lundi 2 juin 2025

Le corps au Moyen Âge


Le corps au Moyen Âge

Laurence Moulinier-Brogi, Daniel Le Blévec (eds)

Brepols
Pages: 678 p.
Size:156 x 234 mm
Publication Year:2025 



L’histoire du corps est aujourd’hui un domaine privilégié de la recherche. Si elle est redevable à d’autres sciences sociales, en premier lieu l’anthropologie, l’ethnologie et la sociologie, elle a existé bien avant d’être identifiée en tant que telle et certaines manières de faire l’histoire l’ont irriguée sans le savoir : elle apparaît donc comme un organisme encore en développement et doué d’un appétit qui lui fait franchir les barrières consacrées entre périodes ou disciplines, en attirant à elle des sources de plus en plus diverses. Sa relative jeunesse peut se mesurer à sa capacité d’osmose avec d’autres branches de l’histoire, avec qui elle a un objet central en partage qu’aucune n’épuise. Ses intersections sont évidentes avec l’histoire de la médecine et celle de l’alimentation, mais la littérature et l’iconographie sont aussi des observatoires potentiels de représentations, de même que les textes philosophiques offrant force matière à l’exploration des conceptions du corps, notamment de ses relations avec l'âme.

Les dernières synthèses sur l'histoire du corps n'accordant qu'une part limitée au Moyen Âge, malgré l’influence tutélaire de Marc Bloch et de Jacques Le Goff, un volume consacré à cette période s'impose comme une nécessité. On rend donc ici compte des origines et des développements de cette histoire, en envisageant la question du corps au Moyen Âge dans toutes ses dimensions, physiques, mais aussi physiologiques, artistiques, religieuses et spirituelles, sociales et politiques.

dimanche 1 juin 2025

Prix de thèse 2025 du Groupe d’études sur le travail et la santé au travail

Prix de thèse 2025 du Groupe d’études sur le travail et la santé au travail (Gestes)

Appel à candidatures

 

Modalités du Prix de thèse

Outre la qualité du travail de recherche produit, les critères de valorisation des thèses demeurent les mêmes que les années précédentes :
1) le lien thématique de la thèse avec le programme scientifique du GESTES (travail ou santé au travail) et
2) le caractère interdisciplinaire de la thèse.


Les candidatures doivent être envoyées à l’adresse gestes@mshparisnord.fr au plus tard le mardi 15 juillet 2025. Les pièces à produire pour la constitution d’un dossier de candidature valide sont les suivantes : Un résumé de la thèse (entre 15 000 et 20 000 signes espaces compris) mettant en évidence le degré d’interdisciplinarité du travail doctoral. Cette interdisciplinarité peut concerner l’objet d’étude ou les méthodes. Elle peut prendre une forme institutionnelle (direction de la thèse, membres du jury…). Elle peut également se manifester dans la revue de littérature, organisant un dialogue avec des publications d’autres disciplines.
Une copie du rapport de soutenance.

Les thèses candidates peuvent avoir été soutenues dans tout établissement d’enseignement supérieur français et doivent l’avoir été au cours de l’année civile précédant celle de l’attribution du Prix.

La récompense consiste en un chèque de 1500 euros pour la/le lauréat·e.

Règlement du Prix à télécharger :
Prix de thèse Gestes-2025Télécharger

Membres du jury du Prix :

Virginie Althaus, psychologie, Université de Rouen Normandie

Stéphane Angles, géographie, Université de Lorraine

Abdoul Hameth Ba, géographie, Université d’Evry Paris-Saclay

Adeline Balszkiewicz-Maison, histoire, Université Paris 1

Maëlezig Bigi, sociologie, Conservatoire national des arts et métiers

Gregor Bouville, sciences de gestion, Université Jean Moulin Lyon 3

Willy Buchmann, ergonomie, Conservatoire national des arts et métiers

Olivier Crasset, sociologie, Université de Bretagne occidentale

Alexis Cukier, philosophie, Université de Poitiers

Haud Guéguen, philosophie, Conservatoire national des arts et métiers

Nicolas Hatzfeld, histoire, Université d’Evry Paris-Saclay (émérite)

Nathalie Jeannerod-Dumouchel, sciences de gestion, Université Gustave Eiffel

Romain Juston Morival, sociologie, Université de Rouen Normandie

Loïc Lerouge, droit, Université de Bordeaux

Emmanuelle Mazuyer, droit, Université Lyon 2

Arnaud Mias, sociologie, Université Paris Dauphine

Yvon Miossec, psychologie, Conservatoire national des arts et métiers

Camille Signoretto, économie, Université Paris Cité

Nadine Thèvenot, économie, Université Paris 1

Cathy Toupin, ergonomie, Université Paris 8

Séverine Wozniak, linguistique appliquée, Université Lyon 2
Annexe Jury GIS – 2025Télécharger

samedi 31 mai 2025

Doctorat en histoire des sciences et des technologies

PhD position in the History of Science and Technology

Call for applications


The Laboratory for the History of Science and Technology (LHST) at EPFL invites applications for a full-time PhD position in the History of Science and Technology. The successful candidate will develop their own research project in one or more of the following areas: history of the mathematical, physical or natural sciences; history of technology; environmental history.

Candidate profile

We welcome applicants who meet the following criteria:
  • A master’s degree in history or a related discipline in the humanities and social sciences.
  • Demonstrated interest or expertise in the history of science and technology (broadly defined).
  • Excellent command of English; knowledge of French and/or German is an asset. The dissertation can be written in English or French.
  • Willingness to work in a multidisciplinary and international research environment.
  • Candidates of all nationalities are invited to apply; applications from women are especially welcome.

