lundi 6 septembre 2021

Mettre le soin en images

Mettre le soin en images
 

Rencontre

Le jeudi 16 septembre 2021 à 12h00 (heure de Montréal). 

 En ligne.

À l’occasion de sa dixième année d’existence, le réseau de recherche Historien.nes de la santé a décidé de partir à la rencontre de celles et ceux qui font, mais surtout qui renouvellent le champ de l’histoire de la santé en français. Pour la première séance de ce nouveau cycle de conférences intitulé « À la rencontre des historien.nes de la santé », il sera question de mettre le soin en images. Autour des interventions de Myriam Lévesque (Université Laval) et Mireille Berton (Université de Lausanne).


Entrée libre et gratuite

Inscription : https://framaforms.org/a-la-rencontre-des-historiennes-de-la-sante-automne-2021-1624283805



Soigner en communautés innues : les photographies de l’infirmière Pauline Laurin
Myriam Lévesque (Université Laval)

Le Service de Santé des Indiens (SSI) ou Indian Health Services est un service médical fédéral mis en place au début du 20e siècle pour desservir certaines communautés autochtones du Canada. Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, il se développe et s’étend dans les territoires jusque-là non desservis, comme en Minganie et en Basse-Côte-Nord du Québec. Au cours des années 1950, un réseau de services dispensés principalement par des infirmières s’implante ainsi graduellement dans les communautés innues d’Ekuanitshit, Nutashkuan, Unamen Shipu et Pakua Shipu. En tant que surintendante des infirmières de la zone du Québec et des Maritimes pour le SSI, l’infirmière Pauline Laurin a participé activement à ce processus, tout en prenant un nombre important de photographies.

Les albums conservés par Laurin témoignent d’une décennie marquante dans l’histoire des Innus : c’est au cours des années 1950 que sont créées les réserves dans la région et que le pensionnat de Mani-Utenam ouvre ses portes. L’arrivée du SSI sur le territoire s’inscrit directement dans ces grands bouleversements. Cette conférence sera l’occasion de présenter la démarche qui a accompagné mon analyse des photographies, des sources rarement exploitées par les historien·ne·s. Je mettrai ensuite en lumière deux grandes caractéristiques du SSI à l’époque : en premier lieu, sa nécessaire adaptation au nomadisme des Innus, qui s’illustre par son appui sur des postes saisonniers et la grande mobilité des infirmières. En contrepartie, l’absence de services permanents engendre un nombre important d’hospitalisations à l’extérieur des communautés, ce qui n’est pas sans impact sur les familles innues coupées de leurs proches et du territoire.



Le film au service de la recherche et de l’enseignement en neuropsychiatrie. Le cas des collections Waldau (1920-1990)
Mireille Berton (Université de Lausanne)

Cette intervention abordera certaines questions que pose l’analyse d’un corpus de films réalisés en Suisse au XXe siècle par des neurologues et des psychiatres pour accompagner leurs recherches et leurs enseignements. Alors que les films de prévention sanitaire, d’éducation médicale ou de propagande hygiéniste ont passablement inspiré les historiens et les historiennes, force est de constater qu’il existe relativement peu de travaux sur ces courts métrages utilitaires.

Centré sur l’histoire culturelle des pratiques cinématographiques dans le domaine de la santé mentale, le projet sur les collections Waldau espère apporter des éléments de réponse aux questions suivantes : quelles sont les conditions de possibilité, les fonctions et les particularités (techniques, sémantiques et esthétiques) de ces objets ? Quelles sont les conceptions du cinéma qui sous-tendent l’usage du film par les médecins ? Dans quelle la mesure ces films contribuent-il à construire le savoir médical, en ce qu’ils mettent en jeu des modes de narration spécifiques au cinématographe ? Et, inversement, comment les pratiques médicales infléchissent-elles la nature même du médium, comme lorsque les médecins plient la technologie à leurs besoins spécifiques ?

Une étude de cas permettra de montrer que ces films ne remplissent pas toujours leur mission de prothèse oculaire du savant, révélant non seulement l’écart entre des pratiques concrètes et les théories sur les fonctions épistémiques de l’image animée, mais aussi des usages « fictionnalisants » du médium filmique. En tant qu’objets-carrefours situés au croisement de la médecine et de la culture (audio)visuelle, ils relèvent, dès lors, autant du cinéma scientifique que de l’art cinématographique.

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