi Dominique, 2003, Faire vivre et laisser mourir. Le gouvernement contemporain de la naissance et de la mort, Paris, La Découverte.
Moreau Delphine, 2011, « Conjurer la qualification de violence dans l’usage professionnel de la contrainte : le recours à la chambre d’isolement dans un service de psychiatrie », Revue Sociologie Santé, n°33
Moreau Delphine, 2013, « Violence normale et violence anormale dans un service ordinaire d’hospitalisation psychiatrique », in Guignard Laurence, Guillemain Hervé et Tison Stéphane (dir.), Expériences de la folie : criminels, soldats, patients en psychiatrie (XIXe-XXe siècles), Rennes, Presses universitaires de Rennes.
Moreau Delphine, 2015, Contraindre pour soigner ? Les tensions normatives et institutionnelles de l’intervention psychiatrique après l’asile, thèse de doctorat en sociologie, Paris, EHESS.
Morel Sylvie, 2016, « La fabrique médicale des inégalités sociales dans l’accès aux soins d’urgence. Ethnographie comparée de deux services d’urgence public et privé », Agone, n°58, p. 73-88.
Morel Sylvie, 2023, « Urgence et tri des malades. La production de files d’attente socialement stratifiées pour l’accès aux soins d’urgence », Actes de la recherche en sciences sociales, n°250, p. 100-117.
Paillet Anne, 2009, « Les infirmières de réanimation néonatale : gestion et fabrication du secret médical », in Demazière Didier et Gadéa Charles (dir.), Sociologie des groupes professionnels. Acquis récents et nouveaux défis, Paris, La Découverte, p.342-35.
Paillet Anne, 2021, « Valeur sociale des patient·e·s et différenciations des pratiques des médecins », Actes de la recherche en sciences sociales, n°236-237, p. 20‑39.
Paris Myriam, 2020, « La racialisation d’une politique publique : le contrôle de la natalité à La Réunion (années 1960-1970) », Politix, n°131, p. 29‑52.
Peneff Jean, 2005 [1992], L’Hôpital en urgence, Paris, Éditions Métailié.
Picot Geneviève, 2005, « Entre médecins et personnel infirmier à l’hôpital public : un rapport social instable. Le cas de deux services hospitaliers », Revue française des affaires sociales, 1, p. 83-100.
Prud’homme Dorothée, 2015, La racialisation en urgence : représentations et pratiques des professionnels hospitaliers à l’égard des patients présumés roms (2009-2012), thèse de doctorat en science politique, Bordeaux.
Quagliariello Chiara, 2017, « Le temps consacré à la communication médecin-patient. Analyses socio-anthropologiques du consentement éclairé », Politiques de communication, n°9, p. 63-88.
Quagliariello Chiara et Topçu Sezin, 2021, « La péridurale, un non-choix ? Ethnographie des formes de résistance à une innovation “miracle” », Anthropologie & Santé, n°23.
Quéré Lucile, 2019, « Les formes ordinaires du consentement. Consciences du droit dans la consultation gynécologique », Droit et société, n°102, p. 413-432.
Ridel Déborah, 2021, La violence aux urgences : une ethnographie du travail soignant, thèse de doctorat en sociologie, université de Lille.
Rossigneux-Méheust Mathilde, 2022, Vieillesses irrégulières. Des « indésirables » en maison de retraite (1956-1980), Paris, La Découverte.
Rossigneux-Méheust Mathilde et Gérard Elsa, 2023, Routines punitives. Les sanctions du quotidien XIXe-XXe siècle, Paris, CNRS Éditions.
Rozée Virginie et Schantz Clémence (dir.), 2021, dossier thématique « Violences gynécologiques et obstétricales : comprendre pour agir », Santé publique, Vol. 33, n°5.
Sauvegrain Priscille, 2013, « Les parturientes “africaines” et la césarienne : analyses sociologiques d’un conflit de quatre décennies avec les équipes hospitalières », Anthropologie et Sociétés, Vol. 37, n°3, p. 119-37.
Sauvegrain Priscille, 2021, « Violences dites “gynécologiques et obstétricales” envers les femmes immigrées de l’Afrique subsaharienne en France », Santé publique, Vol. 33, no5, p. 627‑628.
Schantz Clémence, Virginie Rozée et Pascale Molinier, 2021, « Les violences obstétricales, un nouvel axe de recherche pour les études de genre, un nouveau défi pour le soin et la société », Cahiers du Genre, Vol. 71, no2, p. 5‑24.
Sestito Rosanna, 2023, « Politique de planification familiale, pratiques de stérilisation et hiérarchisation sociale en Iran », Genre, sexualité & société, n°4.
Simon Anne et Supiot Elsa (dir.), 2023, « Les violences gynécologiques et obstétricales saisies par le droit », Rapport n°19.18, IERDJ.
Strauss Anselm, 1992, La trame de la négociation. Sociologie qualitative et interactionniste, Paris, Éditions L’Harmattan.
Thizy Laurine, 2023, Irresponsable, salope, égoïste, meurtrière ? La stigmatisation de l’avortement en France : formes contemporaines et résistances, thèse de doctorat en sociologie, université Paris 8.
Vincent Fanny, 2016, Un temps qui compte. Une sociologie ethnographique du travail « en 12 heures » à l’hôpital public, thèse de doctorat en sociologie, université Paris-Dauphine.
Zolesio Emmanuelle, 2012, « La relation chirurgien-patient. “J’ai pas fait parleuse” », Sciences sociales et santé, Vol. 30, n°4, p. 75-97.
Zolesio Emmanuelle, 2015, « Des modalités d’apprentissage brutes et brutales en chirurgie », Travail .35-25 , p.°141n ,et emploi