What we offerLHST is a young and dynamic lab with an interdisciplinary perspective (history, history of science and technology, STS, anthropology) and an interest in experimenting with innovative methods in the digital humanities. The lab hosts a rich collection of historical scientific instruments.
EPFL provides an excellent and stimulating research and teaching environment as well as a lively international campus with a vibrant student life.
Located on Lake Geneva, Lausanne is a picturesque city with various possibilities for recreational and cultural activities.

Starting date: Fall 2025 (flexible).

Duration: 4 years.

Terms of employment: Fixed-term at 100% work rate. EPFL offers internationally competitive salaries and generous research support. The annual gross salary for a first-year PhD student is CHF 55,150.

Deadline for application: Review of applications begins on June 25, 2025 and will continue until the position is filled.

How to apply: If you are interested, please contact jerome.baudry@epfl.ch with (i) a curriculum vitae and (ii) a cover letter (outlining your qualifications and proposed research topic).

vendredi 30 mai 2025

Les cadres de l’intimité

Les cadres de l’intimité. Pluralité et vulnérabilité des manières de relationner

Appel à communications

Colloque international de l’Ecole universitaire de recherche Sciences sociales du genre et de la sexualité / Gender and Sexuality Studies (Ehess / Ined)
Campus Condorcet, Aubervilliers, 18 et 19 septembre 2025

La notion d’intimité est aujourd’hui communément utilisée, aussi bien dans les manières dont chacun∙e d’entre nous rend compte de ses relations que dans les espaces médiatiques et académiques. Le nombre de manifestations scientifiques récentes qui abordent la notion est le signe d’une inflexion. Contrairement à la notion de conjugalité, l’intimité englobe des relations faiblement institutionnalisées ; contrairement à la sexualité, elle n’est pas nécessairement érotisée ; elle a une dimension affective, mais n’est pas seulement de l’amour. Elle ne se superpose pas à la notion de vie privée, l’intimité étant au contraire omniprésente dans l’espace public (Berlant, 1997) – les affaires de violences sexuelles en sont un exemple. Cette plasticité de la notion permet de rendre compte des transformations qui ont affecté au cours des dernières décennies les manières de relationner, de faire couple et famille, et plus généralement des liens noués avec celles et ceux à qui nous tenons : le déclin des institutions à principe, la diversification des parcours des individus, la reconnaissance des minorités de genre et de sexualité notamment (Lerch et Stacey, 2011 ; Bozon, 2018). Elle permet également d’inclure des manières de relationner diverses, et moins investies par les sciences sociales : les amitiés, pourtant sans doute centrales dans les sociabilités contemporaines ; les relations éphémères, celles qui ne sont pas conjugales, mais qui ne sont pas non plus des histoires d’un soir (Bergtröm et Maillochon, 2024) ; les liens qui se tissent dans les communautés militantes ou minoritaires – par exemple les relations que la notion de sororité capte aujourd’hui (Ferrarese, 2012).
Ce succès s’accompagne d’une incertitude définitionnelle : la diversification et la désinstitutionnalisation des relations questionnent de fait leurs frontières et leur teneur. Cela a pour conséquence de mettre au premier plan la dimension politique de l’intimité, non seulement dans les inégalités et les rapports de pouvoir qui caractérisent les relations intimes, mais aussi dans les opérations et les institutions qui définissent ce qu’est une relation intime, qui en reconnaissent certaines et en invisibilisent d’autres, qui déterminent les « bonnes » intimités et discréditent les autres. Qui et qu’est-ce qui définit une relation intime ? Quelles sont les diverses manières de relationner et comment sont-elles qualifiées ? Quels sont les enjeux politiques et historiques de cette notion ?

Le travail définitionnel, le découpage de la réalité et sa mise en catégorie ne sont pas le propre des sciences sociales ou des savant∙es : ils sont opérés par tout un chacun·es. Il ne s’agit pas seulement de cartographier les intimités mais de saisir comment les individus, les institutions, les discours publics les délimitent et leur donne de sens. De ce point de vue, la notion de cadre est utile (Goffman, 1991). Elle permet de saisir les des manières par lesquelles les interactions sont interprétées par les individus, des intentions ou des motivations sont attribuées, des événements sont insérés dans un contexte qui leur donne un sens, une régularité et une prévisibilité. Les cadres sont ce par quoi la multiplicité et les singularités des relations affectives accèdent à une réalité sociale : une réalité sur laquelle les individus ont des prises, peuvent compter, et parfois défendre comme un ordre nécessaire (Boltanski, 2012). L’existence même de cadres implique la possibilité d’une rupture de cadre, de nouvelles interprétations et manières de voir - finalement la fragilité du monde comme il va et de ce qui est tenu pour allant de soi (Butler, 2010). Prendre au sérieux le cadrage des intimités ouvre ainsi la question des outils et des enjeux du travail de qualification, mais aussi de la vulnérabilité des relations.

