Vivre au quotidien au prisme de la norme
Appel à communications
5èmes rencontres du GRET (Groupe de Recherches sur les Espaces (Trans)formatifs)
Université de Limoges, 13 et 14 mars 2025
Normes, normalité, normativité, normalisation, normation, a/normaux… Le vocabulaire autour de la norme et de la normalité est vaste, divers et complexe. Le colloque « Vivre au quotidien au prisme de la norme » entend réinterroger le sens et la pertinence des concepts relatifs à la norme dans le cadre des sciences humaines et sociales. La norme, la normalité ou la normativité, peuvent en particulier être interrogées sous le prisme du vécu et de la quotidienneté, que ce soit dans l’univers scolaire, professionnel ou privé. Les normes sont construites collectivement à l’échelle du groupe et de la société, vont être incorporées par des processus de socialisation, vont façonner les comportements individuels et collectifs dans différentes sphères sociales, éducatives, professionnelles.
En ce sens, poser la question du vécu permet de s’interroger de manière plus large sur l’interprétation qu’en donnent les personnes. Ainsi, qu’est-ce qu’une vie normale ? Comment, au quotidien, dans la vie ordinaire, transparaît et se révèle la norme ? En quoi les normes sociales, les systèmes normatifs, les paradigmes de la normalité et de la normalisation se traduisent dans les vécus quotidiens ? Que recouvrent exactement ces concepts ? Que permettent-ils de décrire ? Quels processus, quelles permanences, recompositions, transformations ? Au cours des socialisations, un ensemble de normes vont ainsi être apprises, acquises, incorporées. L’apprentissage de ces normes, et leur mise en oeuvre dans divers espaces sociaux est un axe d’analyse important des sciences humaines et sociales. Les normes s’apprennent, se transmettent et se recomposent, se discutent et se transgressent. Comment peut-on en saisir l’usage ou le non-usage au regard de la vie quotidienne ? La norme est-elle un vecteur de contraintes ou de chances ? Les approches normées ou normatives permettent-elles d’envisager des formes d’émancipation ou, au contraire, s’agit-il de déterminer les parcours ?
Dans ce cadre, quelle(s) place(s) occupent les personnes, au quotidien, dans l’édiction des normes sociales, collectives, au sein d’un groupe ? Autant de questions que ce colloque vous propose de poser à plat. Il invite à éclairer les enjeux autour de ces concepts et approches, selon les ancrages disciplinaires et théoriques, les échelles d’analyse, les objets d’étude, les espaces et les temporalités (politiques, institutionnelles, historiques...) de vos recherches. Il se veut pluridisciplinaire et entend ouvrir un espace de discussion sur les évolutions des regards sur la norme et leurs conséquences. Ce colloque reposera sur trois axes que nous posons comme trois manières distinctes d’appréhender la question des normes au quotidien : par le(s) concept(s) ; par les professionnalités ; par les sujets-acteurs ordinaires.
Axes de réflexion
Un premier axe de réflexion vise à interroger l’idée de norme d’un point de vue épistémologique. Quel sens donne-t-on au concept de norme et à l’ensemble de ses dérivés dans les diverses pratiques de la recherche en sciences humaines et sociales ? Quelles sont les différentes conceptualisations pour aborder le quotidien – et le rapport à la norme ? Les concepts de normalisation, de normalité sont-ils toujours d’actualité pour saisir le quotidien de notre monde contemporain ? Cette réflexion sur les différentes conceptions de la norme pourra s’appuyer sur la littérature d’un champ disciplinaire en particulier ou prendre le parti de la pluridisciplinarité. Elle devra être adossée à des enquêtes, des recherches ou des terrains d’étude spécifiques.
Un second axe se focalise plus spécifiquement sur les normes professionnelles, sur le quotidien lié au travail. Cet axe vise à saisir les changements normatifs du point de vue des professionnel·les, de leurs pratiques et de leur vécu quotidien. Il s’agit ici de s’intéresser à un certain nombre d’idéologies, de paradigmes, transposées dans des lois, des réglementations mais aussi aux injonctions plus tacites qui impactent les pratiques professionnelles. On peut penser au New Public Management, à l’empowerment, au paradigme de l’accompagnement, à la recherche sur projet et aux normes universitaires de la recherche académique, à l’habitabilité, etc. Puisque les normes ne sont pas toujours imposées de l’extérieur, il s’agit également d’interroger les changements et les pratiques normatives portées et défendues par des groupes professionnels pour eux-mêmes et/ou pour d’autres groupes.
Un troisième axe porte plus spécifiquement sur la tension entre normalisation, autonomisation et émancipation. Aujourd’hui, il existe une injonction des politiques publiques à l’autonomisation. Dans quelle mesure l’émancipation doit-elle passer par une autonomisation pour être effective ? Comment en devenant une norme, l'autonomisation viendrait effacer des logiques d'émancipations ? Quels liens entre autonomisation et responsabilisation ? Il s’agit ainsi de s’intéresser au vécu, à l’imposition, aux appropriations de normes, qui peuvent être, par exemple, des normes de genre, d’âge, de capacité, de classe. Il s’agit également d’interroger la marge de manoeuvre des individus face aux systèmes normatifs, la manière dont les normes se négocient, le travail de remise en question d’une certaine normalité, comme les normes médico-sociales par exemple. Comment les sciences humaines et sociales se saisissent de ces « à-côtés » et des personnes qui transgressent les normes explicites ou implicites ?