mardi 14 janvier 2025

Le handicap dans l'Egypte ancienne et l'égyptologie

Disability in Ancient Egypt and Egyptology

 
Alexandra F. Morris & Hannah Vogel (Editors)


Publisher ‏ : ‎ Routledge; 1st edition (December 13, 2024)
Language ‏ : ‎ English
Hardcover ‏ : ‎ 364 pages
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-1032576480


This book explores disability across time and space―from ‘ancient Egypt’ as a culture to Egyptology as a contemporary field―to go beyond simply identifying disability, encouraging readers to thoughtfully consider the history of disabled people in ancient Egypt and Egyptology.

Through a critical investigation, this volume reshapes often-overlooked narratives of disability within the discipline of Egyptology and Egyptian Archaeology. Chapters explore evidence of disability, the historiographical ways in which disability has been approached, and how disability histories are (mis)represented in various contemporary spaces. Coverage stretches across Egypt and Nubia from the Predynastic to the Roman periods, as well as receptions of these cultures and disability in museums. Its editors and many of its authors are disability community members who are experts in their respective professions, comprising an international authorship and including voices from typically underrepresented groups. Contributors range from early career researchers to senior scholars, as well as those working outside of and adjacent to academia. While focusing on ancient Egypt and Egyptology, this volume offers new ways to consider disability in the broadest possible sense. It uses terminology informed by the disability community and offers guidance for disability inclusivity in curatorial and pedagogical museum and university contexts. It prioritises disability as an essential area of research in ancient world studies, and platforms both ancient and modern disabled voices. The deep, detailed exploration into disability in the past and in our discipline offered by this book inspires readers to further explore and appreciate the infinite diversity of the human experience in all its infinite combinations.

The first-book length treatment of the subject, Disability in Ancient Egypt and Egyptology provides a much-needed resource for students and scholars of ancient Egypt, Egyptology, and disability in the ancient world. It is also suitable for researchers in Disability Studies, practitioners in broader ancient world studies, and museum and heritage professionals.

Bourse d’études Hannah 2025

Bourse d’études Hannah 2025 / Hannah Studentship 2025
 

Appel à candidatures /Call for applications

Bourse d’études Hannah 2025

Associated Medical Services (AMS) Healthcare et la Société canadienne d’histoire de la médecine (SCHM) ont le plaisir d’offrir quatre bourses d’études, d’une durée de trois mois, à des étudiant·e·s de premier cycle et de maîtrise inscrit·e·s dans une université canadienne pour leur permettre de réaliser un projet supervisé en histoire de la médecine. Ces bourses offrent aux étudiant·e·s l’occasion d’apprendre les méthodes de recherche historique et visent à encourager la poursuite des études dans le domaine de l’histoire de la médecine.

La SCHM est heureuse d’offrir des bourses pouvant atteindre 5 500 $ ainsi que de gérer le processus de sélection des candidatures.

La bourse peut être détenue pendant une période de trois mois au cours du semestre d’automne, d’hiver ou d’été. Le paiement sera effectué à l’établissement où l’étudiant·e est inscrit·e, qui versera ensuite directement les fonds aux récipiendaires. Ces bourses sont considérées comme un revenu imposable par le gouvernement du Canada.

Objectif

Depuis 2012, AMS Healthcare articule sa vision autour du concept des soins de compassion, en aidant les fournisseur·euses de soins, les pédagogues, les décideur·euses et les gestionnaires à poser les bases d’un système centré sur la compassion. Ce concept prend appui sur l’idée selon laquelle les professionnels de la santé excellent lorsqu’ils trouvent l’équilibre entre compassion humaine et expertise technique.

Sujets de recherche admissibles

Seront privilégiés les sujets de recherche correspondant aux priorités stratégiques d’AMS Healthcare (plan stratégique d’AMS). Le projet proposé peut s’inscrire dans le cadre d’une thèse de spécialisation, d’une thèse de maîtrise, d’un travail de recherche majeur ou encore d’un projet de cours facultatif, pour lequel l’étudiant·e obtiendra des crédits de cours. Le calendrier prévu pour la réalisation du projet de recherche proposé doit être clairement défini et doit pouvoir être mené à bien à l’intérieur des trois mois que durera la bourse d’études. Il n’est pas obligatoire de soumettre des sujets liés à la médecine canadienne ou à l’histoire de la médecine au Canada.

Admissibilité

Les candidat·es doivent être inscrit·es à un programme de premier cycle ou de maîtrise dans une université canadienne au moment de soumettre la demande. Tout·e étudiant·e de premier cycle ou de maîtrise à temps plein peut poser sa candidature pourvu que le projet proposé et la superviseure ou le superviseur répondent aux critères détaillés ci-dessous. Les étudiantes et étudiants en médecine sont également invités à poser leur candidature !

Les bourses ne sont normalement valables que dans les universités canadiennes.

Date limite

Veuillez faire parvenir votre dossier de candidature par courriel à la vice-présidente de la SCHM avant le 7 février 202daviesmj@yorku.ca. Les demandes doivent respecter les directives de présentation.

Langue

Le jury est composé d’évaluatrices et d’évaluateurs bilingues pour examiner les demandes dans les langues officielles du Canada.

Publication et remerciements

Les publications ne font l’objet d’aucune restriction. Toutefois, une mention de l’appui de AMS Healthcare et de la SCMH doit figurer dans toutes publications réalisées grâce à cette bourse.

Nous recommandons le descriptif suivant : AMS Healthcare est un organisme de bienfaisance canadien créé il y a de cela 85 ans pour promouvoir des changements dans le système de santé. Dans cette optique, des idées nouvelles ont été mises en avant, particulièrement axées sur la responsabilité des fournisseurs et des organisations de santé de répondre aux nouveaux besoins sociétaux.

AMS peut reproduire, à sa discrétion, le titre et/ou le billet de blog soumis (détaillés ci-dessous).

Contact

Pour toute correspondance ou question concernant cette demande, veuillez communiquer avec :
Megan J. Davies
daviesmj@yorku.ca

Pour de plus amples informations concernant la bourse, consulter notre site web.

***

AMS Healthcare and the Canadian Society for the History of Medicine (CSHM) are pleased to offer four term-length studentships to undergraduate and masters students registered at a Canadian university, for a supervised project in the history of medicine. Chosen by a jury of medical and health scholars, these studentships offer awardees an opportunity to learn historical research techniques, and they aim to encourage future study of medical history.

CSHM is pleased to offer stipends of up to $5,500 and to oversee the review of applications.

The award may be held for a period of three months during the Fall, Winter or Summer semester. Payment is made to the institution where the student is registered, which will then pay awardees directly. These awards are considered taxable income by the Canadian government.

Purpose:

Since 2012, AMS Healthcare has focused its vision on the concept of compassionate care: supporting healthcare providers, educators, policy makers and system leaders in anticipating, teaching, and instilling a foundation of compassion at the heart of our health system. This is based on the premise that health professionals provide the best care when they can balance human compassion and technical expertise. Read a full statement of the AMS Healthcare values that underpin their work in health history.

Eligible Research Topics:

Preference will be given to research topics that support the strategic priorities of AMS Healthcare. (AMS Strategic Plan) The project may form part of an honours thesis, masters thesis, major research paper, or an elective project, and the student may receive course credit for the work. The proposed research must have a clearly defined timeline suitable for completion during the three-month Studentship.

Eligibility:

Applicants must be registered in an undergraduate or masters program at a Canadian university at the time of application. Any full-time undergraduate or masters student is eligible to apply provided the proposed project and supervisor meet the criteria outlined here. Medical students are welcome to apply!

Awards are normally tenable only at universities in Canada.

Deadline:

Please email applications to the Vice-President of the CSHM by 7 February 2025: daviesmj@yorku.ca. Applications must follow the formatting guidelines.

Language:

The jury includes bilingual evaluators to review applications in either French or English.

Publication and Acknowledgement:

There are no restrictions on publications. However, acknowledgement of support from AMS Healthcare and the CSHM shall appear on any publication resulting from this award.

We recommend the following descriptor: AMS Healthcare is a Canadian charitable organization that was created 85 years ago to catalyze change in healthcare. They have impacted healthcare through the introduction of new ideas into the system, particularly focused on the responsibility of providers and healthcare organizations to meet emerging societal needs.

AMS may reproduce, at its discretion, the title and/or blog post submission (detailed in Application Guidelines).

Contact:

Please address all correspondence or questions about this application to:
Megan J. Davies
daviesmj@yorku.ca

 


lundi 13 janvier 2025

La sélection médicale des soldats

Des hommes pour la guerre. La sélection médicale des soldats


Aude-Marie Lalanne Berdouticq


CNRS Éditions 

2025



Au début du XXe siècle, à l’issue d’un examen médical, seuls 60 à 80 % des candidats sont déclarés aptes à intégrer l’armée, et ce afin de garantir l’endurance et la bonne santé des troupes. En France et en Grande-Bretagne, la Première Guerre mondiale, très vite marquée par l’étendue des pertes et la multiplication des champs de bataille, vient bouleverser les modalités de cette sélection, qui concerne dès lors des millions d’hommes.
La question de l’aptitude des recrues dépasse alors largement la sphère savante, tant en découlent divers enjeux. Stratégiques d’abord, liés à la défense et à la puissance de la patrie et de l’empire. Sanitaires ensuite, en raison des risques de contamination et d’épidémies. Politiques enfin, car le sujet est susceptible de susciter des crises et d’affaiblir les gouvernements. Les normes définies par les experts et l’armée ne cessent d’évoluer et redessinent les contours de l’homme apte au combat. Des stratégies sont mises en place par les jeunes recrues pour être déclaré bon pour le service malgré une pathologie, ou, a contrario, pour être écarté des rangs – cette pratique suscitant de vives inquiétudes.
L’accroissement de la logique de rendement provoque peu à peu des oppositions tant au sein des examinés que du corps médical, parmi l’opinion ou dans les rangs politiques. Ces diverses formes de contestations parviennent à peser sur les gouvernements, allant jusqu’à ébaucher, pour la Grande-Bretagne, une nouvelle politique de santé publique.

Normalienne, docteure en histoire, Aude-Marie Lalanne Berdouticq est chercheuse postdoctorale à l’École normale supérieure. Ce livre est issu de sa thèse.

Malades et maladies négligé⸱e⸱s en contexte (post-)colonial

Malades et maladies négligé⸱e⸱s. Perspectives (post‑)coloniales (18e-20e siècles)
 

Appel à contributions

 


HMS 31 (été 2027) - Dossier thématique coordonné par Ali Alrifae et Guillaume Linte




De nos jours, la notion de négligence est devenue centrale pour définir les maladies laissées à la marge des priorités de santé publique. Depuis les années 2000, l’OMS a notamment forgé la catégorie des « Maladies tropicales négligées », visant une série de pathologies délaissées, en particulier chez les populations les plus précaires et marginalisées. On assiste depuis à une inversion de la charge portée par cette qualification : reconnaître à une maladie le statut de « négligée » permet de susciter un intérêt et d’entraîner une mobilisation à son endroit.