Les cadres prennent place dans des régimes d’intimité faits de configurations économiques, sociales et culturelles particulières qui façonnent les rapports à soi et aux autres, et dans lesquelles des institutions déterminent ce qu’est l’intimité, distinguent et hiérarchisent les relations (Gaillard, Gimenez et Rochefort, 2021). L’encadrement politique de l’intimité, la place qu’y tient l’État et plus largement les instances de pouvoir ont été mis en évidence par les travaux sur le travail du sexe (Bernstein, 2007 ; Mainsant, 2021), les séparations conjugales ou les transmissions familiales (Biland, 2019 ; Bessière et Gollac, 2020), ou encore l’adoption (Perreau, 2012 ; Roux, 2022). Ces régimes d’intimité ne se lisent pas seulement dans certaines situations spécifiques, ils encadrent les manières quotidiennes de relationner. Ainsi Ann Laura Stoler a montré comment l’administration coloniale reposait sur une police de l’intimité intrinsèque aux hiérarchisations raciales (Stoler, 2013). De la même manière, le nazisme reposait sur la promotion d’une certaine liberté sexuelle et conjugale, ce qui a rendu ce régime désirable (Maïlander, 2021). Aujourd’hui, la race informe les manières dont les couples « binationaux » et les familles dites « mixtes » sont perçues et nouent des liens, ainsi que les rapports de pouvoir qui les traversent (Brun, 2024). Les manières dont les régimes d’intimité s’articulent aux régimes de genre et de race (Collins, 2004 ; Connell, 2014), de sensibilité (Baldin, 2014), aux hiérarchisations liées à l’âge (Rennes, 2019) appellent de nouvelles recherches.

La diversité des cadres et des régimes d’intimité est d’abord historique. Ne serait-ce qu’à l’échelle de l’époque contemporaine, les normes ont été profondément réagencées entre le XIXe et le XXIe siècle. L’attendu de la virginité au mariage n’a plus court (Limbada, 2023 ; Mortas, 2017), le·a premier·ère partenaire n’est plus systématiquement le·a premier·ère conjoint·e, et le·a premier·ère conjoint·e pas le.a dernier·ère (Bajos et Bozon, 2008) ; les ruptures sont ordinaires (Brée, 2022) ; la cohabitation, la parentalité ou l’exclusivité sexuelle ne sont plus des évidences pour tout le monde (Rault et Regnier-Loilier, 2019) ; les configurations relationnelles se diversifient, en particulier chez les jeunes (Bergström et Maillochon, 2024). Ces évolutions ne concernent pas tout le monde et ne vont pas sans résistance : la conjugalité et la famille restent des aspirations largement partagées (Piazzesi, 2023 ; Maudet, 2024) ; le maintien de normes de genre limite l’espace des possibles féminins et justifient rappels à l’ordre et violences (Ferrand et al., 2008 ; Clair, 2023).

Dans un même espace historique, il existe également une pluralité de manières de relationner. Celles-ci peuvent être amoureuses, familiales ou amicales ; elles ne se caractérisent pas nécessairement pas des pratiques ou des statuts spécifiques – il y a des relations sexuelles sans intimité, comme il y a des relations intimes sans sexualité. Penser le continuum des intimités relationnelles (Gaillard, 2024) permet de prendre en compte la diversité des cadres et les distinctions entre les manières de relationner : celles-ci peuvent être amicales, familiales, sexuelles, conjugales, professionnelles... Penser les intimités relationnelles dans toutes leurs nuances permet d’étudier les pratiques dans la diversité de leurs configurations, sans être tributaire de la polarisation – renforcée par les discours normatifs au XIXe siècle– entre sexualité légitime et sexualité illégitime, entre sphère publique et sphère privée, entre le monde des hommes et le monde des femmes.

La conjugalité, la famille ont souvent été envisagées par les sciences sociales comme des dispositifs de stabilisations, des relations désirables propices au bonheur. La critique de cette vision irénique est ancienne, elle a pris des formes renouvelées depuis la dénonciation féministe des violences sexistes et sexuelles et le mouvement #MeToo (Dussy, 2021 ; Lévy-Guillain, 2023). Dès les années 1970, les recherches féministes ont fait de la question des violences de genre une question de cadrage. Ainsi pour C. MacKinnon, la distinction commune entre viol et sexualité consentie, qui définit l’une en la distinguant de l’autre, ne rend pas compte de la place ordinaire que la violence tient dans la vie des femmes : ce qui est appelé désir d’un point de vue masculin est violence du point de vue féminin. Ce n’est pas seulement la contrainte à la sexualité qu’il faut dénoncer, mais les cadres et les catégories qui la rendent possible tout en l’occultant (MacKinnon, 2005). La notion de « zone grise », qui désigne aujourd’hui des relations dans lesquelles les positions d’auteurs et de victimes de violence sont difficiles à établir, dans laquelle l’incertitude sur ce qui s’est passé est centrale, est un autre exemple des enjeux du cadrage des violences intimes (Lejbowicz, 2022).

Aujourd’hui, la critique des mauvaises relations pointe aussi leur caractère « toxique », les « pervers narcissiques » ou les situations d’« emprise » (Joly et Roquebert, 2021 ; Trachman et Amado, 2024). Cela engage à penser la négativité des relations intimes, au-delà de la violence physique ou morale. Comme le note Lauren Berlant, l’imprévisibilité et l’incertitude, le fait que les partenaires s’y engagent sans savoir exactement où cela les mènera, sont des caractéristiques centrales de l’intimité (Berlant, 1998). En effet, celle-ci peut être conçue comme une relation mise en place par des individus dans laquelle au moins l’un∙e des membres accorde une place et une attention qu’il ou elle ne donne pas à d’autres (Zelizer, 2005). Il y a des marqueurs d’intimité, mots, actes ou objets, dont la circulation restreinte fait la singularité d’une relation. Cette perspective fait du cadrage de l’intimité un travail émotionnel et relationnel, ce qui implique une division notamment genrée du travail (Hochschild, 2003), mais aussi des investissements qui peuvent être variables, des retraits ou des reprises de soi (Bozon, 2016). Elle met également l’accent sur la possibilité de souffrance que génère les relations intimes, dans lesquelles la confiance peut toujours être brisée : que signifierait une relation intime dans laquelle je ne m’exposerai pas ou ne donnerai pas de prises aux autres (Trachman, 2020) ? Plusieurs travaux ont de ce fait insisté sur la dimension négative des relations intimes, que ce soit en mettant au centre leur fin et la perte des êtres aimés (Illouz, 2020) ou sur les manières dont les individus s’attachent à des personnes ou à des relations qui nuisent à leur bien-être (Berlant, 2011).

Par ailleurs, s‘il y a des régimes hégémoniques d’intimité, les recherches sur les minorités de genre et de sexualité ont souvent insisté sur les manières dont elles ont inventés de nouvelles manières de relationner, de redéfinir la famille, la parentalité, le couple : dans un contexte d’exclusion ou de stigmatisation les amitiés peuvent être des engagements affectifs et amoureux forts (Halperin, 2000 ; Marcus, 2007) ; les familles peuvent être choisies, les relations de parenté s’inventer selon les configurations amoureuses et les parcours (Weston, 1991 ; Courduriès et Fine, 2014 ; Hérault, 2014) ; les engagements militants, par exemple féministes, problématisent de nouvelles manières de relationner (Masclet et al., 2018 ; Masclet, 2025) ; les lieux de sociabilité sexuelle établissent des liens inédits autour de pratiques érotiques spécifiques (Rubin, 2010 ; Warner, 2000 ; Race, 2018). Ces intimités queer, à la fois minoritaires, déviantes et stigmatisées, peuvent avoir pour ambition de rompre avec les cadres hégémoniques des manières de relationner ou certaines de leurs dimensions (Berlant et Warner, 2018 ; Madesta, 2022). Même si la distinction est utile, il ne s’agit pas seulement d’opposer des intimités safe et des intimités hétéronormatives : les rapports de pouvoir et de violences sont présents chez les minorités de genre et de sexualité (Lejbowicz, 2020 ; Scodellaro et al., 2024) ; les conjugalités homosexuelles ne sont pas toujours distinctes des hétérosexuelles (Courduriès, 2011). Il n’est pas évident de saisir ce qu’est une relation queer dans un contexte de diversification des cadres de l’intimité. Mais il est possible d’interroger les façons par lesquelles des modes de vie minoritaires élaborent des manières singulières de relationner.

L’analyse des cadres de l’intimité s’appuie sur des matériaux permettant de documenter les relations et les manières de les concevoir : quelles sont les archives de l’intime ? Pour laisser une trace, les intimités doivent d’une manière ou d’une autre être rendues visibles : le cadrage des intimités participe ainsi à définir les conditions de leur accès à l’existence sociale et à la mémoire. Les biais qui limitent leur connaissance sont connus. Les égo-documents et archives personnelles renseignent par exemple d’abord sur ceux et celles qui ont les ressources pour les produire par leur appartenance de classe (ainsi des journaux intimes ou de certaines correspondances aux XIXe et XXe siècle, voir Artières et Laé, 2014 ; Muller, 2019 ; Vidal-Naquet, 2014). Les violences existent elles aussi le plus souvent par le prisme de leur traitement judiciaire, nécessairement partiel et biaisé (voir Lett et al., 2020 ; Demartini et al., 2024). A cela s’ajoutent des enjeux de conservation. Cette problématique est en ancienne en histoire, il a fallu recourir à des massifs documentaires moins systématiquement archivés que les documents institutionnels dont la légitimé historique semblait évidente (Schlagdenhauffen, 2025). Ces traces d’intimité sont donc davantage disséminées dans les mémoires familiales ou associatives, et sans l’appui d’institutions politiques, leur existence est fragile, même si les archives communautaires font aujourd’hui l’objet d’une réflexion intense (Trou noir, 2024). Ce n’est pas seulement le privilège de certaines intimités, hégémoniques et amenées à faire mémoire, qui est en question, ce sont les archives de vies minoritaires ou dominées, les affects qu’elles charrient, leurs aspects honteux ou problématiques (Cvetkovich, 2003). De façon plus générale, ce sont les modalités de l’enquête sur l’intimité qui peuvent être discutées. L’attrait pour les archives de l’intime peut être marquée par une fascination du singulier ou du ténu significatif, mais les archives plus institutionnelles peuvent elles aussi documenter des normes d’intimité et leurs contestations.

En partant des cadres et des régimes d’intimité, et de la diversité des manières de relationner ce colloque international propose quatre pistes de recherche.
- L’encadrement politique des intimités par l’Etat et par le droit.
- Les compétences, les ressources et les positions qu’implique le cadrage des relations intimes.
- La diversité et la diversification des formes relationnelles et des manières de les qualifier.
- La face sombre des relations intimes : violence, conflit, dépendance.
Ces pistes ne sont pas exhaustives, d’autres approches sont possibles. Ce colloque est ouvert à toute ère géographique et période historique, il vise à croiser différentes approches de sciences humaines et sociales. Aussi les réflexions méthodologiques sur les modalités de l’enquête sur les intimités sont-elles également bienvenues.


Soumission des propositions
Les propositions, de 3000/4000 signes environ, doivent comporter un titre, un résumé, les matériaux mobilisés et/ou les corpus discutés, une courte bibliographie. Elles devront être accompagnées d’une courte présentation biographique (contact mail, affiliation institutionnelle le cas échéant, discipline(s), statut, thèmes de recherche et éventuelles publications). Les personnes s’inscrivant dans le cadre des études féministes et de genre, des études queer et des approches intersectionnelles, les jeunes chercheur∙es, les chercheur∙es indépendant∙es sont particulièrement encouragé∙es à soumettre une proposition.
Les propositions doivent être envoyées à colloque.intimite.2025@gmail.com
Les langues du colloque sont le français, l’anglais et l’espagnol.
Selon les besoins (absence de financement d’une institution académique, pays à revenus faibles ou intermédiaires…), la prise en charge du trajet et/ou de l’hébergement pourra être envisagée.


