Ouvrir pour comprendre
12 AVRIL 2013
Haute école des arts du Rhin
Auditorium
1, rue de l'Académie
67000 Strasbourg
Entrée libre
www.didactiquevisuelle.org
www.hear.fr
Ouverture de la journée
Olivier Poncer - Yvan Freund
MATINÉE 9h > 12h
DE LA DISSECTION ANIMALE À LA DISSECTION HUMAINE DANS L'ANTIQUITÉ
À l'époque d'Aristote, la dissection humaine était interdite. Aristote lui-même écrivait que les parties internes des hommes sont tout particulièrement ignorées, au point qu'il fallait les étudier par référence aux parties des autres animaux dont la nature est proche de celle de l'homme. L'époque hellénistique va autoriser la dissection humaine et même la vivisection humaine. L'un des premiers, sinon le premier, à avoir pratiqué la dissection fut Hérophile, né aux environs de 330 av. J.-C. à Chalcédoine, sur la rive asiatique du Bosphore. Toutefois, la levée de l'interdiction de la dissection fut très brève : elle fut effective uniquement durant le IIIe siècle av. J.-C. Il faudra attendre un millénaire pour que la dissection humaine puisse à nouveau se pratiquer, grâce, notamment, à Mondino de' Luzzi, dont l'oeuvre Anatomia, terminée en 1316, va dominer l'enseignement pendant deux siècles.
Stavros Lazaris est chercheur au CNRS, UMR 7044 - Archéologie et Histoire ancienne : Méditerranée-Europe, ARCHIMÈDE (CNRS - Université de Strasbourg - Université de Haute Alsace). Ses champs de recherche concernent les fonctions et utilisations de l'illustration scientifique à Byzance (catalogue raisonné des manuscrits grecs illustrés scientifiques de la Bibliothèque nationale de France ; établissement d'une typologie de l'illustration scientifique médiévale) et plus largement les Visual Studies (le détail dans les cultures visuelles de l'Antiquité ; le luxe dans les cultures visuelles de l'Antiquité).
L'ENSEIGNEMENT DE L'ANATOMIE ARTISTIQUE EN FRANCE ET LA QUESTION DE LA DISSECTION
La question de savoir quelle place il convenait de réserver à l'anatomie dans la formation des peintres
et des sculpteurs a fait l'objet de réflexions importantes, notamment au XVIIIe siècle, dans le cadre institutionnel de l'Académie royale. Fallait-il confier cet enseignement plutôt à un artiste ou plutôt à un chirurgien ? Le choix n'a pas été sans susciter des controverses. Et c'est souvent autour de la nécessité
ou non, pour les futurs artistes, d'assister à des séances de dissection que les débats se sont cristallisés.
Martial Guédron est professeur d'Histoire de l'art à l'Université de Strasbourg. Ses travaux sont consacrés aux liens entre sciences et arts à travers les représentations du corps humain, tant du côté de l'idéal que de l'altérité radicale (De chair et de marbre. Imiter et exprimer le nu en France (1745-1815), Paris, Honoré Champion, 2003 ; L'art de la grimace. Cinq siècles d'excès de visage, Paris, Hazan, 2011). Il a collaboré à plusieurs expositions: Homme-Animal. Histoires d'un face à face (musées de Strasbourg, 2004) ; Figures du corps. Une leçon d'anatomie à l'École nationale supérieure des beaux-arts (Paris, ENSB-A, 2008) et Beautés Monstres (Nancy, musée des beaux-arts, 2009).
DISSECTION DRAWING SESSIONS – LOOKING FOR THE INSIDE
Le programme “Art researches Science” a été inauguré à l'Université d'Anvers.Il a pour objet la recherche autour d'une discipline des arts appliqués: l'illustration médicale et la scène artistique contemporaine. Il explore le corps humain dans toutes ses dimensions. La problématique centrale de ce programme est la dissection anatomique elle-même, objet de workshops internationaux ouverts aux étudiants d'école d'art et de médecine. Durant ces laboratoires expérimentaux, encadrés par des professionnels du domaine, les étudiants dissèquent, dessinent, peignent, photographient. Pascale Pollier-Green, Ann Van de Velde et Francis Van Glabbeek présenteront également leurs projets dans le cadre des commémorations des 500 ans de la mort d'André Vésale en 2014 : “Vesalius Continuum” et “Fabricae Vitae”. À la croisée des arts et des sciences, portés par une même passion pour la vie et la connaissance de la mort, scientifiques et artistes ne cesseront jamais de perpétuer l'héritage de Vésale, à la découverte de la beauté du corps humain.
