mercredi 7 décembre 2016

L'hygiène mentale en Europe au XXe siècle

Politiques du psychique. L'hygiène mentale en Europe au XXe siècle

Appel à communications

Symposium organisé par Grégory Dufaud (CERMES3-CNRS) et Nicolas Henckes (CERMES3-CNRS)

Congrès de la Société Française d'Histoire des Sciences et des Techniques - Strasbourg 2017

Si le terme d’hygiène mentale circule dès le xixe siècle il s’impose dans le premier tiers du xxe siècle dans la plupart des pays européens et d’Amérique pour caractériser ce qui apparaît alors comme de nouvelles façons d’aborder les pratiques et les savoirs psychiatriques autant que leur mise en politique. L’hygiène mentale est d’abord un projet de réforme, basé sur la promotion de formes alternatives d’assistance psychiatrique et de pratiques de prévention dans le champ de la santé mentale. Ce double objectif s’incarne dans des structures psychiatriques inédites, créées par des psychiatres réformateurs. Ainsi, en 1908, le psychiatre Gustav Kolb fonde, en Bavière, un service libre afin d’aider les malades à réintégrer la société. Le service libre est pensé comme un complément de l’asile : les soins hors les murs visent à prolonger le traitement reçu par les malades mentaux pendant leur internement. Mais l’hygiène mentale ne s’intéresse pas exclusivement aux pratiques psychiatriques ; elle est aussi un projet d’organisation scientifique des sociétés dont l’origine a diverses sources intellectuelles. En France, la promotion de la prophylaxie mentale par Édouard Toulouse s’inscrit dans un programme plus large de biocratie, qui veut incarner le gouvernement par les sciences. Sa pensée est inspirée par, d’un côté, la philosophie positiviste et évolutionniste et, de l’autre, l’idéologie républicaine. Plus largement l’essor de l’hygiène mentale reflète la montée dans les sociétés européennes d’utopies scientifiques et politiques puisant autant dans les idéaux de réforme sociale que dans les idéologies totalitaires.

L’historiographie de l’hygiène mentale s’est jusqu’à présent surtout concentrée sur les États-Unis où elle a étudié la structuration de l’hygiène mentale et l’œuvre d’Adolf Meyer. En Europe, les recherches, en plus d’être fragmentaires, concernent principalement les pays d’Europe occidentale, politiquement stables et relativement avancés sur le plan sanitaire. Elles permettent néanmoins d’observer deux éléments fondamentaux : la simultanéité de son émergence en divers lieux au début du xxe siècle et la grande variété de ses formes d’un endroit à un autre. De sorte qu’il paraît difficile de parler d’un courant unique, même si des mouvements internationaux existent, dont l’objectif est de promouvoir des modes de faire et de penser.

Partant de ce constat, l’objectif de ce symposium est de dresser une première cartographie des mouvements d’hygiène mentale européens en les interrogeant à la fois pour eux-mêmes et pour leur inscription dans l’espace européen. On voudrait privilégier quatre axes de réflexion :

1. Les transformations des pratiques et des institutions. Quelles sont les innovations de l’hygiène mentale en termes de prise en charge ? En quoi sont-elles en rupture par rapport à l’asile ?

2. La redéfinition du normal et du pathologique. Quel est l’apport de l’hygiène mentale à la science du fonctionnement psychique ? Comment ses promoteurs renouvellent-ils les classifications nosologiques ?

3. L’internationalisation de la psychiatrie. Quelles sont les circulations entre les différentes initiatives locales ? Jusqu’à quel point l’hygiène mentale est-elle un mouvement transnational ?

4. Réforme psychiatrique, réforme sociale. Quels sont les liens entre l’hygiène mentale et d’autres grands projets de transformation sociale tels l’eugénisme et l’hygiénisme ?

Les propositions de communication (titre et résumé de 250 mots) sont à déposer directement sur le site du congrès (http://sfhststras2017.sciencesconf.org) avant le 5 janvier 2017 mais nous nous tenons bien entendu à votre disposition pour toute question ou précision.

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