Calendrier
9 mai 2025 : date limite de l’envoi des propositions
Juin 2025 : réponse aux propositions
18 et 19 septembre : tenue du colloque, Campus Condorcet, Aubervilliers


Comité d’organisation
Le colloque a lieu dans le cadre de l’Ecole universitaire de recherche Gender & Sexuality Studies (EUR GSST) portée par l’Ehess et par l’Ined. L’EUR GSST est une formation en sciences sociales spécialisée dans les études de genre et de sexualité qui repose sur la pratique de l’enquête dans ses multiples formes et la circulation des savoirs issus des sciences sociales et leur diffusion au-delà des cercles académiques. Voir : https://eur-genre-sexualite.eu/.
Le comité d’organisation est constitué de Marie Bergström, Ined ; Claire-Lise Gaillard, Ined, Centre d’histoire du XIXe siècle ; Mathieu Trachman, Ined, IRIS / Ehess.
 

Comité scientifique
Olivier Allard (Ehess), Emmanuel Beaubatie (Cnrs), Valentine Becquet (Ined), Céline Béraud (Ehess), Marie Bergtröm (Ined), Isabelle Clair (Cnrs), Claire Lise Gaillard (Ined), Camille Masclet (Cnrs), Wilfried Rault (Ined), Sébastien Roux (Cnrs), Régis Schlagdenhauffen (Ehess), Cécile Thomé (Cnrs), Mathieu Trachman (Ined), Cécile Vanderpelen (ULB)
 