http://www.vesalius2014.be/
Pascale Pollier Green est artiste/ sculpteur, elle s'intéresse aux relations entre arts et sciences. Elle vit et travaille à Londres comme artiste indépendante. Elle est présidente et co-fondatrice en 2010 de BIOMAB (Bilogical et art médical en Belgique) et du programme international de recherche “Art researches Science”.
http://artem-medicalis.weebly.com/
Ann Van de Velde est hématologue, elle travaille à plein temps à l'Université d'Anvers en Belgique. Sa pratique professionnelle comme son champ de recherche concernent le monde fascinant du sang humain. Elle est co-fondatrice de BIOMAB. Elle coordonne les projets de recherche des étudiants de Master en art et en science dans le cadre du programme international de recherche “Art researches Science”.
Francis Van Glabbeek est Professeur d'anatomie fonctionnelle et d'orthopédie au département de chirurgie orthopédique de l'hôpital universitaire d'Anvers en Belgique. Il est président de la Flemish Elbow and Shoulder Surgeons Society. Ses travaux de recherche et ses études cliniques sont inspirés par André Vésale. Il est co-fondateur de BIOMAB. Il organise et dirige des master class de dissection annuelle dans le cadre du programme international de recherche “Art researches Science”.
Pascale Pollier-Green, Ann Van de Velde et Francis Van Glabbeek organisent des cours, des workshops et des expositions d'art ainsi que des master class de dissection avec des partenaires internationaux à Anvers, Londres, Dundee, Strasbourg et New York.
http://biomedicalart.blogspot.be/
http://art-researches-science.blogspot.be/
APRÈS-MIDI 14h > 17h
VÉSALE ET LA DISSECTION DU CERVEAU
Le regard de l'anatomiste, si aigu soit-il, porté sur les gravures et les textes de la Fabrica se heurte à la question du « comment ». Ceci est particulièrement vrai pour le livre VII et les descriptions du cerveau, organe dont la dissection est difficile. Une « reconstitution des faits » pratiquée dans un laboratoire d'anatomie permet de mieux saisir les techniques utilisées par Vésale et les conditions dans lesquelles elles étaient pratiquées. Cette approche concrète des travaux de Vésale conduit à les voir « autrement » et finalement à y voir « autre chose ».
Stéphane Velut vit et travaille en Touraine, il exerce la neurochirurgie et enseigne l'anatomie. Hormis ses publications scientifiques portant essentiellement sur le cerveau, il a publié un essai philosophique (L'illusoire perfection du soin. Essai sur un système, Éd. L'Harmattan, 2004), co-publié avec J. Vons un ouvrage sur Vésale (L'épitome des sept livres de La Fabrique du Corps Humain d'André Vésale, Éd. Les Belles Lettres, 2008) et un roman (Cadence, Éd. Bourgeois, 2009, prix Sade), journal d'un peintre qui, dans l'Allemagne des années 30, se cloître avec une jeune fille dont il est censé faire le portrait.
STUDIO 1KILO : « DONNÉES À VOIR »
Si, à première vue, le terme de « dissection » appliqué à la démarche de designers graphiques ne semble
pas naturel, il peut être éclairant d'envisager ce rapprochement. Un problème de communication est effectivement disséqué par le graphiste : ses différents composants sont analysés afin d'en comprendre l'essence. Il est investigué en profondeur afin d'en déterminer une traduction graphique adéquate. Hansjakob Fehr et Dorothee Wettstein du studio 1kilo présenteront leurs travaux analytiques. Qu'il s'agisse d'un livre, de la visualisation d'un son, d'une carte mondiale restituant la désurbanisation des villes ou encore d'une illustration de notre vie digitale, 1kilo tente de trouver une expression visuelle unique, simple et précise, des concepts en jeu.
Fondé en 2004 à Berlin par deux graphistes suisses Dorothee Wettstein et Hansjakob Fehr, le studio 1kilo est situé à Böckten, près de Bâle, depuis 2007. Les travaux de 1kilo relèvent du design graphique, de l'infographie, de la création d'expositions et de livres dans les domaines variés de l'architecture, des sciences, de la sociologie et de la culture. 1kilo a notamment réalisé le design et les infographies du project Shrinking cities, dont l'Atlas a été primé au concours Les plus beaux livres suisses. Hansjakob Fehr enseigne également la typographie à la Haute école des arts de Berne depuis 2006. http://www.1kilo.org
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