mercredi 18 septembre 2019

L’objet « pesticides »

L’objet « pesticides » en sciences humaines et sociales. Quels savoirs pour quelle transition écologique?

Appel à communications

Journée d’étude
6 février 2020

Centre Norbert Elias
La Vieille Charité
Marseille 13002.

Depuis la fin de la seconde Guerre mondiale, les pesticides sont devenus la pierre angulaire d’un modèle agricole basé sur l’utilisation croissante d’intrants issus de la chimie. Longtemps considérées comme une avancée révolutionnaire pour protéger les cultures, améliorer les rendements agricoles et répondre aux besoins alimentaires d’une population mondiale grandissante, ces substances se sont progressivement diffusées aux quatre coins du monde. Cependant, avec les alertes de plus en plus fréquentes concernant leurs effets incontrôlés (épuisement des sols, perte de la biodiversité, résistances aux molécules nécessitant des achats croissants de pesticides, affaiblissement de la santé humaine, animale et environnementale), l’usage de ces substances et leur pertinence sont corrélativement remis en question. Les modes de production agricole et de consommation alimentaire sont dès lors réinterrogés par les acteurs sociaux, économiques et/ou politiques, dans des formes et à des degrés variables. Dans les récits de ce début du 21 e siècle, la question des « alternatives » est posée pour penser un modèle plus durable, moins polluant et moins anthropocénique, c’est-à-dire moins centré sur l’homme et plus respectueux de l’environnement.

La notion de « transition écologique » qui sous-entend un impératif de changement, attire le regard des chercheurs en sciences sociales qui s’intéressent sur le long terme aux relations des humains avec leur environnement. Nous envisageons cette notion dans une acception large, comme le renouvellement de pratiques et de principes plus respectueux du monde vivant. Les démarches servant ce dessein existent depuis fort longtemps à travers les sociétés, dans des formes buissonnières, plus ou moins visibles et plus ou moins politisées. Dans les démocraties occidentales productrices du modèle agricole en question, le concept est entré dans le vocabulaire commun. Il est utilisé par l’ensemble des formations politiques. Les instances gouvernementales en font parfois leur priorité. Il fait l’objet de nouvelles législations. La société civile et les citoyens s’en saisissent également. A l’échelle macro-politique, la transition écologique se décompose en plusieurs volets interdépendants : transition agro-alimentaire, transition industrielle, transition énergétique et préservation de la biodiversité. Concrètement, dans les micro-espaces d’intervention des individus, ancrés ou non dans les instances politiques et/ou associatives, cette notion revêt des significations, des interprétations et des pratiques qui restent à explorer.

Au cours de cette journée d’étude nous souhaitons mettre en discussion des recherches en sciences humaines et sociales qui étudient la « transition écologique » à partir de la question des pesticides. Il s’agira de mettre en lumière, tant dans les Nords que dans les Suds, la manière dont émergent, s’expriment et se construisent les initiatives de transformations et/ou leurs entraves. Dans le secteur agricole, le recours à l’agrochimie fait généralement autorité mais des alternatives juridiques, règlementaires, et des pratiques plus ou moins affichées se mettent en place ici et là.

Nous tenterons d’avancer ensemble sur les questions suivantes : peut-on réellement parler de transition écologique en matière de pesticides ou est-on encore dans un système d’utilisation systémique dont il reste difficile d’échapper ? Comment les travaux en SHS permettent-ils de dépasser cette dualité et de proposer des lectures fines et nuancées de changements de pratiques plus ou moins rendues visibles ? Inversement, comment l’analyse des usages des pesticides et de leurs contraintes permet-elle de questionner la notion de « transition écologique » ? Pourquoi cette notion se diffuse-t-elle en place et lieu de celle de changement ? De quelles transformations idéologiques, politiques et scientifiques, ce glissement conceptuel témoigne-t-il ?

Les approches interdisciplinaires, croisant sciences sociales et sciences expérimentales, sciences sociales et approches écoféministes, sciences sociales et sciences appliquées attireront également notre attention. L’appel est ouvert aux doctorant-e-s, jeunes chercheur-e-s et chercheur-e-s confirmé-e-s. Les contributions pourront restituer des résultats d’enquêtes, des pistes de réflexion sur des enquêtes en cours de réalisation, ou encore des travaux à un stade programmatique.

Les modalités de soumission des propositions sont les suivantes : 

Chaque intervention durera 30 minutes. Les propositions de communication seront envoyées sous la forme d’un résumé d’environ 400 mots accompagné d’une présentation de(s) (l’) auteur(e)(s) (statuts, institution de rattachement, thèmes de recherche, adresse électronique) aux membres du comité d’organisation : Carole Barthélémy (carole.barthelemy@univ-amu.fr), Eve Bureau-Point (eve.bureau-point@univ-amu.fr) et Dorothée Dussy (ddussy@ehess.fr).

Date limite de réception des propositions : 15 octobre 2019

Notification de décision : 30 octobre 2019

Publication : Une publication est prévue.

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