Bibliographie
Artières P. et Laé J.-F., Lettres perdues : Écriture, amour et solitude, XIXe-XXe siècles, Hachette Littératures, 2003
Bajos N. et Bozon, M (dir.), Enquête sur la sexualité en France. Pratiques, genre et santé, La Découverte, 2008.
Bajos N., Ferrand M., Andro, A. et Prudhomme A., « La sexualité à l'épreuve de l'égalité », in Bajos N. et Bozon M. (dir.), Enquête sur la sexualité en France, La Découverte, 2008
Baldin D, Histoire des animaux domestiques, xixe-xxe siècle, Seuil, 2014
Bergström M., Maillochon F. et l’équipe Envie, « Couples, histoires d’un soir, « sexfriends » : Diversité des relations intimes des moins de 30 ans », Population & Sociétés, n° 623, 2024
Berlant L. et Warner M., « Sexe en public », Questions de communication, n° 33, 2018
Berlant L., « Intimacy: A special issue », Critical inquiry, 1998, vol. 24, n°2.
Bernstein E., Temporarily Yours. Intimacy, Authenticity and the Commerce of Sex, University of Chicago Press, 2007
Bessière C. et Gollac S., Le genre du capital : Comment la famille reproduit les inégalités, la Découverte, 2020
Biland É., Gouverner la vie privée : l’encadrement inégalitaire des séparations conjugales en France et au Québec, ENS éditions, 2019
Boltanski L., Enigmes et complots. Une enquête à propos d’enquête, Gallimard, 2012
Bozon M., Pratique de l'amour. Le plaisir et l'inquiétude, Payot, 2016
Bozon M., Sociologie de la sexualité, Armand Colin, 2018
Brée, S., « Deux siècles de séparations et divorces en France (1792-1975) », Annales de démographie historique, vol. 143, no, 20221
Brun S., Derrière le mythe métis. Enquête sur les couples mixtes et leurs descendants en France, La Découverte, 2024
Butler J., Ce qui fait une vie. Essai sur la violence, la guerre et le deuil, Zones, 2010
Clair I., Les choses sérieuses : enquête sur les amours adolescentes, Seuil, 2023.
Collins P. H., Black Sexual Politics. African Americans, Gender and the New Racism, Routledge, 2004.
Connell, R. W., Masculinités. Enjeux sociaux de l’hégémonie, Amsterdam, 2014
Courduriès J. et Fine A., Homosexualité et parenté, Armand Colin, 2014
Courduriès J., Etre en couple (gay). Conjugalité et homosexualité masculine en France, Presses Universitaires de Lyon.
Cvetkovich A., Archive of feelings. Trauma, Sexuality and Lesbian Public Culture, Duke University Press, 2003
Dussy D., Le Berceau des dominations : Anthropologie de l'inceste, Pocket, 2021
Ferrarese E., « bell hooks et le politique : la lutte, la souffrance et l’amour », Recherches féministes, vol. 25, n° 1, 2012
Gaillard, C. L., Pas sérieux s'abstenir-Histoire du marché de la rencontre. XIXe-XXe siècle, CNRS éditions, 2024
Gaillard C. L., Gimenez I. et Rochefort S., « Introduction. Du genre des matérialités intimes aux régimes d'intimités. Définitions et mises à l'épreuve », Genre & Histoire, 27, 2021
Goffman E., Les cadres de l’expérience, Minuit, 1991.
Halperin D. M., How to do the history of male homosexuality, University of Chicago Press, 2002.
Hérault L. (dir.), La parenté transgenre, Presses universitaires de Provence, 2014
Hochschild A. R., The commercialization of intimate life: Notes from home and work, University of California Press, 2003
Illouz E., La Fin de l'amour. Enquête sur un désarroi contemporain, Seuil, 2020
Joly M. et Roquebert, C, « De la « mère au narcissisme pervers » au « conjoint pervers narcissique » Sur le destin social des catégories «psy» », Zilsel, n° 8, 2021
Lejbowicz T., Violences et écarts aux normes de genre : enquête sur les trajectoires de femmes victimes de violences sexuelles, thèse de doctorat, Université Paris Nanterre, 2022
Lerch A. et Stacey, J., « Au nom de la famille. Entretien avec Judith Stacey », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 214(4), 2016
Lett D., Steinberg S. et Virgili F. (dir.), « Abuser/forcer/violer », Clio. Femmes, Genre, Histoire, n° 52, 2020
Lévy-Guillain R., « MeToo or not MeToo ? Consentement sexuel et changement normatif au prisme de trajectoires individuelles féminines », Politix, 36/1, 2023.
Limbada A., La nuit de noces. Une histoire de l'intimité conjugale, La Découverte, 2023
MacKinnon C. A., Le féminisme irréductible. Discours sur la vie et la loi, Des femmes, 2005
Madesta T., Désirer à tout prix, Binge Audio, 2022
Mailänder E., Amour, mariage, sexualité. Une histoire intime du nazisme (1930-1950), Seuil, 2021
Mainsant G., Sur le trottoir, l'État: la police face à la prostitution. Seuil, 2021
Marcus S., Between women: Friendship, desire, and marriage in Victorian England. Princeton University Press, 2007
Masclet C., Bargel L., Porée L., « “Le privé est politique”. Des sexualités, conjugalités et maternités féministes ? », in Fillieule O., Béroud S., Masclet C., Sommier I (dir.), avec le Collectif Sombrero, Changer le monde, changer sa vie. Enquête sur les militantes et militants des années 1968 en France, Actes Sud, 2018.
Masclet C., Le féminisme en héritage. Incidences intimes et transmission familiale d’une lutte politique, PUF, 2025
Maudet, M., Au commencement était le couple : Sexualité, amour et religion chez les jeunes, PUF, 2024
Mortas, P., Une rose épineuse. La défloration au XIXe siècle en France, PUR, 2017
Muller, C., Au plus près des âmes et des corps, une histoire intime des catholiques au XIXe siècle, PUF, 2019
Perreau B., Penser l’adoption. La gouvernance pastorale du genre, PUF, 2012
Piazzesi C., Blais M, Baiocco M., Klein N., Configurations relationnelles idéales des adultes canadiens, https://maclic.uqam.ca/nouvelles/les-configurations-relationnelles-ideales-au-canada/, 2023
Race K., The Gay Science. Intimate Experiment With The Problem of HIV, Routledge, 2018
Rault W. et Régnier-Loilier, A., « Étudier les parcours individuels et conjugaux en France. Enjeux scientifiques et choix méthodologiques de l'enquête Épic », Population, 74/1, 2019
Rennes, J., « Déplier la catégorie d’âge », Revue française de sociologie, 60(2), 257-284, 2019
Roux S., Sang d’encre. Enquête sur la fin de l’adoption internationale, Vendémiaire, 2022
Rubin G., Surveiller et jouir. Anthropologie politique du sexe, Epel, 2010
Schlagdenhauffen R., Sexualités impudiques... : Outrages à la pudeur : récit de deux siècles de contrôle des moeurs en France, Editions de l'Aube, 2025
Scodellaro C., Trachman M. et Balhan L., « Les violences sexuelles dans les vies des gays et des bisexuels. Configurations, dissémination et orientations intimes », Population, 79(1), 75-109, 2024
Stoler, A. L., La chair de l'empire. Savoirs intimes et pouvoirs raciaux en régime colonial, La Découverte, 2013
Trachman M., « Dépendance et intimité. Les dimensions non marchandes du commerce de la sexualité », Revue française de socio-économie, 2, 2020
Trachman, M. et Lejbowicz, T. (2020), « Lesbiennes, gays, bisexuel∙ le∙ s et trans (LGBT): une catégorie hétérogène, des violences spécifiques », in Brown E., Debauche A., Hamel C., Mazuy M. (dir.), Violences et rapports de genre. Enquête sur les violences de genre en France, Ined éditions.
Trachman, M. et Amado, A. (2024), « L'emprise saisie par le droit pénal. Problématisation des violences conjugales et protection des victimes en France », Revue de science criminelle et de droit pénal comparé, n° 2(2).
Trou noir, « Enjeux historiques et conflits mémoriels des sexualités dissidentes », n°3, 2024
Vidal-Naquet, C. (2014). Couples dans la Grande Guerre : le tragique et l'ordinaire du lien conjugal. Les Belles Lettres.
Warner M., The Trouble with Normal: Sex, Politics, and the Ethics of Queer Life, Harvard University Press, 2000
Weston, Kath, Families We Choose. Gays, Lesbians, Kinship, Columbia University Press, 1991
Zelizer, V., The Purchase of Intimacy, Princeton University Press, 2005

jeudi 29 mai 2025

Soigner par correspondance

Soigner par correspondance. Un médecin au XVIIIe siècle 



Isabelle Robin



CNRS Éditions
2025

Bien avant la téléconsultation, les médecins du XVIIIe siècle menaient des consultations à distance. Malgré les aléas liés à l’acheminement du courrier, beaucoup de patients choisissaient en effet d’être suivis par correspondance. Au cœur du livre d’Isabelle Robin se trouvent les lettres échangées entre Étienne François Geoffroy et ses malades résidant loin de Paris.
Professeur au Jardin royal, membre de l’Académie des sciences, chimiste, Geoffroy écrit ses consultations avec soin, répond sans attendre et fait preuve d’un dévouement qui fait dire à l’un de ses contemporains qu’il est mort « accablé de fatigues ».
L’autrice nous décrit la patientèle du médecin et les réseaux qui le font connaître bien au-delà de la capitale. On voit s’établir ses relations avec les malades et leur entourage, parfois ponctuées de discussions, voire de négociations, sur les traitements qu’il prescrit ou le régime alimentaire qu’il recommande. Les consultations écrites dévoilent ainsi les stratégies thérapeutiques individualisées qui échappent généralement au regard de l’historien.
De cette plongée au cœur des pratiques médicales des Lumières, ressort le portrait au jour le jour d’un médecin « ordinaire », soucieux d’accompagner ses patients.