Les empires européens et les espaces post-coloniaux (18e-20e siècles) représentent un terrain privilégié pour investiguer la négligence dans une perspective historique. Des travaux récents ont analysé différentes facettes de cette négligence, par exemple à travers l’étude des acteurs négligés de la santé (Lachenal, Owona Ntsama et al., 2016), du « patient colonisé » (Fredj, 2015 ; Michel, 2021) ou la redéfinition de pathologies sous des formes tropicales « bénignes » (Clark, 2013 ; Kozma, 2017 ; Paugh, 2014 ; Peiretti‑Courtis, 2021 ; Linte, 2023), voire de la négation de leur existence (comme pour la paralysie générale et la neurasthénie, par exemple) parmi les populations colonisées – susceptibles de s’en emparer (Monnais, 2012). En outre, la question du handicap se retrouve souvent à la marge des préoccupations, tant médicales que sociales (Grech, 2015 ; Brégain, 2016), notamment lorsqu’elles sont la conséquence de pathologies négligées (ex : cécité liée au trachome). Il s’agira donc de contribuer, à travers l’exploration de cette notion de négligence, au renouvellement de l’historiographie en cours sur les politiques de santé coloniales, nationales et internationales (Vaughan, 1991 ; Headrick, 1994 ; Lachenal, 2014 ; Monnais, 2016 ; Diallo, 2021 ; Coghe, 2022).

Qu’est-ce qui est négligé ? les maladies ? les malades ? les soignant⸱e⸱s ? C’est une question sur laquelle ce numéro se penchera. Il s’agira d’étudier les politiques sanitaires et sociales, ainsi que les conceptions médicales, dont résultent la négligence de certaines problématiques de santé, que ce soit pour une population entière ou seulement pour une catégorie d’individus déterminée. Une attention particulière sera aussi donnée aux propositions portant sur le rôle des rapports de genre dans l’invisibilisation et la marginalisation des maladies, des malades et des soignant⸱e⸱s dans les contextes (post-)coloniaux.

Les réflexions pourront s’articuler autour de deux axes principaux (mais pas exclusivement) :

1. Discours et pratiques de santé : En décryptant les discours visant à minimiser la gravité et l’impact de certaines maladies, il s’agira d’étudier les fondements et les logiques des politiques de santé en contexte (post-)colonial. Cela permettra de cerner les stratégies et les pratiques de prévention ou de soins établies pour leur prise en charge, tout comme celles destinées à limiter l’investissement d’une question sanitaire, organisant ainsi volontairement sa négligence. Les politiques de santé orientées vers l’isolement, voir la ségrégation, plutôt que vers le soin, seront particulièrement scrutées. Le prolongement de cette réflexion conduira à interroger la construction d’un savoir médical tropical ou méditerranéen, et ses conséquences dans l’appréhension des maladies et des malades négligé⸱e⸱s jusqu’à nos jours.

2. Invisibilisation, genre et colonisation : Aborder l’invisibilisation des maladies et des individus (malades comme soignant⸱e⸱s) en étudiant les discriminations de race, de genre et de classe permet de mener une analyse des relations entre les acteurs de la santé (soignants, administrateurs, missionnaires) et les malades. Nous nous intéresserons aux catégories de malades particulièrement touchées par les phénomènes de négligence (populations rurales pauvres, travailleurs et travailleuses du sexe, migrant⸱e⸱s, etc.). Comment sont-elles prises en charge par les pouvoirs coloniaux ou nationaux ? À quelles stigmatisations doivent-elles faire face ? Par ailleurs, il s’agira de montrer comment ces malades négligé⸱e⸱s ont pu former des patientèles ouvrant un horizon d’opportunités pour certains acteurs ou actrices comme, par exemple, les missionnaires.
 

Une journée d’étude préparatoire

Une première version des papiers sera présentée à l’occasion d’un workshop organisé à l’Institut des Humanités en Médecine (Université de Lausanne) réunissant les auteurs et autrices en septembre 2025. L’objectif de cette rencontre sera de renforcer la cohérence du numéro et d’offrir un premier retour critique sur les articles avant la soumission officielle en décembre 2025.
 

