vendredi 3 février 2017

Villes, sociétés urbaines et syphilis

Villes, sociétés urbaines et syphilis en Méditerranée et au-delà (XVIe-XXIe siècle)

Appel à communications


Venue du fond des âges, plus que toute autre maladie contagieuse peut-être, la syphilis (associée aux autres pathologies vénériennes) incarne les tensions d’un monde qui se mondialise à partir du XVIe siècle avec une phase d’accélération au XIXe siècle. Si l’on suit Alain Corbin dans la description qu’il donne de « l’image composite du péril vénérien, spectre inédit, dont les traits originaux […] ne s’effaceront pas avant les années médianes du XXe siècle », alors s’impose à notre étude une épidémie lente dont Peter Baldwin saisit la dynamique entre « prostitution et promiscuité » et met en lumière les « velléités de régulation » qui tentent de se superposer aux dynamiques de circulations. Le colloque souhaite donc conjuguer une pluralité de contexte (colonial, métropolitain …) et une perspective de temps long avec l’expérience contemporaine d’une épidémie de syphilis qui connaît une recrudescence.

Argumentaire

Avec près de 500 cas diagnostiqués en 2015 en France, la syphilis n’a pas cessé de faire parler d’elle. En constante progression après des décennies de sommeil - faisant suite à la généralisation du traitement par antibiotique - le tréponème pâle ressort de sa boite et profite du relâchement observé dans les pratiques de prévention des MST/IST. A l’échelle locale, la maladie peut même prendre un caractère épidémique (à Brive-la-Gaillarde où 44 cas ont été diagnostiqués pour la seule année 2015). La situation sanitaire actuelle n’est cependant en rien comparable à celle du milieu du XIXème siècle. Ni même à celle de 1922, lorsque, comme le rapporte Virginie De Luca, « la commission de prophylaxie des maladies vénériennes estim[ait] son coût à 140 000 vies » (mortinatalité, avortements pathologiques, décès d’enfants ou d’adulte) et à 1 adulte sur 10 la prévalence de la maladie. Cependant le défi proposé par le « mal de Naples » à la société et à ses médecins demeure. Par sa nature même la syphilis effraye et fascine. Maladie honteuse contractée dans l’intimité de l’alcôve (comme le HIV), elle interpelle nos sociétés depuis maintenant plusieurs siècles, notamment sur leurs mœurs, sur leurs capacités d’innovation médicale et thérapeutique, tout autant que sur leurs dispositions à mettre en œuvre une politique de santé publique ou à assumer une police sanitaire efficiente. Si ces interrogations sont anciennes, elles demeurent fortement ancrées dans notre rapport à la maladie et aux représentations de ces corps puissamment meurtris au stade tertiaire de son évolution.

Venue du fond des âges, plus que toute autre maladie contagieuse peut-être, la syphilis (associée aux autres pathologies vénériennes) incarne les tensions d’un monde qui se « mondialise » à partir du XVIème siècle avec une phase d’accélération au XIXème siècle. Si l’on suit Alain Corbin dans la description qu’il donne de « l’image composite du péril vénérien, spectre inédit, dont les traits originaux […] ne s’effaceront pas avant les années médianes du XXème siècle », alors s’impose à notre étude une épidémie lente dont Peter Baldwin saisit la dynamique entre « prostitution et promiscuité » et met en lumière les « velléités de régulation » qui tentent de se superposer aux dynamiques de circulations. Sous la tutelle de ces deux références d’historiens, l’idée centrale de ce colloque est de proposer une convergence des réflexions entre historiens, anthropologues et médecins en concentrant notre attention sur le « choc » de la rencontre entre le tréponème pâle et les sociétés à l’échelle municipale, et en particulier dans les villes portuaires. Ce colloque souhaite se placer dans le cadre d’une réflexion globale sur Villes, sociétés urbaines et syphilis en Méditerranée (XVIème-XXIème siècle) sans toutefois exclure les propositions dépassant ce strict cadre géographique. Le colloque souhaite donc conjuguer une pluralité de contexte (colonial, métropolitain, occidental, oriental …) et une perspective de temps long avec l’expérience contemporaine d’une épidémie de syphilis qui connaît une recrudescence.

Le choix épistémologique du colloque est de proposer des regards et des approches croisées. Des analyses conjointes d’archives historiques et biologiques montrent le besoin de modèles de diffusion et d’expression de la syphilis à l’échelle d’une ville, d’un port marchand ou militaire. Les trop rares référentiels paléopathologiques et archéothanatologiques des périodes modernes et contemporaines, notamment pour les rivages méditerranéens, ne permettent ni d’appréhender ni d’étayer le contexte sociologique et anthropologique entourant les malades et les morts de la « petite vérole ». Il semble que le débat paléopathologique et historique des origines de la syphilis est resté, durablement et logiquement, une interrogation centrale. Bien au-delà et en deçà de la question de origine, les contributions devront proposer des lectures extensives du rapport entre syphilis et sociétés portuaires. Ce colloque présente donc la singularité de souhaiter faire dialoguer des disciplines diverses (médecine, épidémiologie et santé publique, histoire, géographie, anthropologie funéraire et sociale, sociologie, droit) autour d’un même objet de recherche et d’une même échelle d’étude.