mercredi 28 mai 2025

Antipsychiatrie et droits des patient-es

Antipsychiatrie et droits des patient-es. Mouvements contestataires et crise institutionnelle à Genève (1972-1989)


Virginie Stucki


Georg éditeur 
2025


Le 29 juin 1980, un jeune homme est retrouvé mort dans sa chambre à la clinique psychiatrique universitaire de Bel-Air. Son décès génère une indignation collective d’autant plus vive qu’il est un fondateur de l’Association de défense des droits des usagers de la psychiatrie (Adupsy). Rassemblements, manifestations, tracts, conférences de presse, missives adressées aux rédactions de journaux et lettres ouvertes de personnalités ont donné lieu à un bouillonnement médiatique dépassant les frontières cantonales et ébranlant profondément la psychiatrie institutionnelle genevoise et au-delà. Basée sur des documents d’archives militantes et d’institutions politiques, sur des articles de presse, des publications et des entretiens avec des témoins historiques, l’enquête sociohistorique présentée dans cet ouvrage propose une historicisation de ces événements.

À propos de l'autrice:

Virginie Stucki, docteure en sciences sociales et ergothérapeute, est professeure associée à la Haute école de travail social et de la santé Lausanne (HETSL), HES-SO Haute école spécialisée de Suisse occidentale. Son champ d’expertise englobe les études sociales de la psychiatrie et de la santé mentale, avec un accent particulier sur les mouvements d’usager·ères, ainsi que les études des sciences et de genre de la médecine et de la santé.

mardi 27 mai 2025

Collectes, classements, valorisations des archives

Collectes, classements, valorisations des archives

 

Journée d'études

ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DU VAL-DE-MARNE
VENDREDI 06 JUIN 2025 - DE 09H À 17H30
10 RUE DES ARCHIVES, CRETEIL (MÉTRO 8)
ENTRÉE LIBRE. CONTACT : ARCHIVES@VALDEMARNE.FR

09h15 : Introduction, Rosine Lheureux (Archives dép. Val-de-Marne)
 

09H30 - 12H : LES ARCHIVES, FAIT SOCIAL : DE LA PRODUCTION AU CLASSEMENT
COMME OBJET D'ÉTUDE

Collecter, classer, valoriser les archives médicales de structures psychiatriques ouest-africaines : retour sur 3 projets en cours (Niamey, Dakar, Bobo-Dioulasso),
Romain Tiquet (Centre Marc Bloch-Berlin / ERC Madaf).

Une histoire des pratiques soignantes au prisme des archives audiovisuelles de l’armée (1915-2025), Laura Pennanec'h (ECPAD / CAK, EHESS).

Histoire sociale d'un fonds d'archives : tris et classements dans l'hôpital (Maison de Charenton, XIXe), Agathe Meridjen (ISP, Univ. Nanterre / Archives
dép. Val-de-Marne).
Organisation : Claire Barillé (IRHiS), Théophile Lavault (Sophiapol),
Agathe Meridjen (ISP/AD94), Agnès Seguin (AD94).

14H - 17H : VALORISER LES ARCHIVES ET LA RECHERCHE : MÉTHODES ET RETOURS

Wikifier les archives : pourquoi, comment ?, Carole Renard (Archives dép. Aude).

Peut-on faire confiance aux étudiant.es dans le processus de valorisation ? Aux origines de Dicopolhis (2020 - 2025), Hervé Guillemain (TEMOS, Le Mans Univ.).

Mettre en récit l'histoire d'un hôpital psychiatrique : retour sur l'exposition “Un long fleuve intranquille. Histoire de l'hôpital Saint Jean de Dieu de Lyon (1824-2024)”, Mathis Farcy (LARHRA, Univ. Lyon 2 / CH Saint Jean de Dieu), Cécilia de Varine (CH Saint Jean de Dieu).
 

Conclusion du premier cycle, Claire Barillé (IRHiS, Université de Lille).

lundi 26 mai 2025

Penser les violences médicales

Penser les violences médicales : Regards croisés en sciences sociales (sociologie, anthropologie, histoire, droit, santé publique)

Colloque interdisciplinaire et international francophone

24 et 25 juin 2025

 

Mardi 24 juin

À partir de 9h : Accueil des participant·es et petit déjeuner

9h30 : Introduction par l’équipe organisatrice (Joséphine Eberhart, Solène Lellinger, Raphaël Perrin, Pierre Robicquet, Lucile Ruault)

10h-11h : Conférence plénière, Jean-Paul Gaudillière (INSERM, CERMES3) - Violence et pratiques sanitaires : sur quelques leçons de l’histoire de la médecine (post)coloniale

11h30-12h30 : Panel 1 - Enquêter sur les violences : quelles méthodes ?

Agathe Meridjen-Manoukian (ISP, université Paris-Nanterre) - Définir et mesurer la violence médicale : médecins aliénistes et ancien·nes interné·es en procès (1869-1914)

Déborah Ridel (IRIS, université Sorbonne Paris-Nord) - Ethnographier les « bavures » soignantes ?

