mercredi 18 janvier 2017

La production des savoirs sur la sexualité

La production des savoirs sur la sexualité. Enjeux épistémologiques et méthodologiques en sciences sociales.


Appel à communications


Dans le cadre de l’ACFAS
Le mardi 9 et mercredi 10 mai 2017 à l’Université Mc Gill, Montréal

Colloque 433 - Coresponsables :
Gabriel Girard, post-doctorant, IRSPUM / Clinique médicale l'Actuel, Boursier MITACS
Isabelle Perreault, professeure adjointe, département de criminologie, Université d’Ottawa
Nicolas Sallée, professeur adjoint, département de sociologie, Université de Montréal


Présentation de la problématique :
Ce colloque vise à ouvrir un espace d’échanges parmi les chercheurs en sciences sociales francophones travaillant sur les questions de sexualité. L’objectif est de discuter à la fois les conditions sociales de la production des savoirs, et les manières de faire la recherche sur le sujet. Ce colloque vise à faire un état des lieux de la diversité des perspectives de recherche actuellement ouvertes en sciences sociales sur la sexualité. Pour ce faire, ce colloque est l’occasion de réunir et faire dialoguer des chercheurs aux horizons nationaux et disciplinaires divers, de manière à stimuler la constitution d’un collectif de réflexion francophone sur cette question.

Les recherches sur les enjeux sexuels ont désormais acquis un statut légitime au sein des disciplines de sciences sociales. Si l’épidémie de VIH/sida a constitué un levier important pour le financement et le développement de ces travaux dans les années 1980 et 1990, les thématiques et les intérêts sont aujourd’hui très diversifiés : conjugalité, violences, santé/prévention, pornographie, rencontres en ligne, travail du sexe, etc. Cette diversification se traduit également par un morcèlement du domaine, peu propice à des réflexions théoriques transversales. Ce colloque propose un cadre de réflexions et d’échanges comparatifs inédit sur les enjeux des recherches sur la sexualité en contexte francophone.

Au Québec la sexologie (en particulier autour du département de sexologie de l’UQAM) s’est imposée comme une grille de lecture incontournable sur ces sujets. En France, les 15 dernières années ont été marquées par une diversification des recherches, alors qu’en Afrique subsaharienne, la sexualité est avant tout abordée au prisme de la santé publique. En réunissant des chercheurs issus de ces différents espaces géographiques, le colloque offrira une cartographie des travaux, des méthodes et des débats disciplinaires. Ce colloque se propose, enfin, d’ouvrir une réflexion à la croisée des différentes générations de chercheurs sur la sexualité. Il s’agit notamment de mobiliser les jeunes chercheurs et d’identifier des thématiques ou des méthodes émergentes. 

Axes de réflexion :
Ce colloque vise à saisir les logiques de la production des savoirs autour de la sexualité. Il conviendra tout d’abord de s’interroger sur la manière dont les chercheurs, dans différents champs des sciences sociales, produisent du savoir sur le sujet, en mobilisant des traditions épistémologiques et des outils méthodologiques variés. Il conviendra également d’ouvrir la réflexion sur la manière dont ces savoirs – ou certains d’entre eux – circulent dans des mouvements sociaux et/ou des dispositifs institutionnels variés, qu’ils soient préventifs, éducatifs, thérapeutiques ou répressifs, participant in fine aux reconfigurations de l’ordre sexuel dans les sociétés contemporaines.

1. Circulations intellectuelles des savoirs 
Ancré dans les contextes francophones, le colloque permettra d’interroger les circulations intellectuelles au sein de différents contextes nationaux. Les chercheurs/es de pays et régions francophones ou francisés ont, à divers moments de l’histoire, échangés entre eux de même qu’avec des chercheurs/es issus de traditions anglo-saxonnes ou germaniques pour ne nommer que deux d’entre elles. D’autres s’alimentent par diverses bases de données existantes. Peut-on tracer une généalogie particulière de la recherche francophone sur la sexualité ? Est-ce que l’histoire particulière des diverses régions, postcoloniales ou postmétropolitaines, participe à des traditions intellectuelles différentes ? L’essor marqué de la recherche sur la sexualité aux États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale influence-t-elle la recherche francophone d’hier et d’aujourd’hui ?

