mercredi 31 janvier 2024

Femmes de sciences au Québec

Femmes de sciences au Québec (1765-1918)
 

Appel à communications

 

Colloque organisé par Kim Gladu (Université du Québec à Rimouski), Karine Hébert (Université du Québec à Rimouski) et Kimberly Glassman (Queen Mary University of London)


Sainte-Anne-de-la-Pérade, 30 août 2024


L’exposition Religieuses, enseignantes… et scientifiques !, présentée au Musée des Ursulines de Trois-Rivières jusqu’en avril 2024, met en lumière l’apport exceptionnel des femmes au développement des sciences dans le Québec du XIXe siècle. De la botanique à la physique, en passant par la chimie et la biologie, les membres de la congrégation des Ursulines ont contribué à la transmission des connaissances scientifiques aux jeunes générations par le biais de leur enseignement1. Toutefois, cet intérêt a également animé l’esprit des laïques, qui y ont trouvé une manière de mettre à profit leurs moments de loisir, tout en assouvissant une quête de nature intellectuelle plus profondément enracinée. Ce fut notamment le cas de plusieurs femmes d’origine britannique, qui ont suivi leurs époux au Québec après la guerre de Sept Ans, alors que leurs emplois dans la direction de la colonie ou dans le monde militaire les amenaient à s’y installer souvent pour de longues années. Si certaines, telles que Catharine Parr Traill2, sont plus connues et ont suscité l’intérêt des chercheurs et chercheuses, plusieurs sont demeurées dans l’ombre et méritent de voir leur contribution soulignée par l’historiographie québécoise.

La consultation d’archives, notamment, permet aujourd’hui de découvrir l’activité parfois très soutenue de ces femmes dans la recherche scientifique, et la valeur réelle de leur travail. C’est ce qu’ont récemment mis en évidence Ann Shteir et Jacques Cayouette dans un article consacré à trois figures féminines ayant participé activement aux recensions de nature botanique réalisées au Québec au XIXe siècle : Christian Ramsay (lady Dalhousie), Anne Mary Perceval et Harriet Sheppard3. Celles-ci apparaissent comme de véritables pionnières, collectant des spécimens de plantes parfois rares, s’efforçant d’identifier des espèces et faisant preuve d’une rigueur et d’un souci de la précision qui montrent toute l’acuité de leur esprit. Or, ces travaux mettent également en évidence le fait que la majorité des femmes qui ont participé à l’effort scientifique, dans tous les domaines, l’ont fait dans l’ombre d’un homme (frère, père, époux, etc.) et en s’investissant dans des tâches auxiliaires (par exemple, comme dessinatrice pour les planches botaniques ou médicales). C’est d’ailleurs ce qu’a mis en lumière l’ouvrage récemment dirigé par François Olivier Dorais et Louise Bienvenue, qui examine la part occupée par les femmes dans l’historiographie et qui montre qu’elles oeuvraient souvent en dehors des circuits habituels et dans des tâches complémentaires4. On s’aperçoit aujourd’hui de l’importance de ces contributions et du fait que les conditions sociales des femmes leur ont rarement permis d’être pleinement reconnues comme scientifiques (statut marital, accès limité aux laboratoires ou aux archives, difficulté de voyager en raison des contraintes familiales, etc.)5. La diffusion de leurs découvertes dans des articles scientifiques ou par l’envoi de notes et spécimens à des collègues demeurés en Angleterre, comme William Jackson Hooker6, permettent toutefois d’observer la part active qu’elles ont prise au progrès de la recherche. Leurs activités scientifiques leur ont également fourni l’occasion de s’intégrer à des réseaux qui étaient jusque-là inaccessibles et de faire valoir une certaine posture pour la femme de sciences, à la fois consciencieuse et ambitieuse7.

