vendredi 19 mars 2021

Politique de l'alimentation aux États-Unis

Politique de l'alimentation aux États-Unis


Appel à contributions

Revue « Politique américaine »


Coordinatrice
Alice Béja, Sciences Po Lille/CERAPS-CNRS


Ce numéro de Politique américaine vise à saisir, à la confluence de ces champs de recherche, l’analyse politique de l’alimentation et de la nourriture et la manière dont ces problématiques nourrissent les mouvements sociaux. Car au-delà des questions – légitimes – de santé et de politiques publiques, bien souvent celles et ceux qui réclament d’autres manières de se nourrir le font au nom d’un modèle de société et de communauté qui s’écarte du mainstream. L’alimentation est aussi source de socialisation et de sociabilité, d’éducation (Flammang), un des lieux où se jouent, viscéralement, des problématiques liées au genre en particulier (Counihan), mais aussi à la race (Witt, Opie) ou à la classe (Finn).


Argumentaire

La question de l’alimentation et de la nourriture aux Etats-Unis se nourrit de mythes et de stéréotypes. Le mythe de la terre d’abondance, incarné par l’idéalisation du « premier » Thanksgiving, invention d’une abondance bien éloignée de l’expérience des premiers colons en Nouvelle-Angleterre et d’une harmonie entre ces derniers et les peuples indigènes qui ne rend pas compte de la violence de la colonisation ; le stéréotype d’une terre sans terroir, nourrie aux hamburgers et au Coca-Cola, des aliments qui ont conquis le monde par l’entremise des géants du fast food.

Au cours des dernières décennies, l’explosion de l’obésité et du diabète de type 2 aux Etats-Unis ont transformé l’abondance en cauchemar la santé individuelle et publique ; en parallèle se sont développés de multiples mouvements qui, au nom du locavorisme, du végétarisme et du véganisme, de la protection de l’environnement, de l’anticapitalisme ou de la lutte contre la souffrance animale, ont cherché à développer des modèles alternatifs de production et de consommation de la nourriture.

De tels mouvements sont les héritiers de campagnes visant à réformer la manière dont les Américains se nourrissent, notamment le Pure Food Movement de l’ère progressiste au début du 20ème siècle (Swainston Goodwin), et surtout les mouvements des années 1960 et 1970 contre l’agrobusiness (Belasco). Ils ont donné lieu à des expérimentations, des protestations et au vote de lois sur la sécurité alimentaire et les modes de production. Cependant, comme l’écrivait Michael Pollan en 2010 dans « The Food Movement, Rising », « l’alimentation aux Etats-Unis, jusqu’à très récemment, était politiquement presque invisible ». En termes de recherche universitaire, même si le champ est bien plus développé aux Etats-Unis que dans d’autres pays, les food studies dans leur interaction avec l’histoire et les sciences politiques, sont encore relativement confidentielles.

Ce numéro de Politique américaine vise à saisir, à la confluence de ces champs de recherche, l’analyse politique de l’alimentation et de la nourriture et la manière dont ces problématiques nourrissent les mouvements sociaux. Car au-delà des questions – légitimes – de santé et de politiques publiques, bien souvent celles et ceux qui réclament d’autres manières de se nourrir le font au nom d’un modèle de société et de communauté qui s’écarte du mainstream. L’alimentation est aussi source de socialisation et de sociabilité, d’éducation (Flammang), un des lieux où se jouent, viscéralement, des problématiques liées au genre en particulier (Counihan), mais aussi à la race (Witt, Opie) ou à la classe (Finn).

Les contributeurs.trices sont invité.e.s à proposer des articles autour des thématiques suivantes, en lien avec une approche « par le bas » des questions de nourriture et d’alimentation:
  • les mobilisations politiques autour de la nourriture (boycotts, grèves, manifestations…)
  • les prises de positions des mouvements sociaux sur les questions d’alimentation et de nourriture (féminismes, mouvements pour l’égalité raciale, mobilisations des Native Americans…)
  • la théorisation des questions d’alimentation d'un point de vue politique et militant (végétarisme, locavorisme, rôle de la nourriture et de l'alimentation dans la construction de sociétés ou communautés alternatives...)
  • les luttes politiques autour de la patrimonialisation des traditions culinaires régionales ou des traditions culinaires de communautés ethniques et raciales

Modalités de contribution

Les propositions d’article (500 mots) sont à remettre
pour le 30 avril 2021,

accompagnées d’une courte biographie. Les articles (d’une longueur de 8 000 à 10 000 mots) seront attendus pour le mois de novembre 2021 et seront soumis à une évaluation en double aveugle avant acceptation.

Merci d’envoyer vos propositions à : alice.beja@sciencespo-lille.eu

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire