lundi 12 février 2018

Littérature et médecine

Littérature et médecine


Appel à communications


Du 05 au 06 juin 2018
Lieu : Université Alassane Ouattara, Bouaké, Côte d’Ivoire

Littérature et Médecine, disciplines différentes certes, constituent de plus en plus une alliance des plus appréciables qui, non seulement, soulève la problématique des rapports entre les belles-lettres et les sciences exactes, mais montre surtout la pertinence d’une lecture croisée. Si, selon Edwige Comoy Fusaro « La médecine est sans conteste l’enfant chérie des interactions entre sciences et littérature »[i], certaines correspondances conceptuelles entre le discours fictionnel et le discours médical suscitent, pour beaucoup d’autres chercheurs, l’intérêt d’une mise en regard voire d’une association des deux disciplines. En effet, en littérature, comme en médecine, il s’agit presque toujours « d’inventer, de prescrire, de guérir ». De même, comme le médecin qui a besoin d’utiliser des mots pour décrire le corps ou expliquer les pathologies des patients, l’écrivain — poète, dramaturge, romancier ou même essayiste — diagnostique, prévient et traite des maux sociaux vécus à un niveau individuel ou collectif.

Littérature et médecine s’enrichissent et se nourrissent mutuellement, et ce, de par leurs lignes directrices, leurs pratiques et leurs visées humanistes. Ainsi, à l’instar des médecins comme Sigmund Freud, Robin Cook, Franck Senninger, Glenn Cooper, Oliver Wolf Sacks, Georges Duhamel, Frantz Fanon, Martin Winckler, Anton Tchekhov, Somerset Maugham, qui écrivent sur leur vécu de thérapeute, de nombreux écrivains tels que Marcel Proust, John Howard, Leslie Marmon Silko, Louise Erdrich, Elechi Amadi, Martin Amis, explorent dans leurs créations littéraires et artistiques des thématiques plurielles liées à la maladie et à la santé. Si, d’après Georges S. Rousseau[ii], la fécondité de ce rapprochement est apparue comme une évidence depuis lors à nombre d’historiens de la médecine, mais surtout aux littéraires, les champs d’interactions entre littérature et médecine montrent comment les deux disciplines s’interpénètrent, sans pourtant se confondre. En réalité, la littérature est une science spéculativement abstraite aux contours artistiques, alors que la médecine, elle, est une science quantifiable et matérialisable à la même loge que les mathématiques et les sciences physiques.

Le rapport entre le médecin et le corps biologique est un lien de méthodologie faite d’attention, d’étapes à surmonter, de questionnements, de sondage du corps. Le corps biologique qui est matière d’action du médecin, est irraisonné, c’est-à-dire qu’il fonctionne indépendamment de la raison humaine, mais comporte fondamentalement une raison souveraine. D’ailleurs, pour rendre aisée sa compréhension du fonctionnement de la biologie organique, le médecin a aussi besoin de la raison du patient, vérifiable dans le questionnement. Par conséquent, biologie inconsciente ou, du moins, sans esprit de vie métaphysique, et raison humaine, s’interconnectent. Par ricochet, la médecine est une littérature biologique qui s’anime tant artistiquement que scientifiquement. Donc, en passant de la biologie individuelle à la biologie collective (le corps social), le médecin passe de la réalité individuelle de l’organisme fixiste à la raison sociale, celle de la spéculation littéraire et philosophique, ancrage des sciences sociales. En règle générale, le médecin-écrivain interroge la société avec la même sagesse méthodologique qu’il le ferait pour le corps individuel biologique. Travailler, donc, sur l’œuvre littéraire d’un médecin, c’est y rechercher ces ingrédients esthético-scientifico-littéraires. La médecine a aussi une littérature au sens du jeu des terminologies qui sont source de connaissance du monde, de la nature écologique ou environnementale, des langues anciennes (Latin et Grec) et productrice de néologismes très doctes. De toute façon, l’écrivain, même quand il n’est pas médecin de métier, il entretient toujours avec la société une sorte de rapport médical.

La relation entre littérature et médecine permet de remettre en jeu le décloisonnement des chapelles génériques et de s’interroger sur les formes de constitution des disciplines (littéraire et médicale) d’une part, et, d’autre part d’appréhender les perspectives de ce champ d’étude en pleine constitution. Cette observation est au cœur de ce colloque qui se veut interdisciplinaire ou même pluridisciplinaire. Les questionnements suivants peuvent servir de pistes de réflexion :
  • Littérature et Médecine : quels rapports convergents et divergents ?
  • La détection d’une littérature dans la médecine
  • La critique de la médecine et de ses adeptes dans l’art littéraire
  • Théories littéraires et théories médicales : l’enjeu d’une dialectique
  • La mise en récit allégorique des maladies et des fléaux sociaux
  • L’écrivain et l’art-thérapie.
  • Modalités de Participation

Le résumé des propositions de communications (250-300 mots + mots clés +Nom et Prénoms + filiation institutionnelle) est envoyé aux adresses électroniques suivantes :
Soumission des propositions de communication : 28 février 2018 délai de rigueur 
Notification aux auteurs de la décision du comité scientifique : 15 mars 2018 
Colloque : 05 et 06 juin 2018
Dépôt des articles 10 août 2018 
Retour des expertises : 10 octobre 2018 
Publications des Actes du Colloque : Décembre 2018 

NB : Les travaux peuvent être rédigés en français ou en anglais, mais la langue de communication au colloque demeure le français

Transport
Le transport vers Bouaké est à la charge des participants

Frais de Séjour
Le séjour (Hôtel et Restauration) des participants provenant des Universités et Institutions hors Côte d’Ivoire sera pris en charge durant la période du colloque.

Organisateurs
Vamara KONE, Maître de Conférences en Etudes américaines et Littérature Comparée, Université Alassane Ouattara, Bouaké
Emmanuel TOH BI, Maître de Conférences, spécialiste en stylistique et de poésie négro-africaine, écrivain, poète et dramaturge, Université Alassane Ouattara, Bouaké
Comité scientifique
Professeur Mamadou KANDJI (Université Cheick Anta Diop, Sénégal),
Professeur Komla Messan NUBUKPO (Université de Lomé, Togo),
Professeur KODO Michel (Université Alassane Ouattara, Côte d’Ivoire),
Professeur BAH Henri ((Université Alassane Ouattara, Côte d’Ivoire),
Vamara KONE, Maître de Conférences, (Université Alassane Ouattara, Côte d’Ivoire) ),
Emmanuel TOH BI, Maître de Conférences, (Université Alassane Ouattara, Côte d’Ivoire), 

Référence électronique
[i] Edwige Comoy Fusaro, « Avant-propos à la section « Littérature et Médecine » », Cahiers de Narratologie [En ligne], 18 | 2010, mis en ligne le 02 juillet 2010, consulté le 26 avril 2017. URL : http://narratologie.revues.org/6057

[ii] Georges S. Rousseau, « Literature and Medecine : The State of the Field », Isis, 72, 1981, pp.406-424

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