Le colloque s’articulera donc autour de 3 sessions visant à documenter et renseigner une dimension de l’atteinte à l’échelle d’une ville / d’un port méditerranéen. Bien entendu dans le souci de comparer les modèles de diffusion autant que les sources, les communications concernant d’autres aires géographiques sont bienvenues dès lors que demeure l’échelle municipale/locale ou le cadre portuaire (civil ou militaire) ou s’il s’agit d’un espace fermé de type enclaves ou isolats (géographique, culturel ou social).

Le colloque s’ouvrira par les communications concernant les enjeux médicaux très contemporains (Session 1 Villes, sociétés urbaines et syphilis en Méditerranée : données médicales actuelles). Ces interventions pourront être axées sur les enjeux liés au diagnostic, à l’épidémiologie de la syphilis, aux modalités de prévention et à la mise en œuvre de politiques de santé publique ou encore sur les solutions thérapeutiques disponibles. Viendra ensuite le moment des mises en perspective diachroniques (Session 2 Villes, sociétés urbaines et syphilis en Méditerranée : contexte historique et inférences médico-historiques). Dans un dernier temps, la dimension anthropologique s’ajoutera à la réflexion (Session 3 Villes, sociétés urbaines et syphilis en Méditerranée : approche anthropologique). Au-delà des contextes paléopathologiques et archéothanatologiques, cette session finale tâchera d’aborder l’évolution des constructions sociales ou encore le champ des représentations de la maladie.

Inscription

Les frais de participation au colloque seront de l’ordre de 60 euros pour les statutaires et de 25 euros pour les étudiants

De plus la participation au dîner du colloque (26 octobre 2017) sera de l’ordre de 30 euros

Modalités d’envoi des propositions

  • Les propositions d’intervention doivent être rédigées en français ou en anglais (les deux langues du colloque)
  • Le résumé (maximum 1000 mots) rappelant clairement l’objectif de la proposition éventuellement ses méthodes, l’échantillon d’analyse et les résultats discutés à défaut de conclusion. Le résumé doit également mentionner :
  • Le type de communication (orale ou bien affichée). En effet, Pour les sessions 1 et 3 il est également possible de proposer des communications affichées pour des « case report » ou des informations ponctuelles
  • La session concernée
  • 3 à 5 mots clés
  • Le titre
  • Les auteurs avec appartenances institutionnelles
  • L’émail et l’adresse de l’intervenant

Les propositions doivent être soumis (texte format word ou équivalent) par email à l’adresse suivante : syphilis.marenostrum@gmail.com avant le 25 avril 2017

Comité d’organisation
Benoît Pouget (IEP d’Aix-en-Provence/CHERPA/ADèS)
Yann Ardagna (UMR 7268 Adès)
Michel Signoli (UMR 7268 Adès)
Laetitia Delouis (Chargé de Communication faculté médecine Marseille)

Email de contact : syphilis.marenostrum@gmail.com

Comité scientifique
Yann Ardagna (UMR 7268 Adès)
Philippe Berbis (AMU/ UMR 7268 Adès)
Philippe Biaggini (UMR 7268 Adès)
Philippe Bourmaud (Lyon III/LAHRAT)
Patrick Bourreille (Service Historique de la Défense)
Walter Bruyère-Ostells (IEP d’Aix-en-Provence/CHERPA)
Dominique Chevé (UMR 7268 Adès)
Guillemette Crouzet (Univ. Genève)
Michel Drancourt (IHU Méditerranée Infection)
Nicolas Dupin (APHP)
Yannick Jaffré (CNRS/UMI Environnement, Santé, Société)
Pierre Le Coz (UMR 7268 Adès, EEM)
Patrick Louvier (Montpellier III/ CRISES)
Jean Jacques Morand (HIA Sainte Anne – Toulon)
Benoît Pouget (IEP d’Aix-en-Provence/CHERPA/ UMR 7268 Adès)
Isabelle Renaudet (AMU/TELEMME)
Lisa Rosner (Stockton University – New Jersey)
Michel Signoli (UMR 7268 Adès)
Salvatore Speziale (Université de Messine)
Thomas Vaisset (Service Historique de la Défense)


Contacts
Benoit Pouget
courriel : syphilis [dot] marenostrum [at] gmail [dot] com


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