S'abréger les jours:Le suicide au XVIIIe siècle
Dominique Godineau est professeure d’histoire moderne à
l’Université Rennes 2. Elle a consacré de nombreuses études à l’histoire
des femmes et de la Révolution française et a publié Citoyennes Tricoteuses. Les femmes du peuple à Paris pendant la Révolution (1988, Perrin, 2004) et Les femmes dans la société française, XVIe - XVIIIe siècle (Armand Colin, 2003).
Editeur : Armand Colin (16 mai 2012)
ISBN-13: 978-2200249694
Si « le bonheur est une idée neuve en Europe », le suicide la précède de
peu : ce n’est qu’au XVIIIe siècle qu’il est ainsi nommé et devient une
question de société, débattue dans les salons, dans les confessionnaux
et devant les tribunaux. Car ce sont bien des cadavres qui étaient
traînés devant les cours de justice, promis par l’Église à la damnation
éternelle, et condamnés par les officiers civils, à avoir la mémoire
déshonorée, voire « supprimée ». Jugé un crime horrible, le suicide
n’est momentanément dépénalisé qu’en 1791 sous le double effet de la
déchristianisation révolutionnaire et de la sacro-sainte liberté qui
guide désormais les pas des Citoyens, tels de nouveaux héros antiques.
La mort volontaire n’est pas encore dans le grand vent du romantisme et
elle se révèle inscrite dans le quotidien de l’ensemble de la société :
hommes et femmes, jeunes et vieux, riches et pauvres… Pour des questions
d’honneur, de misère, de solitude, d’amour aussi… on « s’homicide
soi-même », on « s’assassine », on « se défait soi-même » par le fer, le
poison ou l’eau. En s’appuyant sur les rapports de police, les
testaments, les anecdotes relatées par les gazettes ou les journaux
privés, l’ouvrage redonne vie à ces morts et nous montre une humanité
familière, touchante et complexe. Les très nombreux cas étudiés offrent
au final un tableau d’une incroyable richesse de la sensibilité, des
formes de sociabilité et des mentalités de ces Français de la fin de
l’Ancien Régime et de l’Empire.
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