Informations et envoi des propositions

ali.alrifae@chuv.ch / guillaume.linte@gmail.com
 

Calendrier

Délai d’envoi des propositions (titre, résumé d’une page maximum) : 16 février 2025.

Réponses aux auteurs et autrices : au plus tard le 28 février 2025.

Remise des article définitifs (45’000 signes espaces comprises) : 31 décembre 2025 au plus tard. Les articles feront l’objet d’une évaluation en double aveugle.

Les propositions peuvent également mobiliser les différentes rubriques de la revue et concerner des entretiens, des sources et documents, ou encore des carnets de recherche.

Publication prévue dans HMS en 2027.

Langues de rédaction : français, anglais, espagnol

Directives éditoriales sur HMS.

Bibliographie

BREGAIN Gildas, « Colonialism and Disability: The Situation of Blind People in Colonised Algeria », Alter, vol. 10, no 2, 2016, p. 148-167.
DOI : 10.1016/j.alter.2016.03.007

CLARK Hannah-Louise, « Civilization and syphilization: a doctor and his disease in colonial Morocco”, Bulletin of the History of Medicine, vol. 87, no 1, 2013, p. 86-114.
DOI : 10.1353/bhm.2013.0003

COGHE Samuël, Population Politics in the Tropics: Demography, Health and Transimperialism in Colonial Angola, Cambridge, Cambridge University Press, 2022.

DIALLO Safiatou, Politiques de santé en Guinée. De la colonisation au début du XXIe siècle, Paris, L’Harmattan, 2021.

FREDJ Claire, « Retrouver le patient colonisé. Les soins aux “indigènes” dans l’Algérie coloniale (fin XIXe s. – années 1930) », Histoire, médecine et santé, no 7, 2015, p. 37-50.

GRECH Shaun, « Decolonising Eurocentric Disability Studies: Why Colonialism Matters in the Disability and Global South Debate », Social Identities, vol. 21, no 1, 2015, p. 6-21.
DOI : 10.1080/13504630.2014.995347

HEADRICK Rita, Colonialism, Health and Illness in French Equatorial Africa, 1885–1935, Atlanta, African Studies Association Press, 1994.

KOZMA Liat, « Between Colonial, National, and International Medicine: The Case of Bejel », Bulletin of the History of Medicine, vol. 91, no 4, 2017, p. 744-771.

LACHENAL Guillaume, Le médicament qui devait sauver l’Afrique. Un scandale pharmaceutique aux colonies, Paris, La Découverte, 2014.

LACHENAL G., OWONA NTSAMA J., ZE BEKOLO D., KOMBANG EKODOGO T., MANTON J. (2016), « Neglected Actors in Neglected Tropical Diseases », PLoS Neglected Tropical Diseases, vol. 10, no 4, 2016: e0004488.

LINTE Guillaume, « Syphilis, Blanchiment and French Colonial Medicine in Sub-Saharan Africa during the Interwar Period », Medical History, vol. 67, no 4, 2023, p. 307-323.
DOI : 10.1017/mdh.2023.29

MICHEL Aurélia, « Savoirs psychiatriques et ordre racial, entre collusions et conflits », Histoire, médecine et santé, vol. 20, 2022, p. 9-26.
DOI : 10.4000/hms.5124

MONNAIS Laurence, « Colonised and Neurasthenic: From the Appropriation of a Word to the Reality of a Malaise de Civilisation in Urban French Vietnam », Health and History, vol. 14, no 1, 2012, p. 121-142.
DOI : 10.1353/hah.2012.0022

MONNAIS Laurence, Médecine(s) et santé, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2016.
DOI : 10.14375/NP.9782760636392

PAUGH Katherine, « Yaws, Syphilis, Sexuality, and the Circulation of Medical Knowledge in the British Caribbean and the Atlantic World », Bulletin of the History of Medicine, vol. 88, no 2, 2014, p. 225-252.

PEIRETTI-COURTIS Delphine, Corps noirs et médecins blancs. La fabrique du préjugé racial (XIXe-XXe siècles), Paris, La Découverte, 2021.

VAUGHAN Megan, Curing Their Ills: Colonial Power and African Illness, Stanford, Stanford University Press, 1991.