« L’infortune la plus grave qui puisse frapper un citoyen ». Une
histoire sociale des aliénés (France, seconde moitié du XIXe siècle)
Soutenance de thèse de doctorat en histoire d’Anatole Le Bras
Sous la direction de Paul-André Rosental et Benoît Majerus
La soutenance se déroulera le jeudi 30 septembre 2021 à 14 h à Sciences Po, et sera retransmise en visioconférence (via le logiciel Zoom).
Les personnes souhaitant assister à la retransmission de la soutenance peuvent écrire à anatole.lebras@sciencespo.fr
Membres du jury :
Mme Anaïs Albert, Maîtresse de conférences, Université de Paris
M. Arnaud-Dominique Houte, Professeur des Universités, Sorbonne Université (rapporteur)
M. Benoît Majerus, Full Professor, Université du Luxembourg
M. Paul-André Rosental, Professeur des Universités, Sciences Po Paris
Mme Isabelle von Bueltzingsloewen, Professeure des Universités, Université Lumière Lyon 2
M. David Wright, Professor of History, McGill University (rapporteur)
L’histoire de l’essor de l’asile en France après la loi de 1838 et de l’échec de son ambition thérapeutique a maintes fois été écrite. Mais celle des aliénés reste encore largement méconnue. Cette thèse propose une histoire sociale de la folie des années 1850 aux années 1900 fondée sur l’étude des trajectoires biographiques des aliénés. Pour cela, elle exploite les fonds d’archives de quatre asiles du Finistère et de région parisienne ainsi qu’un ensemble de sources inédites, issues des fonds de la justice pénale et civile et de sociétés de patronage pour aliénés convalescents, qui permettent d’étendre l’enquête au-delà du cadre asilaire.
Ce faisant, la thèse met en lumière les limites de l’emprise asilaire mais aussi les facteurs qui permettent l’appropriation de l’internement, notamment par les familles, comme moyen de régulation sociale. Elle montre comment les trajectoires et expériences d’aliénation mentale sont façonnées par les variables du genre, de l’âge et de la classe sociale. Elle propose, enfin, une histoire des subjectivités aliénées en prêtant attention aux formes d’accommodement ou de résistance que les malades mentaux opposent à leur subordination et à leur mise sous tutelle. L’aliéné, figure inversée du citoyen, tend un miroir à la société française et à ses évolutions.
“The Most Serious Misfortune That Can Befall a Citizen”. A Social History of the Insane (France, Second Half of the 19th Century)
The history of the rise of the asylum in France after the law of 1838 on the insane, and of the failure of its therapeutic ambition, is well-known. But the history of the insane themselves is yet to be written. This thesis proposes a social history of madness from the 1850s to the 1900s based on the study of trajectories of the mentally ill. To this end, it uses archives from four public lunatic asylums located in Brittany and the Paris area. It also exploits a set of hitherto unexploited sources from penal and civil courts and after-care associations for convalescent lunatics, thus allowing the extension of the study beyond the asylum walls.
In doing so, the thesis highlights the ways in which madness was managed outside the institutional sphere, but also the ways through which families and other actors appropriated asylum internment as a means of social regulation. It shows how trajectories and experiences of mental illness were shaped by factors of gender, age, and class. Finally, this thesis proposes a history of alienated subjectivities by paying attention to the various forms of accommodation or resistance that the mentally ill opposed to their subordination. As an inverted figure of the citizen, the lunatic holds a mirror up to French society and its transformations.
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