Psychologisation de l'oppression
Appel de textes
Recherches féministes, Vol. 36 n°1 – 2023
Sous la direction de Marie Mathieu et Stéphanie Pache
Sous la direction de Marie Mathieu et Stéphanie Pache
Le présent appel de textes invite les spécialistes la recherche qui s’intéressent à la psychologie et aux psychologues, à leurs pratiques et aux savoirs qu’elles ou ils produisent, à soumettre leurs écrits à la revue. L’objectif est de remettre en question tant les usages de la psychologie dans l’analyse des mécanismes et des effets du genre que la manière dont cette discipline contribue à l’oppression de différents groupes sociaux, et tout particulièrement de la classe des femmes. Sont attendues des propositions s’appuyant sur des travaux empiriques issues de chercheuses et de chercheurs des différents champs disciplinaires, qui explorent la place de la psychologie et des psychologues dans la (re)production comme dans la subversion des rapports sociaux et qui s’inscrivent dans l’un des axes suivants :
1) les savoirs psychologiques et leur appropriation : la production et la diffusion d’une analyse et d’un vocabulaire psychologique sur les oppressions sociales, ce que désigne l’expression « psychologisation des rapports sociaux », se déploient depuis des lieux variés et emploient des médias divers. Les savoirs psychologiques peuvent être également reformulés et réappropriés par les actrices et les acteurs visés. Cet axe documente et analyse ces savoirs et la façon dont des expériences communes dans la vie des femmes sont façonnées par ce langage psychologique;
2) les interventions et les thérapies : l’analyse des comportements et des mécanismes psychiques fait dorénavant partie de la formation des professionnelles et des professionnels dans de multiples espaces du social (organismes communautaires, associations, cabinets, hôpitaux et cliniques, etc.). La mise en pratique des savoirs psychologiques peut contribuer à une dépolitisation des rapports sociaux, mais la confrontation de ces savoirs aux réalités sociales peut également conduire à développer une approche féministe de leur prise en charge. Pour interroger les modes d’intervention et les grilles d’analyse sous-jacentes, cet axe accueillera des travaux empiriques sur ces interventions, y compris des textes réflexifs
de plusieurs professionnelles et professionnels touchés par ces questions;
3) le genre des psychologues : si la psychologie est une discipline qui s’est historiquement structurée autour de « grands Pères fondateurs », elle est aujourd’hui une filière à dominante féminine. Il importe donc d‘interroger à l’aune du genre les parcours étudiants et professionnels, tout comme les transformations au cours du temps de la division sexuée du travail au sein de ce secteur d’activité. Le caractère traditionnel de la formation des psychologues pouvant contribuer au renforcement de normes de genre conservatrices, cela amène également à penser les appropriations différenciées des savoirs transmis, les résistances développées et les hybridations opérées par les personnes formées en psychologie.
Les textes permettront de soumettre à la critique féministe les liens entre psychologie et rapports sociaux et d’ouvrir un dialogue entre la psychologie et les sciences sociales. Il s’agira de rendre compte tant de la porosité existante entre ces disciplines que de leurs épistémologies spécifiques dans l’analyse des rapports sociaux de sexe et de leur reconfiguration.
Les propositions (300 mots) doivent parvenir à la revue avant le 1er juillet 2021. Les manuscrits (7 000 mots) doivent être soumis au plus tard le 15 juin 2022 et respecter le protocole de publication (www.recherchesfeministes.ulaval.ca/). Ils doivent être transmis au secrétariat de la revue Recherches féministes (revuerecherchesfeministes@ccb.ulaval.ca) et à Stéphanie Pache (pache.stephanie@uqam.ca).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire