La Bonne Société et la cause de la petite enfance
Pinell Patrice
Éditions du Croquant
Collection: Champ social
Publié le: 2019-06-04
Nombre de pages: 340
ISBN-13: 9782365121996
Les années 1860 marquent une rupture avec l’approche fataliste de la mort des enfants en bas âge qui prévalait dans la société jusque-là. La création d’une Société Protectrice de l’Enfance, la parution d’écrits médicaux et l’engagement d’un débat à l’Académie de médecine sont les trois événements à partir desquels va se construire une représentation faisant de la mortalité infantile un problème majeur menaçant une France sur la voie de la dépopulation, minée par la crise des valeurs familiales et les velléités d’émancipation de certaines femmes.
Au centre de cette représentation, les dysfonctionnements d’une « industrie des nourrices », dont les activités pourtant ne cessent de croître, parce qu’elle tire profit de l’irresponsabilité des nombreuses mères refusant l’allaiter leur enfant. Parisienne au départ, la cause des nourrissons gagne rapidement les Bonnes Sociétés provinciales. Le mouvement philanthropique invente un dispositif de contrôle des nourrices à domicile, intrusif, combinant surveillance médicale des nourrices et patronage des enfants placés. Un dispositif que la loi Roussel reprendra à son compte. Ainsi naît le prototype de ce que seront, en France, les politiques menées dans le secteur social, avec un État qui fixe le cadre légal, qui définit les orientations et dont l’administration supervise et contrôle (du moins en théorie) des interventions de terrain réalisées par des agents du secteur privé, payés ou bénévoles.
Pour rendre compte de cette histoire, l’analyse proposée dans ce livre s’intéresse aux rapports que la naissance de la protection de l’enfance entretient avec des questions sociales majeures qui traversent tout le dix-neuvième siècle. Car ce qui est en jeu dans les débats qui ont cours dans le champ du pouvoir autour du sort des nourrissons, ce sont les modalités d’exercice (souhaitables) de la domination masculine dans une société de démocratie patriarcale, l’expression (acceptable) que peuvent prendre les rapports de domination de classe, la légitimité de l’État à intervenir dans la sphère privée, que ce soit au niveau de la famille ou d’un marché économique, et cela au nom de la protection de la santé physique et morale de l’enfant. Toutes questions qui, même si les termes où elles se posent ont changé, gardent, aujourd’hui encore, leur pleine actualité.
Les années 1860 marquent une rupture avec l’approche fataliste de la mort des enfants en bas âge qui prévalait dans la société jusque-là. La création d’une Société Protectrice de l’Enfance, la parution d’écrits médicaux et l’engagement d’un débat à l’Académie de médecine sont les trois événements à partir desquels va se construire une représentation faisant de la mortalité infantile un problème majeur menaçant une France sur la voie de la dépopulation, minée par la crise des valeurs familiales et les velléités d’émancipation de certaines femmes.
Au centre de cette représentation, les dysfonctionnements d’une « industrie des nourrices », dont les activités pourtant ne cessent de croître, parce qu’elle tire profit de l’irresponsabilité des nombreuses mères refusant l’allaiter leur enfant. Parisienne au départ, la cause des nourrissons gagne rapidement les Bonnes Sociétés provinciales. Le mouvement philanthropique invente un dispositif de contrôle des nourrices à domicile, intrusif, combinant surveillance médicale des nourrices et patronage des enfants placés. Un dispositif que la loi Roussel reprendra à son compte. Ainsi naît le prototype de ce que seront, en France, les politiques menées dans le secteur social, avec un État qui fixe le cadre légal, qui définit les orientations et dont l’administration supervise et contrôle (du moins en théorie) des interventions de terrain réalisées par des agents du secteur privé, payés ou bénévoles.
Pour rendre compte de cette histoire, l’analyse proposée dans ce livre s’intéresse aux rapports que la naissance de la protection de l’enfance entretient avec des questions sociales majeures qui traversent tout le dix-neuvième siècle. Car ce qui est en jeu dans les débats qui ont cours dans le champ du pouvoir autour du sort des nourrissons, ce sont les modalités d’exercice (souhaitables) de la domination masculine dans une société de démocratie patriarcale, l’expression (acceptable) que peuvent prendre les rapports de domination de classe, la légitimité de l’État à intervenir dans la sphère privée, que ce soit au niveau de la famille ou d’un marché économique, et cela au nom de la protection de la santé physique et morale de l’enfant. Toutes questions qui, même si les termes où elles se posent ont changé, gardent, aujourd’hui encore, leur pleine actualité.
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