Les propositions de communication s’inscriront dans un ou plusieurs de ces 3 axes. L’appel à communication s’adresse aux chercheuses et chercheurs de l’ensemble des disciplines des sciences humaines et sociales (anthropologie, droit, géographie, histoire, philosophie, sciences de l’éducation et de la formation, sciences politiques, sociologie, etc). Une ouverture sur d’autres disciplines, à l’image de l’architecture, est la bienvenue. Dans tous les cas, un travail de réflexion et de déconstruction autour des normes est attendu.
Modalités pratiques
Trois modalités de soumissions sont proposées :
•Symposiums
Il s’agit de proposer, en groupe, un ensemble de communications – 3 ou 4 – accompagnées d’une problématisation commune. Lors du colloque, le groupe aura à charge d’animer une session d’une heure et demie où se dérouleront l’ensemble des communications.
La soumission doit comporter :
-Un titre général et des titres pour chacune des communications
-Le nom des auteur·es et de leur(s) institution(s) de rattachement (affiliations complètes)
-Une problématisation générale de 300 mots maximum
-Des résumés des communications, de 400 mots maximum chacun, qui précisent la méthodologie, le matériau sur lequel s’appuie le propos, les résultats.
•Communications individuelles
Les communications lors du colloque dureront 20 minutes.
Les résumés des propositions de communication, de 400 mots maximum (bibliographie non incluse) doivent :
-Comporter un titre
-Indiquer le nom du ou des auteur·es et de leur(s) institution(s) de rattachement (affiliations complètes)
-Préciser la méthodologie, le matériau sur lequel s’appuie le propos, les résultats.
•Ateliers
Il est possible de proposer, seul ou en groupe, des ateliers lors du colloque. L’idée de ces ateliers est d’animer, sur un temps d’une heure et demie, en petit comité, un espace de discussion ou de création.
Les propositions d’ateliers doivent comporter :
-Un titre
-Un nombre limite de participants - la participation aux ateliers se fera sur inscription.
-Un descriptif du contenu et du projet de l’atelier : les activités concrètes proposées, et le sujet exploré.
Toutes les propositions sont attendues pour le 15 septembre et doivent être envoyées aux adresses suivantes : espaces.trans.formatifs@gmail.com ; adrien.primerano@gmail.com.
Calendrier
Remise des propositions de communication : 15 septembre 2024
Réponse aux auteur·es : 15 novembre 2024
Colloque à l’Université de Limoges : 13-14 mars 2025
Comité d’organisation
Rowan Coste (FrED, Université de Limoges), Clarissa Figueira (CIREL, Université de Lille), Loïs Henaba Amangoua (FrED, Université de Limoges), Gwendoline Henry- Berger (FrED, Université de Limoges), Martial Meziani (EMA, CY Cergy Paris Université), Magalie Pereira (Université de Limoges), Adrien Primerano (CERTOP, Université de Toulouse), Cécile Vergnaud (Université de Limoges)
Comité scientifique
Catherine Caillet (ECP, Université de Lyon), Rowan Coste (FrED, Université de Limoges), Aurélie Doignon (CeDS, Université de Bordeaux), Clarissa Figueira (CIREL, Université de Lille), Ivan Garrec (IRIS, USPN), Deborah Gentès (EXPERICE, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis), Loïs Henaba Amangoua (FrED, Université de Limoges), Gwendoline Henry-Berger (FrED, Université de Limoges), Martine Meskel Cresta (EMA, CY Cergy Paris Université), Martial Meziani (EMA, CY Cergy Paris Université), Nadja Monnet (LAA- LAVUE, UMR 7218, CNRS), Rosana Possani Dantas (FrED, Université de Limoges), Adrien Primerano (CERTOP, Université de Toulouse), Diane Rufin (SATIE, Université de Genève), Yana Zdravkova (LISE, Grhapes, CNRS-Cnam)
Références bibliographiques indicatives
Le collectif a fait le parti pris de ne pas citer d’auteurs dans le corps de l’appel, pour favoriser la pluridisciplinarité, et que chacun puisse piocher dans ses références pour aborder la question des normes. Les références mentionnées ci-dessous sont donc des indications de références qui nous portent sans prétention à l'exhaustivité, ni à créer un cadre théorique commun.
Becker, H. (1963/1985). Outsiders. Études de sociologie de la déviance (trad. par J.-P. Briand et J.-M. Chapoulie). Métailié.
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Boutinet, J., Denoyel, N., Pineau, G. & Robin, J. (2007). Penser l'accompagnement adulte. Presses Universitaires de France.
Broussal, D. (2019). Émancipation et formation : une alliance en question. Savoirs, 51, 13- 0058.
Butler, J. (2017). Le pouvoir des mots : Discours de haine et politique du performatif. Editions Amsterdam/Multitudes.
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Darmon, M. (2016). La socialisation. Paris : Armand Collin
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Foucault, M. (2004). Sécurité, territoire, population: cours au Collège de France (1977- 1978). Paris : Gallimard.
François, C., (2015). Produire et normaliser les familles par le logement. L’exemple du travail de relogement dans la rénovation urbaine, Mouvements, n° 82, 2015/2, pp. 36-42
Garrec, I., Primerano, A., Damamme, A., Vuattoux, A. (2023). Éviter le « piège de la normalisation ». Normes et logique d’individualisation dans les Groupes d’entraînement aux habiletés sociales pour jeunes autistes, Sociographe, n°84/5, pp. 27-39
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