Être colonisateur·trice, être colonisé·e
Appel à communications
Premier rendez-vous d'histoire coloniale
Archives nationales d’Outre-mer, 29, Chemin du Moulin de Testas, 13090 Aix-en-Provence,
7 et 8 juillet 2022.
Le Groupe de recherches sur les ordres coloniaux (GROC) organise les 7 et 8 juillet 2022, aux Archives nationales d’Outre-mer, un rendez-vous d’histoire coloniale. L’objectif de cette journée d’étude sera de réinvestir la question de la domination, liant l’étude des interactions micro à leurs dispositions globales. Il s’agira ainsi de questionner la production et la reconduction des dominations coloniales dans les interactions entre acteurs·trices. Il conviendra ainsi de réinterroger, à l’aune de la question de la domination, les notions d’hybridation et de capacités d’agir, en les considérant comme des pratiques aux cadres contraints. Les études sur les interactions (incarnées par les Colonial Studies) et les perspectives critiques de la domination ont en effet tendance à rester sourdes les unes aux autres. Or, ces interactions, au cœur des rapports de domination impériaux, sont constitutives des positions de colonisateur·trice(s) et de colonisé·e(s).
Argumentaire
L’histoire impériale et coloniale de ces trois dernières décennies a montré un intérêt croissant pour les « figures de l’entre-deux » de la colonisation, la « capacité d’agir » des colonisé.e.s, les « intermédiaires » de la colonisation, les « métissages » et les « hybridations »[1] en situation coloniale. Un demi-siècle après la vague des indépendances des années 1960, il s’agissait, notamment, de ne pas résumer les histoires nationales des territoires jadis sous domination coloniale à cette exclusive caractéristique. Ces perspectives ont certes beaucoup apporté à la compréhension de formes de résistances quotidiennes, parfois qualifiées d’ « infra politiques »[2], des populations dominées en situation coloniale, ainsi qu’à la complexité de l’articulation de pouvoirs concurrents, ou encore à l’inégale perception et l’inégale réception selon les contextes de la présence coloniale.
Pour autant, elles ont aussi pu impliquer, par une focale principalement portée sur des trajectoires biographiques, des parcours individuels, des interactions très localisées, un recul en termes de conception des rapports de force et de répartition des champs des possibles des acteurs. L’intérêt pour les formes d’autonomie des colonisé.e.s a ainsi pu conduire à une forme de relativisme de la domination, conduisant par exemple à qualifier la colonisation de « parenthèse »[3]. En somme, les frontières de la domination coloniale seraient à relativiser car elles n’étaient pas absolues.
L’objectif de cette journée d’étude sera donc de réinvestir la question de la domination, liant l’étude des interactions micro à leurs dispositions globales. Il s’agira ainsi de questionner la production et la reconduction des dominations coloniales dans les interactions entre acteurs.trices. Il conviendra ainsi de réinterroger, à l’aune de la question de la domination, les notions d’hybridation et de capacités d’agir, en les considérant comme des pratiques aux cadres contraints. Les études sur les interactions (incarnées par les Colonial Studies) et les perspectives critiques de la domination (qu’il s’agisse des Postcolonial ou des Critical Race Studies par exemple)[4] ont en effet tendance à rester sourdes les unes aux autres. Or, ces interactions, au cœur des rapports de domination impériaux, sont constitutives des positions de colonisateur.trice(s) et de colonisé.e(s).
Modalités de contribution
Les propositions de communications, de moins de deux pages, seront envoyées à journeegrocanom@gmail.com
avant le 14 février 2022.
Elles devront brièvement résumer la communication proposée, indiquant notamment les sources exploitées et les acteurs et actrices mentionnées. Le rendez-vous est ouvert à toutes études, sans exclusive chronologique ou géographique. Les propositions comporteront également une brève biographie de l’auteur.trice de la communication. Le transport et l’hébergement seront à la charge des participant.e.s.
Comité scientifique
Élise Abassade, docteure, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis – IDHES
Étienne Arnould, doctorant, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis – IDHES
Aliénor Cadiot, docteure, ICMigrations
Vincent Bollenot, doctorant, Paris 1 Panthéon-Sorbonne - UMR Sirice – ICMigrations
Quentin Gasteuil, docteur, École Normale supérieure Paris-Saclay – ISP
Thaïs Gendry, docteure, CIRESC-CERMA
Thierry Guillopé, doctorant, Université Gustave Eiffel – Laboratoire ACP
David Leconte, doctorant, Université Le Havre-Normandie – IDEES-Le Havre
Sara Legrandjacques, docteure, Paris 1 Panthéon-Sorbonne – UMR Sirice – ICMigrations
Adélaïde Marine-Gougeon, doctorante, Sorbonne Université – Centre d’histoire du XIXe siècle – CIRESC
Julie Marquet, MCF, Université du littoral Côte d’Opale
Antonin Plarier, MCF, Université Jean Moulin Lyon 3
Margo Stemmelin, doctorante, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis – IDHES
Notes
[1] Ces notions sont, par exemple, au cœur de Neil Lazarus, Penser le postcolonial : une introduction critique, Paris, Amsterdam, 2006.
[2] Dans le sillage de James C. Scott, La domination et les arts de la résistance : fragments du discours subalterne, Paris, France, Amsterdam, 2019.
[3] Mamadou Diouf, « Sortir de la parenthèse coloniale », Le Débat, 2002, vol. 118, nᵒ 1, p. 59‑65.
[4] Emmanuelle Sibeud, « Du postcolonialisme au questionnement postcolonial : pour un transfert critique », Revue d’histoire moderne et contemporaine, janvier 2007, vol. 4, nᵒ 54‑4, p. 142‑155.
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