Françoise Parot
Lorsqu’à la fin du XIXe siècle le positivisme invite les savoirs sur l’Homme à devenir scientifiques, la psychologie a hérité d’un domaine jusque-là réservé à la philosophie mais aussi aux croyances religieuses ou profanes : la compréhension de l’esprit humain et du rôle qu’il joue dans la détermination des conduites. Ce livre a pour ambition de montrer le parcours historique de cet objet avant qu’il incombe à la psychologie d’en construire la science : l’esprit (ou la conscience, ou l’entendement) a été longtemps considéré comme d’origine divine ou doté de pouvoirs surnaturels et, de ce fait, intégré à des pratiques religieuses ou magiques qui n’ont aujourd’hui pas pris fin. On constate dans ce parcours historique que les discours à son sujet et surtout les pratiques pour le convoquer ou l’interroger sont largement restées tributaires de la matrice métaphysique du spiritualisme. Alors même que la science de la nature faisait des progrès considérables pour parvenir à la thèse matérialiste de la clôture du monde physique, le spiritualisme ne s’est pas détaché du savoir de la Tradition, magique et ésotérique.
La croyance dans les pouvoirs de l’esprit continue encore aujourd’hui de hanter la psychologie : des théories de l’esprit aux neurosciences cognitives, impossible d’échapper à la construction d’un ensemble de concepts que rien ne vient étayer et dans lequel on retrouve les traces du passé de l’esprit. Pourquoi, par exemple, recherche-t-on les modules de l’esprit quand rien n’en démontre l’existence ? Pourquoi inconscient, interprétation des rêves, surmoi trônent-ils encore sur nos étagères thérapeutiques ? Les procédures épistémologiques d’une grande partie de la psychologie tout comme le bestiaire ontologique qui la peuple témoignent des intenses réticences à en faire une science des manifestations du cerveau et, par conséquent, à en présenter une science aboutie. C’est pourtant un chemin nécessaire, auquel invite ce livre.
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