Discutant : Fabrice Cahen (INED)

12h30-14h : Pause déjeuner

14h-15h30 : Panel 2 - Les violences médicales au cœur de la division du travail de santé

Myriam Borel (Observatoire régional de santé Bourgogne Franche-Comté) – « J’ai pas fait médecine de brousse » : violences et rhétorique de l’adhésion aux évolutions néolibérales en médecine générale

Auréline Cardoso (CEET/CNAM, université de Strasbourg) et Ruggero Iori (EMA, CEET/CNAM, CY Cergy Paris université) - Des professionnel·les au service des femmes ? Entre « bon soin » et régulations professionnelles dans la pratique gynécologique

Célia Cardoso (Institut Imagine) et Céline Lefève (SPHERE, université Paris Cité) - Les dilatations anales effectuées par les parents d’enfants nés avec une malformation anorectale

Discutante : Maud Gelly (CRESSPA-CSU)

16h-17h30 : Panel 3 - Les dominé·es face aux violences médicales

Victoria Galion Licata (AGORA, CY Cergy Paris université) - De la colonialité du savoir aux violences médicales. Le cas des parturientes indigènes au sein des centres de santé au Pérou

Cécile Fontaine (CIREL, Université de Lille) - Des violences épistémiques en santé ? Discours et pratiques de silenciations dans les consultations médicales d’un réseau municipal de santé au Brésil

Delphine Peiretti-Courtis (Telemme, Université d’Aix-Marseille) - Violences médicales en contexte colonial : santé, race et politique

Discutante : Myriam Paris (CNRS, CURAPP-ESS)

Cocktail de 18h à 20h




Mercredi 25 juin

À partir de 9h : Accueil et petit déjeuner

9h30-11h : Panel 4 - Violences et médicalisation I : conflit de perspectives

Alina Oganesyan (CERMES3, université Paris Cité) - Violence ou nécessité thérapeutique ? L’ambiguïté des pratiques dans les soins des troubles des conduites alimentaires

Juliette Froger-Lefebvre (GEMASS, Siric Curamus, CERMES3), Anne-Lise Dall’Agnola (GEMASS, Siric Curamus, CSU) et Marie Mathieu (Cermes3, Siric InSitu, CSU) - Les maux et les mots des femmes. De la prévention des cancers « génétiques » aux violences médicales

Margaux Nève (LAP, EHESS) - Interroger les fondements théoriques des violences médicales dans la recherche médicale sur l’endométriose

Discutante : Laure Pitti (IRIS, université Sorbonne Paris-Nord)

11h30-13h : Panel 5 - Violences et médicalisation II : points de vue professionnels

Leslie Fonquerne (CERPOP, Université Toulouse 3) - Des violences médicales apprises ? Le cas des formations des professions prescriptrices de contraception

Raphaël Albospeyre (sociologue, chercheur indépendant) - « On n’est pas là pour faire du mal aux enfants ». Ou comment s’empêcher de penser les violences médicales sur les mineur·e·s intersexes

Félix Brêteau (HisTeMé, université de Caen-Normandie) - « Procéder à son examen et ouverture ». Le travail d’autopsie à Caen pendant la Révolution française, une violence sans victime ?

Discutante : Delphine Moreau (ARÈNES, EHESP)

13h-14h : Pause déjeuner

14h-16h : Panel 6 - Le droit face aux violences : objectiver, dénoncer, réparer

Anna Duday (IHRIM, ENS de Lyon, IRIS, université Sorbonne Paris Nord) - Quels effets du droit sur les violences psychiatriques ? Étude des usages du droit en lien avec les pratiques professionnelles violentes en hospitalisation à partir de l’ethnographie d’un service de psychiatrie en soin libre

Audrey Ferron Parayre (faculté de droit de l’université d’Ottawa) et Sylvie Lévesque (faculté des sciences sociales de l’université du Québec à Montréal) - L’accès à la justice pour les personnes ayant vécu des violences obstétricales et gynécologiques : ce que leurs expériences et leurs perspectives nous apprennent

Anne Simon (CDEP, université d’Artois) - L’insaisissable violence des pratiques médicales. Le regard du droit pénal

N’koué Emmanuel Sambieni (LASDEL, université de Parakou) - Violences et plaintes des usagers face aux nœuds administratifs et judiciaires dans les services de santé au Bénin

Discutant : Giovanni Prete (IRIS, université Sorbonne Paris Nord)

16h30-18h : Table ronde « Des soignant·es mal (in)formé·es ? », animée par Céline Lefève (SPHERE, université Paris Cité)

- Johanna-Soraya Benamrouche, co-fondatrice de l’Observatoire féministe des violences médicales)

- Nils Kessel, maître de conférences (SAGE, université de Strasbourg)

- Met Nsuni, PhD chercheure associée (ARÈNES, université de Rennes)


Comité organisateur :

Joséphine Eberhart (post-doctorante, IRISSO)
Solène Lellinger (maîtresse de conférences, SPHERE)
Raphaël Perrin (docteur, CESSP)
Pierre Robicquet (post-doctorant, CSI, CERMES3)
Lucile Ruault (chargée de recherche CNRS, CERMES3)


Comité scientifique :

Anne-Marie Arborio (maîtresse de conférences, LEST, université Aix-Marseille)
Fabrice Cahen (chargé de recherche INED)
Catherine Cavalin (chargée de recherche CNRS, CERMES3)
Fanny Chabrol (chargée de recherche IRD, CEPED)
Dorothée Dussy (directrice de recherche CNRS, CNE)
Nils Kessel (maître de conférences, SAGE, université de Strasbourg)
Delphine Moreau (professeure, ARÈNES, EHESP)
Anne Paillet (professeure, CESSP, université Paris 1 Panthéon Sorbonne)
Myriam Paris (chargée de recherche CNRS, CURAPP-ESS)
Chiara Quagliariello (post-doctorante, EHESS)
Virginie Rozée (directrice de recherche INED)
Elsa Supiot (professeure détachée au CNRS, ISJPS – UMR8103)