Chic emprise. Culture, usages et sociabilités du tabac du XVIe au XVIIIe siècle
Exposition
Du 22 juin au 23 septembre 2019.
Lieu : Musée du Nouveau Monde 10, rue Fleuriau – 17000 La Rochelle.
De l’Amérique du Nord en passant par les Caraïbes jusqu’au royaume du Kongo, le tabac est une plante incontournable de l’époque moderne (XVIe-XVIIIe siècle). À la fois produit de consommation, plaisir addictif et marqueur social, il s’est enraciné durablement dans l’ensemble des strates de la société en imprégnant aussi bien les mœurs aristocratiques et bourgeoises que populaires. Originaire d’Amérique, le tabac est rapidement importé avec succès en Europe où il a immédiatement entraîné de vifs débats entre ses défenseurs et ses opposants. Aujourd’hui discréditée et blâmée pour ses effets sur la santé, cette plante bénéficiait alors d’un statut différent, ses prétendues vertus curatives ont parfois été louées au point d’être l’objet de véritables discours de médicalisation. Le tabac véhicule un puissant imaginaire artistique et visuel comme en témoigne la vaste sélection d’œuvres présentées. Par ses multiples usages et son rôle éminemment social, la célèbre « herbe à Nicot » constitue un sujet idéal pour comprendre que l’époque moderne, et plus particulièrement le XVIIIe siècle, est l’un des moments de bascule d’une « civilisation de la rareté et de l’économie stationnaire à celle du développement et de l’abondance[1] ». Outre sa production et sa circulation, cette substance a engendré la fabrication de nombreux objets dédiés à ses diverses utilisations allant des pipes en pierre de Nouvelle-France jusqu’aux précieuses tabatières parisiennes. À l’instar du sucre et des boissons exotiques que sont le thé, le café et le chocolat, cette plante permet de saisir pleinement les processus coloniaux et leurs fonctionnements. L’essor de son commerce s’accompagne de la mise en place d’une imagerie promotionnelle massive dont les enseignes des marchands de tabacs constituent un précieux témoignage. À la croisée de l’histoire naturelle, de l’art et de la culture visuelle, cette exposition se propose d’étudier le tabac selon différentes approches afin d’en souligner son exceptionnelle richesse.
Cette exposition est l’occasion de présenter une grande sélection d’objets grâce à l’aide de plusieurs prêteurs publics (musée du Louvre, BnF, musée du Tabac de Bergerac, MAD Paris, Petit Palais, cité de la céramique de Sèvres, etc.) mais également du soutien de collectionneurs privés.
Commissariat de l’exposition : Maxime Georges Métraux et Annick Notter.
Un catalogue a également été publié par les éditions La Geste. L’ouvrage est richement illustré et composé d’une douzaine d’essais dont voici le sommaire :
1- La production de tabac en Amérique du Nord
Les hommes aux pouces verts : cultiver le tabac dans la baie de Chesapeake par Elodie Peyrol-Kleiber.
Le cycle du tabac dans la partie française de Saint Domingue au XVIIe siècle par Philippe Hrodej.
2- Les pratiques tabagiques
Du bon usage des choses. Les métamorphoses du tabac entre rites, savoir médicaux et pratiques de consommation par Samir Boumediene.
Usages du tabac au Canada (XVIe-XVIIIe siècle) : la rencontre interculturelle par Catherine Ferland.
De la fumée pour le mort : le tabac entre pratiques médicales et imaginaires culturels par Anton Serdeczny.
3- Production et circulation des objets du fumeur
Premières mondialisations de l’économie : témoignages par les pipes à fumer du royaume du Kongo de la fin du XVe siècle à la fin du XVIIIe siècle par Bernard Clist.
Travailler la pierre pour faire naître la fumée : la pipe de pierre en Nouvelle-France par Marie-Hélène Daviau.
Les tabatières parisiennes : un luxe à la pointe de la mode par Michèle Bimbenet-Privat.
4- Le tabac et ses représentations
Des routes du démoniaque : tabac, commerce et culture visuelle aux Caraïbes et leurs axes transatlantiques par Agnès Lugo-Ortiz.
La Nicotinia fait un tabac : du récit de voyage au livre botanique (XVIIe-XVIIIe siècles) par Marianne Volle.
“Agréable Tabac, charmant amuzement…” Fumeurs, priseurs et râpeurs dans la gravure de mode sous Louis XIV par Pascale Cugy.
Les enseignes des marchands de tabac au XVIIIe siècle : iconographie coloniale et culture visuelle de la consommation par Maxime Georges Métraux.
[1] Daniel Roche, Histoire des choses banales : naissance de la consommation dans les sociétés traditionnelles (XVIIe-XIXe siècle), Paris, Fayard, 1997, p. 14.
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