2. Disciplines de la sexualité
Le colloque portera une attention particulière à la diversité des disciplines de la sexualité : anthropologie, criminologie, histoire, sciences politiques, sexologie, sociologie, travail social, etc.
La recherche sur la sexualité hérite donc de multiples traditions épistémologiques, mobilisant une variété d’outils méthodologiques : travail en archives, ethnographie, clinique, analyse des politiques publiques, entretiens, etc. Plusieurs projets de recherche regroupent des chercheurs/es de ces différentes disciplines, d’autres mobilisent ceux d’une discipline spécifique pour en étudier une autre. La question de la construction des savoirs à l’aune des enjeux disciplinaires – ou pluridisciplinaires – est ici centrale. Comment dialoguent ces différentes disciplines, et qu’est-ce que les formes de ce(s) dialogue(s) nous disent de leurs différences, ou au contraire de leurs similitudes ? Quels sont les grands axes de controverses qui traversent ces disciplines, pouvant les distinguer ou les diviser en interne ?

3. Circulations institutionnelles des savoirs
Les disciplines de la sexualité énumérées ci-dessus dépendent d’institutions diverses qui, avec plus ou moins d’attentes en termes de « résultats » et/ou de « retombées », peuvent participer au financement des projets, fournir des données et, plus généralement, ouvrir des opportunités de recherche. En retour, ces savoirs – ou certains d’entre eux – peuvent circuler dans l’espace social, ouvrant à des usages divers (institutionnels, professionnels, militants, etc.) susceptibles de leur donner du pouvoir. Ces usages peuvent ainsi conduire à des formes d’hybridation et/ou de concurrence entre des savoirs académiques et des représentations normatives de ce qu’est – ou de ce que devrait être – la sexualité. En interrogeant cette dimension de la production des savoirs, le colloque ouvrira la réflexion sur la proximité entretenue par ces différentes disciplines, leurs chercheurs et leurs savoirs constitutifs, à des acteurs et des institutions qui agissent dans (et sur) le monde social, façonnant les modalités contemporaines de gouvernement de la (ou des) sexualité(s).

4. Pratiques de la recherche
Le colloque proposera enfin d’entrer dans la « boite noire » de ces disciplines, pour interroger les pratiques de recherche sur la sexualité. Cet axe de réflexion ouvrira d’abord des questions sur la position occupée par les chercheurs dans l’espace des prises de position normatives sur la sexualité. De fait, la sexualité implique souvent une position morale, voire moralisante, qui peut peser sur les résultats de recherche. Ceux-ci sont-ils nécessairement situés ? Les dispositifs méthodologiques mis en place dans les différentes disciplines sont-ils suffisants pour prévenir ces biais normatifs ? Cet axe de réflexion ouvrira également des questions sur l’éthique de la recherche. De nombreuses manières de faire ont en effet émergé au cours des dernières décennies : des échanges épistolaires entre médecins et patients/es en passant par l’observation clinique ou participante, les pratiques de recherche sur la sexualité mobilisent de manière distincte les sujets et leur vie privée, soulevant des enjeux éthiques qui doivent être objet de réflexion.

Déroulement du colloque :
Le colloque aura lieu les 9 et 10 mai à l’Université McGill dans le cadre du congrès de l’ACFAS. Quatre séances plénières par jour seront organisées autour des thèmes développés ci-dessus.

Instructions pour le dépôt des propositions de communication :

Les propositions de communication doivent être envoyées par courriel avant le 20 février 2017 à l’adresse suivante : savoirs.sexualites.acfas433@gmail.com

Les auteurs/es des propositions acceptées seront avisés le 1er mars 2017.

Format des résumés de communication :

- Times new roman 12 pts, simple interligne

- Titre 

- Auteur/e(s), fonction et affiliation

- Résumé (300 mots maximum).

- Une courte biographie des auteurs/es


Veuillez noter que les communications seront d’une durée de 20 minutes. La publication des actes du colloque est envisagée.

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