Ce colloque aura lieu au Domaine seigneurial Sainte-Anne de Sainte-Anne-de-la-Pérade afin de souligner le 250e anniversaire de naissance d’Elizabeth Frances Amherst Hale (1774-1826)8. Celle-ci est reconnue comme une aquarelliste de talent qui a produit plusieurs croquis de la seigneurie de Sainte-Anne, léguant ainsi des images inédites de l’état de la région au XIXe siècle. Ses oeuvres montrent son intérêt pour le paysage et la botanique, mais constituent surtout des documents iconographiques inestimables pour l’histoire régionale. Elle a aussi entretenu une correspondance importante avec son frère, William Amherst, où elle fait mention de son intérêt pour l’agriculture locale. Ce colloque sera, par ailleurs, l’occasion de découvrir les jardins, récemment revalorisés, bordant le manoir et qu’Elizabeth Hale et son époux avait contribué à aménager lors de leur séjour à Sainte-Anne.

Plus précisément, ce colloque propose de repenser l’apport des femmes aux différentes disciplines
scientifiques dans la province de Québec, de 1765 à 1918. Les présentations pourront porter sur l’un ou l’autre de ces aspects, dont la liste n’est toutefois pas exhaustive :
• Une ou des femmes de sciences ayant contribué à l’avancement des connaissances.
• Les modalités de pratique des sciences investies par les femmes.
• Les modes de diffusion des résultats de recherche.
• L’établissement de réseaux québécois, américains ou outre-Atlantique.
• L’influence de la pratique scientifique sur la condition féminine.
• La posture de la scientifique mise de l’avant dans les écrits des femmes de sciences.
L’événement, bilingue (français et anglais) aura lieu de manière comodale (en présence et en ligne).
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Date limite de soumission des propositions :
31 mars 2024

 

Les communications auront une durée de 20 minutes. Les propositions doivent contenir un titre, un résumé de 200 à 250 mots, une notice biobibliographique de 150 mots, votre nom, votre adresse électronique, votre statut et votre affiliation institutionnelle. Elles seront envoyées à l’adresse suivante : Kim_Gladu@uqar.ca

 
1 Voir la thèse de Mélanie Lafrance, « Femmes porteuses de savoirs scientifiques. Les Ursulines de Québec et l’enseignement des sciences aux filles (1800-1936) », thèse de doctorat (histoire), Université Laval, 2023.
2 Voir son ouvrage : Catharine Parr Traill, The Backwoods of Canada: Being Letters from the Wife of an Emigrant Officer, Illustrative of the Domestic Economy of British America, London, Charles Knight, 1836. Sur cette femme de sciences, on consultera Marianne Gosztonyi Ainley, “Science in Canada’s Backwoods: Catharine Parr Traill”, dans Natural Eloquence: Women Reinscribe Science, ed. Barbara T. Gates & Ann B. Shteir, Madison, University of Wisconsin Press, 1997, p. 79-97.
3 Voir Ann Shteir et Jacques Cayouette, « Collecting with “botanical friends”: Four Women in Colonial Quebec and Newfoundland », Scientia Canadensis, 41(1), 2019, p. 1–30.4 François Olivier Dorais et Louise Bienvenue (dir.), Profession historienne ? Femmes et pratique de l'histoire au Canada français, XIXe-XXe siècles, Québec, Presses de l’Université Laval, 2023.
5 À ce sujet, voir Françoise Waquet, Dans les coulisses de la science. Techniciens, petites mains et autres travailleurs invisibles, Paris, CNRS édition, 2022.
6 Auteur de la Flora Boreali-Americana; or the Botany of the Northern Parts of British North America (1829-1840), il deviendra le premier directeur des Royal Botanic Gardens de Kew.
7 Voir notamment Suzanne Zeller, Inventing Canada: Early Victorian Science and the Idea of a Transcontinental Nation [1987], Montreal et Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2009.
8 Née en Angleterre, dans une famille fort influente, elle arrive au Canada avec son époux, John Hale, en 1799. Le couple s’installe à Québec, sur la rue St-Louis et se porte acquéreur de la seigneurie et du domaine Sainte-Anne le 27 septembre 1819 pour y passer les mois d’été jusqu’à la mort d’Elizabeth en 1826.

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